[0001] Par le brevet BE-A 901 053 on connaît un procédé de production de méthane et d'hydrocarbures
par hydrogénation souterraine du charbon.
[0002] Dans ce procédé le gaz, à haute teneur en hydrogène, utilisé comme agent gazéifiant
est injecté, sous une pression supérieure à la pression de fracturation du gisement,
par un ou plusieurs sondages disposés dans l'axe du panneau à exploiter et les zones
de réaction d'hydrogénation se développent à contre-courant du sens d'écoulement du
gaz, sous une pression égale ou supérieure à 80 bar, à partir d'un certain nombre
de sondages de production disposés à la périphérie du panneau à exploiter, la réaction
étant amorcée par une opération préalable de combustion du charbon au fond de chacun
des puits de production.
[0003] Le procédé qui fait l'objet de la présente invention a également pour but de produire
du méthane mais il se différencie du procédé précité par deux caractéristiques essentielles
:
1. L'agent gazéifiant utilisé est un mélange d'oxygène et d'eau additionnée d'une
faible dose d'agent moussant et ce mélange est injecté dans le gisement, après avoir
été conditionné sous forme de mousse suivant la technique décrite dans le brevet BE-A
904 055.
2. L'opération s'effectue en deux temps
- une semi-carbonisation réalisée à contre-courant du sens d'écoulement de l'agent
gazéifiant, et
- une gazéification du semi-coke résiduaire, réalisée à co-courant.
[0004] Au cours de la première phase on procède à la semi-carbonisation du charbon jusqu'à
une température de l'ordre de 600° C.
[0005] L'opération est réalisée en injectant l'agent gazéifiant à une pression supérieure
à la pression minimale de fracturation du gisement et en provoquant l'inflammation
du charbon à proximité des puits de production ou le long de galeries en veine reliées
à ces puits.
[0006] Le débit injecté est limité, de manière à entraîner la formation d'un front de combustion
partielle des matières volatiles du charbon, ce front se déplaçant à contre-courant
du sens d'écoulement de l'agent gazéifiant, entre les puits de production et les
puits d'injection.
[0007] La contrepression du gaz dans les puits de production est maintenue continuellement
à un niveau égal ou supérieure à 80 bar.
[0008] Le rapport molaire entre l'eau et l'oxygène qui constituent l'agent gazéifiant est
inférieur à 2, la présence d'eau ayant pour effet de limiter la température du front
de combustion et d'éviter l'auto-inflammation du charbon au voisinage des puits d'injection.
[0009] Cette première opération a pour résultat de préchauffer le gisement et de transformer
le charbon compris entre les puits de production et les puits d'injection en un semi-coke
de plus grande perméabilité.
[0010] Compte tenu de la pression élevée et de la température de réaction relativement basse,
le gaz produit au cours de cette première phase est essentiellement constitué de méthane,
de dioxyde de carbone et de vapeur d'eau. Après condensation de la vapeur d'eau sa
composition moyenne est la suivante :
CO₂ 55 % à 60 %, CH₂ 30 % à 35 %, H2 8 4 à 10 %, CO 2 % à 3 %.
[0011] Son pouvoir calorifique supérieur est de l'ordre de 14 000 kJ par mètre cube ramené
aux conditions normales (0°C et 1 atm) et ce pouvoir calorifique peut être porté
au-delà de 30 000 kJ par mètre cube normal, en éliminant le CO2 par un traitement
de lavage sous pression.
[0012] Au cours de la deuxième phase le même type d'agent gazéifiant est injecté, à plus
grand débit et à plus faible pression, en profitant de l'augmentation de perméabilité
obtenue au cours de la première phase.
[0013] L'opération de gazéification du semi-coke est réalisée par filtration en progressant
à co-courant des puits d'injection vers les puits de production, la contre-pression
du gaz dans les puits de production étant maintenue à un niveau égal ou supérieur
à 80 bar.
[0014] Au cours de cette seconde phase le rapport molaire entre l'eau et l'oxygène utilisés
pour constituer l'agent gazéifiant est augmenté progressivement jusqu'à une valeur
de l'ordre de 4/1.
[0015] Les réactions se déroulent dans trois zones successives de températures décroîssantes
:
- une première zone oxydante, à température de l'ordre de 1 000° C à 1 200° C, dans
laquelle l'oxygène réagit avec le carbone fixe pour produire du CO2 et dans laquelle
l'eau injectée passe à l'état de vapeur surchauffée ;
- une zone réductrice, dans laquelle la température décroît sous l'effet des réactions
endothermiques:
CO2 + C = 2CO, H2O + C = CO + H2, 2H2O + C = CO2 + 2H2 et dans laquelle se développe
une première phase de production de méthane ;
- une zone finale, dans laquelle la température décroît de 800° C à 500° C par suite
des pertes de chaleur vers les massifs rocheux, qui délimitent le réacteur, ce qui
a pour effet de favoriser les réactions exothermiques :
H2O + CO = CO2 + H2 + 41,2 kJ/mole,
2H2 + C = CH4 = 87,5 kJ/mole,
3H2 + CO = CH4 + H2O = 206,4 kJ/mole.
[0016] Globalement, les opérations de gazéification du carbone fixe peuvent être schématisées
comme suit :
O2 + C = CO2 +406 kJ
4(H2O)liq + C = CO2 + 2H2 + 2 (H2O)vap -253,5 kJ
2H2 + C = CH4 + 87,5 kJ
soit, au total :
O2 + 4(H2O)liq + 3C = 2CO2+CH4+2(H2O)vap + 240 kJ
(les quantités de matières intervenant dans ces réactions étant exprimées en moles).
[0017] Ce gaz est enrichi par le dégagement des matières volatiles encore présentes dans
le semi-coke. Il contient également une certaine proportion d'hydrogène et de monoxyde
de carbone, limitée par les conditions d'équilibre des réactions de Boudouard, du
méthane et du gaz à l'eau. Pour une pression de fonctionnement de 100 atm et pour
une température d'équilibre de 550° C on peut prévoir pour composition finale :
CO₂ 60,6 %, CH4 30,3 %, H2 7,5 %, CO 1,6 %.
[0018] Après que le CO2 ait été éliminé par lavage, cette composition devient :
CH4 77 %, H2 19 %, CO 4 %.
[0019] Ceci correspond à un pouvoir calorifique supérieur de 33 500 kJ par mètre cube normal,
très proche du pouvoir calorifique du gaz naturel.
[0020] Si l'on se réfère aux procédés classiques de production d'un substitut de gaz naturel,
par gazéification du charbon extrait, qui nécessitent :
- l'extraction du charbon ;
- sa préparation en triage lavoir ;
- sa gazéification au moyen d'un mélange oxygène + vapeur ;
- la conversion d'une partie du CO, par la réaction shift, pour ajuster le rapport
H2/CO du gaz de synthèse au voisinage de 3/1 ;
- la production de méthane en présence d'un catalyseur, par la réaction : CO + 3H2
= CH4 + H20,
le procédé conforme à l'invention apparaît comme un raccourci extraordinaire, qui
assure la production du méthane en une seule opération, en économisant les investissements
et les frais de fonctionnement afferents :
- aux charbonnages,
- aux triages lavoirs,
- aux installations de préparation d'eau déminéralisée,
- aux chaudières,
- aux gazogènes,
- aux installations de conversion du CO,
- aux installation de méthanation.
[0021] Ce résultat découle de quatre données fondamentales:
1. La possibilité de développer, par une opération de pyrolyse in-situ, des réacteurs
souterrains de très grands volumes, capables de résister à de très hautes pressions
lorsqu'ils sont situés à très grande profondeur.
2. La possibilité d'éviter une détérioration rapide du toit de ces réacteurs, en les
maintenant en permanence sous une pression gazeuse égale ou supérieure à 80 bar (ce
qui équivaut à la présence d'un soutènement d'une force portante de 800 tonnes par
mètre carré).
3. L'introduction de l'agent gazéifiant à température ambiante et à très haute pression,
ce qui est rendu possible par le remplacement du mélange oxygèn + vapeur par un mélange
oxygène + eau, préparé sous forme de mousse.
4. Le développement des réactions de méthanation jusqu'à des températures relativement
basses (500° C à 550° C), ce qui est rendu possible par le grand volume des réacteurs,
par la longue durée de séjour des agents gazéifiants et par l'effet catalytique des
cendres de charbon.
[0022] Ces conditions de basse température et de haute pres- sion ont pour effet de produire
un gaz très riche en méthane, susceptible d'être utilisé comme substitut de gaz naturel,
après que le CO2 en ait été séparé par lavage.
[0023] Le procédé conforme à l'invention peut faire l'objet de différentes variantes.
[0024] A titre d'exemple, lorsque le panneau à exploiter est de grandes dimensions, il peut
être avantageux de procéder à son exploitation en plusieurs étapes, en faisant alterner
des périodes de semi-carbonisation à contre-courant et des périodes de gazéification
à co-courant, le passage d'une période de semi-carbonisation à une période de gazéification
étant obtenu par une augmentation du débit d'agent gazéifiant et par une modification
du rapport molaire H2O/02 entre ses deux composants.
[0025] On notera encore que la préparation des agents gazéifiants sous forme de mousse
peut s'accomoder d'une eau de qualité très quelconque. Dès lors, il est permis d'envisager
de la réaliser à partir des eaux phénolées recueillies dans l'installation de traitement
du gaz, ce qui constitue un avantage important sur le plan de l'économie et sur le
plan de la protection de l'environnement.
1. Procédé de production de méthane par gazéification souterraine d'une veine de charbon
située à plus de 800 mètres de profondeur, recoupée par un ou plusieurs puits de production,
à l'intérieur desquels est maintenue une pression gazeuse égale ou supérieure à 80
bar, et par un ou plusieurs puits d'injection, à travers lesquels est injecté un
agent gazéifiant préparé sous forme de mousse, caractérisé en ce que les opérations
de gazéification comportent les étapes suivantes:
- l'injection de l'agent gazéifiant sous une pression supérieure à la pression minimale
de fracturation du gisement ;
l'initialisation de la combustion des matières volatiles du charbon, au voisinage
des puits de production ou le long de galeries en veine reliées à ces puits ;
- la semi-carbonisation du charbon, jusqu'à une température de 500° C à 600° C, par
déplacement du front de combustion des matières volatiles, à contre-courant du sens
d'écoulement de l'agent gazéifiant, dans la zone comprise entre les puits de production
et les puits d'injection ;
- la gazéification du semi-coke, qui subsiste à l'intérieur de cette zone, par filtration
à co-courant au moyen du même type d'agent gazéifiant utilisé à plus grand débit.
2. Procédé suivant revendication 1, caractérisé en ce que l'agent gazéifiant est préparé
à partir d'un mélange d'eau et d'oxygène, dont le rapport molaire eau/oxygène est
inférieur à 2 pendant la phase de semi-carbonisation et est progressivement augmenté
jusqu'à une valeur de l'ordre de 4 au cours de la phase de gazéification du semi-coke.
3. Procédé suivant revendications 1 et 2, caractérisé en ce que l'exploitation de
la zone comprise entre les puits de production et les puits d'injection est réalisée
en plusieurs étapes, en faisant alterner des périodes de semi-carbonisation à contre-courant
et des périodes de gazéification à co-courant, le passage d'une période de semi-carbonisation
à une période de gazéification étant obtenu par une augmentation du débit d'agent
gazéifiant et par une modification du rapport molaire eau/oxygène.
4. Procédé suivant revendications 1 à 3, dans lequel le traitement du gaz produit
comporte la condensation de la vapeur d'eau et l'élimination du dioxyde de carbone
par lavage sous pression, caractérisé en ce que les eaux phénolées résiduaires sont
réutilisées pour la préparation de l'agent gazéifiant.