[0001] La présente invention a pour objet un procédé de décontamination de la surface de
pièces métalliques contaminées par du tritium.
[0002] De façon plus précise, elle concerne un procédé électrolytique de décontamination,
qui permet d'éliminer le tritium présent sur la surface d'une pièce métallique sans
modifier le profil de la surface de cette pièce, afin de pouvoir éventuellement la
réutiliser.
[0003] Ce procédé s'applique en particulier aux petites pièces métalliques de géométrie
complexe, aux pièces de grande surface mais de géométrie simple, ainsi qu'aux pièces
ayant des zones peu accessibles comme des pièces ayant une géométrie tourmentée.
[0004] Parmi les procédés connus actuellement pour assurer la décontamination de pièces
contaminées par des matériaux radioactifs, on peut utiliser des procédés électrolytiques
tels que ceux décrits dans les brevets français FR-A-2 490 685 et FR-A-2 533 356,
et dans le brevet américain US-A-3 515 655.
[0005] Dans ces brevets qui utilisent des procédés électrolytiques pour décontaminer des
pièces métalliques, on obtient une démétallisation de la surface des pièces, ce qui
permet d'extraire les particules radioactives présentes sur cette surface. Ces traitements
ont ainsi l'inconvénient d'être destructifs et de modifier le profil de surface des
pièces, qui ne peuvent de ce fait être réutilisées directement après traitement. De
plus, les procédés décrits dans ces brevets ne concernent pas la décontamination de
pièces contaminées par du tritium.
[0006] La présente invention a précisément pour objet un procédé de décontamination de la
surface de pièces métalliques contaminées par du tritium, qui permet d'éviter l'inconvénient
des procédés décrits ci-dessus. Le procédé, selon l'invention, de décontamination
de la surface d'une pièce métallique contaminée par du tritium comprend les étapes
suivantes :
1o relier la pièce à décontaminer au pôle négatif d'un générateur de courant continu,
2o mettre en contact au moins une partie de la surface de la pièce à décontaminer avec
un mélange comprenant de l'eau et un électrolyte capable de libérer de l'hydrogène
par électrolyse, et
3o faire passer un courant électrique entre la pièce à décontaminer et une anode reliée
au pôle positif du générateur de courant électrique et en contact avec le mélange
comprenant l'eau et l'électrolyte, en appliquant sur la pièce à décontaminer une densité
de courant de 10 mA/cm² à 50 mA/cm², de préférence de 10 à 25 mA/cm², pour charger
cathodiquement d'hydrogène la surface de la pièce à décontaminer et remplacer ainsi
par de l'hydrogène le tritium adsorbé sur la surface de la pièce à décontaminer.
[0007] Dans le procédé de l'invention, on utilise des densités de courant faibles qui permettent
d'effectuer un chargement cathodique en hydrogène sur la surface de la pièce. Ainsi
grâce au choix de densités de courant de 10 à 50 mA/cm², de préférence de 10 à 25
mA/cm², l'hydrogène peut être adsorbé sur la surface de la pièce alors que, dans les
procédés de l'art antérieur tel que celui du brevet US-A-3515655, où l'on utilise
des densités de courant plus fortes, le dégagement d'hydrogène est très important
et favorise la décohésion du métal ; ceci provoque la croissance des cavités et des
fissures pour conduire à un arrachement des particules superficielles et à une démétallisation
de la pièce traitée.
[0008] En effet, à des densités de courant de 10 à 25 mA/cm², l'hydrogène formé par électrolyse
est pour une bonne part adsorbé sur la surface de la cathode ; à des densités de courant
de 25 à 50 mA/cm²,on obtient simultanément une adsorption de l'hydrogène sur la cathode
et un dégagement d'hydrogène gazeux alors qu'à des densités de courant supérieures
à 50 mA/cm², on obtient uniquement un dégagement d'hydrogène gazeux.
[0009] Ainsi, dans le cas du procédé antérieur décrit dans US-A-3515655, il n'y a pas de
chargement cathodique en hydrogène, mais uniquement un dégagement d'hydrogène gazeux
qui provoque l'arrachement de particules de métal et des particules radioactives déposées
sur la pièce à décontaminer. De plus, il ne s'agit pas de tritium et, avec des particules
radioactives autres que le tritium, il n'y aurait aucune décontamination à des densités
de courant inférieures à 50 mA/cm², mais uniquement un chargement en hydrogène de
la pièce.
[0010] Dans l'invention, l'hydrogène est libéré comme dans les procédés de l'art antérieur
par la réaction suivante : 2H₂O + 2e → 2H + 2OH , mais la quantité d'hydrogène libérée
est plus faible, et celui-ci réagit ensuite avec le tritium adsorbé sur la surface
de la pièce selon deux mécanismes qui peuvent être schématisés par les réactions suivantes
:
a) - adsorption de l'hydrogène et insertion du tritium dans les couches plus profondes
de la pièce :
H + MTads + M → MH ads + MTins
dans laquelle M représente le ou les métaux constituant la pièce, "ads" signifie adsorbé
et "ins" signifie inséré ; et
b) - rejet de tritium dans le mélange eau-électrolyte :
H + MTads → MHads + T
dans laquelle M et "ads" ont la signification donnée ci-dessus.
[0011] Ces mécanismes réactionnels sont régis par différents paramètres tels que les paramètres
électrochimiques comme la densité de courant, la surtension cathodique et la nature
de l'électrolyte, la température et le temps d'électrolyse.
[0012] Ainsi, lorsque la surtension cathodique est située à une valeur correcte, on favorise
l'adsorption de l'hydrogène, l'écart d'énergie entre H-M et T-M provoque l'insertion
du tritium dans la pièce et un rejet de tritium dans l'eau.
[0013] En fin d'opération, on obtient une pièce dont la surface est chargée d'hydrogène,
un mélange eau-électrolyte contenant une partie du tritium présent sur la surface
de la pièce et du tritium inséré dans les couches plus profondes de la pièce.
[0014] Le remplacement du tritium adsorbé sur la surface de la pièce par de l'hydrogène
permet de former une barrière d'hydrogène qui bloque la rétrodiffusion du tritium
inséré dans la pièce. Ce procédé est ainsi très intéressant, car les couches superficielles
de la pièce ne sont pas détériorées et la pièce peut être recyclée après traitement.
[0015] Généralement, le mélange comprenant de l'eau et un électrolyte est constitué par
une solution aqueuse d'un électrolyte choisi de façon telle que la solution aqueuse
puisse libérer de l'hydrogène par électrolyse. A titre d'exemple, cet électrolyte
peut être l'acide sulfurique ou un hydroxyde de métal alcalin comme la soude. De préférence,
on utilise la soude car celle-ci retarde le dégagement d'hydrogène. Dans le cas de
l'acide sulfurique, on observe une attaque de métal à partir de 50 mA/cm² et la vitesse
d'attaque , c'est-à-dire la corrosion, augmente à partir de cette valeur avec la densité
de courant.
[0016] De préférence, la concentration en électrolyte de la solution est faible pour éviter
une corrosion de la pièce à traiter. Ainsi, on utilise généralement, des solutions
aqueuses contenant de 0,1 à 1 mol.l⁻¹ d'acide sulfurique ou d'hydroxyde de métal alcalin
tel que NaOH.
[0017] On peut, toutefois, utiliser des solutions plus concentrées, mais ceci ne présente
pas réellement d'intérêt car les effluents obtenus sont, de plus, difficiles à traiter.
[0018] Selon un premier mode de mise en oeuvre du procédé de l'invention, qui est plus particulièrement
adapté au traitement de pièces de faibles dimensions, on immerge la pièce à décontaminer
dans de l'eau ou dans une solution aqueuse, constituée de préférence par une solution
aqueuse d'électrolyte telle que celles décrites précédemment. Dans ce cas, l'anode
peut être immergée également dans l'eau ou la solution aqueuse. Cependant, il est
plus avantageux d'utiliser comme anode la cuve contenant l'eau ou la solution aqueuse.
Cette cuve peut être réalisée, par exemple, en graphite imprégné de cire de polytétrafluoréthylène
qui est résistant à l'attaque chimique et qui est dépourvu de porosité par rapport
au graphite pur ; ceci a pour conséquence que l'eau ou la solution aqueuse ne peut
traverser la cuve par capillarité.
[0019] Dans ce mode de mise en oeuvre du procédé, on peut traiter simultanément plusieurs
pièces en les disposant dans un panier conducteur de l'électricité relié au pôle négatif
d'un générateur de courant continu.
[0020] Selon un second mode de mise en oeuvre du procédé, plus spécialement adapté au traitement
de pièces de grandes dimensions, on réalise l'électrolyse en utilisant la méthode
d'électrolyse dite "au tampon".
[0021] Dans ce cas, on déplace sur la surface de la pièce un ensemble comprenant l'anode
et un électrolyte solide et l'on fait circuler de l'eau entre l'anode, l'électrolyte
solide et la surface de la pièce à décontaminer.
[0022] L'électrolyte solide peut être constitué par un polymère conducteur ionique ionisable
par l'eau ou par une solution aqueuse. On peut utiliser par exemple l'acide perfluorosulfonique
de formule :

dans laquelle R représente un radical organique et n est un nombre de polymérisation,
qui est ionisable par de l'eau pure.
[0023] Ce mode de mise en oeuvre du procédé est avantageux car il permet d'éliminer l'utilisation
d'agents chimiques en solution qui sont responsables de la corrosion ainsi que les
problèmes de retraitement d'effluents. Par ailleurs, il permet de décontaminer des
zones fortement tritiées par rapport aux autres et d'atteindre des zones peu accessibles
par un autre traitement. Enfin, il est adapté à la réalisation d'une décontamination
"in situ" et il fournit peu de déchets tritiés.
[0024] Dans ce second mode de mise en oeuvre du procédé, l'anode peut être réalisée comme
précédemment par du graphite imprégné ou non de cire de polytétrafluoréthylène.
[0025] Généralement, pour réaliser la décontamination selon ce second mode de mise en oeuvre
du procédé, on utilise un ensemble qui comporte à la fois l'anode et l'électrolyte
solide, et qui est muni de moyens pour faire circuler de l'eau ou une solution aqueuse
entre l'anode, l'électrolyte solide et la pièce à décontaminer.
[0026] Aussi, l'invention a également pour objet un dispositif de traitement électrolytique
de la surface d'une pièce métallique, qui comprend un corps creux en matériau conducteur
de l'électricité relié à l'un des pôles d'un générateur de courant électrique, le
corps creux étant pourvu d'au moins un orifice de sortie de liquide sur lequel est
appliqué un élément poreux et perméable en matériau conducteur de l'électricité, un
électrolyte solide appliqué sur la surface externe de l'élément poreux et perméable,
des moyens pour déplacer le corps creux sur la surface de la pièce à traiter de façon
telle que l'électrolyte solide soit en contact avec la pièce, et des moyens pour introduire
un liquide dans le corps creux et le faire circuler par l'orifice de sortie entre
l'élément poreux et perméable en matériau conducteur de l'électricité et la surface
de la pièce à traiter.
[0027] Le corps creux, qui dans le procédé de l'invention constitue l'anode du dispositif,
peut être réalisé en graphite imprégné de cire de polytétrafluoréthylène, et l'élément
poreux et perméable peut être constitué par un feutre de graphite. L'électrolyte solide
appliqué sur la surface externe de l'élément poreux peut être réalisé comme précédemment
en polymère conducteur ionique, ionisable par l'eau ou une solution aqueuse, par exemple
en acide sulfonique carboxylique perfluoré.
[0028] Selon une variante de ces modes de mise en oeuvre du procédé de l'invention, plus
spécialement adapté au traitement de pièces de faibles dimensions ayant une géométrie
tourmentée, on peut déplacer sur la surface des pièces à décontaminer qui sont immergées
dans de l'eau, un ensemble comportant l'anode et l'électrolyte solide. Dans ce cas,
l'ensemble anode-électrolyte solide peut être constitué par une pièce en graphite
munie sur l'une de ses faces d'un feutre de graphite revêtu extérieurement d'électrolyte
solide, par exemple de polymère solide conducteur ionique.
[0029] Selon une variante du second mode, on peut aussi utiliser un "sandwich" anode-électrolyte
solide-cathode. Dans ce cas, le dispositif comprend en outre un élément cathodique
en noir de palladium et/ou nickel dans lequel l'hydrogène peut diffuser, ledit élément
étant appliqué sur l'électrolyte solide de façon que l'hydrogène ayant diffusé dans
ledit élément, soit implanté directement dans la pièce à décontaminer. Dans cette
variante, la face cathodique de l'électrolyte solide peut être revêtue successivement
de noir de palladium par imprégnation et de nickel sur une épaisseur de 250 microns.
Le noir de palladium peut être déposé à partir de sels de palladium en solution aqueuse,
le nickel peut être déposé ensuite par métallisation par voie chimique ou par pulvérisation
cathodique puis par électrolyse d'un sel de nickel.
[0030] Dans cette variante, l'hydrogène diffuse dans la cathode en nickel. L'hydrogène atomique
est récupéré sur la face opposée et est implanté directement sur la pièce à décontaminer
qui se trouve accolée à ce montage.
[0031] Dans cette variante, on peut aussi utiliser un "sandwich" anode-électrolyte solide-
cathode dans lequel le noir de Pd et/ou de Ni qui constituent l'élément d'adsorption
cathodique sont imbriqués dans les couches sous-jacentes de l'électrolyte solide.
Cette imbrication a l'avantage d'augmenter la surface d'adsorption de l'hydrogène
cathodique sur la pièce à décontaminer.
[0032] A titre d'exemple, on peut obtenir cette structure "sandwich" en imprégnant le polymère
conducteur d'un composé ionique de Ni ou de palladium qui ne soit pas un complexe
anionique, par exemple NiCl₂ ou Pd(NO₃)₂, et en trempant ensuite le polymère dans
une solution de diméthyl aminoborane à 25% et à 85°C. Dans ces conditions, ce composé
organique se décompose en donnant naissance à de l'hydrogène atomique à l'intérieur
du polymère, et cet hydrogène réduit chimiquement les cations Pd²⁺ ou Ni²⁺ à l'état
de métal finement divisé dans les premières couches sous-jacentes du polymère.
[0033] Les pièces qui peuvent être décontaminées par le procédé de l'invention peuvent être
réalisées en différents métaux et alliages à condition de choisir l'électrolyte et
les conditions d'électrolyse de façon à éviter une corrosion du matériau.
[0034] A titre d'exemple, le procédé peut s'appliquer au traitement de pièces en acier inoxydable
ou en alliages de cuivre, par exemple en laiton.
[0035] Le procédé de l'invention peut être mis en oeuvre à la température ambiante, mais
on peut aussi opérer à des températures supérieures, car la température joue un rôle
important sur l'insertion du tritium dans les couches profondes de la pièce. En effet,
la quantité de H ou T adsorbée diminue avec la température au cours de l'électrolyse.
De même, la diffusion de Hou T dans la cathode augmente avec la température ; une
légère rétrodiffusion existe, mais la majorité de H ou T reste bloqué dans la métal
et ce blocage devient encore plus important au retour à la température ambiante.
[0036] Aussi, on opère de préférence,à des températures supérieures à la température ambiante
tout en évitant les risques de corrosion, par exemple à des températures de 25 à 100°C,
en particulier à 80°C.
[0037] Dans le procédé de l'invention, la durée d'électrolyse constitue également un paramètre
important, car elle agit sur la quantité de tritium éliminée. Toutefois, dans le premier
mode de mise en oeuvre du procédé, où les pièces sont immergées dans de l'eau ou dans
une solution aqueuse, on obtient au bout d'un certain temps un équilibre entre la
concentration en tritium dans l'eau ou la solution aqueuse et la concentration en
tritium dans la pièce à traiter. En effet, ceci correspond à la réaction suivante
:
T + H₂O ⇆ HTO + H
[0038] Aussi, si dans ce premier mode de mise en oeuvre du procédé, on veut obtenir un taux
de décontamination plus important, il est nécessaire de réaliser successivement plusieurs
cycles de décontamination sur la même pièce en utilisant pour chaque cycle une nouvelle
solution aqueuse ou une nouvelle charge d'eau.
[0039] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront mieux à la lecture
de la description qui suit d'exemples de mise en oeuvre du procédé, en référence aux
dessins annexés sur lesquels :
- la figure 1 est une courbe représentant l'évolution du taux de décontamination en
fonction de la durée du traitement,
- la figure 2 est un diagramme représentant l'évolution de l'activité superficielle
en tritium d'une pièce en fonction du nombre de cycles de décontamination,
- la figure 3 représente de façon schématique un ensemble anode-électrolyte mobile,
utilisable dans le second mode de mise en oeuvre du procédé de l'invention, et
- la figure 4 représente également de façon schématique l'ensemble anode-polymère
électrolyte solide-cathode en noir de palladium et nickel mobile, utilisable dans
le cas d'implantation d'hydrogène atomique de diffusion.
[0040] Les exemples qui suivent se rapportent au traitement de décontamination de pièces
en acier inoxydable ou en laiton contaminées par du tritium.
EXEMPLE 1
[0041] Dans cet exemple, on réalise la décontamination superficielle de pièces en acier
inoxydable en utilisant le premier mode de mise en oeuvre du procédé, c'est-à-dire
l'immersion des pièces dans une solution aqueuse contenant 1 mol.l⁻¹ de NaOH, placée
dans une cuve chauffée en graphite imprégné de cire de polytétrafluoréthylène qui
constitue l'anode du dispositif. On opère avec une densité de courant appliquée sur
la surface des pièces de 10 mA.cm⁻², à une température de 80°C, et on réalise l'électrolyse
pendant une durée de 2h.
[0042] A la suite de ce traitement, on détermine le taux de décontamination (TD) en tritium
qui correspond au rapport de l'activité superficielle en tritium de la pièce avant
traitement sur l'activité superficielle de la pièce après traitement. On détermine
également la perte d'épaisseur de la pièce.
[0043] On effectue ensuite 12 cycles identiques de traitement en utilisant pour chaque cycle
une nouvelle solution aqueuse de NaOH, et on détermine le taux de décontamination
(TD) en tritium après ces 12 cycles.
[0044] Les résultats obtenus sont donnés dans le tableau 1 qui suit où l'on a indiqué également
les conditions du traitement électrolytique.
EXEMPLE 2
[0045] Dans cet exemple on traite des pièces en laiton comme dans l'exemple 1 mais en utilisant
une solution aqueuse contenant 1 mol.l⁻¹ d'acide sulfurique au lieu de la solution
aqueuse de NaOH. Comme précédemment, on détermine le taux de décontamination et la
perte d'épaisseur de la pièce après un cycle de traitement. Les résultats obtenus
sont également donnés dans le tableau 1.
EXEMPLE 3
[0046] Dans cet exemple on étudie l'influence de la durée d'électrolyse sur le taux de décontamination
obtenu. On réalise l'électrolyse dans les conditions de l'exemple 1 sur des pièces
en acier inoxydable, et on mesure l'activité surfacique de la pièce en fonction de
la durée d'électrolyse réalisée toujours dans la même solution.
[0047] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 1 qui représente l'augmentation du
taux de décontamination superficielle (TD) en fonction de la durée d'électrolyse (en
heures). Au vu de cette figure, on remarque que le taux de décontamination TD n'augmente
pratiquement plus après deux heures, en raison de l'équilibre qui s'établit entre
la concentration en tritium de la solution et la concentration en tritium de la pièce,
comme on l'a vu précédemment.
EXEMPLE 4
[0048] Dans cet exemple, on réalise la décontamination de différentes pièces en acier inoxydable
en utilisant les conditions d'électrolyse de l'exemple 1, et des cycles de traitement
d'une durée de deux heures.
[0049] On réalise successivement plusieurs cycles de traitement sur cinq pièces constituées
par une bille (pièce n
o1), un flasque (pièce n
o2), une bride (pièce n
o3), une tige (pièce n
o4), et un autre flasque (pièce n
o5), et on détermine après chaque cycle l'activité superficielle en tritium des pièces
(en microCi.cm⁻²).
[0050] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 2 qui représente l'évolution de l'activité
superficielle des pièces en fonction du nombre de cycles de traitement.
[0051] Les courbes 1, 2, 3, 4 et 5 se rapportent respectivement aux pièces n
o 1, 2, 3, 4 et 5.
[0052] On remarque que, dans tous les cas, l'activité surfacique de la pièce décroît avec
le nombre de cycles de traitement.
EXEMPLE 5
[0053] Cet exemple illustre l'utilisation de la méthode dite "au tampon" pour réaliser la
décontamination de pièces en acier inoxydable.
[0054] Dans cet exemple, on utilise le dispositif représenté schématiquement sur la figure
3 qui comprend une anode constituée par un cylindre creux 1 en graphite imprégné de
cire de polytétrafluoréthylène pourvu à sa base d'un orifice de sortie 1a sur lequel
est appliqué un élément poreux et perméable 2 en feutre de graphite et un film 3 de
polymère conducteur ionique solide, constitué d'acide perfluorosulfonique, le feutre
et le film 3 étant fixés sur le cylindre 1 par des moyens appropriés, non représentés
sur le dessin.
[0055] Le cylindre creux en graphite 1 est également muni d'un autre orifice 1b d'introduction
de liquide par lequel on peut faire circuler de l'eau dans le cylindre creux anodique,
l'eau s'écoulant ensuite par l'orifice 1a à travers le feutre de graphite 2 et le
film 3 de polymère conducteur ionique. Le cylindre creux en graphite peut être relié
au pôle positif du générateur de courant électrique 5 et il peut être déplacé dans
les trois directions de l'espace par tout moyen approprié, par exemple par un automate
de laboratoire 7.
[0056] Ce dispositif peut être utilisé pour décontaminer la pièce plane 9 qui est reliée
au pôle négatif du générateur 5 de courant électrique. Dans ces conditions, on déplace
le cylindre creux en graphite 1 pour l'amener au contact de la pièce de façon à faire
circuler l'eau dans le cylindre en graphite 1 à travers le feutre de graphite 2 et
le film de polymère conducteur ionique 3 sur la surface de la pièce. On déplace et
on règle la vitesse et le mode de déplacement de l'ensemble sur la pièce 9 de façon
à obtenir une décontamination satisfaisante.
[0057] A titre d'exemple, on a utilisé un dispositif de ce type pour décontaminer une plaque
en acier inoxydable en utilisant une densité de courant sur la plaque de 10 mA.cm⁻²
à 50 mA.cm⁻² et une vitesse de déplacement du cylindre creux de 40 cm.min⁻¹.
[0058] La durée totale pour réaliser la décontamination d'une plaque de 10 cm² ayant une
longueur de 10 cm est obtenue en une heure.
[0059] On détermine alors le taux de décontamination en tritium de la surface de la pièce
et sa perte d'épaisseur comme précédemment. Les résultats obtenus et les conditions
de traitement sont donnés dans le tableau 2 qui suit.
[0060] On remarque ainsi que l'on peut obtenir un bon taux de décontamination avec une perte
d'épaisseur négligeable.
[0061] Dans ce type de dispositif, la température à laquelle on opère est supérieure à la
température ambiante en raison de l'effet Joule obtenu par électrolyse.
EXEMPLE 6
[0062] Il s'agit d'une variante de l'exemple 5, dans laquelle on utilise la propriété de
diffusibilité de l'hydrogène atomique dans une cathode de nickel. On utilise le dispositif
représenté schématiquement sur la figure 4, qui est identique à celui de la figure
3 mais sur lequel on a ajouté une cathode 4 en noir de palladium et nickel de 250
µm, se trouvant entre le film en polymère conducteur ionique et la plaque à décontaminer.
Ce dispositif est muni d'un orifice 1c d'évacuation de l'eau contenue dans le cylindre
creux 1.
[0063] A titre d'exemple, on a utilisé un dispositif de ce type pour décontaminer une plaque
en acier inoxydable en utilisant une densité de courant sur la plaque de 20 mA.cm⁻²,
une température d'électrolyte comprise entre 60 et 80°C et une vitesse de déplacement
du cylindre creux de 40 à 200 cm.min⁻¹. Le nombre total de cycles pour réaliser la
décontamination d'une plaque de 10 cm², ayant une longueur de 10 cm est de 700.
[0064] On détermine de la même façon le taux de décontamination en tritium de la surface
de la pièce. Dans ce cas, celle-ci ne subit pas de perte d'épaisseur, et des matériaux
dégradables à la polarisation cathodique et aux électrolytes peuvent être utilisés
: alliage d'aluminium et de cuivre. Les résultats obtenus et les conditions de traitement
sont donnés dans le tableau 3 qui suit.
EXEMPLE 7
[0065] Dans cet exemple, on utilise le premier mode de mise en oeuvre du procédé de l'invention
pour traiter une pièce de dimensions moyennes en acier inoxydable ayant une géométrie
tourmentée constituée par une vanne dont l'orifice est très contaminé par du tritium.
La pièce est disposée dans une cuve contenant de l'eau et l'on introduit dans l'orifice
à décontaminer un ensemble anode-électrolyte solide constitué par un crayon de graphite
recouvert d'un feutre de graphite et d'un film de polymère solide conducteur ionique.
[0066] On réalise l'électrolyse avec une densité de courant de 10 mA.cm⁻², pendant deux
heures la température obtenue par effet Joule dû à l'électrolyse. En fin d'opération,
on détermine le taux de décontamination en tritium de la surface de la pièce et sa
perte d'épaisseur en micromètres. Les résultats obtenus et les conditions de traitement
sont donnés dans le tableau 4.
1. Procédé de décontamination de la surface d'une pièce métallique contaminée par
du tritium, caractérisé en ce qu'il comprend les étapes suivantes :
1o relier la pièce à décontaminer au pôle négatif d'un générateur de courant continu,
2o mettre en contact au moins une partie de la surface de la pièce à décontaminer avec
un mélange comprenant de l'eau et un électrolyte capable de libérer de l'hydrogène
par électrolyse, et
3o faire passer un courant électrique entre la pièce à décontaminer et une anode reliée
au pôle positif du générateur de courant électrique et en contact avec le mélange
comprenant l'eau et l'électrolyte, en appliquant sur la pièce à décontaminer une densité
de courant de 10 mA/cm⁺² à 50 mA/cm⁺² pour charger cathodiquement d'hydrogène la surface
de la pièce à décontaminer et remplacer ainsi par de l'hydrogène le tritium adsorbé
sur la surface de la pièce à décontaminer.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le mélange comprenant l'eau
et l'électrolyte est constitué par une solution aqueuse d'hydroxyde de métal alcalin
ou d'acide sulfurique.
3. Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que le mélange comprenant l'eau
et l'électrolyte est constitué par une solution aqueuse de soude.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
l'anode est réalisée en graphite imprégné de cire de polytétrafluoréthylène.
5. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que
l'on immerge la pièce à décontaminer dans l'eau ou la solution aqueuse.
6. Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que l'anode est constituée
par une cuve contenant le mélange eau-électrolyte.
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que
l'électrolyte est un électrolyte solide.
8. Procédé selon la revendication 7, caractérisé en ce que l'électrolyte solid est
un polymère conducteur ionique.
9. Procédé selon la revendication 8, caractérisé en ce que l'électrolyte solide est
l'acide perfluorosulfonique de formule :

dans laquelle R représente un radical organique et n est un nombre de polymérisation.
10. Procédé selon l'une quelconque des revendications 7 à 9, caractérisé en ce que
l'on déplace sur la surface de la pièce un ensemble comprenant l'anode et l'électrolyte
solide, et en ce que l'on fait circuler de l'eau ou une solution aqueuse entre l'anode,
l'électrolyte solide et la surface de la pièce à décontaminer.
11. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 10, caractérisé en ce que
la pièce à décontaminer est en acier inoxydable ou en alliage de cuivre.
12. Dispositif de traitement électrolytique de la surface d'une pièce métallique,
caractérisé en ce qu'il comprend un corps creux (1) en matériau conducteur de l'électricité
relié à l'un des pôles d'un générateur de courant électrique (5), le corps creux étant
pourvu d'au moins un orifice de sortie (1a) de liquide sur lequel est appliqué un
élément poreux et perméable (2) en matériau conducteur de l'électricité, un électrolyte
solide (3) appliqué sur la surface externe de l'élément poreux et perméable, des moyens
(7) pour déplacer le corps creux sur la surface de la pièce à traiter de façon telle
que l'électrolyte solide soit en contact avec la pièce (9), et des moyens (1b) pour
introduire un liquide dans le corps creux et le faire circuler par l'orifice de sortie
entre l'élément poreux et perméable en matériau conducteur de l'électricité et la
surface de la pièce à traiter.
13. Dispositif selon la revendication 12, caractérisé en ce que le corps (1) est en
graphite imprégné de cire de polytétrafluoréthylène.
14. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 12 et 13, caractérisé en
ce que l'élément poreux et perméable (2) est un feutre de graphite.
15. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 12 à 14, caractérisé en ce
que l'électrolyte solide (3) est un polymère conducteur ionique.
16. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 12 à 15, caractérisé en ce
qu'il comprend en outre un élément cathodique (4) en noir de palladium et/ou nickel
dans lequel l'hydrogène peut diffuser, ledit élément étant appliqué sur l'électrolyte
solide (3) de façon que l'hydrogène ayant diffusé dans ledit élément soit implanté
directement dans la pièce à décontaminer.
17. Dispositif selon la revendication 16, caractérisé en ce que l'élément d'adsorption
cathodique est imbriqué dans l'électrolyte solide (3).
18. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 16 et 17, caractérisé en
ce que l'élément cathodique (4) a une épaisseur d'environ 250µm.