[0001] L'invention concerne le chargement, c'est-à-dire le remplissage en explosif fondu,
de munitions relativement longues. L'invention s'adapte à la fois au procédé de chargement
par gravité, et au procédé de chargement par dépression appelé également chargement
sous vide.
[0002] De manière générale, l'explosif fondu est préparé dans des cuves de coulée, équipées
de vannes de fond de cuve. Les munitions sont placées verticalement sous les cuves,
et le chargement s'effectue par coulée, par gravité ou sous vide. Des cuves basculantes
de transfert de l'explosif fondu, entre la cuve de coulée et la munition, peuvent
être employées pour charger des grosses bombes, mines et grenades "air-sous-marines",
charges militaires de missile ...
[0003] Lorsque la hauteur de la munition est trop importante pour que celle-ci soit placée,
soit sous la cuve de coulée, soit à côté de la cuve basculante, le chargement par
coulée par gravité de l'explosif fondu exige des aménagements.
[0004] Une première solution consiste à placer la munition dans une fosse aménagée sous
la cuve principale, ou à côté de celle-ci. La réalisation de ce genre de fosse est
toujours délicate dans une installation existante, et pose en outre, des problèmes
de sécurité, d'entretien, tels que la pollution et l'évacuation des eaux de lavage
et de manutention de la munition.
[0005] Une autre solution consiste à réhausser ladite cuve en fonction de la hauteur de
la munition. Cette opération est très onéreuse et n'est pas toujours possible dans
les installations existant déjà.
[0006] Une troisième solution consiste à utiliser une cuve à hauteur ajustable par un dispositif
hydraulique de levage. Cette solution limite la capacité des cuves.
[0007] Une dernière solution consiste à utiliser une pompe pour assurer la circulation de
l'explosif fondu entre la cuve et la munition. Cette solution permet le chargement
de la munition indépendamment de la hauteur de celle-ci, mais suscite cependant des
risques lors de l'opération de chargement et lors des opérations d'entretien, tel
que le nettoyage après l'opération de chargement.
[0008] Le but de l'invention est de remédier à cet inconvénient en créant un système de
chargement de munitions en explosif fondu utilisant notamment une canalisation souple
destinée à remplir lesdites munitions, notamment par siphonnage.
[0009] L'objet de l'invention est un système de chargement de munitions en explosif fondu,
comportant au moins une cuve dans laquelle se trouve l'explosif fondu et possédant
au moins un orifice de sortie de l'explosif situé en bas de ladite cuve. Le système
se caractérise en ce qu'il comprend une canalisation souple fixée de manière étanche
audit orifice par une première extrémité et dont la structure est à double paroi pour
permettre la circulation d'un fluide caloporteur pour amener l'explosif fondu dans
une munition à charger en le maintenant à une température déterminée .
[0010] L'invention et ses caractéristiques seront mieux comprises à la lecture de la description
suivante, illustrée des figures représentant respectivement :
- Fig.1, un schéma du système selon l'invention ;
- Figs.2a et 2b, des vues en coupe transversale de deux réalisations possibles de
la canalisation utilisée dans le système selon l'invention ;
- Fig.3, l'utilisation du système selon l'invention pour réaliser un chargement de
munitions dit "en nougat".
[0011] L'installation représentée sur la figure 1 est munie de moyens de mise en dépression
4, c'est donc cette réalisation qui sera d'abord décrite. Il est toutefois à remarquer
que le système fonctionne sans ces moyens de mise en dépression, c'est-à-dire par
gravité.
[0012] Il est représenté une cuve principale 1 dans laquelle on prépare l'explosif. Cette
cuve peut être aussi une capacité auxiliaire, qui serait l'intermédiaire entre une
cuve principale et les munitions. Dans le fond de la cuve est prévu un orifice 7 par
lequel doit passer l'explosif fondu. Sur cet orifice 7 est fixée, par une première
extrémité 8, une canalisation souple 5 dont la deuxième extrémité 9 est insérée dans
une munition 3. Des moyens de contrôle de l'alimentation en explosif 2 ont été représentés
à la première extrémité 8 de la canalisation 5. Ils sont constitués d'organes techniques
de fond de cuve, par exemple des vannes. Ces organes peuvent être également prévus
sur la canalisation 5 ou à sa deuxième extrémité 9.
[0013] La munition 3 est représentée avec une longueur relativement importante, disposée
verticalement sur le sol, de manière à ce que l'on puisse constater, que sa hauteur
H est supérieur à l'espace restant libre en dessous de la cuve et au-dessus du sol.
Pour alimenter cette munition, la canalisation souple décrit un S et forme un siphon,
l'explosif fondu se comportant comme un liquide, et tombe dans la munition.
[0014] Les moyens de mise en dépression 4 sont constitués principalement d'un couvercle
10 à travers lequel passe la deuxième extrémité 9 de la canalisation souple, et un
tube 11 traversant également le couvercle 10, mettant ainsi en communication l'intérieur
de la munition 3 avec une pompe à faire le vide 12 par l'intermédiaire d'un vase d'expansion
12 permettant de piéger l'explosif fondu..
[0015] Dans le cas du chargement par dépression, les phases sont les suivantes :
- préparation de l'explosif dans la cuve 1 ;
- mise en dépression de l'intérieur de la munition 3 ;
- ouverture de la canalisation souple 5 par les moyens de contrôle de l'alimentation
en explosif, et conjointement remplissage de la munition.
[0016] Ce procédé de chargement, équipé du système de chargement selon la présente invention,
ne nécessite pas de modifications importantes dans les installations existantes. On
constate qu'aucune énergie mécanique engendrée extérieurement n'est apportée à l'explosif
fondu. Ce dernier est transféré de la cuve à la munition par siphonnage. La surface
de l'explosif fondu n'est nulle part en contact avec l'atmosphère à partir de la cuve
de fusion, par conséquent, le procédé convient bien au chargement sous dépression
assurant le débullage.
[0017] La figure 2a nous montre, par une coupe transversale, la structure de la canalisation
souple, selon un premier mode de réalisation. La canalisation a une structure à double
paroi. Elle comprend principalement une armature externe 20, une armature interne
21, placée à l'intérieur de l'armature externe, ces deux armatures étant positionnées
l'une par rapport à l'autre par un manchon alvéolaire 22 entouré de m'armature externe
et englobant l'armature interne. Ce manchon alvéolaire définit par sa structure tubulaire
à double paroi une cavité centrale de circulation 24 de l'explosif fondu.
[0018] L'armature externe peut être réalisée par une bande de toile ou une gaine de fibre
ou de tissu, analogue à celle utilisée pour la fabrication des pneus. La fonction
de l'armature externe 20 est en outre de contenir la pression du liquide caloporteur.
La fonction de l'armature interne 21 est de résister aux pressions de circulation
du fluide caloporteur.
[0019] Des membranes 25, droites ou en hélice, maintiennent l'armature externe 20 par rapport
à l'armature interne 21 et définissent selon leur nombre, une ou plusieurs alvéoles
de circulation 23 du fluide caloporteur. Ces membranes peuvent être donc droites ou
en hélice, la circulation du fluide caloporteur se fera respectivement droite ou en
hélice autour de l'armature interne 21, et autour de la cavité centrale 24.
[0020] Les armatures interne et externe 20 et 21 sont des gaines flexibles ou souples, mais
en un matériau relativement rigide, tel que l'acier. Elles peuvent avoir, soit une
structure en ressort, soit une structure en anneaux. La libération du liquide peut
ainsi se faire à un endroit constamment variable dans l'espace. Le manchon alvéolaire
22 est réalisé à l'aide d'un élastomère avec un très bon état de surface interne,
de façon à ce que la paroi interne de la cavité centrale 24 ait un état de surface
permettant une parfaite propreté lorsque la canalisation souple est vidée. D'autres
caoutchoucs synthétiques ou des silicones vulcanisés à chaud peuvent être employés.
Pour répartir le liquide caloporteur de manière uniforme autour de l'axe de la cavité
centrale, la membrane 25 est de préférence réalisée en hélice..
[0021] Le fluide caloporteur peut être de l'eau surchauffée, de l'huile chaude, de la vapeur,
mais en aucun cas le moyen de chauffage ne doit être réalisé par des résistances électriques,
dont la précision thermique ne permet pas de respecter les normes de sécurité imposées
pour ce type d'installation.
[0022] La canalisation souple peut être prévue en plusieurs parties, dont une ou plusieurs
peuvent être rigides, et une ou plusieurs peuvent être souples.
[0023] La figure 3 illustre le procédé de chargement dit "en nougat", appliqué au système
de chargement selon l'invention. Ce type de chargement "en nougat" est caractérisé
par la présence de morceaux solides d'explosifs repérés 40, dans l'explosif liquide.
[0024] Le processus habituel de chargement "en nougat" est le suivant :
- introduction à l'intérieur de la munition d'une couche d'explosif fondu ;
- introduction d'une quantité de morceaux d'explosif de manière à combler la quantité
de liquide introduit au préalable.
[0025] Ces deux opérations sont réitérées jusqu'à remplissage complet de la munition. Il
va sans dire que ce processus comporte beaucoup d'opérations, beaucoup de manutentions
et demande donc beaucoup de temps.
[0026] Selon l'invention on introduit à l'intérieur de la munition tous les morceaux solides
d'explosifs. On fixe à travers un bouchon étanche une seringue 41 qui, une fois le
bouchon mis en place sur la munition, atteint le fond de celle-ci. Par l'intermédiaire
du bouchon étanche, et à l'aide d'un dispositif de mise en dépression 12, on fait
le vide à l'intérieur de la munition. Enfin, on introduit l'explosif liquide, au moyen
de la seringue 41, raccordée à la canalisation 5, la seringue étant remontée au fur
et à mesure du remplissage de l'intérieur de la munition, grâce au fait que la canalisation
est souple. On comprend que cette opération de remplissage de l'explosif liquide,
à l'aide d'une seringue n'est possible que si l'élément qui alimente la seringue est
mobile, ce qui n'est pas le cas dans les dispositifs existant déjà.
[0027] De plus, ce processus comporte beaucoup moins d'opérations que celui selon l'art
antérieur, et respecte toutes les normes de sécurité exigées pour de telles opérations.
[0028] Bien qu'étant conçu pour des munitions relativement longues, le système de chargement
selon l'invention s'applique à des munitions de plus courtes dimensions.
1. Système de chargement de munitions en explosif fondu, comportant au moins une cuve
(1) dans laquelle se trouve l'explosif fondu et possédant au moins un orifice de sortie
(7) de l'explosif situé en bas de ladite cuve, caractérisé en ce qu'il comprend une
canalisation souple (5) fixée de manière étanche par une première extrémité (8) audit
orifice et dont la structure est à double paroi pour permettre la circulation d'un
fluide caloporteur pour amener l'explosif fondu dans une munition (3) à charger en
le maintenant à une température déterminée.
2. Système de chargement selon la revendication 1, caractérisé en ce que la canalisation
souple (5) comporte des moyens de contrôle (2) de l'alimentation en explosif.
3. Système de chargement selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce qu'il comprend
un bouchon étanche (10) placé à l'entrée de la munition (3) et traversé d'une deuxième
extrémité (9) de la canalisation souple (5).
4. Système de chargement selon la revendication 3, caractérisé en ce qu'il comprend
des moyens de mise en dépression (4), comprenant un tube (11) traversant le bouchon
étanche (10) relié à un dispositif de mise en dépression (12), de manière à pouvoir
faire le vide à l'intérieur de la munition.
5. Système de chargement selon la revendication 1, caractérisé en ce que la canalisation
souple se compose d'un manchon alvéolaire (22) autour duquel est placé une armature
externe (20) et à l'intérieur duquel se trouve une armature interne (21), ledit manchon
alvéolaire maintenant les deux armatures sensiblement concentriques, et comportant
au moins une membrane (25) reliant les deux armatures interne et externe et délimitant
ainsi au moins une alvéole de circulation (23) du fluide caloporteur, ledit manchon
alvéolaire définissant à l'intérieur de l'armature interne, une cavité centrale (24)
de circulation de l'explosif fondu.
6. Système de chargement selon la revendication 5, caractérisé en ce que la membrane
(25) est en hélice entre les deux armatures interne et externe, de manière à assurer
une circulation du fluide caloporteur répartie autour de la cavité centrale (24) de
circulation de l'explosif fondu.
7. Système de chargement selon la revendication 5, caractérisé en ce que la canalisation
souple (5) comporte plusieurs membranes (25) droites, définissant ainsi plusieurs
alvéoles de circulation (23) du fluide caloporteur.
8. Système de chargement selon l'une quelconque des revendications 5 à 7, caractérisé
en ce que ledit manchon alvéolaire (22) est en matériau élastomère.
9. Système de chargement selon l'une quelconque des revendications 5 à 8, caractérisé
en ce que l'armature interne (21) est constituée d'une gaine métallique, flexible,
en structure de ressort.
10. Système de chargement selon l'une quelconque des revendications 5 à 9, caractérisé
en ce que l'armature externe est constituée de bandes de toile.
11. Système de chargement selon l'une quelconque des revendications 5 à 9, caractérisé
en ce que l'armature externe (20) est constituée d'une gaine de fibre flexible.
12. Système de chargement selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé
en ce que la deuxième extrémité (9) de la canalisation souple (5) est constituée d'une
seringue (41) pouvant atteindre le fond de la munition (3), et être remontée au fur
et à mesure du remplissage de l'explosif fondu à l'intérieur de ladite munition (3)
permettant ainsi le remplissage de la munition pour un chargement du type "nougat",
constitué également de morceaux solides (40) d'explosif.