[0001] Le piano droit présente, par rapport au piano à queue, l'inconvénient de ne pas permettre,
lorsque la touche est en position basse, après que le marteau a frappé la corde, une
nouvelle frappe avec un mouvement de faible amplitude. Cela est particulièrement gênant,
par exemple, lorsqu'il faut exécuter des trilles, surtout dans les "pianissimo". Le
piano à queue permet au contraire de telles successions de frappes même lorsque la
touche est en position basse, avec des mouvements de très faible amplitude. Cet avantage
du piano à queue est dû à son mécanisme à double échappement. Plus simple, le mécanisme
du piano droit ne présente qu'un échappement. Diverses tentatives infructueuses ont
été faites pour obtenir du piano droit un résultat analogue à celui qui est atteint
avec le piano à queue. La présente invention vise à fournir un dispositif d'échappement
pour piano droit, qui permette des frappes successives rapides de la corde avec des
mouvements de très faible amplitude, lorsque la touche est en position basse.
[0002] L'invention est décrite dans les revendications.
[0003] Les dessins représentent, à titre d'explication et d'exemple, d'une part un mécanisme
de piano droit classique, d'autre part un dispositif selon l'invention.
La figure 1 est une vue latérale d'un mécanisme de piano droit classique, la touche
étant en position haute, c'est-à-dire au repos.
La figure 2 est une vue du même mécanisme, avec la touche en position basse, c'est-à-dire
pressée, le marteau revenant en arrière après avoir frappé la corde.
La figure 3 est une vue latérale d'un dispositif selon l'invention, la touche étant
en position haute.
La figure 4 est une vue latérale d'un dispositif selon l'invention, au moment où la
touche est à mi-course de son mouvement de retour, après avoir été pressée, et où
le marteau revient en arrière après avoir frappé la corde; les traits pointillés représentent
la position des pièces essentielles lorsque la touche est encore enfoncée, que le
marteau a déjà commencé sa course en arrière et qu'il est retenu par l'attrape.
[0004] Dans les mécanismes classiques, le mouvement descendant de la touche 1 fait monter
le poussoir d'échappement 2, ce qui lance simultanément le marteau 3 en direction
de la corde 4. A mi-course de la touche, l'étouffoir 5 libère la corde sous la poussée
de la cuillère 6. Emporté par son élan, le marteau frappe la corde. Immédiatement
avant que le marteau frappe la corde, l'échappement fonctionne : le levier d'échappement
7 bute sur le bouton d'échappement 8, de façon que le poussoir d'échappement 2 recule
et que son bout 13 glisse sur la noix, laissant ainsi le marteau poursuivre librement
sa course. A partir du déclenchement de l'échappement, la touche 1, qui est représentée
seulement partiellement ici, poursuit également sa course indépendamment de celle
du marteau. Celui-ci va frapper la corde et il est renvoyé en arrière. La touche étant
encore en position pressée, la contre-attrape 10 solidaire du manche du marteau vient
s'appuyer sur l'attrape 9, qui est encore en position haute.
[0005] Si la touche remonte plus vite que le marteau ne redescend, le poussoir d'échappement
se remet en place sous la noix 11 et le mécanisme est ainsi rechargé, l'étouffoir
5 étant par ailleurs revenu sur la corde. En fin de course, le marteau retombe sur
la bande de repos 12.
[0006] Si par contre la touche remonte plus lentement que le marteau ne redescend, le poussoir
d'échappement n'a pas le temps de revenir en place sous la noix. Le seul moyen pour
que le dispositif soit à nouveau chargé consiste pour le pianiste à relever le doigt
assez haut de façon que la touche remonte suffisamment. C'est là que réside l'inconvénient
majeur des pianos droits, déjà mentionné plus haut : il n'est pas possible de se contenter
d'un mouvement de faible amplitude pour recharger le dispositif. L'amplitude nécessaire
est trop grande pour exécuter aisément des trilles, surtout pianissimo.
[0007] Le dispositif objet de l'invention comprend un bouton de recharge 14. Le levier d'échappement
7 est prolongé par un levier de recharge 15, dont le bout est pourvu d'une roulette
de feutre 16. La longueur du levier de recharge 15 est telle que, au repos, la roulette
de feutre 16 vient toucher le bouton de recharge 14. Ce bouton est fixé sur une barre
17, de préférence en bois, au moyen d'une tiger filetée. Cette tige filetée permet
de régler la hauteur du bouton de façon que le contact avec la roulette de feutre
16 se fasse au moment opportun. Au moment où la touche est pressée, le chevalet est
poussé vers le haut, entraînant avec lui le poussoir 2 et le levier 7 d'échappement.
Le levier de recharge 15, solidaire du levier d'échappement 7, s'élève en même temps
et la roulette 16 se détache donc du bouton de recharge 14 dès que la touche est pressée.
Lorsque le poussoir d'échappement 2 est en fin de course, le levier d'échappement
7 bute sur le bouton d'échappement 8; le poussoir d'échappement bascule autour de
l'axe de la fourche d'échappement, le bout 13 du poussoir glisse sous la noix. Ce
mouvement de basculement s'étend aussi au levier de recharge 15, et il s'arrête au
moment où la roulette 16 bute contre le bouton de recharge 14. Dès que la touche remonte,
le chevalet redescend, entraînant avec lui le poussoir. La roulette 16 étant bloquée
à la hauteur du bouton de recharge, ce mouvement descendant entraîne un basculement
en sens inverse de l'ensemble formé par le poussoir, le levier d'échappement et le
levier de recharge. Le bout 13 du poussoir d'échappement glisse sous la noix et revient
se placer en position de départ.
[0008] Il est à noter que ce mouvement de recharge se fera d'autant plus tôt que la position
du bouton de recharge sera plus haute. Il est aisé de placer ce bouton à une hauteur
telle que le dispositif soit de nouveau en état de relancer le marteau vers la corde
déjà après un mouvement de remontée très court de la touche. Il suffit de relâcher
légèrement la touche, après qu'on l'a enfoncée, pour pouvoir relancer le marteau vers
la corde en pressant de nouveau la touche. Le réglage optimal du dispositif est celui
dans lequel la roulette 16 bute sur le bouton 14 juste au moment où l'attrape reçoit
la contre-attrape.
[0009] De préférence, le levier de recharge 15 est une tige d'acier enfoncée dans le levier
7 d'échappement, qui est lui-même en bois.
[0010] Grâce à ce dispositif, les répétitions lentes ou rapides sont garanties dans n'importe
quelle position de la touche, quelle que soit la force de frappe. L'échappement de
la mécanique traditionnelle ne les permet pas. En régle générale, le jeu pianistique
devient plus expressif. Les notes répétées en pianissimo peuvent être jouées legato
sans que le son soit entrecoupé. Cela est impossible à garantir avec l'échappement
de la mécanique traditionnelle.
1. Dispositif d'échappement pour piano droit, caractérisé en ce qu'il comprend au
moins un levier de recharge (15) fixé à l'ensemble formé par le poussoir (2) et le
levier (7) d'échappement, et au moins un bouton de recharge (14), le bouton de recharge
étant placé sur la course descendante du levier de recharge de façon que le levier
de recharge vienne s'appuyer sur le bouton de recharge lors de la descente du chevalet,
après que l'échappement a fonctionné, et fasse ainsi basculer le poussoir (2) de façon
que le bout (13) dudit poussoir vienne se placer en position de départ sous la noix
(11).
2. Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que le bouton de recharge
(14) est fixé de manière réglable en hauteur.
3. Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que le levier de recharge
(15) est un prolongement du levier (7) d'échappement.
4. Dispositif selon la revendication 3, caractérisé en ce que le levier de recharge
(15) est une tige métallique enfoncée dans le levier (7) d'échappement.
5. Dispositif selon la revendication 4, caractérisé en ce que le levier de recharge
(15) se termine par une roulette de feutre (16) apte à prendre appui sur le bouton
de recharge.
6. Dispositif selon la revendication 2 et l'une des revendications 3 à 5.