[0001] L'invention concerne les harnais pour masque respiratoire à mise en place rapide
et elle trouve une application particulièrement importante sur les avions à cabine
pressurisée destinés à voler à haute altitude.
[0002] Au fur et à mesure que l'altitude de croisière des avions de ligne et des avions
d'affaires augmente, il devient de plus en plus difficile de protéger les occupants
contre les effets d'une pressurisation brutale. Or il est indispensable d'eviter toute
perte de conscience du pilote (ou au moins d'un des pilotes) en cas de dépressurisation,
afin qu'il puisse ramener l'avion à basse altitude.
[0003] On connaît déjà (brevet FR 1 506 342 ou US 3 599 636, et brevet U.S. 4,437,462) des
harnais pour masque respiratoire, utilisés sur de nombreux avions de ligne, ayant
au moins une sangle extensible dont les extrémités sont reliées au masque et qui comporte
un élément gonflable par un gaz sous pression pour allonger la sangle jusqu'à une
dimension déterminée, suffisante pour permettre à l'utilisateur d'engager la sangle
sur la tête, et ayant des moyens à commande manuelle permettant d'admettre du gaz
sous pression dans ledit élément pour l'allonger et de vidanger cet élément pour permettre
à la sangle de s'appliquer contre la tête et de maintenir le masque.
[0004] Dans un mode de réalisation avantageux, le gaz de gonflement est constitué par le
gaz respiratoire qui alimente le régulateur respiratoire à la demande porté par le
masque.
[0005] Un tel harnais permet à l'utilisateur de saisir le masque dans une boîte placée à
proximité de son siège et de le mettre en place en quelques secondes. Mais en cas
de dépressurisation très brutale à haute altitude, le déficit en oxygène créé par
l'exposition à l'atmosphère raréfiée pendant ces quelques secondes peut suffire à
provoquer une perte de conscience retardée, à l'issue de laquelle il sera trop tard
pour que le pilote reprenne le contrôle de l'avion.
[0006] Le risque est écarté si le pilote, ou l'un des pilotes, garde en permanence le masque
sur le visage aussi longtemps que l'avion est à altitude élevée, par exemple au-delà
de 10 000 mètres. Mais le port permanent du masque plaqué sur le visage est source
de fatigue respiratoire et d'inconfort. Si, au surplus, le masque reste alimenté en
oxygène, la capacité des bouteilles de stockage doit être supérieure à celle qui est
actuellement requise.
[0007] L'invention vise à fournir un harnais à mise en place rapide pour masque respiratoire
répondant mieux que ceux antérieurement connus aux exigences de la pratique, notamment
en ce qu'il supprime pratiquement le délai après incident au bout duquel l'utilisateur
dispose d'oxygène respiratoire, et ce en limitant l'inconfort que représente le
port prolongé du masque.
[0008] Dans ce but, l'invention propose un harnais du type ci-dessus défini conforme à la
revendication 1.
[0009] Le commutateur peut comporter un clapet taré muni d'une manette de commande à au
moins deux positions, le tarage du clapet pouvant être fixé une fois pour toutes
ou ajustable. Dans le second cas, l'utilisateur du masque peut adapter la pression
résiduelle à sa morphologie particulière, ce qui est particulièrement avantageux si
le masque reste en permanence au poste de pilotage et doit être utilisable par des
personnes de tailles très différentes.
[0010] Le clapet taré comprend avantageusement un obturateur coulissant sur une tige et
la manette de commande comprend un excentrique de déplacement de la tige vers un siège
d'obturateur, des moyens élastiques étant prévus entre la tige et le clapet pour repousser
celui-ci vers le siège jusqu'à une position prédéterminée par rapport à la tige.
[0011] Dans un mode avantageux de réalisation, les moyens à commande manuelle de gonflage
coopèrent avec le commutateur de façon que, lorsque celui-ci est dans l'état où il
maintient la pression de gaz à la valeur résiduelle, un gonflement progressif puisse
être provoqué par la mise en action des moyens à commande manuelle, ce qui permet
en particulier à l'utilisateur de rétablir la pression résiduelle par action temporaire
sur les moyens à commande manuelle si la force d'application du masque augmente du
fait de fuites de l'élément gonflable.
[0012] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui suit de modes
particuliers de réalisation donnés à titre d'exemples non limitatifs. La description
se réfère aux dessins qui l'accompagnent, dans lesquels :
- la Figure 1 est une vue en perspective montrant l'aspect extérieur d'un masque
muni d'un harnais suivant l'invention ;
- les Figures 2A et 2B sont des schémas de principe montrant une constitution simple
du commutateur, respectivement en position "confort" et en position "secours" ;
- les Figures 3 et 4, similaires à la Figure 2A, montrent deux variantes de réalisation
;
- la Figure 4A, similaire à une fraction de la Figure 4, montre l'adjonction d'un
clapet à commande altimétrique ; et
- la Figure 5 montre une constitution possible d'un commutateur suivant le schéma
de la Figure 3.
[0013] La Figure 1 montre un appareil respiratoire de secours dans la position où il se
trouve sur la tête d'un utilisateur lors de l'emploi. Cet appareil peut être regardé
comme comportant un couvre-face oro-nasal 10 (qui peut être complété par une visière
transparente de protection contre les fumées) solidaire d'un bloc de raccordement
rigide 14, des sangles 20 destinées à appliquer le couvre-face 10 contre le visage
et fixées au bloc de raccordement 14 et un boîtier 16. Le boîtier contient un régulateur
à la demande et éventuellement un microphone.
[0014] L'ensemble constitué par les sangles 20, le bloc de raccordement 14 et les éléments
qu'il contient peut être considéré comme un harnais 12 portant le régulateur à la
demande et le couvre-face 10.
[0015] Le bloc de raccordement 14 est muni d'un embout de raccordement d'une conduite souple
17 d'amenée de gaz respiratoire sous pression. Le bloc de raccordement met le régulateur
en liaison avec la conduite d'alimentation et porte des moyens à commande manuelle
de gonflage du harnais, constitués par un robinet prévu pour être actionné par pincement
manuel de deux oreilles 18, portées par le bloc de raccordement 14 et dont l'une est
basculante, entre le pouce et l'index de l'utilisateur.
[0016] Lorsque le robinet est au repos, il met en communication un volume intérieur du
bloc de raccordement avec l'atmosphère, en vue de permettre au harnais de se rétracter.
Lorsque le robinet est actionné. il admet du gaz sous pression en provenance de la
conduite d'alimentation 17 dans le volume.
[0017] Dans le mode particulier de réalisation montré en Figure 1, le harnais comporte deux
sangles 20 constituées chacune d'un tube interne en matériau élastique contenu dans
une gaine inextensible limitant l'allongement des tubes. La longueur au repos des
tubes internes est telle qu'ils tendent à appliquer le couvre-face 10 sur le visage
avec une pression suffisante pour assurer l'étanchéité requise. Mais l'invention serait
également applicable, bien qu'elle présente dans ce cas moins d'intérêt, à un harnais
comportant une ou plusieurs bandes inextensibles, ou même une auréole, destinées à
s'appliquer contre l'arrière de la tête, et un ou des vérins pneumatiques destinés
à écarter la bande ou l'auréole du masque suffisamment pour permettre le passage aisé
de la tête.
[0018] Le harnais suivant l'invention comprend un commutateur permettant, suivant la position
qu'il occupe, de relier les sangles au volume intérieur du bloc de raccordement ou
de retenir dans les sangles une surpression déterminée par rapport au volume, lorsque
la pression dans ce dernier diminue au-dessous de celle qui règne dans les sangles.
[0019] Dans le mode de mise en oeuvre simple de l'invention montré sur les Figures 2A et
2B, le robinet comporte un corps 21 dans lequel est ménagée une cavité 22 qui communique
en permanence, par un passage 24, avec le volume intérieur 26 du commutateur 28. La
cavité 22 débouche dans un espace qui reçoit le gaz sous pression provenant de la
conduite 17 par un premier siège de soupape et débouche à l'atmosphère par un second
siège. Ces deux sièges coopèrent respectivement avec un clapet 27 d'admission de gaz
sous pression et un clapet 29 de mise à l'atmosphère, portés par la même tige commandée
par l'oreille basculante 18. La pression du gaz (et éventuellement un ressort de rappel
non représenté) tendent à amener l'équipage mobile constitué par les clapets 27 et
29 et la tige 33 dans la position montrée en Figure 2A pour laquelle la cavité 22
est reliée à l'atmosphère. Lorsqu'on appuie sur l'oreille basculante 18, cette dernière
déplace l'équipage mobile, sépare la cavité 22 de l'atmosphère et la met en communication
avec la conduite 17 d'arrivée de gaz sous pression.
[0020] Le commutateur 28 comporte de son côté, dans le cas illustré en Figure 2A, un passage
30 de mise en communication du volume 26 avec les sangles, entouré par un siège de
réception d'un clapet obturateur 32. Ce clapet 32 coulisse sur une tige 34 coaxiale
au siège, qu'une manette de commande 36 permet de déplacer entre une position avancée
proche du siège (montrée en Figure 2A) et une position écartée du siège (montrée en
Figure 2B). Dans le mode de réalisation illustré, cette manette est constituée d'un
levier basculant autour d'un axe 37 et muni d'un excentrique 38 d'appui sur la tige
34. Un ressort de faible raideur 39 maintient en permanence la tige 34 en appui contre
l'excentrique 38. Entre la tige 34 et le clapet 32 est interposé un ressort 40 qui
amène le clapet obturateur contre une butée 41 de la tige lorsque la tige est dans
la position écartée ou reculée montrée en Figure 2B, et fixe la pression résiduelle
maintenue dans les sangles lorsque la tige est dans la position rapprochée montrée
en Figure 2A.
[0021] La course donnée à la tige 34 par l'excentrique 38 est choisie pour que, lorsque
la manette est dans la position "secours" montrée en Figure 2B, qui correspond à l'utilisation
effective du masque en cas d'incident, le clapet 32 soit largement décollé du siège
et mette en communication les sangles 20 et le volume 26. Par contre, lorsque la manette
de commande est mise dans la position "confort" montrée en Figure 2A avant que l'utilisateur
ne relâche son action sur l'oreille 18, la pression dans les sangles ne redescend
qu'à une valeur fixée par le ressort de tarage 40 et choisie pour permettre une utilisation
de longue durée.
[0022] La variante de réalisation schématisée en Figure 3 comporte, interposée entre l'excentrique
38 et la tige 34, une came de réglage 42 qui fixe l'écartement entre la tige et la
came et, donc, la force de compression du ressort 40 lorsque la manette est dans la
position "confort" où elle est montrée en Figure 3.
[0023] Le mode de réalisation schématisé en Figure 4, comporte de plus un clapet anti-retour
44 muni d'un faible ressort de fermeture, destiné à permettre au gaz de passer du
volume 26 vers les sangles, lorsque la pression dans le volume 26 dépasse la pression
résiduelle dans les sangles. Ce clapet 44 peut être prévu en même temps que la came
42 ou indépendamment. Il permet en particulier, si une fuite des sangles augmente
progressivement la tension de ces dernières, de détendre les sangles en les regonflant
jusqu'à la pression choisie même lorsque la manette 36 est en position "confort".
Il suffit pour cela de pincer les oreilles 18. Le clapet anti-retour 44 a avantageusement
une section de passage faible, de façon que le gonflage s'effectue lentement. Ainsi,
les sangles restent en appui sur la tête au cours du regonflage et il n'y a pas déplacement
du masque. Un clapet 44 ayant une section de passage de l'ordre de 0,05 à 0,1 mm²
pour une pression d'alimentation de 5 bars donne en général des résultats satisfaisants.
[0024] Pour éviter la nécessité d'une commande manuelle en cas de dépressurisation, on peut
compléter le dispositif de la Figure 4 par un clapet 52 associé à une capsule altimétrique
qui met automatiquement en communication le volume interne 26 et le harnais. Une
telle disposition est montrée schématiquement en Figure 4A.
[0025] Dans la pratique, la disposition relative des divers composants peut être celle montrée
en Figures 1 et 5. La manette de commande manuelle 36 est montée sur un étrier 48
de façon à pouvoir tourner autour de l'axe 37 entre une position baissée (où elle
est montrée en traits pleins sur la figure 1) et une position levée (en traits mixtes).
Une tige de la manette 36, décalée radialement de l'axe 37, forme l'excentrique 38
et porte la came de réglage 42 qui présente des pans coupés d'appui sur la tige 34,
l'expêchant de tourner de façon intempestive à partir de la position dans laquelle
elle a été mise manuellement. Pour qu'il soit plus facile à l'utilisateur d'orienter
la came, celle-ci porte un molette 50. La came est montée libre en rotation sur l'excentrique
de façon à conserver la même position angulaire par rapport à la tige 34 lorsque l'excentrique
38 tourne.
[0026] Il est nécessaire que le masque, lorsqu'il n'est pas porté, soit stocké avec la manette
36 en position "secours". En effet, dans le cas contraire, il ne serait pas possible
de gonfler le harnais avec les dispositions montrées en Figures 2A, 2B et 3 et le
gonflage serait lent dans le cas de la Figure 4. Pour cela, il suffit que la boîte
de réception du masque respiratoire de secours soit prévue pour que le masque ne puisse
y pénétrer que lorsque la manette de commande 36 est en position "secours". Une solution
plus simple consiste à revêtir d'une couleur vive la face de la manette qui est apparente
en position "confort", la manette devant alors être visible lorsqu'elle est en position
de stockage.
[0027] Le procédé d'utilisation du masque est le suivant.
[0028] Lorsque le masque est stocké pour n'être utilisé qu'en cas d'urgence, la manette
36 est en position "secours". Le fonctionnement est identique à celui du harnais décrit
dans les brevets mentionnés plus haut.
[0029] Lorsque le masque doit être porté de façon prolongée, en attente, l'utilisateur le
sort de sa boîte. Il appuie sur les oreilles 18 pour gonfler le harnais, puis bascule
la manette 36 en position "confort". Si le commutateur est du type montré en Figure
5, il règle alors la molette 50 en position de pression résiduelle maximum. Il met
le masque en place sur le visage puis relâche les oreilles. Le harnais se dégonfle
jusqu'à la pression résiduelle maximum. L'utilisateur règle alors la tension en agissant
sur la molette 50.
[0030] En cas de fuite, la tension du harnais augmente progressivement. Lorsqu'elle devient
excessive, l'utilisateur regonfle légèrement le harnais en pinçant les oreilles jusqu'à
ce qu'il ait retrouvé le réglage convenable.
[0031] En cas d'incident, provoquant par exemple une perte de pression ou des fumées dans
la cabine, alors que l'utilisateur porte le masque en position "confort", il suffit
que l'utilisateur bascule la manette 36 en position "secours" pour provoquer la vidange
complète du harnais et l'application étanche du couvre-face sur le visage. Mais, dès
avant cette application, l'utilisateur dispose d'oxygène respiratoire.
[0032] Enfin, lorsque l'utilisateur veut ôter le masque, il bascule également la manette
en position "secours". Puis il gonfle le harnais en pinçant les oreilles.
[0033] Il est important de remarquer qu'il est simple de ré-équiper des masques existants
comprenant un harnais à mise en place rapide (du genre décrit dans le brevet FR 1
506 342 déjà mentionné par exemple), simplement par adjonction des moyens montrés
en Figures 2 à 5, de sorte que l'on peut constituer des masques suivant l'invention
et des masques pour plus basse altitude à partir de composants en grande partie communs
; on peut aussi ré-équiper des masques existants pour les adapter aux vols à haute
altitude.
1. Harnais pour masque respiratoire, ayant au moins une sangle extensible (20) dont
les extrémités sont reliées au masque et qui comporte un élément gonflable par un
gaz sous pression pour allonger la sangle jusqu'à une dimension déterminée, suffisante
pour permettre à l'utilisateur d'engager la sangle sur la tête, et ayant des moyens
à commande manuelle (18) permettant d'admettre du gaz sous pression dans ledit élément
pour l'allonger et de vidanger cet élément pour permettre à la sangle de s'appliquer
contre la tête et de maintenir le masque, caractérisé en ce que lesdits moyens à commande
manuelle comprennent un commutateur (32, 39) permettant à volonté de vidanger l'élément
gonflable ou d'y maintenir une pression de gaz résiduelle déterminée, inférieure
à la pression de gonflement complet.
2. Harnais selon la revendication 1, caractérisé en ce que le commutateur est constitué
par un clapet taré (32, 34) muni d'une manette de commande (36) à au moins deux positions
qui, dans une position, soulève l'obturateur du clapet de son siège et, dans une autre,
l'applique sur son siège, le tarage du clapet pouvant être fixé une fois pour toutes
ou ajustable.
3. Harnais selon la revendication 2, caractérisé en ce que le clapet taré comprend
un obturateur (32) coulissant sur une tige (34) et en ce que la manette de commande
(36) comprend un excentrique (38) de déplacement de la tige vers un siège d'obturateur,
des moyens élastiques (40) étant prévus entre la tige et le clapet pour repousser
celui-ci vers le siège jusqu'à une position prédéterminée par rapport à la tige.
4. Harnais selon la revendication 2 ou 3, caractérisé en ce qu'il comprend une came
orientable (42) de réglage interposée entre la manette et le clapet.
5. Harnais selon la revendication 4, caractérisé en ce que ladite came comporte une
série de flancs d'appui de la tige et une molette (50) de réglage manuel d'orientation.
6. Harnais selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en
ce que les moyens à commande manuelle sont montés en parallèle avec un clapet anti-retour
(44).
7. Harnais selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en
ce qu'il comprend un clapet altimétrique de mise à l'air libre dudit élément en cas
de dépressurisation.
8. Masque respiratoire à mise en place rapide, comprenant un harnais selon l'une quelconque
des revendications précédentes, fixé à un bloc de raccordement solidaire d'un couvre-face
et portant un régulateur à la demande.