[0001] L'invention est relative à un procédé pour former à la surface d'un substrat en alliage
d'aluminium une zone riche en aluminiure d'au moins un des éléments nickel, fer, cobalt.
[0002] Il est connu de revêtir la surface de pièces en superalliages à base de nickel ou
de cobalt d'aluminiure de nickel ou de cobalt afin d'améliorer leur tenue à la fatigue
thermique et aux milieux sulfurés.
[0003] Ces revêtements sont généralement formés de plusieurs couches constituées de l'intérieur
vers l'extérieur de la pièce, par de l'aluminiure NiAl, de l'aluminiure Ni₂Al₃ et
un alliage d'aluminium et de mischemetal.
[0004] Lesdites couches sont obtenues soit en plongeant la pièce dans un bain de poudre
métallique chauffée ou dans du métal fondu, soit en pulvérisant à la surface de la
pièce des composés métalliques susceptibles par un traitement thermique convenable
de développer les composés souhaités.
[0005] Ces pièces revêtues trouvent généralement leur application dans l'industrie aéronautique
notamment pour la fabrication de composants de turbines de réacteur.
[0006] Dans le domaine des alliages d'aluminium, il est connu par le brevet US N° 3 888
746 de projeter de l'aluminiure de nickel NiAl ou Ni₃Al à la surface du trochoïde
d'un moteur rotatif en alliage d'aluminium comme sous couche à un revêtement ultérieur
d'acier puis de chrome. Cette couche d'aluminiure augmente la force de liaison entre
l'aluminium et les couches extérieures.
Il est également connu, par la demande de brevet allemand DE 2 545 242 dans lequel
on protège les pistons ou les chemises en alliages d'aluminium contre le grippage
en déposant un film de molybdène, d'améliorer l'adhérence de ce film par l'interposition
d'une sous couche d'aluminiure de nickel déposée au moyen d'un chalumeau.
[0007] Bien que cela ne soit pas précisé, il s'agit vraisemblablement d'aluminiure de formule
chimique Ni₃Al ou NiAl, les seuls actuellement disponibles dans le commerce.
[0008] Les documents cités montrent donc, qu'en ce qui concerne l'aluminium, les aluminiures
sont utilisés principalement comme couche intermédiaire assurant l'accrochage d'autres
matériaux. Mais, en aucun cas, il n'est question d'utiliser l'aluminiure lui-même
comme revêtement ultime. Or, ces aluminiures sont doués de propriétés remarquables
telles qu'une forte dureté, une résistance remarquable à l'usure, à l'oxydation et
à la corrosion. De plus, leur limite élastique peut être fortement améliorée par l'addition
de certains éléments tels que par exemple le hafnium, le molybdène, le zirconium.
Il paraît donc intéressant de pourvoir mettre ces propriétés en valeur.
[0009] Ces documents montrent également que sur les alliages d'aluminium le revêtement est
obtenu à partir d'un aluminiure ayant été fabriqué antérieurement au dépôt alors que
sur les superalliages on peut, en raison de leur température de fusion élévée, développer
des aluminiures in situ. D'où une possibilité d'application limitée aux aluminiures
commercialisés et parmi lesquels l'Al₃Ni par exemple ne figure pas.
En outre, le procédé de projection à chaud d'un aluminiure a pour inconvénients par
rapport au procédé de formation in situ de conduire à une liaison moins bonne du revêtement
avec le substrat, de créer des porosités induites et de former des couches épaisses
par rapport à la granulométrie de la poudre projetée.
[0010] La demanderesse propose dans la présente invention un moyen permettant de s'affranchir
de ces obstacles et, de ce fait, d'aller au-delà des méthodes actuelles d'apport extérieur
d'aluminiures en développant la formation in situ de ces composés à partir des éléments
simples aluminium, nickel, fer, cobalt.
[0011] Ce moyen est un procédé pour former à la surface d'un substrat en alliage d'aluminium
une zone riche en aluminiure d'au moins un des éléments nickel, fer, cobalt caractérisé
en ce que :
- on effectue un dépôt d'au moins un desdits éléments sur le substrat sans sous couche
intermédiaire
- on soumet l'ensemble à un traitement thermique de diffusion à une température supérieure
à la température de fusion commençante d'au moins un des composés intermétalliques
présents dans le substrat.
[0012] Ainsi, à la différence des procédés de l'air antérieur, le procédé consiste, non
pas à déposer un aluminiure sur le substrat puis à l'accrocher sur ledit substrat
mais, à déposer un élément métallique tel que le nickel, le fer, le cobalt puis à
le transformer in situ en aluminiure en utilisant l'aluminium du substrat.
[0013] Il est à noter que lors de la première phase du procédé, le dépôt doit être effectué
directement sur le substrat et non par l'intermédiaire de sous couche d'accrochage
qui empêcherait la formation de l'aluminiure.
[0014] Dans le cas de dépôts électrolytiques, il est connu que la plupart des procédés de
dépôt sur un substrat aluminium d'un métal comme le nickel par exemple nécessitent,
pour obtenir un bon accrochage, le passage par des sous couches telles que par exemple
de bronze et/ou de cuivre obtenues en bain cyanure.
[0015] Ces procédés ne sont pas recommandés et on utilisera de préférence le procédé de
dépôt électronchimique revendiqué dans l'US 4 492 615 et qui consiste à décaper le
substrat en le soumettant à une tension positive dans une solution de chlorure de
nickel, d'acide borique et d'acide fluorhydrique avant d'effectuer le dépôt.
[0016] Dans tous les cas, la mise en oeuvre du procédé selon l'invention oblige donc à recourir
à une méthode de dépôt direct conduisant néanmoins à un accrochage convenable qui
permette lors du traitement thermique d'assurer la diffusion indispensable à la formation
de l'aluminiure.
[0017] Pour assurer une diffusion régulière et les améliorations souhaitées, le dépôt est
choisi à une épaisseur inférieure à 800 µm.
[0018] En ce qui concerne la deuxième phase du procédé selon l'invention, elle consiste
à soumettre le substrat revêtu à un traitement thermique à une température qui, pour
des raisons pratiques de durée et de qualité métal, n'excède pas de plus de quelques
degrés la température de fusion commençante d'au moins un des composés intermétalliques
présents dans le substrat. De préférence, l'écart entre les deux températures est
compris entre 5 et 25°C car en-dessous de 5°C il n'y a pas d'adhérence entre les couches
d'aluminiure et le substrat et au-dessus de 25°C, il y a déformation trop importante
du substrat.
[0019] Ce traitement peut être effectué dans un four conventionnel de traitement thermique
où on maintient le substrat revêtu pendant une durée variable suivant le type d'aluminiure
qu'on veut former et par suite les propriétés qu'on veut développer. De manière préférentielle,
cette durée est comprise entre 1 et 150 heures, fourchette en dehors de laquelle soit
l'épaisseur de la zone riche en aluminiure est insignifiante ou évolue trop lentement.
Suivant la durée du maintien en température, on fait varier à la fois l'épaisseur
et la composition des aluminiures formés.
[0020] Ainsi, dans le cas particulier des aluminiures de nickel, on obtient en fonction
de la durée de maintien d'abord au contact du substrat une zone riche en Al₃Ni surmontée
d'une zone riche en Al₃Ni₂ et d'une zone externe riche en nickel.
Si on continue le maintien en température, la zone riche en nickel disparaît progressivement
tandis que les épaisseurs d'Al₃Ni et d'Al₃Ni₂ varient au profit de Al₃Ni.
Au bout d'un certain temps, seule la phase Al₃Ni subsiste avec une épaisseur finale
cinq fois plus importante que l'épaisseur du dépôt initial de nickel.
[0021] On conçoit l'intérêt de ce procédé dans lequel, par un simple chauffage, dans des
conditions telles qu'elles ne modifient pas la forme du substrat, on peut faire évoluer
les propriétés du revêtement dans un domaine très étendu.
[0022] L'invention peut être illustrée à l'aide de cinq exemples d'applications suivants:
EXEMPLE 1
[0023] Après dégraissage selon les méthodes conventionnelles, un échantillon en alliage
AA.7075 suivant les normes d'Aluminium Association, sous forme de tôle laminée (état
T6) a été revêtu d'un dépôt de nickel d'une épaisseur de 20 µm selon la méthode décrite
dans l'US 4 492 615.
Cet échantillon revêtu a ensuite été placé dans une enceinte à 530°C pendant 5 heures
de manière à dépasser sa température de fusion commençante qui est voisine de 520°C
à l'état homogénéisé.
[0024] On a observé la formation de deux couches superposées homogènes et adhérentes:
- la première, en contact avec le substrat d'aluminium, est constituée d'Al₃Ni et
présente une épaisseur de 40 µm et une dureté de 700 Hv.
- la deuxième est au-dessus et constituée d'Al₃Ni₂ avec une épaisseur de 30 µm et
une dureté de 1000 Hv.
[0025] Un échantillon revêtu, identique au précédent, placé dans une enceinte à 510°C pendant
5 heures à conduit à la formation de couches non adhérentes.
[0026] La figure 1 ci-jointe montre au grossissement 200 en coupe une vue micrographique
du revêtement obtenu à 530°C.
EXEMPLE 2
[0027] On a utilisé le même échantillon que dans l'exemple 1 et après dégraissage et dépôt
de la même épaisseur de nickel, on l'a placé dans une enceinte à 530°C pendant 15
heures.
[0028] Au cours de ce traitement thermique, on a observé une diffusion conduisant à une
couche homogène et adhérente d'Al₃Ni faisant 100 µm d'épaisseur et présentant une
dureté de 700 Hv.
[0029] A la sortie de l'enceinte, on peut soumettre l'échantillon à un refroidissement
rapide par trempe à l'eau sans constater de décohésion de la couche puis à un traitement
thermique de revenu durant 24 heures à 120°C de manière à restaurer les caractéristiques
mécaniques de l'alliage AA.7075 à l'état T6 tout en maintenant les propriétés intrinsèques
de la couche.
[0030] La figure 2 ci-jointe montre au grossissement 200 en coupe une vue micrographique
du revêtement obtenu.
EXEMPLE 3
[0031] On a utilisé le même échantillon que dans l'exemple 1 sur lequel on a déposé 100
µm de nickel.
[0032] Après un traitement thermique de 120 heures à 530°C, on a obtenu une couche homogène
d'Al₃Ni de 500 µm d'épaisseur.
EXEMPLE 4
[0033] On a utilisé un échantillon en alliage AA.5086 sur lequel on a déposé 20 µm de nickel
selon la même méthode.
[0034] On l'a ensuite placé pendant une durée de 5 heures dans une enceinte à 600°C soit
15°C de plus que la température de fusion commençante.
[0035] On a obtenu une couche d'Al₃Ni de 100 µm.
EXEMPLE 5
[0036] On a obtenu les mêmes résultats que dans l'exemple 4 avec un alliage AA.6061 traité
pendant 15 heures à 610°C soit 15°C de plus que la température de fusion commençante.
[0037] De tels revêtements permettent d'améliorer la dureté, la résistance à l'usure, à
l'oxydation et à la corrosion de substrats en alliage d'aluminium. Cela permet aussi
d'obtenir des pièces en alliage d'aluminium présentant, avec le revêtement proposé,
un module d'élasticité amélioré.
1 - Procédé pour former à la surface d'un substrat en alliage d'aluminium une zone
riche en aluminiure d'au moins un des éléments nickel, fer, cobalt caractérisé en
ce que l'
- on effectue du dépôt d'au moins un desdits éléments sur le substrat sans sous couche
intermédiaire,
- on soumet l'ensemble à un traitement thermique de diffusion pendant une durée comprise
entre 1 et 150 heures à une température supérieure à la température de fusion commençante
d'au moins un des composés intermétalliques présents dans le substrat.
2 - Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le dépôt est effectué par
voie électrochimique.
3 - Procédé selon la revendication 2 caractérisé en ce que le substrat est décapé
par voie électrolytique avant dépôt.
4 - Procédé selon la revendication 3 caractérisé en ce que dans le cas où l'élément
déposé est le nickel, le substrat est décapé en le soumettant à une tension positive
dans une solution de chlorure de nickel, d'acide borique et d'acide fluorhydrique.
5 - Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le dépôt à une épaisseur
inférieure à 800 µm.
6 - Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que lors du traitement thermique,
l'écart entre la température de traitement et la température de fusion commençante
est compris entre 5 et 25°C.
7 - Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le traitement thermique
s'effectue par chauffage dans un four conventionnel.
8 - Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que dans le cas où l'élément
déposé est le nickel, la durée de traitement est réglée de manière à développer la
formation au contact du substrat d'une zone riche en Al₃Ni, recouverte d'une zone
riche en Al₃Ni₂ et d'une zone riche en nickel.
9 - Procédé selon la revendication 8 caractérisé en ce que la durée du traitement
est prolongée, de manière à obtenir uniquement une zone riche en Al₃Ni recouverte
d'une zone riche en Al₃Ni₂.
10 - Procédé selon la revendication 9 caractérisé en ce que la durée de traitement
est prolongée de manière à obtenir exclusivement une zone riche en Al₃Ni.