[0001] L'invention concerne un procédé amélioré de vapocraquage d'hydrocarbures dans une
zone réactionnelle en lit fluide destiné à produire des oléfines légères, et plus
particulièrement de l'éthylène et du propylène. Il concerne aussi un dispositif pour
la mise en oeuvre du procédé.
[0002] Le vapocraquage est apparu dès 1920 pour produire de l'éthylène à partir d'éthane,
et est devenu rapidement un procédé de base de la pétrochimie, utilisant des charges
de plus en plus lourdes, allant jusqu'au traitement de gazoles sous vide.
[0003] Son principe est basé sur l'instabilité à température élevée des paraffines et des
naphtènes comparativement à celle des oléfines et des aromatiques. Les réactions principales
sont la rupture d'une liaison C-C par un mécanisme de rupture homolytique pour conduire
à une oléfine et à une paraffine, et la deshydrogénation. Ces deux réactions sont
endothermiques, et donc favorisées par une élévation de la température ; elles provoquent
par ailleurs une augmentation du nombre de molécules, ce qui fait qu'elles sont favorisées
par de faibles pressions partielles des hydrocarbures à traiter ; c'est la raison
pour laquelle cette pression est réduite au maximum par addition de vapeur d'eau au
milieu réactionnel.
[0004] Cependant, on a rapidement remarqué que le maintien d'une charge hydrocarbonée à
une température supérieure à 800°C pendant une durée de l'ordre de quelques dixièmes
de secondes conduisait à la formation rapide de dépôts de coke, qui est préjudiciable
à plusieurs titres : diminution du transfert thermique entre le réacteur et la charge
à craquer, élévation importante de la température de peau du réacteur, diminution
du diamètre utile du réacteur entraînant une augmentation de la perte de charge à
l'intérieur du réacteur, ce qui conduit à l'arrêt de l'unité pour procéder à une opération
de décokage.
[0005] La formation du coke est due à des réactions secondaires telles que la formation
d'hydrocarbures aromatiques polycycliques condensés, ainsi qu'à la polymérisation
des oléfines formées.
[0006] Cette dernière réaction provient de la tendance que présentent les oléfines à se
polymériser lorsque la température est de l'ordre de 500 à 600 °C ; aussi est on-amené,
pour diminuer l'importance de cette réaction secondaire, à procéder à un refroidissement
rapide (souvent nommé "trempe") des effluents de la réaction de façon à les amener
rapidement de la température où s'effectue la pyrolyse à une température inférieure
à 500 °C, généralement grâce à un échangeur indirect de chaleur.
[0007] On a de plus remarqué que la polymérisation des oléfines était favorisée par la présence
de nickel à la surface des parois métalliques de l'échangeur de chaleur, qui agit
comme un catalyseur hétérogène de polymérisation (M. DENTE et coll., "Fouling of transferline
exchangers in ethylene plants", AICHE Meeting de Houston, Texas, 30 Mars 1983).
[0008] Les études thermodynamiques et cinétiques des réactions de pyrolyse d'hydrocarbures
conduisent donc, afin d'augmenter la sélectivité de la réaction vers la production
d'oléfines, à intervenir sur les paramètres suivants :
- augmentation rapide de la température de la charge jusqu'à la température optimale
de pyrolyse pour une charge donnée, et maintien de cette température la plus constante
possible dans la zone réactionnelle,
- diminution du temps de séjour de la charge dans la partie réactionnelle,
- diminution de la pression partielle de la charge hydrocarbonée,
- trempe rapide et efficace des effluents de la réaction pour éviter les réactions
secondaires du type polymérisation d'oléfines.
[0009] Sur le plan de la technologie, ces impératifs ont rapidement conduit à un schéma
général de procédé consistant en :
a) un préchauffage de la charge, diluée par de la vapeur d'eau,
b) un chauffage à haute température de ce mélange dans des fours tubulaires afin de
limiter le temps de séjour des hydrocarbures au cours de cette phase de pyrolyse,
c) une trempe rapide des effluents de réaction.
[0010] L'évolution de la technologie a essentiellement porté sur les phases de pyrolyse
(b) et de trempe (c), pour tenter de satisfaire aux impératifs cités ci-dessus et
à la diversité des charges à traiter, qui s'étendent à l'heure actuelle de l'éthane
aux gazoles sous vide.
[0011] L'évolution des fours de vapocraquage a essentiellement été axée vers l'obtention
de temps de séjour plus réduits et de diminution de la perte de charge, ce qui a conduit
les constructeurs à réduire la longueur des réacteurs tubulaires, donc à augmenter
la densité de flux thermique, surtout vers le début du réacteur, côté alimentation
en charge.
[0012] Par ailleurs, pour minimiser les phénomènes de corrosion, les fours doivent être
chauffés à partir de combustibles de très bonne qualité contenant peu de soufre, par
exemple gaz naturel ou fuel-gaz produit par le vapocraquage lui-même, ce qui contribue
à augmenter le prix de revient du procédé.
[0013] En ce qui concerne la trempe des produits de réaction effluents, la technologie s'est
orientée vers des échangeurs de température disposés sur les lignes de transfert des
effluents de la réaction de pyrolyse (échangeurs nommés TLX, "transfer line exchanger"
décrits par exemple dans le brevet US 4097544).
[0014] Le but de ces échangeurs est de réaliser le plus rapidement possible l'abaissement
brutal des gaz effluents des réacteurs de pyrolyse à des températures auxquelles les
réactions secondaires du type polymérisation d'oléfines ne se produisent pas.
[0015] Cependant, la température à laquelle est porté l'effluent à la sortie de l'échangeur
de trempe varie en fonction de la charge vapocraquée. Par exemple, lorsque l'on traite
des gazoles sous vide à caractère aromatique, il se trouve, parmi les effluents de
vapocraquage une quantité assez importante de fuel-oils polyaromatiques condensés
qui ne peuvent être refroidis brutalement à basse température sans que celà ne produise
un encrassement excessif de l'échangeur, susceptible de limiter la durée de marche
du four. Dans ce cas particulier, on préfère généralement procéder au refroidissement
en deux étapes, la première étant effectuée par trempe indirecte dans l'échangeur
de trempe jusqu'à une température de l'ordre de 450-500 °C, la seconde étape étant
constituée par un refroidissement direct par introduction de liquides froids dans
les effluents de l'échangeur.
[0016] Les constructeurs d'échangeurs de type "TLX" se sont efforcés de réduire le volume
mort existant entre les sorties des réacteurs tubulaires et les entrées des effluents
dans l'échangeur de trempe, sans y parvenir totalement, ce qui est préjudiciable à
une trempe rapide. Par ailleurs, ces échangeurs sont construits en acier réfractaire
contenant du nickel qui est un catalyseur de polymérisation des oléfines.
[0017] Aucune des techniques pour procéder au vapocraquage d'hydrocarbures n'est à notre
connaissance, pleinement satisfaisante, en particulier, aucune ne permet, même avec
des alliages spéciaux pour la construction des fours tubulaires par exemple INCOLOY
800 H, de dépasser une température de réaction de 1100 °C environ et donc de porter
très rapidement les charges à des températures où le craquage thermique s'effectue
dans de bonnes conditions. De plus, il est connu que l'apport calorifique maximum
doit être réalisé dans la zone du réacteur tubulaire où se produisent les réactions
endothermiques de craquage des liaisons C-C et de déshydrogénation, ce qui n'est pas
effectué de façon satisfaisante dans les procédés existants.
[0018] Par ailleurs, la nécessité de maintenir un flux thermique élevé a conduit à la diminution
de la section des tubes de pyrolyse, ce qui impose une diminution de leur longueur
si l'on veut conserver une perte de charge acceptable. De plus, aucun des procédés
actuels ne permet d'obtenir une température approximativement constante tout au long
de la zone réactionnelle ; d'autre part, l'hétérogénéité des flux thermiques entraîne
des écarts de température importants à la circonférence de chaque tube.
[0019] Dans le domaine des procédés de vapocraquage qui ne mettent pas en oeuvre des réacteurs
tubulaires, l'art antérieur peut être illustré par exemple par le brevet US 4411769
où il est suggéré de chauffer, dans un procédé intégré de cokage et de vapocraquage,
la phase gazeuse provenant du cokage avec des particules très chaudes de coke à une
température suffisante pour fournir l'énergie endothermique dans la réaction de vapocraquage.
[0020] Il peut aussi être illustré par le brevet US 4,370,303 qui décrit un procédé de vapocraquage
où une charge est craquée en présence de vapeur d'eau par contact avec des particules
de solides chaudes dans une première partie d'une zone réactionnelle, l'effluent obtenu
est ensuite séparé des particules chaudes dans une zone de séparation primaire puis
dans une zone de séparation de type cyclone.
[0021] Il est ensuite soumis à une trempe par contact avec des particules froides dans une
deuxième partie de la zone réactionnelle distincte et séparée de la première partie.
[0022] Mais l'étape de mise en contact des particules chaudes et de la charge, l'étape de
séparation primaire et l'étape de séparation par cyclone s'effectuent dans des enceintes
différentes, ce qui est coûteux en ingéniérie et ce qui allonge substantiellement
le temps total de séjour de l'effluent avant d'être refroidi, sans compter celui relatif
aux passages dans les lignes de transfert d'une enceinte à une autre.
[0023] L'arrière-plan technologique est par ailleurs illustré par les brevets EP-A-0.154.385,
GB-A-709.583, US-A-2.846.360, FR-2.576.546 et EP-A-0.226.483.
[0024] L'objet de la présente invention est de proposer un procédé remédiant à ces divers
inconvénients et permettant le vapocraquage d'un hydrocarbure - ou d'un mélange d'hydrocarbures
-, comprenant au moins deux atomes de carbone, conduisant à des rendements améliorés
en éthylène et en propylène par rapport aux procédés existants.
[0025] Plus particulièrement, l'invention concerne un procédé de vapocraquage dans une zone
réactionnelle en lit fluide d'une charge hydrocarbonée à deux atomes de carbone au
moins par molécule, comprenant un étage de chauffage de ladite charge dans une première
partie de ladite zone réactionnelle par mise en contact avec des premières particules
de solides chaudes, cet étage de chauffage délivrant un premier effluent gazeux. Le
procédé comprend en outre un étage de refroidissement dudit effluent par mise en
contact avec des secondes particules de solides de refroidissement (ou particules
froides) dans une deuxième partie de ladite zone réactionnelle. Ce procédé est caractérisé
en ce que ladite première partie de la zone réactionnelle comprend au moins une enceinte
ayant un axe central et une périphérie interne, en ce que l'on fait circuler un mélange
de ladite charge au moins en partie sous forme vaporisée avec de la vapeur d'eau à
la périphérie interne de ladite enceinte dans laquelle est établi un contact entre
ledit mélange et lesdites premières particules de solides, chauffées à une température
T1 comprise entre 500 et 1800 °C, ledit mélange et lesdites particules de solides
circulant globalement à co-courant de haut en bas ou de bas en haut, en ce que, à
l'issue d'un brassage entre au moins les particules de solides chaudes et ledit mélange,
on sépare dans ladite enceinte lesdites particules d'au moins une partie dudit premier
effluent gazeux résultant dudit brassage, on envoie, au moins en partie ledit effluent
dans la deuxième partie de ladite zone réactionnelle débouchant dans ladite enceinte
sensiblement selon son axe central, on établit un contact entre ledit effluent et
lesdites secondes particules de solides de refroidissement que l'on fait circuler
dans ladite deuxième partie de la zone réactionnelle et qui sont à une température
T2 au plus égale à 800 °C, ladite température T2 étant inférieure à la température
T1, on sépare lesdites secondes particules d'un second effluent de vapocraquage résultant
de la mise en contact dudit premier effluent et desdites secondes particules de solides,
et on recueille ledit effluent de vapocraquage.
[0026] Le procédé selon l'invention présente l'avantage de porter le mélange à la température
optimale de vapocraquage dans un minimum de temps, de maintenir cette température
la plus constante possible dans l'enceinte durant un très court instant et de réaliser
une trempe rapide et efficace des effluents de vapocraquage. La densité de flux thermique
est très élevée dans la mesure où l'on a un contact direct gaz-particules, et ce,
sur une très grande surface, qui est la surface totale de toutes les particules.
[0027] Par ailleurs, le degré de turbulence élevé inhérent à l'hydrodynamique de l'enceinte
(cyclone à section en général sensiblement circulaire à écoulement hélicoïdal avec
ou sans retournement de la spirale) permet d'atteindre des coefficients de transferts
très importants qui favorisent le flash thermique de la charge et une efficacité de
séparation élevée ; en général de 0,05 à 0,5 % du débit de particules chaudes est
récupéré par la zone de refroidissement. Ce type d'enceinte où s'effectuent diverses
étapes selon le procédé permet de contrôler et de limiter à des temps très courts
le séjour des produits vapocraqués, minimisant ainsi les réactions parasites de vapocraquage.
Il permet en outre une mise en contact très rapide des effluents avec les particules
destinées à la trempe, qui ainsi réalisé selon un profil à échelon et non pas en escalier
comme dans l'art antérieur (US 4,370,303).
[0028] Selon un premier mode de mise en oeuvre du procédé, les premières particules de solides
chaudes destinées au chauffage du mélange et les secondes particules de solides, froides,
destinées au refroidissement de l'effluent de vaporcaquage peuvent circuler à co-courant
de haut en bas ou de bas en haut ; dans ce premier cas (voir figure 1 ci-après) la
zone de refroidissement est adaptée à une circulation descendante des particules froides
et de l'effluent gazeux et dans le second cas, la zone de refroidissement est adaptée
à une circulation ascendante, la zone de refroidissement et la zone de mise en contact
des particules de solides chaudes avec le mélange étant généralement à des pôles verticalement
opposés de l'enceinte.
[0029] Selon un second mode de mise en oeuvre du procédé, les premières particules de solides
chaudes et les secondes particules froides peuvent circuler à contre-courant. Par
exemple, (voir figure 2 ci-après), les particules de solides chaudes et le mélange
circulent en descendant d'abord puis les effluents gazeux et les particules froides
suivent un parcours montant dans la zone de refroidissement ; ou bien les particules
de solides chaudes et le mélange peuvent monter dans l'enceinte tandis que les effluents
gazeux et les particules froides catalytiques suivent un parcours descendant dans
la zone de refroidissement. Dans les deux cas de circulation à contre-courant, la
zone de refroidissement et la zone de mise en contact du mélange avec les particules
de solides chaudes sont généralement situées sensiblement à une même extrémité de
l'enceinte.
[0030] En règle générale, les premières particules de solides chaudes et les secondes particules
de solides froides sont sensiblement inertes. Elles ont une granulométrie en général
comprise entre environ 20 et 2000 micromètres, de préférence comprise entre environ
50 et 300 micromètres (1 micromètre = 10⁻⁶ m) et une masse volumique comprise environ
entre 500 et 6000 kg/m³ et de préférence entre environ 1500 et 3000 kg/m³. Ces particules
chaudes ou froides sont avantageusement les mêmes, ce qui présente l'avantage de ne
pas poser de problème de contamination d'une population d'une boucle par celle d'une
autre boucle.
[0031] Les particules de solides destinées au chauffage ou au refroidissement présentent
en général une surface spécifique inférieure à 100 m²/g (méthode dite BET en utilisant
l'absorption d'azote), préférentiellement inférieure à 50 m²/g et de manière encore
plus préférée, inférieure à 30 m²/g. Elles ont une activité catalytique faible (inférieure
par exemple à environ 10%, la valeur 100% correspondant arbitrairement à l'activité
moyenne habituelle d'un catalyseur de craquage). Elles sont d'un coût faible et il
est donc recommandé d'en rejeter une partie de temps en temps, et de les remplacer
par une même quantité plus fraiche, s'il s'avère qu'elles sont à la longue polluées.
[0032] Les particules de solides, chaudes ou froides, sont généralement choisies dans le
groupe formé par la calcite, la dolomie, le calcaire, la bauxite, la baryte, la chromite,
la magnésie, la perlite, l'alumine et la silice de faible surface spécifique.
[0033] Cependant, selon un mode particulièrement avantageux les particules froides peuvent
contenir une quantité d'un catalyseur représentant de 2 à 95%, de préférence de 10
à 50 % et plus particulièrement de 12 à 45 % en poids de la fraction totale de particules
froides, ce qui permet de contrôler et d'augmenter la sélectivité en un produit désiré,
en propylène par exemple.
[0034] Par exemple, le catalyseur éventuellement ajouté aux particules destinées au refroidissement
de la charge pourrait être choisi parmi les catalyseurs permettant de réaliser la
métathèse d'une oléfine interne avec l'éthylène. Ces catalyseurs sont généralement
à base de composés de molybdène, tungstène, vanadium, niobium, tantale ou rhenium
déposés sur une matrice de silice, alumine, silice-alumine, oxyde de zirconium, oxyde
de thorium etc... Ce catalyseur est adapté à la distribution finale des effluents
de vapocraquage. Ces particules catalytiques peuvent avoir une granulométrie comprise
entre environ 20 et 2000 micromètres et avantageusement entre 50 et 500 micromètres.
Elles présentent habituellement une surface spécifique supérieure à 100 m²/g (méthode
BET) et parmi celles-ci, celles qui ont une bonne stabilité thermique en présence
de vapeur d'eau seront avantageusement utilisées.
[0035] La température des premières particules de solides de chauffage est habituellement
comprise entre environ 500 et 1800 °C et avantageusement comprise entre environ 800
°C et 1300 °C tandis que la température des secondes particules de refroidissement
est habituellement comprise entre environ 200 et 800 °C et avantageusement comprise
entre 300 et 600 °C.
[0036] On pourra adapter la température des particules de refroidissement en présence d'un
catalyseur pour que la température de réaction de l'effluent gazeux permette d'obtenir
la sélectivité souhaitée, cette adaptation de température venant bien évidemment se
superposer au réglage d'autres paramètres aussi importants que le rapport vapeur/charge
ou la température de particules de chauffage.
[0037] Selon une caractéristique de l'invention, la mise en contact dudit mélange avec lesdites
premières particules peut s'effectuer dans une zone de ladite enceinte située sensiblement
en amont de l'entrée de la seconde partie de ladite zone réactionnelle, c'est-à-dire
de la zone de refroidissement de l'effluent de vapocraquage.
[0038] De manière plus détaillée, le procédé selon l'invention comprend les étapes suivantes
:
[0039] On introduit lesdites premières particules chaudes dans un courant de vapeur d'eau
adapté à engendrer une vitesse de particules de 10 à 80 m/s, avantageusement de 15
à 30 m/s et de façon à produire un écoulement hélicoïdal desdites premières particules
de solides dans ladite enceinte. On injecte dans ladite enceinte une partie au moins
de ladite charge en la pulvérisant ou en l'atomisant, si la charge est encore liquide
après préchauffage, ou en l'introduisant par exemple par des buses si la charge est
gazeuse, de façon que la vitesse de sortie de la charge soit comprise entre environ
10 et 150 m/s, avantageusement entre environ 50 et 100 m/s, la quantité de vapeur
d'eau d'entraînement desdites premières particules étant telle que le rapport massique
débit de vapeur d'eau par rapport au débit de charge est compris entre environ 0,1
et 2, de préférence entre environ 0,3 et 0,8. On laisse en contact dans ladite enceinte
ledit mélange ainsi obtenu durant un temps de séjour compris entre environ 0,1 et
2 s à une température T3 comprise entre environ 500 et 1500°C, de préférence entre
700 et 1100°C.
[0040] On sépare lesdites premières particules dudit effluent gazeux, on envoie ledit effluent
gazeux dans la deuxième partie de ladite zone réactionnelle dans laquelle on fait
circuler lesdites secondes particules de refroidissement dans un courant de gaz vecteur
(vapeur d'eau par exemple) adapté à engendrer une vitesse de particules d'environ
0,5 à 10 m/s et avantageusement de 2 à 5 m/s. On laisse en contact dans ladite seconde
partie de la zone réactionnelle ledit effluent gazeux durant un temps de séjour compris
entre environ 0,1 et 100 s à une température T4 comprise entre 300 et 600°C. On sépare
desdites secondes particules ledit second effluent de vapocraquage, et on le recueille.
[0041] Par séparation des premières particules de l'effluent gazeux dans l'enceinte, on
entend séparation classique et séparation par strippage. Le débit d'hydrocarbures
entraîné par ces particules durant cette étape de séparation globale vers le régénérateur,
peut représenter de 0,01 à 0,5 % du débit de la charge totale, ce qui est particulièrement
avantageux.
[0042] Dans le cas d'un écoulement descendant de particules, on peut éventuellement se passer
de gaz vecteur puisque les particules tombent d'abord par gravité puis sont ensuite
entraînées par les effluents gazeux à refroidir.
[0043] Selon une autre caractéristique de l'invention, on peut procéder à au moins une régénération
en lit fluidisé des premières particules de solides, ce qui a pour double effet de
retirer au moins en partie le coke déposé sur ces particules lors de la réaction de
vapocraquage et de réchauffer ces particules. Si nécessaire, on peut procéder à un
réchauffage supplémentaire desdites particules par combustion d'un combustible auxiliaire
introduit sensiblement à la base d'une première zone de régénération de façon à étager
sa combustion tout le long de la zone. Cette régénération des premières particules
s'effectue à une température comprise entre 500 et 1800 °C en présence d'oxygène ou
d'un gaz comprenant de l'oxygène moléculaire, on sépare ensuite la majeure partie
des gaz de combustion des particules régénérées, on recycle au moins en partie lesdites
particules de solides régénérées dans ladite enceinte et au moins périodiquement on
retire les particules de solides chaudes provenant de l'étape de régénération sans
les renvoyer dans ladite enceinte.
[0044] Dans un autre mode de réalisation préféré, on peut effectuer ladite régénération
et ledit réchauffage desdites premières particules, en au moins deux étapes, la première
dans une zone tubulaire sensiblement verticale et allongée dont le rapport L/D (où
L est la longueur du tube et D son diamètre) est compris entre 20 et 400, à une température
T5 comprise entre 500 et 1500 °C au moyen d'un gaz vecteur à base d'oxygène ou d'un
gaz comprenant de l'oxygène moléculaire, suivie d'une seconde régénération de particules
de chauffage et éventuellement de la fin de la combustion du combustible auxiliaire,
dans une seconde zone au moyen d'un gaz vecteur à base d'oxygène au d'un gaz comprenant
de l'oxygène moléculaire à une température T6 comprise entre environ 700 et 1800 °C,
T6 étant supérieure à T5.
[0045] Selon une autre caractéristique de l'invention, on refroidit en général à une température
comprise entre environ 200 et 800 °C, lesdites secondes particules froides qui ont
été réchauffées par le contact avec l'effluent gazeux, dans au moins une zone de refroidissement
en lit fluidisé située en aval de ladite enceinte, par exemple dans la zone tubulaire
de refroidissement et/ou dans la zone de séparation des effluents de vapocraquage
des particules.
[0046] Comme combustible susceptible d'amener les particules de solides chaudes à une température
suffisante, on peut utiliser des combustibles présentant par exemple des points d'ébullition
initiaux de l'ordre de 400°C en particulier des fuels lourds, des résidus atmosphériques,
des résidus sous vide ou des asphaltes, c'est-à-dire des combustibles pouvant contenir
des hétéroatomes comme du soufre, de l'azote et des métaux lourds et ayant un très
bas prix, ce qui est un avantage particulièrement intéressant par rapport au système
de chauffage classique des procédés de vapocraquage par des combustibles de bonne
qualité adaptés à miniminer la corrosion des réacteurs chimiques tubulaires de chauffage.
On pourra utiliser éventuellement des cokes de pétrole, des charbons ou des produits
apparentés : lignite, tourbe etc... ainsi que leurs mélanges.
[0047] Dans le cas où la température des particules le permet et en particulier lorsque
la température de régénération dans la zone de stockage est inférieure à 1000°C, on
peut introduire en même temps que le combustible, un adsorbant de façon à réaliser
la désulfuration in situ des effluents de combustion. Ce peut être un composé comprenant
du calcium tel que du calcaire, de la dolomie, de la calcite, seul ou associé à d'autres
particules inertes.
[0048] Les charges hydrocarbonées utilisables dans le cadre de l'invention comprennent en
général des hydrocarbures aliphatiques saturés, tel que l'éthane, des mélanges d'alcanes
ou des coupes pétrolières telles que les naphtas, les gazoles atmosphériques et les
gazoles sous vide, ces derniers pouvant présenter un point final de distillation de
l'ordre de 570°C. Les coupes pétrolières peuvent avoir, le cas échéant, subi un prétraitement
tel que, par exemple, un hydrotraitement. On pourra également utiliser une charge
comprenant du pétrole brut. La charge peut être préchauffée avant d'être mise en contact
avec les particules, par exemple à 250°C.
[0049] L'invention concerne aussi le dispositif pour la mise en oeuvre du procédé. Il comprend
(voir figure 1 commentée ci-après) :
- au moins une enceinte (7) du type cyclone, comprenant un axe central et une périphérie
interne,
- des moyens d'entrée (4) (3b fig. 4) d'une charge hydrocarbonée liquide ou gazeuse
situés soit en amont et reliés à ladite enceinte soit dans l'enceinte, lesdits moyens
d'entrée contenant des moyens de pulvérisation ou d'atomisation (50 fig.4) de ladite
charge vers l'entrée de ladite enceinte lorsqu'elle est liquide ou des moyens d'introduction
classiques tels que des buses lorsque la charge est gazeuse,
- des moyens d'entrée (2) de vapeur d'eau en amont desdits moyens d'entrée de la charge
adaptés à entraîner lesdites premières particules chaudes dans ladite enceinte (7),
- des moyens d'entrée (6) des premières particules de solides chaudes conférant à
ces particules un mouvement hélicoïdal à la périphérie interne de ladite enceinte
(7) dans la direction de l'écoulement résultant de la charge et de la vapeur d'eau,
- des moyens de séparation (7b, 23) des particules de solides d'une part et d'un premier
effluent gazeux d'autre part dans ladite enceinte (7),
- des moyens de transport (25) des premières particules de solides connectés auxdits
moyens de séparation vers au moins un moyen de régénération (26) et éventuellement
de réchauffage (29) desdites particules de solides,
- des moyens de stockage (27) et de recyclage (31,32) desdites particules de solides
connectées auxdits moyens de régénération (26) et éventuellement de réchauffage (29)
vers ladite enceinte (7),
- des moyens d'entrée des secondes particules de solides froides (8a) dans ladite
enceinte (7),
- au moins un moyen d'entrée (9) dudit effluent gazeux et des secondes particules
de solides froides dans un réacteur de refroidissement qui est un colonne (8) de forme
allongée, tubulaire et sensiblement verticale débouchant à l'intérieur de ladite enceinte
sensiblement selon son axe central, avec circulation à co-courant du premier effluent
gazeux et des secondes particules de solides froides soit de haut en bas ("dropper")
soit de bas en haut ("riser"),
- des moyens de séparation par strippage (stripping) (10, 11) d'un second effluent
de vapocraquage et des particules de solides froides, à l'extrémité de la colonne
opposée à l'extrémité par laquelle ont été introduits ledit effluent gazeux et les
particules de solides froides,
- des moyens de refroidissement (12) desdites secondes particules froides dans ladite
colonne et/ou dans lesdits moyens de séparation (10, 11),
- des moyens de sortie (15) du second effluent de vapocraquage reliés auxdits moyens
de séparation (10, 11),
- des moyens de transport (16) des secondes particules de solides froides connectés
auxdits moyens de séparation vers un moyen de stockage (18), et
- des moyens de recyclage (22) desdites secondes particules au moins en partie vers
ledit réacteur de refroidissement.
[0050] Selon une variante de l'appareil, la zone de refroidissement par exemple la zone
ascendante (ou riser) comprend une partie supérieure de diamètre R contenant lesdits
moyens de refroidissement et une partie inférieure de diamètre r débouchant dans l'enceinte
sensiblement selon son axe central, telles que le rapport R/r soit compris entre environ
1 et 10. Cette configuration présente l'avantage de limiter la consommation de vapeur
nécessaire à l'entraînement des particules jusqu'à l'entrée dans le réacteur de refroidissement,
de permettre l'implantation de surfaces d'échange dans le réacteur, ce qui permet
un refroidissement homogène de l'effluent de vapocraquage et des secondes particules
dans une même zone et enfin de limiter l'entraînement des secondes particules hors
du réacteur de refroidissement, ce qui évite d'avoir à réaliser un recyclage important.
[0051] L'invention sera mieux comprise par la description de quelques modes de réalisation,
donnés à titre illustratif mais nullement limitatif qui en sera faite ci-après à l'aide
des figures annexées :
la figure 1 représente un mode de réalisation du procédé de vapocraquage selon l'invention
où un mélange de la charge et de la vapeur d'eau, et des premières particules de solides
chaudes circulent globalement ensemble de haut en bas dans le même sens, à co-courant
des secondes particules de solides adaptées au refroidissement de l'effluent de vapocraquage,
la figure 2 représente un autre mode de réalisation où la circulation dans le même
sens de haut en bas du mélange ci-dessus et des premières particules est à contre
courant des secondes particules,
la figure 3 illustre une variante de la zone de refroidissement ascendante,
la figure 4 montre une vue longitudinale de la zone réactionnelle adaptée au refroidissement
dans une colonne ascendante,
les figures 5 et 6 illustrent en coupe transversale suivant un plan AA′ et un plan
BB′ de la figure 4 une vue au niveau de l'injection de la charge et des premières
particules de solides, chaudes dans l'enceinte et une vue au niveau de l'entrée de
l'effluent gazeux dans la zone de refroidissement,
la figure 7 illustre un autre mode d'admission des particules de solides froides dans
la zone de refroidissement.
[0052] Dans la figure 1, les premières particules de solides, chaudes et sensiblement inertes
qui sont issues de la zone de réchauffage sont introduites dans l'éjecteur 1, où elles
sont mises en suspension et accélérées pour un courant de vapeur d'eau, injectée par
la ligne 2. La charge, préchauffée vers 250°C par exemple est véhiculée par la ligne
3 et introduite dans la suspension par un dispositif 4. Ce dispositif 4 peut être
simplement constitué d'une couronne munie d'orifices d'introduction ou de pulvérisation
et entourant le tube 5 où s'écoule la suspension vapeur-particules chaudes. Le réchauffage
de manière très rapide de la charge par les particules chaudes jusqu'à la température
de vapocraquage s'effectue en général dans la ligne 6 et la réaction de vapocraquage
se développe essentiellement dans la partie supérieure 7a de l'enceinte 7 qui est
un cyclone Uniflow, à section sensiblement circulaire, à passage direct, à écoulement
hélicoïdal sans retournement de la spirale de gaz effluent. La température de réaction
est maintenue sensiblement constante à ce niveau.
[0053] Dans cette même enceinte 7, les particules sont progressivement séparées des effluents
gazeux par effet centrifuge et tombent par gravité dans la partie inférieure 7b du
cyclone uniflow. Une ligne 23 amène la vapeur d'eau qui assure la désorption des hydrocarbures
fixés sur les particules dans la partie inférieure 7b. Les effluents gazeux sensiblement
exempts de particules chaudes, passent par des moyens d'entrée 9 comprenant au moins
un orifice dans la partie supérieure d'une colonne de refroidissement descendante
(ou dropper) 8 débouchant dans l'enceinte 7 sensiblement suivant l'axe de ladite enceinte.
[0054] Ces effluents gazeux sont rapidement mis en contact avec des secondes particules
de solides froides, par exemple sensiblement inertes, alimentées à la partie supérieure
8a de la colonne descendante 8. Les effluents circulent à co-courant avec ces particules
de solides froides dans la colonne 8.
[0055] Son extrémité inférieure débouche sur une enceinte 10 de séparation où se réalise
la séparation effluent de vapocraquage-secondes particules, essentiellement par effet
gravitaire et effet inertiel.
[0056] Ces particules tombent dans un lit fluidisé 11 situé à la partie basse de l'enceinte
10. Ce lit fluidisé est équipé de tubes échangeurs 12 connus en soi qui abaissent
la température des particules. Il est fluidisé par de la vapeur amenée par la ligne
13 dans des conditions qui assurent un strippage efficace des hydrocarbures adsorbés
sur les grains ou qui pourraient être entraînés par le courant de particules froides.
Un cyclone 14 en liaison avec l'enceinte 10 assure une séparation efficace gaz-solides
avant envoi des effluents de vapocraquage vers un traitement ultérieur par la ligne
15.
[0057] Les particules refroidies dont le débit est contrôlé par une vanne 22b sont ensuite
remontées par le lift 16, alimenté en vapeur d'eau d'entraînement par la ligne 17
dans un silo de stockage 18, qui peut éventuellement opérer en lit fluidisé et être
équipé lui aussi si nécessaire de surfaces d'échange en vue d'un refroidissement des
particules plus poussé. Ces particules passent par un cyclone 19 qui assure la séparation
particules-vapeur d'entraînement. Le silo de stockage 18 alimente le droppeur 8 par
la ligne 20. Le contrôle du débit de solides de refroidissement est assuré par la
vanne 22, ce qui permet notamment de modifier l'intensité de l'échange thermique.
[0058] Les premières particules de solides, chaudes, débarrassées des hydrocarbures de vapocraquage
sont dirigées grâce à une vanne 32b, par la ligne 25 reliée à l'enceinte 7 vers la
partie inférieure d'un ensemble de régénération et de réchauffage éventuel qui comprend
un lift 26 et un lit fluidisé de stockage 27. Ce lift est une colonne tubulaire sensiblement
verticale de rapport L/D avantageusement compris entre 30 et 200. Il permet la combustion
en partie du coke déposé ou des hydrocarbures de la charge qui n'ont pas été vapocraqués,
assure ainsi la régénération des particules chaudes et en même temps, le réchauffage
de ces particules.
[0059] Si la chaleur libérée par la combustion du coke déposé sur les particules n'est pas
suffisante pour relever leur températuyre à un niveau suffisant, il est possible d'amener
un combustible auxiliaire par une conduite 29 à la base du lift 26 sensiblement au-dessus
de la ligne d'arrivée des particules et de le brûler grâce à l'apport d'air de la
ligne 28. Ce mode d'introduction du combustible permet de bien le mélanger avec les
particules chaudes et d'assurer un étagement de la combustion qui est toujours bénéfique
dans le cas de combustibles difficiles à brûler.
[0060] Le lift 26 débouche dans l'enceinte 27 où se terminent, en lit fluidisé, grâce à
un apport d'air par la ligne 30, la combustion du coke déposé sur les grains et la
combustion du combustible auxiliaire. Cette enceinte 27 assure également une fonction
de stockage des particules avant leur introduction dans la zone de vapocraquage. Ce
retour dans la zone de vapocraquage est assuré par la ligne 31. Le débit de solides
de chauffage est contrôlé par la vanne 32. Les effluents de réchauffage et de régénération
sont séparés des particules chaudes et évacués par la ligne 33 après être passés dans
le cyclone 34 qui est relié à l'enceinte de stockage et de régénération.
[0061] La figure 2 illustre l'appareil selon le procédé de l'inventin où la colonne de refroidissement
est ascendante.
[0062] Les références sur la figure 2 sont les mêmes que celles de la figure 1 et correspondent
aux mêmes moyens.
[0063] La boucle de chauffage du mélange et de régénération des particules chaudes est strictement
identique à celle de la figure 1.
[0064] L'effluent gazeux, après avoir été craqué dans la partie supérieure 7a de l'enceinte
7, est séparé des particules chaudes dans la partie inférieure 7b où s'effectue aussi
le strippage des particules grâce à de la vapeur d'eau amenée par la ligne 23. Il
pénètre dans la colonne de refroidissement 8 par les moyens d'entrée 97. Les secondes
particules de solides de refroidissement arrivent par la ligne 46 de l'enceinte de
stockage 10 dans la partie inférieure 8a de la colonne 8 qui débouche dans la partie
basse de l'enceinte 7 selon l'axe de ladite enceinte. De la vapeur d'eau ou un recyclage
d'hydrocarbures légers alimenté par la ligne 41 assure la fluidisation des particules
dans la boucle de refroidissement. L'effluent gazeux est refroidi en grande partie
dans la colonne 8 et pénètre dans l'enceinte de séparation et de stockage 10 où il
est séparé des particules et en même temps désorbé des particules grâce à l'apport
de vapeur d'eau amené par la ligne 13 qui maintient également la fluidisation. Un
cyclone 14 relié à l'enceinte de stockage affine la séparation des effluents de vapocraquage
qui sont recueillis par la ligne 15.
[0065] Un échangeur de chaleur 12 dans et/ou autour de l'enceinte de stockage 10 permet
de retirer l'énergie thermique accumulée par les particules de refroidissement lors
du refroidissement de l'effluent. Les particules sont ensuite recyclées par la ligne
46 et la vanne 22, cette dernière permettant de contrôler leur débit dans la colonne.
[0066] Une variante du dispositif selon l'invention (fig. 3) consiste à prévoir une conduite
de refroidissement 8 ascendante où sa partie supérieure (définie à partir de la sortie
de la colonne de l'enceinte (7) de diamètre R contient des moyens de refroidissement
42 (par exemple surfaces d'échanges pariétales décrites par exemple dans le brevet
FR 2575546). Ce diamètre R est tel qu'il est dans un rapport R/r (r étant le diamètre
de ladite colonne dans l'enceinte (7) compris de préférence entre 2 et 4. Dans ces
conditions, la colonne 8 assure le refroidissement de l'effluent de vapocraquage ainsi
que celui des particules de refroidissement. Il en résulte par la même occasion une
simplification de l'appareillage car on évite d'avoir à manipuler des débits de particules
de solides élevés dans la partie recyclage.
[0067] A la partie supérieure de la colonne 8, un cyclone 43 récupère les particules de
solides entraînées par le courant d'hydrocarbures qui sont amenés dans le silo de
stockage 45. L'effluent de vapocraquage est recueilli par la ligne 44 reliée au cyclone
43. Une étape complémentaire de strippage à la vapeur grâce à une ligne 47 dans le
silo 45 permet de désorber les particules et de récupérer par une autre ligne (non
représentée sur la figure) ces effluents désorbés.
[0068] Les particules sont ensuite recyclés par la ligne 46 dans la colonne de refroidissement
8 et leur débit est contrôlé par la vanne 22.
[0069] De manière générale, les pressions dans les différentes enceintes sont réglées de
façon que la pression de l'enceinte 7 soit supérieure à la pression de la zone de
refroidissement 8, ce qui limite le passage de particules de refroidissement, inertes
et/ou catalytiques dans l'enceinte 7.
[0070] La figure 4 montre une vue plus détaillée du cyclone 7 au niveau de la zone supérieure
7a où s'effectue le vapocraquage par contact avec les particules de solides, chaudes
et au niveau de la zone d'entrée de l'effluent gazeux dans la colonne de refroidissement
ascendante. Suivant un mode de réalisation particulier, la charge éventuellement préchauffée
peut arriver par la ligne 3b, est divisée et injectée grâce à au moins un niveau d'injecteurs
50 d'atomisation ou de pulvérisation dans le cas de charges liquides ou d'introduction
classique dans le cas de charges gazeuses, qui sont connus de l'homme de l'art et
qui sont disposés sur la paroi externe de la zone de refroidissement 8, par exemple
cylindrique. Ces injecteurs peuvent être disposés suivant un cercle perpendiculaire
à l'axe de la conduite ou suivant une hélice. Ces injecteurs sont généralement placés
de façon à répartir la charge à vaporiser aussi uniformément que possible sur les
solides chauds entrant dans le cyclone et qui circulent à grande vitesse suivant sa
périphérie. La taille des gouttelettes lorsque la charge est liquide est généralement
comprise entre 10 et 300 micromètres (10 et 300 x 10⁻⁶ m). La vitesse d'entrée dans
le cyclone et la vitesse d'éjection de la charge sont habituellement réglées de telle
façon que les gouttelettes soient sensiblement vaporisées avant qu'elles ne viennent
percuter les solides chauds tapissant la paroi. Comme le montre la figure 5, les injecteurs
peuvent être disposés dans la partie haute 7a du cyclone 7, de façon à envoyer la
charge avantageusement dans le sens d'écoulement de la spirale sous un angle d'environ
0 à 80° par rapport au rayon du tube passant par l'injecteur et de préférence sous
un angle d'environ 30 à 60°, à une vitesse variant généralement de 10 à 150 m/s, de
préférence 30 à 80 m/s vers les particules de solides chaudes, qui débouchent tangentiellement
dans le cyclone 7 à une vitesse en générale de 10 à 80 m/s, préférentiellement 20
à 40 m/s.
[0071] L'entrée des effluents gazeux dans la zone de refroidissement peut être aménagée
sur au moins un niveau 9a et avantageusement sur au moins deux niveaux 9a et 9b du
réacteur de refroidissement 8 afin que ces effluents soient mieux distribués sur les
particules de refroidissement. La conduit 8a et le réacteur 8 sont de préférence construits
de telle sorte que leur diamètre externe est sensiblement le même. Suivant un mode
de réalisation préféré mais non limitatif et si l'on considère le sens d'écoulement
des particules de refroidissement vers le haut, le diamètre interne de la conduite
en aval du niveau 9a est supérieur à celui situé en amont de ce même niveau 9a et
inférieur au diamètre situé en aval du niveau 9b. Cette disposition facilite la circulation
à grande vitesse des particules de refroidissement et limite leur échappement dans
le cyclone. Elle permet d'assurer également un meilleur contact des hydrocarbures
avec les particules.
[0072] Selon une caractéristique avantageuse de l'invention, les ouvertures 9a, 9b sont
taillées en biseau de telle sorte que les effluents conservent à l'entrée le mouvement
circulaire et la grande vitesse qu'ils acquièrent dans le cyclone (figure 6) et elles
sont avantageusement dirigées vers le bas pour favoriser le contact des deux phases.
[0073] On a représenté sur la figure 7 un autre mode d'admission des particules de refroidissement
dans l'enceinte 7, qui peut s'appliquer sur la boucle de vapocraquage illustrée par
la figure 1, c'est-à-dire dans des cyclones avec ou sans retournement de la spirale
avec un réacteur de refroidissement 8 descendant.
[0074] Selon la figure 7, la conduite d'arrivée 8 des particules de refroidissement traversant
la partie supérieure du cyclone 7 sensiblement le long de son axe central est aménagée
en son intérieur pour canaliser les particules vers la zone médiane 7b du cyclone
où il est mis en contact avec les effluents gazeux. En effet, les particules froides
tombent dans un lit 51 fluidisé par de la vapeur ou des hydrocarbures légers (C1 à
C3) introduits par des distributeurs (sparged-tubes) 52. Il entre ensuite par débordement
dans des goulottes 53 réparties uniformément sur la section du lit fluidisé, qui dirigent
les particules de refroidissement vers les moyens d'entrée 9 du réacteur 8 dont l'extrémité
supérieure est contenue dans le cyclone 7 sensiblement au niveau de la zone 7b.
[0075] L'orifice d'entrée 9a du réacteur 8 et l'orifice de sortie de la conduite 8a des
particules de refroidissement ont préférentiellement une forme biseautée permettant
une entrée à grande vitesse de vapeurs d'hydrocarbures sensiblement tangentielle à
l'écoulement des particules. Cette disposition évite en majeure partie la dispersion
des particules froides à l'extérieur de la zone de refroidissement. De plus, les particules
s'écoulant par gravité des goulottes sont accélérées par les vapeurs des effluents
qui pénètrent dans la zone réactionnelle à grande vitesse, ce qui favorise la mise
en contact rapide et homogène des vapeurs avec les particules de refroidissement.
[0076] Les exemples qui suivent sont donnés à titre illustratif et montrent en particulier
les possibilités de traitement catalytique des effluents dans la boucle de refroidissement.
Exemple 1 : Avec particules de refroidissement inertes.
[0077] On a réalisé le vapocraquage de butane. Les conditions opératoires et les résultats
expérimentaux sont présentés dans le tableau ci-après.
Exemple 2 : Avec particules de refroidissement inertes et avec particules catalytiques.
[0078] On a réalisé le vapocraquage d'une même charge sensiblement dans les mêmes conditions
expérimentales. On a ajouté des particules catalytiques aux particules de solides
de refroidissement dans le but de réaliser la métathèse de l'éthylène et du butène
2 pour obtenir du propylène. Les conditions opératoires et les résultats expérimentaux
sont présentés dans le tableau ci-après.

1 - Procédé de vapocraquage dans une zone réactionnelle en lit fluide d'une charge
hydrocarbonée à deux atomes de carbone au moins, comprenant un étage de chauffage
de ladite charge dans une première partie de ladite zone réactionnelle par mise en
contact avec des premières particules de solides chaudes, ledit étage de chauffage
délivrant un premier effluent gazeux, et comprenant en outre un étage de refroidissement
dudit effluent par mise en contact avec des secondes particules de refroidissement
dans une deuxième partie de ladite zone réactionnelle, caractérisé en ce que ladite
première partie de la zone réactionnelle comprend au moins une enceinte ayant un axe
central et une périphérie interne, en ce que l'on fait circuler un mélange de ladite
charge, au moins en partie sous forme vaporisée, avec de la vapeur d'eau à la périphérie
interne de ladite enceinte dans laquelle est établi un contact entre ledit mélange
et lesdites premières particules de solides, chauffées à une température T1 comprise
entre 500 et 1800 °C, ledit mélange et lesdites particules de solides circulant globalement
à co-courant de haut en bas ou de bas en haut, en ce que, à l'issue d'un brassage
entre au moins les particules de solides et ledit mélange, on sépare dans ladite enceinte
lesdites particules d'au moins une partie dudit premier effluent gazeux résultant
dudit brassage, on envoie, au moins en partie ledit effluent dans la deuxième partie
de ladite zone réactionnelle débouchant dans ladite enceinte sensiblement selon son
axe central, on établit un contact entre ledit effluent et les secondes particules
de solides de refroidissement que l'on fait circuler dans ladite deuxième partie de
la zone réactionnelle et qui sont à une température T2 au plus égale à 800 °C, ladite
température T2 étant inférieure à la température T1, on sépare lesdites secondes particules
d'un second effluent de vapocraquage résultant de la mise en contact dudit premier
effluent et desdites secondes particules de solides, et on recueille ledit effluent
de vapocraquage.
2 - Procédé selon la revendication 1 dans lequel lesdites premières particules de
solides sont des particules sensiblement inertes et lesdites secondes particules peuvent
soit être sensiblement inertes soit contenir une quantité de particules catalytiques,
lesdites premières et secondes particules ayant une granulomètrie comprise entre environ
20 et 2000 micromètres et une masse volumique comprise entre environ 500 et 6000 kg/m³.
3 - Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 2, dans lequel la mise en
contact dudit mélange avec lesdites premières particules s'effectue dans une zone
de ladite enceinte située sensiblement en amont de l'entrée de la seconde partie de
ladite zone réactionnelle.
4 - Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3 dans lequel on introduit
lesdites premières particules chaudes dans un courant de vapeur d'eau adapté à engendrer
une vitesse de particules de 10 à 80 m/s et de façon à produire un écoulement hélicoïdal
desdites premières particules de solides dans ladite enceinte, on injecte soit en
amont de l'enceinte soit dans ladite enceinte une partie au moins de ladite charge
de façon que la vitesse de sortie de la charge soit comprise entre 10 et 150 m/s,
la quantité de vapeur d'eau d'entraînement desdites premières particules étant telle
que le rapport massique débit de vapeur d'eau par rapport au débit de charge est compris
entre environ 0,1 et 2, on laisse en contact dans ladite enceinte ledit mélange ainsi
obtenu durant un temps de séjour compris entre environ 0,1 et 2,0 s à une température
T3 comprise entre environ 500 et 1500 °C, on sépare lesdites premières particules
dudit effluent gazeux, on envoie ledit effluent gazeux dans la deuxième partie de
ladite zone réactionnelle dans laquelle on fait circuler lesdites secondes particules
de refroidissement dans un courant de gaz vecteur adapté à engendrer une vitesse de
particules de 0,5 et 10 m/s, on laisse en contact dans ladite seconde partie de la
zone réactionnelle ledit effluent gazeux durant un temps de séjour compris entre environ
0,1 et 100 s à une température T4 comprise entre 300 et 600°C, on sépare desdites
secondes particules ledit second effluent de vapocraquage, et on recueille ledit second
effluent de vapocraquage.
5 - Procédé selon l'une des revendications 1 à 4 dans lequel on procède au moins à
une régénération des premières particules de solides et éventuellement à au moins
un réchauffage desdites particules par combustion d'un combustible auxiliaire en lit
fluidisé à une température comprise entre 500 et 1800 °C, en présence d'oxygène ou
d'un gaz comprenant de l'oxygène moléculaire, on sépare la majeure partie des gaz
de combustion des particules régénérées, on recycle au moins en partie lesdites particules
de solides régénérées dans ladite enceinte et au moins périodiquement on retire les
premières particules de solides provenant de l'étape de régénération sans les envoyer
dans ladite enceinte.
6 - Procédé selon la revendication 5 dans lequel on effectue ladite régénération et
ledit réchauffage en au moins deux étapes, la première dans une zone tubulaire sensiblement
verticale et allongée dont le rapport L/D (où L est la longueur du tube et D son diamètre)
est compris enre 20 et 400, à une température T5 comprise entre 500 et 1500 °C au
moyen d'un gaz vecteur à base d'oxygène ou d'un gaz comprenant de l'oxygène moléculaire,
suivie d'une seconde régénération et éventuellement de la fin de la combustion du
combustible auxiliaire, dans une seconde zone au moyen d'un gaz vecteur à base d'oxygène
ou d'un gaz comprenant de l'oxygène moléculaire à une température T6 comprise entre
environ 700 et 1800 °C, T6 étant supérieure à T5.
7 - Procédé selon l'une des revendications 5 à 6 dans lequel on introduit ledit combustible
sensiblement à la base de la zone tubulaire.
8 - Procédé selon l'une des revendications 5 à 7 dans lequel ledit combustible est
choisi dans le groupe formé par les fuels lourds, les résidus atmosphériques et/ou
sous vide, les asphaltes, les cokes de pétrole, les charbons, les tourbes, les lignites
et leurs mélanges.
9 - Procédé selon l'une des revendications 1 à 8 dans lequel les particules de solides
sont choisies dans le groupe formé par la calcite, la dolomie, le calcaire, la bauxite,
la baryte, la chromite, la magnésie, la perlite, l'alumine et la silice de faible
surface spécifique.
10 - Procédé selon l'une des revendications 1 à 9 dans lequel on refroidit lesdites
secondes particules dans au moins une zone de refroidissement, en lit fluidisé, située
en aval de ladite enceinte de refroidissement, à une température comprise entre environ
200 et 800 °C, et on recycle lesdites particules froides au moins en partie dans ladite
enceinte.
11 - Procédé selon l'une des revendications 1 à 10 dans lequel la température des
premières particules de solides chaudes est comprise entre environ 500 et 1800°C et
celle des secondes particules de solides froides est comprise entre environ 200 et
800 °C.
12 - Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 11 dans lequel lesdites
premières particules de solides et ledit mélange circulent globalement ensemble soit
à co-courant, soit à contre courant desdites secondes particules.
13 - Procédé selon l'une quelconque des revendications dans lequel lesdites secondes
particules froides renferment en outre un catalyseur ayant une matrice choisie parmi
la silice, l'alumine, la silice-alumine, l'oxyde de zirconium, l'oxyde de thorium
et contenant des composés de molybdène, tungstène, vanadium, niobium, tantale ou rhénium,
ledit catalyseur représentant 2 à 95% en poids des secondes particules froides.
14 - Appareil pour la mise en oeuvre du procédé selon la revendication 1 caractérisé
en ce qu'il comprend (fig. 1) :
- au moins une enceinte (7) du type cyclone, comprenant un axe central et une périphérie
interne,
- des moyens d'entrée (4), (3b,50,fig. 4) d'une charge hydrocarbonée (3) liquide ou
gazeuse situés soit en amont et reliés à ladite enceinte, soit dans ladite enceinte,
- des moyens d'entrée (2) de vapeur d'eau en amont desdits moyens d'entrée de la charge,
adaptés à entraîner lesdites premières particules chaudes dans ladite enceinte (7),
- des moyens d'entrée (6) des premières particules de solides chaudes conférant à
ces particules un mouvement hélicoïdal à la périphérie interne de ladite enceinte
(7) dans la direction de l'écoulement résultant de la charge et de la vapeur d'eau,
- des moyens de séparation (7b, 23) des particules de solides d'un premier effluent
gazeux dans ladite enceinte (7),
- des moyens de transport (25) des premières particules de solides connectés auxdits
moyens de séparation vers au moins un moyen de régénération (26) et éventuellement
de réchauffage (29) desdites particules de solides,
- des moyens de stockage (27) et de recyclage (31,32) desdites particules de solides
connectées auxdits moyens de régénération (26) et éventuellement de réchauffage (29)
vers ladite enceinte (7),
- des moyens d'entreé des secondes particules de solides de refroidissement ou froides
(8a) dans ladite enceinte (7),
- au moins un moyen d'entrée (9) dudit effluent gazeux et des secondes particules
de solides froides dans un réacteur de refroidissement qui est une colonne (8) de
forme allongée, tubulaire et sensiblement verticale débouchant à l'intérieur de ladite
enceinte sensiblement selon son axe central, avec circulation à co-courant de l'effluent
gazeux et des secondes particules de solides froides soit de haut en bas ("dropper")
soit de bas en haut ("riser"),
- des moyens de séparation par strippage (stripping) (10, 11) d'un second effluent
de vapocraquage et des particules de solides froides, à l'extrémité de la colonne
opposée à l'extrémité par laquelle ont été introduits ledit effluent gazeux et les
particules de solides froides,
- des moyens de refroidissement (12) desdites secondes particules froides dans ladite
colonne et/ou dans lesdits moyens de séparation (10, 11),
- des moyens de sortie (15) du second effluent de vapocraquage reliés auxdits moyens
de séparation (10, 11),
- des moyens de transport (16) des secondes particules de solides froides connectées
auxdits moyens de séparation vers un moyen de stockage (18), et
- des moyens de recyclage (20,22) desdites secondes particules au moins en partie
vers ledit réacteur de refroidissement.
15 - Appareil selon la revendication 14 dans lequel ledit moyen de régénération (26)
comprend une colonne allongée tubulaire contenant à sa base des moyens d'injection
(29) d'un combustible auxiliaire.
16 - Appareil selon l'une quelconque des revendications 14 à 15 dans lequel les moyens
d'entrée des premières particules de solides sont situés dans la partie supérieure
(7a) de l'enceinte (7) et dans lequel la colonne 8 est adaptée à la circulation ascendante
de l'effluent gazeux et des secondes particules de solides froides.
17 - Appareil selon l'une quelconque des revendications 14 à 15 dans lequel les moyens
d'entrée des premières particules de solides sont situés dans la partie supérieure
(7a) de l'enceinte et dans lequel la colonne (8) est adaptée à la circulation descendante
de l'effluent gazeux et des secondes particules de solides froides.
18 - Appareil selon l'une quelconque des revendications 14 à 16 dans lequel la colonne
(8) (figure 3) comprend une partie supérieure de diamètre R contenant lesdits moyens
de refroidissement (12) et une partie inférieure de diamètre r débouchant dans ladite
enceinte (7) tel que le rapport R/r soit compris entre environ 1 et 10 et de préférence
entre environ 2 et 4.