[0001] La présente invention concerne des pièces de machine thermique constituées en un
alliage présentant de bonnes propriétés de résistance mécanique et de tenue aux hautes
températures, comportant un revêtement protecteur et notamment des pièces de turbomachine
en superalliage, notamment à base de nickel, comportant un revêtement de protection
contre la corrosion/oxydation.
Elle concerne également un procédé de réalisation dudit revêtement protecteur sur
lesdites pièces.
[0002] La recherche de hautes performances dans le développement des turbomachines et en
particulier dans les applications aéronautiques a conduit à des températures de fonctionnement
toujours plus élevées en même temps que la rationalisation de l'exploitation des matériels
impose d'accroître la durée de vie des pièces et il en est résulté la mise au point
de nombreuses solutions concernant les revêtements de protection contre l'oxydation/corrosion
pour les pièces de turbomachine soumises à de hautes températures.
[0003] US-A-4 328 285 fournit l'exemple de pièces de turbine à gaz en superalliage, protégées
par une sous-couche métallique, de composition du type M Cr Al Y, M désignant Fe,
Ni, Co ou un mélange de ces métaux, appliqée par projection à la flamme plasma et
suivie d'un revêtement à base de céramique comportant de l'oxyde de zirconium et au
moins 15 % en poids d'oxyde de cérium, également obtenu par projection à la flamme
plasma.
[0004] US-A 4 248 940 fournit un autre exemple de revêtement pour pièces en superalliage
formant barrière thermique, obtenu par projection à la flamme plasma et à partir d'un
mélange de poudres comprenant un matériau d'accrochage du type M Cr Al Y, M désignant
Fe, Ni, Co ou un mélange de ceux-ci et un matériau de type céramique à base d'oxyde
de zirconium stabilisé par un autre oxyde, le revêtement comportant un pourcentage
croissant de céramique à partir du substrat.
Toutefois, aucune solution connue antérieure ne donne entière satisfaction, en fonction
des conditions particulières d'utilisation et compte-tenu d'exigences croissantes
de tenue en service et d'amélioration des propriétés d'isolation thermique et de résistance
aux différents agents combinés d'oxydation et de corrosion de diverses natures. Un
phénomène particulièrement sensible a été observé et qui peut être décrit comme l'apparition
et la propagation de criques ou fissures sous l'effet de contraintes qui se développent
dans le revêtement et ont une origine, en particulier, thermique.
[0005] D'autres machines thermiques, notamment dans les applications des moteurs à cycle
Diesel, comportent également des pièces pour lesquelles l'amélioration de la tenue
en service conduit à prévoir un revêtement protecteur.
[0006] Le but de l'invention est ainsi d'obtenir une structure améliorée du revêtement au
moyen de l'application d'un procédé amélioré de réalisation. Cette structure obtenue
par l'invention vise en particulier à modifier le mode de rupture observé sur le revêtement
dans des conditions critiques de fonctionnement des pièces revêtues.
[0007] Une pièce de machine thermique en alliage comportant un revêtement protecteur ainsi
amélioré est caractérisée en ce que ledit revêtement protecteur est constitué d'une
structure métallique, notamment de composition M Cr Al Y, M désignant un métal choisi
dans le groupe formé par nickel, cobalt, fer ou un mélange de ceux-ci avec adjonction
éventuelle de tantale, présentant une forme cellulaire, c'est à dire présentant des
cellules d'une taille déterminée et à répartition régulière, obtenue par dépôt électrophorétique,
dans des conditions choisies en fonction de la structure cellulaire recherchée, cette
structure métallique comportant en outre une composition modifiée et une liaison avec
ledit substrat en alliage obtenues au moyen d'un traitement de consolidation, consistant
notamment en une opération de frittage éventuellement réactif ou en une métallisation,
notamment en phase vapeur, dans des conditions de température et de durée connues
en soi pour l'application audit alliage et d'un matériau à base de céramique appliqué
par une projection du type atmosphérique à la flamme plasma.
[0008] Le revêtement protecteur de pièce de machine thermique en alliage conforme à l'invention
procure des avantages significatifs de durée de vie et de tenue en service améliorées.
Un essai d'explication du phénomène observé peut être amorcé à partir des essais effectués.
[0009] Les figures 1
a, 1
b, et 1
c donnent une représentation schématique vue en section d'un substrat 1
a revêtu selon une technique antérieure avec sous-couche métallique 1
b et couche externe céramique 1
c obtenues par projection à la flamme plasma. A partir de l'amorçage d'une fissure
critique 2 montrée à la figure 1
b, en poursuivant l'application de chocs thermiques représentatifs des conditions de
fonctionnement d'une pièce revêtue, la figure 1
c montre l'apparition d'une rupture du revêtement à partir de la propagation de ladite
fissure 2.
[0010] Les figures 2
a, 2
b, 2
c, donnent une représentation schématique analogue à celle des figures 1
a, 1
b et 1
c pour un substrat 2
a revêtu, conforme à l'invention, dans lequel la structure métallique 2
b obtenue par dépôt électrophorétique présente la forme cellulaire recherchée, à taille
contrôlée des cellules.
A la suite de chocs thermiques, une fissure critique 2 est également amorcée, comme
visible à la figure 2
b. Mais l'analogie s'arrête là, car l'invention permet d'obtenir un mécanisme de fissuration
différent. Comme représenté à la figure 2
c, on observe d'une part en 3 une déviation de la fissure qui n'a plus, comme sur la
figure 1
c représentant la technique antérieure, une propagation dans une direction parallèle
à la surface du revêtement ou aux plans des différentes interfaces métal/céramique.
Enfin, on observe en 4 un arrêt de propagation de la fissure au niveau d'un élément
de structure cellulaire métallique plus résistant à la fissuration. Cette ébauche
d'explication reste toutefois partielle et d'autres avantages de la structure du revêtement
conforme à l'invention conduisant à une amélioration des résultats doivent être soulignés.
La modification du mode de rupture est également obtenue grâce à une amélioration
de l'adhérence mécanique à l'interface métal/céramique, la structure cellulaire favorisant
notamment une interpénétration entre les deux couches. En outre, à l'interface céramique/métal
la structure obtenue induit une modification de la répartition des contraintes d'où
il résulte,non seulement, comme exposé ci-dessus, des propriétés particulières de
propagation de fissure, mais également et de manière avantageuse, des conditions particulières
d'apparition ou amorçage desdites fissures ou criques induisant notamment leur retard.
Selon les applications de l'invention, une structure du type représenté aux figures
2a, 2b et 2c peut être recherchée ou dans certains cas, une structure du type représenté
à la figure 2d dans laquelle la structure cellulaire métallique 2b affleure à la surface
externe du revêtement protecteur final obtenu.
Ces avantages et résultats améliorés que présentent les pièces, notamment en superalliage
comportant le revêtement protecteur conforme à l'invention sont obtenus en appliquant
un procédé de réalisation dudit revêtement protecteur caractérisé en ce qu'il comporte
les étapes suivantes :
a) - dépôt électrophorétique d'une structure métallique, notamment de composition
M Cr Al Y, M désignant un métal choisi dans le groupe formé par Ni, Co, Fe ou un mélange
de ceux-ci, avec adjonction éventuelle de Ta, dans des conditions déterminées de manière
à obtenir une forme cellulaire pour ladite structure, c'est à dire présentant des
cellules d'une taille déterminée et à répartition régulière;
b) - traitement de consolidation, consistant notamment en une opération de frittage
éventuellement réactif ou en une métallisation, notamment en phase vapeur dans des
conditions de température et de durée connues en soi pour l'application audit alliage,
de manière à assurer une consolidation de ladite structure obtenue à l'étape (a) du
procédé ;
c) - projection de type atmosphérique à la flamme plasma d'une poudre à base de céramique,
de manière à constituer le revêtement protecteur complet.
[0011] Pour chaque application particulière, les paramètres, à chaque étape, sont définis
conformément aux caractéristiques énoncées.
[0012] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention seront mieux compris à la lecture
qui va suivre de la description d'exemples de réalisation et d'essais effectués, en
référence aux dessins annexés sur lesquels:
- les figures 1a, 1b et 1c concernant une technique antérieure ont été précédemment décrites ainsi que les figures
analogues 2a, 2b, 2c et 2d montrant un résultat avantageux de l'invention ;
- les figures 3a, 3b représentent des éprouvettes utilisées pour effectuer des essais de tenue de revêtement
protecteur sur pièce en superalliage conforme à l'invention ;
- Les figures 4, 5 et 6 représentent des courbes de variation de masse de poudre déposée
en fonction de divers paramètres de dépôt électrophorétique ;
- la figure 7 est un schéma de structure cellulaire obtenue après dépôt électrophorétique
;
- Les figures 7a et 7b sont des schémas de structure du revêtement final obtenu ;
- les figures 8a, 8b, 8c, 8d montrent des photos en microscopie électronique à balayage de structures différentes
obtenues selon les valeurs de paramètres du dépôt électrophorétique ;
- les figures 9a, 9b montrent deux photos prises en microscopie électronique à balayage de structures
obtenues après traitement de consolidation du dépôt électrophorétique et les figures
9c et 9d montrent les détails de la liaison entre la couche déposée et le substrat ;
- la figure 10 montre une photo prise en microscopie électronique à balayage d'une
structure de revêtement final obtenu selon l'invention et la figure 10a montre un
détail agrandi de la figure 10 ;
- la figure 11 représente schématiquement un cycle thermique appliqué à une éprouvette
d'essai revêtue selon l'invention ;
- la figure 12 représente schématiquement les résultats d'essais de tenue aux chocs
thermiques réalisés selon le cycle de la figure 11.
[0013] Des éprouvettes 10 et 11 représentées aux figures 3
a et 3
b sont utilisées pour réaliser un revêtement protecteur conforme à l'invention. Dans
cet exemple, le matériau de base des éprouvettes 10 et 11 est un superalliage à base
de nickel dont la composition en pourcentages pondéraux est indiqué ci-après :
C 0,05-0,15; Si 1 maximum; Mn 1 maximum; Cr 20,5-23,0; Fe 17,0-20,0; Mo 8,0-10,0;
Co 0,50-2,50; W 0,20-1,0 et Ni complément à 100.
[0014] Après une préparation, d'un genre connu en soi, comportant uniquement un polissage
et un nettoyage, une éprouvette, telle que 10 ou 11, est montée dans un dispositif
connu en soi permettant d'effectuer un dépôt électrophorétique, ladite éprouvette
étant montée en position de cathode.
[0015] Dans l'exemple, le bain utilisé est à base de méthanol CH₃ OH, l'électrolyte est
le chlorure d'aluminium Al₂ Cl₆. Diverses concentrations d'électrolyte ont été testées,
notamment à 0,5g/l et la concentration est restée inférieure à 1,5g/l. La poudre à
déposer, du type M Cr Al Y correspond dans l'exemple à la composition pondérale suivante
:
Cr 21; Al 8,5 ; Y 0,6 ; Ta 5,7 et Ni complément et est constituée de particules sphériques
dont le diamètre est compris entre 45 µ m et 75 µ m.
[0016] Diverses quantités de poudre, entre 1500 et 2000 g/l ont également été testées et
de bons résultats sont obtenus en utilisant 2000 g/l.
[0017] Le champ électrique appliqué reste inférieur à une valeur de 2500 V. cm⁻¹ et la densité
de courant à une valeur inférieure à 100 m A.cm⁻². La température du bain est maintenue
à une température comprise entre 15 et 35 °C et de bons résultats sont obtenus à une
température ambiante comprise entre 18 et 21°C. Au cours du dépôt électrophorétique,
les différentes réactions chimiques peuvent être schématisées suivant le processus
ci après :
- la mise en solution du chlorure d'aluminium dans le méthanol donne lieu aux réactions
:
a) avec l'eau résiduelle contenue dans le méthanol
AL₂Cl₆ + 6H₂0 → 2 [ Al(OH)₃ ] + 6H Cl
b) avec le méthanol
Une première ionisation :
Al₂ Cl₆ + 6 CH₃OH → 2 [ AlCl₂ 0CH₃ ] + 4 CH₃0H + 2 H Cl
Une deuxième ionisation :
AL₂ Cl₆ + 6 CH₃OH → 2 [ AlCl(OCH₃)₂ ] + 2 CH₃OH + 4 H CL
Une troisième ionisation (éventuelle) :
Al₂ Cl₆ + 6 CH₃OH → 2 [ Al(OCH₃)₃ ] + 6HCl
le méthanol et l'acide chlorhydrique vont dans ces conditions réagir pour donner
un dégagement gazeux de chlorure de methyl CH₃ Cl (effet catalyseur de Al₂ Cl₃) ;
- lors de l'introduction de la poudre MCrAlY, l'hydroxyde d'aluminium, l'alkoxyde
d'aluminium et les chloroalkoxydes d'aluminium viennent s'adsorber en surface du MCrAlY
pour engendrer une densité surfacique de charge ;
- après l'application du champ électrique, une électrophorèse et une électrolyse simultanées
se produisent ; dans les conditions et paramètres de réalisation indiqués, la tension
entre les électrodes correspond à la tension fournie par le générateur et, simultanément
au dépôt de poudre M Cr Al Y sur la surface de la cathode constituée par la pièce
ou éprouvette 10 ou 11 à revêtir, il se produit également un dégagement d'hydrogène
à la cathode.
[0018] Dans les conditions indiquées qui ont été déterminées, le dépôt obtenu présente une
structure cellulaire provoquée par ledit dégagement d'hydrogène.
Une répartition régulière des cellules est obtenue dans les conditions indiquées et
la taille des cellules peut être ajustée en fonction de la structure souhaitée, selon
l'application particulière envisagée, en faisant varier certains paramètres de l'opération
de dépôt électrophorétique, notamment la valeur du champ électrique ou de la température.
[0019] La figure 4 représente des courbes de variation de la masse de poudre déposée en
mg/cm2, reportée en ordonnées, en fonction du temps de dépôt en secondes, reporté
en abcisses, pour des conditions fixées de température à 23°C, de concentration d'électrolyte
à 1g/l, d'apport de poudre M Cr Al Y à 2000 g/l et selon la valeur du champ électrique
indiquée ci-après :
- 54 V. cm ⁻¹pour la courbe 4 A
- 108 V. cm⁻¹pour la courbe 4 B
- 180 V. cm⁻¹pour la courbe 4 C
- 360 V. cm⁻¹pour la courbe 4 D
- 710 V. cm⁻¹pour la courbe 4 E
[0020] De manière analogue, la figure 5 représente des courbes de variation de la masse
de poudre déposée en mg/cm2 reportée en ordonnées en fonction de la valeur du champ
électrique appliqué en V. cm ⁻¹ reportée en abcisses pour les mêmes conditions de
température, concentration d'électrolyte et quantité de poudre M Cr Al Y qu'à la figure
4 et selon le temps de dépôt retenu à savoir :
- 9 s pour la courbe 5 A,
- 15 s pour la courbe 5 B,
- 30 s pour la courbe 5 C,
- 60 s pour la courbe 5 D.
[0021] De manière analogue, la figure 6 représente des courbes de variation de la masse
de poudre déposée en mg/cm² reportée en ordonnées en fonction de la température du
bain en °C reportée en abcisses pour les mêmes conditions de concentration d'électrolyte
et quantité de poudre M Cr AlY qu'aux figures 4 et 5, avec un temps de dépôt de 15
secondes et selon la valeur du champ électrique retenue, à savoir :
- 55 V. cm ⁻¹ pour la courbe 6 A
- 80 V. cm ⁻¹ pour la courbe 6 B
- 110V. cm ⁻¹ pour la courbe 6 C
[0022] La figure 7 montre une représentation schématique d'un exemple de structure cellulaire
de la sous-couche métallique obtenue par dépôt électrophorétique selon l'invention.
Une répartition régulière de cellules 12 est obtenue.
[0023] Les figures 8
a, 8
b, 8
c, 8
d montrent différents types de structure obtenus en faisant varier les paramètres du
dépôt électrophorétique, notamment la valeur du champ électrique ou la température,
les autres conditions étant fixées et le temps de dépôt, égal à 9 secondes étant identique.
Ainsi la structure de la figure 8
a présente des petites cellules, de taille d
c inférieure à 100 µ m et elle est obtenue à 8°C et 100 V.cm ⁻¹.
[0024] Par contre, la structure de la figure 8
b présente de grosses cavités de taille d
c de l'ordre de 500 µ m et elle est obtenue à 31°C et 130 V. cm ⁻¹.
[0025] De faibles densités de cellules peuvent également être obtenues et des variations
d'épaisseur de couche selon la valeur du champ électrique. Ainsi la figure 8
c montre une structure de dépôt monocouche d'une épaisseur de l'ordre de 50 µ m, obtenu
à 23°C et 20 V. cm⁻¹ alors que la figure 8
d montre une structure relativement compacte de dépôt épais, de l'ordre de 500 µ m
d'épaisseur, obtenu à 23°C et 110 V. cm ⁻¹.
[0026] Le bain utilisé de méthanol avec un électrolyte de chlorure d'aluminium présente
des avantages supplémentaires de permettre des temps de dépôts très courts, évitant
l'échauffement du bain, d'éviter des dépôts parasites, la présence d'hydroxychlorure
d'aluminium étant notamment inférieure à 1mg/cm². En outre, le séchage du dépôt à
sa sortie du bain électrophorétique est immédiat par suite de la faible pression de
vapeur du méthanol.
[0027] La recherche d'une tenue mécanique suffisante, entre autres, du dépôt électrophorétique
de M Cr Al Y obtenu conduit à prévoir un traitement de consolidation de la structure
cellulaire métallique revêtant les pièces en superalliage. Ledit traitement vise également
à assurer au revêtement des propriétés satisfaisantes de protection chimique. Un mode
de réalisation retenu est d'effectuer un traitement thermochimique d'aluminisation
en phase vapeur. Les conditions de température et de durée de ce traitement déterminées
pour le superalliage constituant le substrat de base des pièces à revêtir sont de
pratique courante et ont été décrites notamment par FR-A 1433 497 et il n'est pas
nécessaire de développer d'autres détails de mise en oeuvre qui sont connus.
[0028] Les figures 9
a et 9
b montrent deux photos prises en microscopie électronique à balayage d'éprouvettes
ayant subi ce traitement d'aluminisation en phase vapeur. Pour la figure 9
a, la durée a été de 1 heure à 1155°C. La structure initiale est préservée et la vue
en coupe de l'éprouvette représentée à la figure 9
c ainsi que le détail de la liaison entre le substrat et le dépôt représentée à la
figure 9
d montre l'absence de décollement et la bonne liaison avec le substrat. Pour la figure
9
b, la durée a été de 3 heures à 1150 °C. Une bonne consolidation est également obtenue,
mais le dépôt est légèrement moins poreux.
Le revêtement est complété par l'application d'un matériau céramique formant barrière
thermique. Le constituant choisi est l'oxyde de zirconium Zr 0₂ dont la stabilité
de phase est assurée par un autre oxyde mélangé. Dans l'exemple réalisé, la poudre
utilisée comporte 8% de Y₂ 0₃ en pourcentage pondéral mélangé à Zr 0₂, la granulométrie
étant comprise entre 45 et 75 µ m. Une projection de type atmosphérique à la flamme
plasma dans les condition opératoires courantes pour ce genre d'application a été
effectuée pour obtenir l'apport de matériau céramique dans le revêtement. Après projection
de la céramique, la forme cellulaire initiale de la structure métallique consolidée
est conservée. La figure 7
a montre ainsi une représentation schématique d'une pièce obtenue après revêtement
montrant en 10 le substrat en superalliage, en 12a la structure métallique à forme
cellulaire et en 13 le matériau céramique. En fonction des applications particulières,
une structure du type représenté à la figure 7
a peut être recherchée ou dans certains cas, comme représenté à la figure 7
b, la structure cellulaire métallique 12a est affleurante à la surface du revêtement
obtenu après application du matériau céramique 13. La figure 10 montre une photo prise
au microscope électronique à balayage montrant un exemple de réalisation conforme
à l'invention et montrant le remplissage des cellules de la structure métallique par
le matériau céramique et la figure 10
a montre un détail agrandi. Différents essais de projection à la flamme plasma de la
céramique concernée ont été mis en oeuvre avec succès en faisant varier la morphologie
de la structure cellulaire de la sous-couche métallique utilisée, notamment avec des
structures dont la taille des cellules est, soit d
c inférieur à 100 µ m, soit d
c compris entre 100 et 300 µ m, soit d
c supérieur à 300 µ m.
[0029] Des essais ont été réalisés afin de tester la tenue à des conditions représentatives
des conditions d'utilisation des pièces en superalliage revêtues. Un essai particulier
et significatif concerne la tenue aux chocs thermiques. Il consiste à faire subir
aux éprouvettes revêtues conformément à l'invention des cycles thermiques selon le
cycle représenté à la figure 11 et se décomposant en 15 minutes à 1100°C suivi d'un
refroidissement à l'air ambiant en 15 minutes.
[0030] La figure 12 schématise les résultats obtenus sur six éprouvettes. Deux éprouvettes
témoins T1 et T2 ont été revêtues uniquement par projection à la flamme plasma d'une
sous-couche métallique M Cr Al Y et d'une couche externe céramique alors que quatre
éprouvettes E₁, E₂, E₃, E₄ ont reçu un revêtement conforme à l'invention. Une durée
de vie nettement supérieure représentée sur la figure 12 par le nombre de cycles en
ordonnées correspondent à chaque éprouvette. Sur les éprouvettes témoins T₁ et T₂
une fissuration et un décollement du revêtement céramique sont observés. L'éprouvette
E₁ à une durée égale à celle de T₂ présente une faible fissuration mais pas de décollement.
Les éprouvettes E₂ et E₃ ont une durée de vie supérieure à T₂ et à 2083 cycles (au
lieu de 780 cycles pour T₂), E₃ présente de la fissuration mais pas de décollement.
E₄ a été soumis à un cyclage thermique plus sévère comportant 8 minutes à 1100°C et
2 minutes de refroidissement forcé à l'air comprimé mais présente cependant une durée
de vie supérieure à 2000 cycles. De ces résultats et des observations micrographiques
effectuées, on a pu déduire que les buts visés sont atteints ; en particulier, la
modification de la répartition des contraintes, notamment d'origine thermique, à l'interface
entre la structure cellulaire métallique et la couche externe céramique a été obtenue.
Comme noté précédemment, en référence aux figures 2a, 2b et 2c, la propagation de
fissures est contrariée ou bloquée par la présence de cellules dans la sous-couche
métallique mais il semble également qu'un niveau de contraintes plus faible obtenu
à l'interface métal/céramique soit obtenu grâce à une ductilité améliorée de la structure
metallique due à sa forme cellulaire. Il résulte de la structure cellulaire particulièrement
une adaptation améliorée aux dilatations d'origine thermique et des points d'amorçage
de rupture peuvent se présenter à l'interface métal/céramique de manière très dispersée
permettant une répartition des contraintes à un niveau plus faible en chaque point.
En fait le niveau de contraintes résultant des dilatations différentielles métal/céramique
n'est plus déterminée par les dimensions des pièces revêtues mais par la taille et
la répartition des cellules formées dans le revêtement. D'autres avantages ont été
relevés résultant de la structure particulière du revêtement protecteur conforme à
l'invention. En particulier, le pouvoir isolant thermique du revêtement est augmenté
par suit de la présence de cellules dans la structure métallique qui sont remplies
de matériau céramique. Par ailleurs, le traitement thermochimique d'aluminisation
en phase vapeur appliqué selon l'invention en plus de la consolidation de la structure
cellulaire métallique assure également la protection chimique excellente que procure
ledit traitement.
D'autres exemples d'application ont également été mis en oeuvre en utilisant des plaquettes
planes de 30X30X5 mm en superalliage et ont conduit aux mêmes bons résultats, ce qui
montre que des pièces de superalliage de formes diverses peuvent être revêtues conformément
à l'invention.
1. Pièce de machine thermique constituée en un alliage présentant de bonnes propriétés
de résistance mécanique et de tenue aux hautes températures, comportant un revêtement
protecteur et notamment pièce de turbomachine en superalliage, notamment à base de
nickel, comportant un revêtement de protection contre la corrosion/oxydation caractérisée
en ce que ledit revêtement protecteur est constitué d'une structure métallique, notamment
de composition M Cr Al Y, M désignant un métal choisi dans le groupe formé par nickel,
cobalt, fer ou un mélange de ceux-ci avec adjonction éventuelle de tantale, présentant
une forme cellulaire, c'est à dire présentant des cellules (12) d'une taille déterminée
et à répartition régulière,obtenue par dépôt électrophorétique, dans des conditions
choisies en fonction de la structure cellulaire recherchée, cette structure métallique
comportant en outre une composition modifiée et une liaison avec ledit substrat en
alliage obtenues au moyen d'un traitement de consolidation consistant notamment en
une opération de frittage éventuellement réactif ou en une métallisation, notamment
en phase vapeur, dans des conditions de température et de durée connues en soi pour
l'application audit alliage et d'un matériau à base de céramique appliqué par une
projection du type atmosphérique à la flamme plasma.
2. Pièce de turbomachine selon la revendication 1 dont le matériau céramique entrant
dans le revêtement protecteur est composée de zircone Zr 0₂ stabilisé à 8 % pondéral
de Y₂ 0₃ et est obtenue à partir d'une poudre dont la granulométrie est comprise entre
45 et 75 µ m.
3. Pièce de turbomachine selon l'une des revendications 1 ou 2 constituée en un superalliage
à base de nickel comportant un revêtement protecteur dont la structure métallique
est obtenue à partir d'une poudre dont la composition pondérale est la suivante :
Cr : 21 ; Al : 8,47 ; Y : 0,59 ; Ta : 5,7 ; Ni complément à 100 et dont le diamètre
des particules est compris entre 45 µ m et 75 µ m, et présente une forme cellulaire
obtenue en réalisant le dépôt électrophorétique dans les conditions suivantes :
- bain : méthanol CH₃0H,
- électrolyte : chlorure d'aluminium Al₂ Cl₆, dans des concentrations ne dépassant
pas 1,5 g/l,
- poudre de ladite composition : entre 1500 et 2000 g/l,
- champ électrique appliqué inférieur à 2500 V. cm⁻¹
- densité de courant inférieure à 100 mA. cm⁻²
- température du bain comprise entre 15 et 35°C
- le temps de dépôt variant de 1 seconde à 3 minutes, en fonction de l'épaisseur de
structure recherchée et selon la valeur du champ électrique appliqué,
ladite structure cellulaire du revêtement protecteur étant consolidée par un traitement
d'aluminisation en phase vapeur connu en soi effectué à 1150°C pendant une durée variant
de 1 à 3 heures.
4. Procédé de réalisation d'un revêtement protecteur sur une pièce de machine thermique
constituée en un alliage présentant de bonnes propriétés de résistance mécanique et
de tenue aux hautes températures et notamment d'un revêtement de protection contre
la corrosion/oxydation sur une pièce de turbomachine en superalliage notamment à base
de nickel caractérisé en ce qu'il comporte les étapes suivantes :
a)- Dépôt électrophorétique d'une structure métallique notammentde composition M Cr
Al Y, M désignant un métal choisi dans le groupe formé par Ni, Co, Fe ou un mélange
de ceux-ci, avec adjonction éventuelle de Ta, dans des conditions déterminées de manière
à obtenir une forme cellulaire pour ladite structure, c'est à dire présentant des
cellules d'une taille déterminée et à répartition régulière ;
b) - traitement de consolidation, consistant notamment en une opération de frittage
éventuellement réactif ou en une métallisation, notamment en phase vapeur, dans des
conditions de température et de durée connues en soi pour l'application audit alliage,
de manière à assurer une consolidation de ladite structure métallique obtenue à l'étape
(a) du procédé;
c) - projection de type atmosphérique à la flamme plasma d'une poudre à base de céramique,
de manière à constituer le revêtement protecteur complet.
5. Procédé de réalisation d'un revêtement protecteur selon la revendication 4 appliqué
à une pièce de turbomachine en superalliage à base de nickel dans lequel le dépôt
effectué à l'étape (a) du procédé s'applique à une poudre de composition définie par
les pourcentages pondéraux de ses éléments à savoir :
Cr : 21 ; Al : 8,5 ; Y : 0,6 ; Ta : 5,7 et Ni complément
et est soumis aux conditions suivantes de mise en oeuvre :
- bain : méthanol CH₃ OH
- électrolyte : chlorure d'aluminium Al₂ Cl₆, dans des concentrations ne dépassant
pas 1,5 g/l ;
- poudre de ladite composition pondérale : entre 1500 et 2000 g/l ;
- champ électrique appliqué inférieur à 2500 V. cm⁻¹ ;
- densité de courant inférieure à 100 m A. cm⁻² ;
- température du bain comprise entre 15 et 35°C ;
- le temps de dépôt variant entre 1 seconde et 3 minutes, en fonction des épaisseurs
de couche recherchées et selon la valeur du champ électrique appliqué.