[0001] La présente invention concerne un procédé continu de fabrication d'un papier impression-écriture
en vue d'obtenir un produit parfumé collé aux encres, qui permet une très bonne imprimabilité.
[0002] Jusqu'ici la fabrication des papiers parfumés a été limitée par le fait que les compositions
de parfums sont composées essentiellement d'huiles qui détruisent le collage aux encres
du papier et le rendent donc très difficilement utilisable pour l'impression-écriture.
[0003] La difficulté a donc été contournée en isolant ces huiles du papier :
- soit en incorporant le parfum dans les encres d'impression (document GB-A-1 176
262),
- soit en incorporant le parfum dans des microcapsules plastiques introduites dans
le papier (document JP-A-50-06113).
[0004] La technique consistant à imprimer le papier avec des encres contenant du parfum
impose donc une opération supplémentaire après la fabrication du papier, hors machine,
et l'incorporation, nécessairement très superficielle, du parfum ne permet pas une
permanence élevée de la fragance.
[0005] Outre un coût relativement élevé, la technique par microcapsules nécessite elle aussi
une opération supplémentaire, car les microcapsules sont généralement introduites
par couchage. Enfin, pour développer sa fragance, le papier doit être soumis à une
friction ou une élévation de la température, nécessaires pour faire éclater les microcapsules.
[0006] Dans d'autres applications papetières, le parfumage peut se faire par vaporisation
sur la feuille de papier après fabrication. Outre le fait que cette technique implique
un déroulement lent de la bobine de papier, les huiles vaporisées donnent une sensation
désagréable de papier gras et font considérablement chuter les propriétés d'imprimabilité
du support.
[0007] Pour des papiers très absorbants, comme les papiers hygiéniques, où des bonnes propriétés
d'imprimabilité ne sont pas recherchées, le parfumage peut se faire :
- en lubrifiant les lames de la coupeuse avec des huiles essentielles,
- lors de l'emballage, en vaporisant le parfum sur le support en carton des rouleaux
de papier ou sur quelques feuilles seulement par unité d'emballage. Ces papiers très
poreux assurent une diffusion du parfum dans toute l'unité d'emballage au bout de
quelques semaines.
[0008] Pour des effets odoriférants plus prononcés, on peut imprégner ou saturer le papier
absorbant avec des solutions aqueuses, contenant par exemple du propylène glycol,
de la glycérine et un parfum (document JP-A-53-11059).
[0009] Le document FR-A-1 023 954 décrit un papier pour l'emballage des agrumes.
[0010] On dépose sur ce papier une couche se composant de diphényle, d'huile de citron et/ou
d'huile de bergamote et d'une cire. Le but décrit dans ce document est totalement
différent de l'invention. Il s'agit de masquer l'odeur du diphényle. Or il est précisé
que seules les huiles de citron et de bergamote peuvent procurer cet effet technique.
[0011] Le document GB-A-1 319 951 décrit un procédé d'imprégnation d'un papier avec une
composition inhibitrice de corrosion volatile. Le but décrit dans ce document est
d'obtenir un papier protecteur de pièces métalliques.
[0012] Ce document ne décrit qu'une composition contenant un agent de collage et un agent
inhibiteur de corrosion.
[0013] Mais cet agent peut aussi être déposé dans le pulpeur ou vaporisé ou imprégné.
[0014] Le but de l'invention est d'obtenir un papier impression-écriture parfumé qui garde
toutes ses propriétés de bonne imprimabilité, et qui puissse être fabriqué par un
procédé s'intégrant aux étapes classiques de fabrication du papier sur machine, à
savoir notamment les étapes de mise d'une suspension aqueuse sur toile, égouttage
et séchage.
[0015] L'invention a donc pour but d'obtenir un papier pouvant recevoir une impression et/ou
une écriture, ce papier étant parfumé. Les qualités requises de ce papier sont donc
:
- une rémanence du parfum,
- un papier non gras en surface,
- une surface permettant l'impression et/ou l'écriture.
[0016] Or le problème posé par la réalisation d'un tel papier est que le parfum est composé
d'huiles essentielles qui détruisent le collage du papier. De ce fait, lorsque le
papier reçoit une impression ou une écriture, l'encre, au lieu de rester dans un secteur
déterminé, s'étale et on obtient des traits qui ne sont pas nets.
[0017] Le but de l'invention est d'obtenir un papier parfumé qui présente un bon degré de
collage-écriture, de préférence égal à 5 5NFQ 03015).
[0018] A cet effet, l'invention concerne un procédé continu de fabrication d'un papier parfumé,
à degré de collage écriture élevé, consistant à former une feuille fibreuse et à déposer
sur celle-ci, en cours de fabrication, une composition de surfaçage aqueuse contenant
au moins une composition aromatique, au moins un agent de collage, au moins un liant,
éventuellement au moins un additif. On peut déposer la composition de surfaçage aqueuse
sur la feuille fibreuse encore humide, c'est-à-dire, ayant une siccité inférieure
à la siccité finale désirée du papier.
[0019] La feuille fibreuse peut être réalisée à partir d'une suspension aqueuse contenant
au moins des fibres naturelles et/ou synthétiques, des liants, des charges et autres
additifs tels qu'agents de rétention de charges, colorants, pigments, planchettes,
etc. Cette suspension est déposée sur une toile et on l'égoutte pour obtenir une feuille
fibreuse humide. La feuille fibreuse est déplacée à une certaine vitesse vers des
dispositifs de séchage. La vitesse peut par exemple être de plusieurs centaines de
mètres par minute.
[0020] On dépose la composition de surfaçage sur la feuille fibreuse sans modifier sensiblement
la vitesse de celle-ci. Le dépôt de la couche de surfaçage s'effectue en cours de
fabrication du papier, de préférence en presse encolleuse ou par couchage. On simplifie
ainsi le processus en limitant à une seule opération de surfaçage, le collage et le
parfumage sans nuire aux caractéristiques d'imprimabilité du produit fini.
[0021] La feuille fibreuse ainsi revêtue est ensuite séchée.
[0022] L'invention est remarquable du fait que le papier recouvert de la composition de
surfaçage est séché à une température relativement élevée. Or, de façon surprenante,
il reste suffisamment de parfum pour qu'il assure sa fonction.
[0023] En effet, le séchage est rapide du fait de la vitesse de la feuille et une grande
partie du parfum n'a pas le temps de se volatiliser.
[0024] En outre, un avantage de l'invention est que le papier obtenu n'a pas de toucher
gras, contrairement au papier obtenu par vaporisation de parfum.
[0025] Un autre avantage de l'invention est que le procédé est rapide et ne nécessite pas
un traitement postérieur. Tout se fait à la vitesse de la machine à papier, par exemple
plusieurs centaines de mètres à la minute. Or, un traitement postérieur de vaporisation
nécessite un débobinage puis un rembobinage car la vaporisation ne permet pas une
vitesse élevée. Ainsi la vitesse de déroulement de la bobine est dix fois moins élevée
que la vitesse de fabrication du papier.
[0026] Selon l'invention il est essentiel que la composition des trois agents soit déposée
en surface pour obtenir les résultats techniques escomptés.
[0027] La composition de surfaçage peut être une solution vraie mais être aussi une émulsion
homogène, les huiles essentielles de la composition aromatique étant peu ou pas solubles
dans l'eau.
[0028] L'agent de collage est pris dans le groupe des agents classiques de collage pour
papier. Les agents de collage sont des produits chimiques d'origine naturelle ou synthétique
qui, introduits dans le papier, améliorent le collage du papier, en diminuant sa valeur
de Cobb (NFQ 03-014) et/ou en améliorant sa tenue à l'écriture à l'encre (NFQ 03-015).
[0029] Ces produits se présentent sous diverses formes (dispersion, émulsion aqueuse ou
alcoolique, savons ...) et sont d'une grande diversité chimique. On peut utiliser
selon l'invention des dérivés de colophane, des dérivés d'alkyl cétène dimère, des
dérivés de cire, des dérivés de paraffine, des dérivés de protéines, des dérivés de
polymères hydrocarbonés, organochlorés, souvent riches en fonction carboxyle, du Baysinthol
® AL2 de BAYER ® constitué principalement d'anhydride maléique avec des copolymères
styrène-acrylique.
[0030] On peut utiliser des mélanges de ces produits.
[0031] La composition aromatique est composée d'huiles essentielles naturelles ou synthétiques
à pression de vapeur saturante faible et stables à la chaleur. Pour éviter une perte
de collage du papier, les agents de solubilisation doivent être limités à un strict
minimum. Le terme composition aromatique couvre non seulement le domaine des parfums
pour cosmétiques, mais s'étend aussi aux parfums naturels ou synthétiques (fruits,
aliments, boissons, cuir, etc). Selon l'invention on peut utiliser la plupart des
parfums possibles, y compris des composés aromatiques autres.
[0032] Le liant est pris dans le groupe des composés suivants : l'amidon,l' alcool polyvinylique,
la carboxyméthylcellulose, les alginates,les latex ou tout autre liant de surface
utilisé en papeterie.
La composition peut comprendre :
- agent de collage : 0,05% à 2% en poids sec,
- liant : 0,5 à 10% en poids sec,
- parfum : 0,05 à 5%,
éventuellement jusqu'à 10% en poids sec d'un additif le reste étant de l'eau.
[0033] Dans une réalisation préférentielle, la composition aqueuse de surfaçage comporte
au moins un colorant ou un mélange de colorants, les agents tensio-actifs incorporés
dans ces produits contribuant à une meilleure "solubilisation" du parfum.
[0034] La température de sèchage est de préférence comprise entre 80° et 140°C. Le temps
de sèchage peut être compris entre 30s et 5 min.
[0035] La composition de surfaçage peut en outre comporter un ou plusieurs additifs pris
dans le groupe des additifs suivants: antimousse, agents séquestrants, mouillants,
charges, azurants optiques, auxiliaires d'apprêt, auxiliaire de teinture.
[0036] L'invention concerne aussi le papier parfumé obtenu par le procédé ci-dessous, destiné
à l'application impression-écriture et qui présente préférentiellement un collage
écriture de 5 défini dans la norme AFNOR NFQ 03-015.
[0037] La technique de l'invention présente en outre l'avantage d'incorporer les huiles
essentielles à l'intérieur du papier: la cellulose fait ainsi office de diffuseur.
Elle permet une certaine stabilité et durabilité de la fragance (3 à 12 mois à l'air
libre suivant les doses utilisées et conditions extérieures, quasi permanente en stockage
sous emballage scellé).
[0038] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description des exemples de réalisation
qui vont suivre.
EXEMPLE COMPARATIF I
[0039] Un support papier impression-écriture collé en masse et/ou en surface par presse
encolleuse est ensuite surfacé avec une solution de parfum par vaporisation ou sur
une autre presse encolleuse. Le papier ainsi obtenu est bien parfumé. Cependant, alors
que le support était bien collé aux encres n°5 avant le traitement parfumé, le produit
final donne une sensation de toucher gras et n'est même plus collé aux encres 1 ou
2. Ce produit est donc rendu impropre à l'écriture et à l'impression.
[0040] On voit donc que la vaporisation du parfum sur un papier collé avec une composition
contenant un agent de collage et un liant ne permet plus l'impression et/ou l'écriture.
EXEMPLE COMPARATIF II
[0041] Si l'on surface un support papier sur presse encolleuse, avec une sauce ne contenant
que du parfum et l'agent de collage en solution aqueuse, on peut remarquer que la
solution a beaucoup plus tendance à décanter. De plus, les propriétés d'imprimabilité
du support sans surfaçage avec liant sont sérieusement affectées : poudrage, arrachage
de fibres .
[0042] On voit donc que la composition parfum et agent de collage ne convient pas pour obtenir
un papier parfumé.
EXEMPLE 1
[0043] Sur un support papier est déposée en surface, par une technique papetière classique
(presse encolleuse), la composition d'enduction comprenant par litre de liquide:
- 200 g d'amidon
- 0,5 g d'antimousse
- 6 ml de Baysynthol ® A12 (agent de collage de BAYER ®)
- 25 ml de mimosa 1034 (composition parfumée mimosa de Synarome ®)
- eau quantité suffisante pour un litre.
Le papier après séchage dégage une agréable odeur de mimosa qui persiste pendant plusieurs
mois à l'air libre et plus d'un an sous emballage scellé. Le papier présente de très
bonnes caractéristiques d'imprimabilité et d'écriture.
EXEMPLE 2
[0044] Sur un support papier coloré en jaune en masse, est déposée en surface, par une technique
papetière classique (presse encolleuse), la composition d'enduction comprenant par
litre de liquide :
- 200 g d'amidon
- 0,5 g d'antimousse
- 5 g Trilon ® B (agent sequestrant de BASF ®)
- 6 ml de Baysynthol ® A12
- 5g jaune Levacell ® 5G (de BAYER ®)
- 50 ml de base Citron 976 (de PARFLOR ®)
- eau quantité suffisante pour un litre.
[0045] Le papier après séchage dégage une agréable odeur de citron qui s'accorde avec la
couleur du papier. Ce papier présente les même qualités de permanence de la fragance
et d'imprimabilité que celui de l'exemple précédent.
EXEMPLE 3
[0046] Un support papier est couché par des méthodes classiques papetières (lame d'air,
lame traînante ..), la sauce de couchage comprenant pour un kilogramme de mélange
:
- 400 g de kaolin mis en dispersion
- 100 g de latex DOW ® 615 (latex styrène-butadiène de DOW CHEMICAL ®)
- 10g d'alcool polyvinylique
- 30g de Masquodor ® FRD 485 (composition aromatique mandarine de J et E SOZIO ®
- eau qsp 1 litre
Le papier couché obtenu est bien parfumé à la mandarie et garde de très bonnes caractéristiques
d'imprimabilité. Dans ce type d'application, le latex joue le rôle d'agent de collage.
EXEMPLE 4
[0047] Sur un support papier est déposée en surface, par une méthode papetière classique,
la solution d'enduction comprenant, par litre de sauce :
- 100 g d'amidon,
- 20 g d'alcool polyvinylique,
- 0,5 g d'antimousse,
- 8 ml de Baysynthol ® 36053 (agent de collage de BAYER ®),
- 40 ml d'arome artificiel N.I. de fruits de la passion (référence LC 15048 commercialisée
par la société MERO ROUSSELOT SATIA)
- eau qsp 1 litre.
[0048] Le papier après séchage dégage une agréable odeur de fruits de la passion. Le papier
a les mêmes caractéristiques d'imprimabilité et de permanence de la fragance.
1. Papier parfumé destiné à l'impression- écriture, caractérisé en ce qu'il est constitué
d'au moins une feuille fibreuse et d'au moins une couche de surfaçage comprenant :
- au moins un agent de collage,
- au moins un liant,
- au moins une composition aromatique,
- et éventuellement au moins un additif.
2. Papier parfumé selon la revendication 1, caractérisé par le fait qu'il a un degré
de collage écriture de 5.
3. Papier parfumé selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé par le fait que
l'agent de collage est choisi dans le groupe formé par les dérivés de colophane, d'alkylcétènedimène,
de cires, de paraffines, de protéines, de polymères, d'hydrocarbones, de polymères
organo-chlorés, de copolymères styrène-acryliques et leurs mélanges.
4. Papier parfumé selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé par le fait que
le liant est choisi dans le groupe formé par l'amidon, l'alcool polyvinylique, la
carboxyméthyl cellulose, les alginates, les latex et leurs mélanges.
5. Papier parfumé selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé par le fait que
la composition aromatique est choisie dans le groupe des huilles essentielles, naturelles
et synthétiques.
6. Procédé continu de fabrication d'un papier parfumé destiné à l'impression-écriture,
comprenant la mise sur toile d'une suspension aqueuse contenant au moins des fibres
pour former une feuille, égouttage et séchage, caractérisé en ce qu'on dépose sur
au moins une face de la feuille, une composition aqueuse de surfaçage comprenant :
- au moins un agent de collage,
- au moins un liant,
- au moins une composition aromatique,
- éventuellement au moins un additif,
et on sèche la feuille ainsi revêtue.
7. Procédé continu selon la revendication 6, caractérisé en ce que l'on dépose la
composition aqueuse de surfaçage sur la feuille partiellement séchée.
8. Procédé selon l'une des revendications 6 et 7, caractérisé en ce que on effectue
le séchage de la feuille revêtue à une température comprise entre 80 et 140° C pour
obtenir la siccité finale.
9. Procédé selon l'une des revendications 6 à 8, caractérisé en ce qu'on effectue
le séchage de la feuille revêtue pendant une durée comprise entre 30s et 5 min.
10. Procédé selon l'une des revendications 6 à 9, caractérisé en ce que la composition
aqueuse de surfaçage comprend :
- de 0,05 % à 2% d'au moins un agent de collage en poids sec,
- de 0,5% à 10% d'au moins un liant, en poids sec,
- de 0,05% à 5% d'au moins une composition aromatique,
- éventuellement jusqu'à 10% en poids sec d'un additif, le reste étant de l'eau.