[0001] La présente invention concerne un procédé de lutte contre l'incendie, par exemple
contre les incendies de forêts.
[0002] Actuellement, les moyens de lutte contre les incendies tels que, par exemple, ceux
de forêts, sont basés sur deux grands principes. Le premier est préventif et consiste
à établir dans la forêt des zones dans lesquelles le combustible favorisant la progression
d'un feu (élément propagatif) est partiellement ou complètement enlevé (zone coupe-feu).
[0003] Le deuxième principe consiste à lutter en intervenant activement sur le front du
feu afin de rendre la végétation en aval de celui-ci non combustible (élément non
propagatif), par apport d'eau additionnée ou non de produits retardants. Cet apport
se faisant par avions ou motopompes de façon que la zone mouillée soit la plus continue
possible, voire même submergée par l'eau.
[0004] Ces moyens de prévention et de lutte présentent cependant des inconvénients. Ainsi,
la création de zones coupe-feu impose la suppression complète de la végétation sur
des surfaces pouvant être importantes, d'où un coût élevé et un préjudice à la nature.
De même, dans le cas où on effectue des débroussaillages, ceux-ci, pour être efficaces
doivent être très souvent renouvelés, ce qui occasionne des coûts importants. Enfin
l'intervention active, pour être efficace nécessite des conditions de rapidité et
de précision de l'action, de continuité et de quantité de moyens. Ces conditions présentent
souvent des dangers pour les intervenants, par exemple vol à basse altitude des aéronefs,
distance réduite par rapport au feu d'un grand nombre de personnes.
[0005] Un autre inconvénient de l'art antérieur était principalement de maximiser les moyens
préventifs ou de lutte de façon à être sûr d'arrêter le feu.
[0006] Un premier but de l'invention est de proposer un procédé de lutte contre l'incendie
permettant d'optimiser les moyens de lutte contre l'incendie par application de la
théorie de la percolation.
[0007] Ce premier but est atteint par le fait que le procédé de lutte contre l'incendie
est caractérisé en ce qu'il consiste à utiliser des éléments non propagatifs ou à
mettre en oeuvre des moyens pour rendre non propagatifs les éléments combustibles,
de façon que le pourcentage des sites non propagatifs que l'incendie est susceptible
de rencontrer soit supérieur à un seuil donné inférieur à 100%.
[0008] Selon une autre caractéristique pour une zone donnée le nombre de sites propagatifs
et non propagatifs est supérieur à 150 et le nombre de sites non propagatifs varie
dans une plage comprise entre 25 et 60% de l'ensemble des sites.
[0009] Selon une autre caractéristique, ce seuil varie dans une plage comprise entre 25
et 60 % pour les feux de forêts.
[0010] Selon une autre caractéristique, ce seuil est choisi de préférence égal à 42 % pour
arrêter les feux de forêts en l'absence de vent.
[0011] Un autre but de l'invention est de proposer un procédé de lutte préventif contre
l'incendie et optimisant les moyens.
[0012] Ce but est atteint par le fait que le procédé selon l'invention est caractérisé en
ce que les éléments non propagatifs sont constitués par des végétaux non combustibles
plantés dans les proportions indiquées suivant une répartition aléatoire, pour optimiser
et réduire les coûts de débroussaillage et de création de zones coupe-feu.
[0013] Un autre but de l'invention est de proposer un procédé permettant d'optimiser les
moyens actifs de lutte, tout en réduisant les dangers pour les intervenants.
[0014] Ce but est atteint par le fait que les moyens du procédé pour rendre non propagatifs
les éléments d'une zone sont constitués par des têtes d'arrosage à jets de fluide
humidifiants, disposées de façon que la surface arrosée soit supérieur au seuil donné.
[0015] Selon une autre caractéristique, les moyens du procédé pour rendre non propagatifs
les éléments d'une zone sont constitués par des bombes ou containers transportables,
projetés ou lâchés.
[0016] Selon une autre caractéristique, on utilise comme fluide humidifiant de l'eau ou
une mousse, selon une autre caractéristique, le fluide humidifiant peut contenir des
retardants.
[0017] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention apparaîtront plus
clairement à la lecture de la description ci-après, faite en référence à la figure
unique représentant l'utilisation du procédé de l'invention dans la lutte contre l'incendie.
[0018] La figure 1 représente l'utilisation de la théorie de la percolation dans un procédé
de lutte contre l'incendie.
[0019] Selon cette théorie, un phénomène propagatif tel que le feu ne peut se développer
dans un milieu où la proportion des sites inactifs ou non propagatifs par rapport
aux sites actifs ou propagatifs est supérieure ou égale à un nombre qu'il est convenu
d'appeler seuil de percolation. Ainsi si l'on prend l'exemple de la figure 1, dans
laquelle un site combustibble tel qu'une forêt est divisé en trois zones, une première
zone comportant exclusivement des sites combustibles (11), une deuxième zone (2) de
largeur (L) comportant une distribution aléatoire de sites combustibles (21) et de
sites non combustibles (20) (sites représentés par des hâchures), et dont la proportion
est supérieure au seuil de percolation.
[0020] Une troisième zone (3) est constituée comme la première par des sites exclusivement
combustibles (31). On a constaté qu'un feu se propageant dans le sens des flèches
(A) se propage dans la zone (1) et se trouve arrêté au niveau de la zone (2) lorsque
la proportion de sites non propagatifs (20) par rapport aux sites propagatifs (21)
dépasse un certain pourcentage. Dans ce cas, le feu ne se propage pas à l'intérieur
de la zone (3) et l'incendie s'arrête dans la zone (2).
[0021] Par l'expérience, on a constaté que dans le cas d'un seuil compris entre 25 et 60
% pour les feux de forêts on arrivait soit à ralentir, soit à arrêter l'incendie,
en fonction des conditions de vent et du seuil choisi. De préférence, lorsque l'on
veut arrêter un incendie de forêt, en l'absence de vent, on choisira un seuil égal
à 42 %. De façon avantageuse, pour avoir un effet de percolation, il faut, pour une
zone donnée un nombre de sites propagatifs et non propagatifs supérieur à 150 et le
nombre de sites propagatifs doit représenter une fourchette de 25 à 60% de l'ensemble
des sites, ce qui peut représenter une surface ou un volume équivalent de l'ordre
de 25 à 60% de la surface ou du volume total de la zone considérée.
[0022] Les sites non propagatifs seront constitués de préférence soit par des végétaux non
combustibles plantés isolément ou en bosquets parmi la végétation naturelle existante.
Ces végétaux seront choisis parmi les essences non combustibles que l'on connait ou
qui pourront être développées ultérieurement.
[0023] Un autre moyen de rendre les éléments d'un site non propagatifs peut consister à
implanter des buses ou bouches fixes produisant des jets de fluide tel que de l'eau
ou de la mousse et pouvant contenir des retardants. Ces éléments hydrants ou buses
sont mis en fonctionnement sur commande manuelle ou automatique à l'approche du feu
et leur répartition est telle que les zones arrosées par ces éléments et rendues non
propagatives correspondent au seuil de ralentissement ou au seuil d'arrêt de l'incendie
indiqué ci-dessus. De façon connue une commande automatique provenant d'un dispositif
de détection du feu pourra commander ces buses.
[0024] On comprend aisément que le procédé de l'invention peut être utilisé également pour
la lutte contre les incendies dans les immeubles de façon à optimiser le nombre de
buses et d'éléments de détection, ceci d'une part pour réduire les coûts de l'installation
et d'autre part pour limiter les dégats dûs à l'inondation des locaux. De même, le
principe précédent permettant de combiner les zones combustibles et les zones non
combustibles peut être utilisé de façon avantageuse dans la construction des maisons
pour limiter la quantité de matériaux non combustibles. Ceci pour diminuer les coûts
de la construction, sans diminuer la sécurité et la prévention.
[0025] Un autre moyen permettant de rendre les sites non propagatifs peut être constitué
par des bombes projetées ou lachées à l'aval du front du feu et dispersant lors de
l'explosion un fluide tel que de l'eau ou de la mousse contenant ou non des retardants.
Ces moyens de projection du fluide d'humidification de la végétation du site projetant
le fluide du bas vers le haut, présentent l'avantage de tenir compte du caractère
fractal de la végétation, c'est-à-dire de la forme en arborescence des végétaux. Dans
ce cas la projection faite dans le sens de l'arborescence assure une bien meilleure
humidification que celle assurée, par exemple, par la projection ou le lâchage d'eau
à partir d'un aéronef.
[0026] Ainsi, le procédé utilisé et les différents moyens permettant la mise en oeuvre du
procédé en réalisant des zones d'éléments non propagatifs contribuent à l'optimisation
de la lutte contre le feu.
[0027] Comme on l'a vu précédemment, le procédé de lutte contre l'incendie consiste à utiliser
des éléments non propagatifs ou à mettre en oeuvre des moyens pour rendre non propagatifs
les éléments combustibles, de façon que le pourcentage des sites non propagatifs que
l'incendie est susceptible de rencontrer soit supérieur à un seuil donné inférieur
à 100 % .
[0028] L'avantage d'un tel procédé utilisant la théorie de la percolation est de pouvoir
à la fois être utilisé comme moyen de lutte contre le feu mais également en tant qu'élément
préventif.
[0029] D'autres modifications à la portée de l'homme de métier font également partie de
l'esprit de l'invention. Ainsi dans le cas de l'utilisation des bombes à eau, la neutralisation
d'un site peut se faire par explosion au sein de la végétation d'une enveloppe contenant
une quantité spécifiée d'eau. Cette explosion est provoquée, soit par l'impact au
sol, soit par télécommande à une hauteur déterminée par rapport au sol. Dans le cas
de l'explosion par impact au sol, on utilise de préférence des bombes à enveloppe
souple, tandis que des enveloppes rigides servent dans le cas d'explosion télécommandée.
1) Procédé de lutte contre l'incendie, caractérisé en ce qu'il consiste à utiliser
des éléments non propagatifs ou à mettre en oeuvre des moyens pour rendre non propagatifs
les éléments combustibles, de façon que le pourcentage des sites non propagatifs que
l'incendie est susceptible de rencontrer soit supérieur à un seuil donné inférieur
à 100 % .
2) Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que pour une zone donnée le
nombre de sites propagatifs et non propagatifs est supérieur à 150 et le nombre de
sites non propagatifs varie dans une plage comprise entre 25 et 60% de l'ensemble
des sites.
3) Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le seuil varie dans une
plage comprise entre 25 et 60 % pour les feux de forêts.
4) Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que le seuil est choisi de
préférence égal à 42 % pour arrêter un feu de forêt en l'absence de vent.
5) Procédé selon les revendications précédentes, caractérisé en ce que les éléments
non propagatifs sont constitués par des végétaux non combustibles plantés dans les
proportions indiquées et suivant une répartition aléatoire.
6) Procédé selon une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que les moyens pour
rendre non propagatifs les éléments d'une zone sont constitués par des têtes d'arrosage
à jets de fluide disposées de façon que la surface arrosée soit supérieur au seuil.
7) Procédé selon une des revendication 1 à 4, caractérisé en ce que les moyens pour
rendre non propagatifs les éléments d'une zone soient constitués par des bombes ou
containers de fluide, transportables, projetés ou lâchés.
8) Procédé selon la revendication 6 ou 7, caractérisé en ce que le fluide utilisé
est de l'eau.
9) Procédé selon la revendication 6 ou 7, caractérisé en ce que le fluide utilisé
est une mousse.
10) Procédé selon la revendication 8 ou 9, caractérisé en ce que le fluide peut contenir
des retardants.
11) Utilisation du procédé selon une des revendications précédentes dans la lutte
des incendies des constructions immobilières.
12) Utilisation du procédé selon une des revendications précédentes dans la lutte
des feux de forêts