[0001] La présente invention concerne un procédé de brassage en poche d'un acier, dans lequel
on injecte dans un bain d'acier fondu un gaz inerte, cette injection étant réalisée
de sorte que des bulles de gaz montent à travers au moins une partie du bain de métal
fondu et viennent éclater à la surface de celui-ci, de manière à créer une mise en
mouvement du métal fondu lors de la montée du gaz, ledit bain d'acier ayant été au
préalable calmé pour incorporation d'un désoxydant en quantité suffisante pour qu'un
excédent de celui-ci reste à l'état dissous dans le bain.
[0002] Afin d'améliorer la productivité et la qualité, les aciéristes ont développé la métallurgie
dite secondaire ou métallurgie en poche. Le but essentiel de cette métallurgie est
la maîtrise thermique et la maîtrise analytique du métal. Au niveau de la maîtrise
thermique, le brassage permet le refroidissement et l'homogénéisation. Au niveau de
la maîtrise analytique, le brassage permet de réaliser l'homogénéisation, la mise
à nuance de l'acier, la désoxydation, le contrôle de la propreté du métal, le contrôle
des inclusions, la désulfuration, la déphosphoration, etc... On a également constaté
que l'utilisation d'arcs électriques pour réaliser le réchauffage en poche par exemple,
ou du vide pour réaliser le dégazage dans cette même poche était améliorée par un
brassage du métal. Parmi les différents modes de brassage utilisés, le brassage par
injection de gaz est très employé car il ne demande que peu d'investissement et est
très simple d'utilisation.
[0003] Avant brassage, l'acier effervescent est calmé par incorporation de désoxydant tel
que l'aluminium et/ou le silicium, permetta d'éliminer ou de réduire l'oxygène résiduel
présent dans le bain d'acier. Afin de maintenir une teneur en oxygène dissous dans
l'acier compatible avec les conditions de coulée, on incorpore généralement un excédent
de désoxydant dans le bain d'acier. Cet excédent de désoxydant est généralement inférieur
à 1500ppm, et de préférence compris entre 100 et 500 ppm pour l'aluminium et entre
200 et 1000 ppm par le silicium. Suivant la nuance désirée de l'acier, la teneur en
désoxydant dissous est fixée et contrôlée à environ ± 20 ppm.
[0004] Le brassage correspond à une mise en mouvement par entrainement du métal lors de
la montée du gaz. L'intensité du brassage est caractérisée par une grandeur physique
correspondant à la puissance par tonne de métal.
[0005] Il est connu d'utiliser des gaz neutres tels que l'argon, ou l'azote, pour réaliser
la brassage dans une poche. Dans un certain nombre d'applications, l'azote ne peut
être utilisé car on recherche la réalisation d'acier ayant une basse teneur en azote.
Jusqu'à présent, seul l'argon pouvait être utilisé pour la brassage gazeux des poches
lorsqu'on désire en particulier obtenir des aciers à faible teneur en azote. Toutefois,
l'utilisation l'argon est quelquefois limitée par des contraintes d'ordre économique
compte tenu du coût élevé de ce gaz.
[0006] On a donc recherché s'il était possible d'utiliser un autre gaz pour réaliser ce
brassage, qui présente un comportement sensiblement inerte vis à vis de l'acier tout
en étant économique lors de son utilisation.
[0007] A priori, l'homme de métier a tendance à écarter la possiblité d'utiliser l'anhydride
carbonique gazeux pour réaliser un brassage en poche car il est connu de l'article
intitulé "Emprego de CO₂ na Descarburaçao do Aco em Formo Elétrico - Renato Augusto
Barbosa da Silva - Getulio Sergio da Silva - METALURGIA - vol. 28 - N° 172 - MARCO,
1972" que l'anhydride carbonique à la température d'un bain d'acier fondu c'est à
dire de l'ordre de 1.600°C se décompose en oxygène et monoxyde de carbone qui ont
un comportement oxydant vis à vis de l'acier.
[0008] De manière inattendue, on a constaté qu'il était possible d'utiliser l'anhydride
carbonique pour réaliser le brassage dans une poche d'un acier calmé, malgré le caractère
oxydant de l'anhydride carbonique dans les conditions d'utilisation, tout en réalisant
un brassage de manière économique.
[0009] Le procédé selon l'invention est caractérisé en ce que, avant que ne débute le brassage
dans la poche, on ajoute à l'éxcédent de désoxydant une quantité supplémentaire de
désoxydant dans le bain de métal fondu et en ce que l'on réalise ensuite le brassage
du métal fondu par injection d'anhydride carbonique sous forme gazeuse, le débit d'anhydride
carbonique sous forme gazeuse, compte tenu de la capacité de la poche et de la durée
de brassage, restant inférieure ou égal au débit maximal correspondant à l'oxydation
de la quantité supplémentaire de désoxydant. De préférence, la quantité supplémentaire
de désoxydant sera inférieure ou égale à 10% de l'excédent de désoxydant. On a constaté
que cette valeur de 10% était la valeur maximale permettant de contrôler la teneur
en désoxydant de l'acier selon la nuance prédéterminée. Le débit d'anhydride carbonique
par tonne d'acier brassé est généralement inférieur ou égal à 10 litres par mn.
[0010] Des études approfondies ont permis de mettre en évidence les facteurs qui influencent
la perte en désoxydant lors du brassage, ce désoxydant étant généralement très réactif
vis à vis de l'oxyde de fer qui entoure les bulles de gaz, entrainant ainsi la formation
d'oxydes. Or, les désoxydants ont un coût très élevé et l'un des buts de l'invention
est d'injecter l'anhydride carbonique selon certaines conditions de manière à réaliser
un brassage du métal fondu engendrant une perte de désoxydant dont le coût reste inférieur
à l'économie réalisée par l'utilisation d'anydride carbonique, de coût plus faible
que l'argon. De plus, on constate que, de manière inattendue, bien que l'on produise
des oxydes dans le métal lors du brassage avec l'anhydride carbonique, ceux-ci n'entraînent
pas de détérioration de la propreté du produit fini.
[0011] Ainsi, on a pu montrer l'importance des paramètres suivants lors du brassage d'un
acier par un gaz : la nature de l'acier brassé, c'est à dire la composition visée
à la fin du brassage, la nature et la quantité de désoxydant utilisé, en début de
brassage ainsi que la quantité de désoxydant demandée à la coulée après traitement
en poche, les dimensions de la poche (hauteur, diamètre) et la quantité de métal traité,
le type d'injecteur de gaz utilisé et ses caractéristiques hydrauliques, le gaz utilisé,
le débit injecté ainsi que la durée du traitement.
[0012] La quantité supplémentaire de désoxydants à ajouter dans l'acier avant brassage doit
pouvoir être déterminée en fonction de la géométrie de la poche, de la durée de brassage
dans cette poche et du débit d'anhydride carbonique utilisé.
[0013] Selon une première variante préférentielle de réalisation du procédé de l'invention,
dans lequel on utilise une lance pour injecter l'anhydride carbonique gazeux dans
le bain, le procédé est caractérisé en ce que le débit Q d'anhydride carbonique gazeux
est tel que la relation suivante est vérifiée :
relation dans laquelle :
B est le rapport entre la longueur de lance immergée dans le bain et la hauteur de
métal dans la poche,
Q est le débit d'anhydride carbonique en litre par minute,
W est la capacité de la poche en tonne,
t est le temps de brassage en minute.
[0014] Dans ce cas, la quantité supplémentaire m
sup. (exprimée en kg) de désoxydant à ajouter dans la poche avant brassage est inférieure
ou égale à :
Do étant la teneur visée en désoxydant en fin de brassage exprimée en %, R étant le
rendement d'addition du désoxydant de calmage exprimé en %, B étant le rapport entre
la profondeur immergée de la lance et la hauteur de métal,
Q étant le débit en d'anhydride carbonique en litre par minute,
W étant la capacité de la poche en tonne,
t étant le temps de brassage en minute.
[0015] Selon un deuxième mode préférentiel de réalisation de l'invention, dans lequel on
utilise un bouchon poreux pour injecter l'anhydride carbonique gazeux dans le bain
de métal fondu, le procédé est caractérisé en ce que le débit Q d'anhydride carbonique
est tel que la relation suivante est vérifiée :
Q⁰ʼ²⁵ x W⁻⁰ʼ⁶⁴ x S ⁰ʼ³³ x t ≦ 10
formule danslaquelle :
- Q est le débit de gaz injecté en l/mn
- W est la capacité de la poche en tonne
- S est la surface active du bouchon en contact avec l'acier en cm²
- t est le temps de brassage en minute.
[0016] Dans le cas d'un bouchon poreux, la quantité supplémentaire m
sup de désoxydant à rajouter dans le bain de métal fondu est égale à :
formule dans laquelle :
Do est la teneur visée en désoxydant en fin de brassage exprimée en %,
R est le rendement d'addition du désoxydant de calmage exprimé en %,
Q est le débit d'anhydride carbonique exprimé en litre/minute,
W est la capacité de la poche en tonnes,
t est le temps de brassage en minute,
S est la surface active du bouchon poreux en contact avec l'acier exprimée en cm².
[0017] Selon un troisième mode préférentiel de réalisation de l'invention, dans lequel on
injecte le gaz dans la poche à l'aide d'un injecteur dans lequel le gaz passe par
un espace ménagé entre les blocs de réfractaires non poreux, la section de passage
du gaz étant controlée soit par des rainures dans les blocs réfractaires soit de manière
préférentielle par une série de tubes métalliques de petits diamètres et de section
circulaire ou aplatie, le procédé est caractérisé en ce que le débit Q d'anhydride
carbonique dans le bain de métal est tel que la relation suivante est vérifiée :
Q⁰ʼ²⁵ x W⁻⁰ʼ⁶⁴ x S ⁰ʼ³³ x t ≦ 7
formule dans laquelle,
Q est le débit d'anhydride carbonique exprimé en litre par minute,
W est la quantité de métal traité dans la poche, exprimée en tonne,
t est le temps de brassage en minute,
S est la section mouillée en cm² qui dans le cas de tubes circulaires est égale à
:

tandis que dans le cas de rainures ou de tubes applatis :
S = N x (L + 0,05) x (l + 0,05),
N étant le nombre de passages élémentaires sur un injecteur,
d étant le diamètre intérieur du tube en cours,
L et l étant respectivement la plus grande longueur et la plus grande largeur de la
rainure exprimées en cm.
[0018] Dans le cas d'injection à l'aide d'injecteurs tels que définis ci-dessus, la quantité
supplémentaire m
sup de désoxydant à rajouter dans le métal fondu est donnée par la même formule que dans
le cas de bouchons poreux, la surface S étant alors calculée selon l'une ou l'autre
des formules mentionnées ci-dessus.
[0019] L'invention sera mieux comprise à l'aide des exemples de réalisation suivants, donnés
à titre non limitatif :
Exemple 1.
[0020] On réalise un brassage dans une poche de 180 tonnes à l'aide d'une lance, immergée
au trois quart de la hauteur du bain d'acier fondu. Ce brassage est effectué à l'aide
d'un débit d'anhydride carbonique gazeux de 200 litres par minute pendant 8 minutes.
Le rendement d'addition R de l'aluminium est de 50%. La teneur en aluminium visé en
fin de brassage est de 0.02%.
[0021] La quantité d'aluminium supplémentaire calculée m
sup est égale à 1,37 kg.
[0022] En ajoutant cette quantité supplémentaire d'aluminium avant le brassage effectué
comme indiqué ci-dessus, on vérifie en réalisant une analyse d'un échantillon prélevé
en fin de brassage que la teneur en aluminium de l'acier est bien de 0,02% (200ppm).
Exemple 2.
[0023] On réalise la même expérience que dans la cas de l'exemple 1 en utilisant un bouchon
poreux placé dans le fond de la poche, dont la surface active est de 190cm².
[0024] La quantité supplémentaire m
sup d'aluminium à ajouter, calculée selon la formule mentionnée plus haut est égale à
1,76 kg.
[0025] En réalisant le brassage selon les indications données ci-dessus en ajoutant avant
la début du brassage la quantité de 1.76 kg d'aluminium dans le bain d'acier, on constate
par analyse d'un échantillon prélevé dans le bain en fin de brassage que la teneur
en aluminium de l'échantillon est bien de 0,02% (200ppm).
Exemple 3.
[0026] On réalise dans les mêmes conditions que précédemment un brassage à l'aide d'un injecteur
constitué de tubes de petites diamètres dont le diamètre équivalent ne dépasse pas
3 mm. On utilise une section égale à 0,7 cm².
[0027] La quantité d'aluminium m
sup à ajouter, calculée selon la formule mentionnée ci-dessus est de 1,27 kg. En réalisant
le brassage selon les indications données ci-dessus, on vérifie qu'un échantillon
prélevé en fin de brassage contient bien une teneur en aluminium égale à 0,02% (200ppm).
[0028] D'une manière générale, on notera qu'au cours du traitement du métal dans la poche
selon le procédé décrit ci-dessus, il peut s'avérer préférable ou nécessaire de réaliser
un inertage de la surface du bain d'acier pendant toute la durée du brassage. En particulier,
ceci peut s'avérer nécessaire si l'on veut conserver une faible teneur en azote à
l'acier traité. Cet inertage pourra s'effectuer par injection d'argon, d'azote (lorsque
celui-ci n'est pas à exclure) ou d'anhydride carbonique au-dessus ou sur la surface
du bain. Pour les deux premiers gaz cités, cet inertage peut être effectué à l'aide
de gaz ou de liquide. Pour l'anhydride carbonique, cet inertage peut être effectué
à l'aide de gaz ou de neige carbonique.
1. Procédé de brassage en poche d'un acier calmé, dans lequel on injecte dans un bain
d'acier fondu un gaz inerte, cette injection étant réalisée de sorte que les bulles
de gaz montent à travers au moins une partie du bain de métal fondu et viennent éclater
à la surface de celui-ci, de manière à créer une mise en mouvement du métal fondu
lors de la montée du gaz, ledit bain d'acier ayant été au préalable calmé par incorporation
d'un désoxydant en quantité suffisante pour qu'un excédent de celui-di reste à l'état
dissous dans le bain, caractérisé en ce que, avant que ne débute le brassage dans
la poche, on ajoute à l'excédent de désoxydant une quantité supplémentaire de désoxydant
dans le bain de métal fondu et en ce que l'on réalise ensuite le brassage du métal
fondu par injection d'anhydride carbonique sous forme gazeuse, le débit d'anhydride
carbonique sous forme gazeuse, compte tenu de la capacité de la poche, restant inférieur
ou égal au débit maximal correspondant à l'oxydation de la quantité supplémentaire
de désoxydant.
2. Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que la quantité supplémentaire
de désoxydant est inférieure ou égale à 10% de l'éxcédent de désoxydant dissous.
3. Procédé selon la revendication 1 ou 2, dans lequel on utilise une lance pour injecter
de l'anhydride carbonique gazeux dans le bain de métal fondu, caractérisé en ce que
le débit Q de l'anhydride carbonique gazeux est tel que la relation suivante est vérifiée
:
relation dans laquelle :
B est le rapport entre la longueur de lance immergée dans le bain et la hauteur de
métal dans la poche,
Q est le débit d'anhydride carbonique en litre par minute,
W est la capacité de la poche en tonne,
t est le temps de brassage en minute.
4. Procédé de brassage en poche selon la revendication 1 ou 2, dans lequel on utilise
un bouchon poreux placé dans la paroi inférieure de la poche pour injecter l'anhydride
carbonique gazeux dans le bain, caractérisé en ce que le débit Q d'anhydride carbonique
gazeux est tel que la relation suivante est vérifiée :
Q⁰ʼ²⁵ x W⁻⁰ʼ⁶⁴ x S ⁰ʼ³³ x t ≦ 10
formule danslaquelle :
- Q est le débit de gaz injecté en l/mn
- W est la capacité de la poche en tonne
- S est la surface active du bouchon en contact avec l'acier en cm²
- t est le temps de brassage en minute.
5. Procédé de brassage en poche selon la revendication 1 ou 2dans lequel on utilise
des injecteurs pour injecter l'anhydride carbonique gazeux dans le bain de métal fondu,
caractérisé en ce que le débit Q d'anhydride carbonique gazeux est tel que la relation
suivante est vérifiée :
Q⁰ʼ²⁵ x W⁻⁰ʼ⁶⁴ x S ⁰ʼ³³ x t ≦ 7
formule dans laquelle,
Q est le débit d'anhydride carbonique exprimé en litre par minute,
W est la quantité de métal traité dans la poche, exprimée en tonne,
t est le temps de brassage en mn,
S est la section mouillée en cm² qui dans le cas de tubes circulaires est égale à
:

tandis que dans le cas de rainures ou de tubes plats :
S = N x (L + 0,05) x (l + 0,05),
N étant le nombre de passages élémentaires sur un injecteur,
d étant le diamètre intérieur du tube en cm,
L et l étant respectivement la plus grande longueur et la plus grande largeur de la
rainure exprimées en cm.
6. Procédé de brassage en poche selon la revendication 3, caractérisé en ce que la
quantité supplémentaire de désoxydant m
sup à rajouter est inférieure ou égale à :
Do étant la teneur visée en désoxydant en fin de brassage exprimée en %,
R étant le rendement d'addition de l'aluminium de calmage exprimé en %,
B étant le rapport entre la profondeur immergée de la lance et la hauteur de métal,
Q étant le débit en d'anhydride carbonique en litre par minute,
W étant la capacité de la poche en tonne,
t étant le temps de brassage par minute.
7. Procédé de brassage selon la revendication 4 ou 5, caractérisé en ce que la quantité
supplémentaire de désoxydant à rajouter est inférieure ou égale à :
formule dans laquelle :
Do est la teneur visée en désoxydant en fin de brassage exprimée en %,
R est le rendement d'addition du désoxydant de calmage exprimé en %,
Q est le débit d'anhydride carbonique exprimé en litre/minute,
W est la capacité de la poche en tonne,
t est le temps de brassage en minute,
S est la surface active du bouchon poreux en contact avec l'acier exprimée en cm².