[0001] La présente invention a pour objet un procédé de traitement de déchets organiques
solides contaminés par du tritium.
[0002] De façon plus précise, elle concerne un procédé de traitement permettant de diminuer
l'activité en tritium des déchets jusqu'à des valeurs inférieures à 10 Ci/t.
[0003] Dans les installations de traitement de gaz tritiés et d'eaux tritiées, on produit
des quantités importantes de déchets organiques contaminés par du tritium, par exemple
des panneaux de boîtes à gants, des gants, des matériaux en vinyle, en coton etc.
Généralement, la teneur en tritium de ces déchets atteint quelques centaines de curies
par tonne, et génère un dégazage de tritium compliquant de façon importante la gestion
de ces déchets.
[0004] Aussi, on recherche des procédés permettant de diminuer de façon importante le dégazage
de tritium et donc l'activité de ces déchets à des valeurs inférieures à 10 Ci/t,
voire 1 Ci/t.
[0005] La présente invention a précisément pour objet un procédé de traitement de déchets
organiques solides contaminés par du tritium qui permet d'atteindre facilement cet
objectif.
[0006] Le procédé selon l'invention de traitement de déchets organiques solides contaminés
par du tritium, se caractérise en ce que l'on met lesdits déchets en contact avec
de la vapeur d'eau dans des conditions telles qu'on extrait dans la vapeur d'eau au
moins une partie du tritium présent dans les déchets et en ce que l'on condense ensuite
la vapeur d'eau pour récupérer le tritium des déchets sous forme d'eau tritiée.
[0007] Selon un premier mode de mise en oeuvre du procédé de l'invention, on utilise de
la vapeur d'eau à une température T et une pression P égale à la tension de vapeur
p
s de l'eau à la température T.
[0008] Dans ces conditions, on sature les déchets avec de l'eau et l'on obtient une dilution
du tritium dans la vapeur d'eau.
[0009] Cependant, lorsqu'on opère dans ces conditions avec des déchets ayant des teneurs
différentes en tritium, on atteint un équilibre et il se peut que les déchets les
moins contaminés soient au contraire enrichis en tritium lors de l'opération de mise
en contact avec la vapeur d'eau, les déchets les plus contaminés étant en revanche
appauvris en tritium.
[0010] Aussi, selon un deuxième mode préféré de mise en oeuvre du procédé de l'invention,
on utilise de la vapeur sèche à une température T et une pression P inférieure à la
tension de vapeur p
s de l'eau à la température T.
[0011] Dans ces conditions, on sèche les déchets et on extrait de ceux-ci la majeure partie
du tritium qu'ils contiennent.
[0012] En effet, on a découvert que le tritium présent dans des déchets solides était généralement
sous forme d'eau tritiée libre par suite d'une réaction spontanée du tritium avec
l'oxygène de l'air, l'énergie d'activation de la réaction étant apportée par le rayonnement
β
du tritium. Ainsi, le tritium est transformé facilement en eau tritiée. Dans l'invention,
on extrait cette eau tritiée libre par mise en contact des déchets avec de la vapeur
d'eau, ce qui permet d'effectuer un séchage des déchets et de récupérer le tritium
sous forme d'eau tritiée facile à stocker.
[0013] Le procédé de l'invention est ainsi très avantageux, car il peut être mis en oeuvre
facilement dans des installations simples.
[0014] De préférence, on réalise la mise en contact des déchets avec la vapeur d'eau sous
une pression inférieure à la pression atomosphérique pour avoir des conditions de
traitement plus appropriées, à des températures peu élevées.
[0015] En effet, dans le procédé de l'invention, la température de la vapeur d'eau T doit
être inférieure à la température de dégradation, de fusion ou de décomposition des
déchets solides traités.
[0016] Comme il s'agit de déchets organiques, on opère donc généralement à des températures
inférieures à 80°C, en utilisant de la vapeur sèche par exemple à une pression de
13,5 à 27 kPa (100 à 200 torrs).
[0017] En opérant dans ces conditions, on peut pomper l'eau tritiée libre présente dans
les déchets et obtenir des taux de décontamination très satisfaisants.
[0018] La présente invention a également pour objet une installation de traitement de déchets
organiques solides contaminés par du tritium, qui comprend :
a) une enceinte de séchage apte à recevoir les déchets solides à traiter,
b) des moyens de chauffage de l'enceinte de séchage,
c) des moyens pour mettre en circulation dans l'enceinte de séchage de la vapeur d'eau
à une température T et une pression P au plus égale à la tension de vapeur ps de l'eau à la température T,
d) des moyens pour condenser la vapeur d'eau sortant de l'enceinte de séchage, et
e) des moyens pour stocker l'eau tritiée ainsi condensée.
[0019] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront mieux à la lecture
de la description qui suit, donnée bien entendu à titre illustratif et non limitatif,
en référence au dessin annexé qui représente de façon schématique une installation
de traitement de déchets organiques solides contaminés par du tritium conforme à l'invention.
[0020] Sur cette figure, on voit que l'installation comprend une enceinte de séchage 1 des
déchets solides dans laquelle est introduite par une canalisation 3 munie d'orifices
5 de la vapeur provenant d'un générateur de vapeur 7. La vapeur sort de l'enceinte
de séchage par la conduite 9 munie d'une vanne 10 et elle est condensée dans un condenseur
à deux étages successifs 11 et 13. Elle peut être ensuite stockée sous forme d'eau
tritiée dans le réservoir 15.
[0021] L'enceinte de séchage 1 est munie d'une grille ajourée 17 sur laquelle on peut disposer
les déchets à traiter. Cette grille 17 est elle-même située au-dessus du conduit 5
muni des orifices 3 de sortie de vapeur. L'enceinte 1 est calorifugée et elle comporte
des moyens de chauffage 19 qui permettent de la maintenir à la température voulue,
c'est-à-dire à la température T.
[0022] Le générateur de vapeur 7 est constitué par une enceinte calorifugée munie à sa partie
inférieure de moyens de chauffage 21 pour porter à la température T l'eau 23 qu'il
contient. Une conduite 25 relie l'espace vapeur du générateur 7 à la conduite 3 d'introduction
des déchets dans l'enceinte 1 et elle est munie d'une vanne de réglage 27 permettant
d'amener la pression de la vapeur à la valeur voulue, c'est-à-dire à une valeur généralement
inférieure à la tension de vapeur p
s de l'eau 23 contenue dans le générateur de vapeur 7.
[0023] Le condenseur à deux étages comprend un premier étage 11 refroidi par de l'eau à
15°C et un second étage 13 refroidi par de l'azote liquide.
[0024] Pour traiter un lot de déchets, on opère de la façon suivante. On dispose tout d'abord
sur la grille ajourée 17 de l'enceinte de séchage 1 les déchets à traiter, puis on
amène la pression dans toute l'installation à une valeur inférieure à la pression
atmosphérique en utilisant un groupe de pompes à vide non représenté sur le dessin.
On porte alors l'eau du générateur de vapeur 7 à la température voulue T et l'on règle
la température de l'enceinte de séchage 1 à la même température T. On ouvre alors
la vanne 27 en la règlant de façon à abaisser la pression P de la vapeur introduite
dans l'enceinte de séchage 1 à une valeur inférieure à la tension de vapeur p
s de l'eau 23 du générateur de vapeur 7. On ouvre également la vanne 10 de la conduite
9 et on fait circuler la vapeur d'eau dans l'enceinte de séchage 1 pendant la durée
voulue pour extraire le tritium des déchets. La vapeur est condensée successivement
dans les condenseurs 11 et 13 puis stockée dans le réservoir 15.
[0025] Les exemples suivants illustrent les résultats obtenus en mettant en oeuvre le procédé
de l'invention.
Exemple 1 :
[0026] Dans cet exemple, on traite 27 kg de déchets organiques solides constitués par des
gants contenant 1 % d'eau tritiée et ayant une activité en tritium de 100µCi/g, par
le premier mode de mise en oeuvre du procédé de l'invention, qui consiste à réaliser
la décontamination par dilution isotopique dans de la vapeur d'eau.
[0027] Dans ce cas, on introduit les déchets dans l'enceinte 1 qui présente un volume de
2 m³. On porte alors l'eau du générateur de vapeur 7 à une température de 60°C et
l'on règle la température de l'enceinte 1 également à 60°C. La pression P de la vapeur
introduite dans l'enceinte 1 est de 20 kPa (200 mbars). Après avoir introduit 2 l
d'eau dans l'enceinte 1 on obtient 25 kg de déchets contenant moins de 2 µCi/g de
tritium, l'activité de l'eau à la sortie des condenseurs est de 5 Ci/l.
Exemple 2 :
[0028] Dans cet exemple, on utilise le second mode de mise en oeuvre du procédé de l'invention,
c'est-à-dire le séchage à la vapeur des déchets, pour extraire des déchets analogues
à ceux de l'exemple 1 la majeure partie du tritium qu'ils contiennent.
[0029] Dans ce cas, on opère à une température de 60°C sous une pression de 1 kPa (10 mbars)
et on fait circuler dans l'enceinte 500 g, soit 0,5 l d'eau, ceci permet de ramener
l'activité des 25 kg de déchets à 2 µCi/g et de recueillir à la sortie de l'eau ayant
une activité de 20 Ci/l.
[0030] On remarque ainsi que le séchage à la vapeur non saturée est mieux approprié car
il y a une bonne conduction de la chaleur et une bonne autodiffusion de l'eau tritiée
dans l'eau.
1. Procédé de traitement de déchets organiques solides contaminés par du tritium,
caractérisé en ce que l'on met lesdits déchets en contact avec de la vapeur d'eau
dans des conditions telles qu'on extrait dans la vapeur d'eau au moins une partie
du tritium présent dans les déchets et en ce que l'on condense ensuite la vapeur d'eau
pour récupérer le tritium des déchets sous forme d'eau tritiée.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la vapeur d'eau est à une
température T et une pression P égale à la tension de vapeur ps de l'eau à la température T.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la vapeur d'eau est de
la vapeur sèche à une température T et une pression P inférieure à la tension de vapeur
ps de l'eau à la température T.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendicationss 2 et 3, caractérisé en ce que
la température T est inférieure à la température de dégradation ou de fusion des déchets
organiques solides traités.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que la température T est inférieure
à 80°C.
6. Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que la pression P de la vapeur
d'eau est de 13,5 à 27 kPa (100 à 200 torrs).
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que
l'on opère sous une pression inférieure à la pression atomosphérique.
8. Installation pour le traitement de déchets organiques solides contaminés par du
tritium, caractérisée en ce qu'elle comprend :
a) une enceinte de séchage (1) apte à recevoir les déchets solides à traiter,
b) des moyens de chauffage (19) de l'enceinte de séchage,
c) des moyens (7, 25, 27) pour mettre en circulation dans l'enceinte de séchage de
la vapeur d'eau à une température T et une pression P au plus égale à la tension de
vapeur ps de l'eau à la température T,
d) des moyens (11, 13) pour condenser la vapeur d'eau sortant de l'enceinte de séchage,
et
e) des moyens (15) pour stocker l'eau tritiée ainsi condensée.
9. Installation selon la revendication 8, caractérisée en ce que les moyens pour mettre
en circulation dans l'enceinte de séchage de la vapeur d'eau à une température T et
une pression P comprennent un générateur de vapeur (7) dont l'espace vapeur est relié
à l'enceinte de séchage par une conduite (25) munie d'une vanne de réglage (27) de
la pression, ladite conduite débouchant dans l'enceinte de séchage sous une grille
(17) supportant les déchets à traiter.