[0001] L'invention se rapporte à un engin compateur pour matériaux granulaires du genre
revêtement de chaussée, comportant au moins deux trains transversaux de roues de compactage,
dont l'un au moins est moteur, et au moins un autre est traîné, le train moteur comprenant
un moteur hydraulique alimenté en fluide sous pression par une pompe principale entraînée
par un moteur thermique.
[0002] On utilise de nombreuses méthodes pour compacter des matériaux granulaires du type
revêtement de chaussée, ces méthodes comportant l'application à la surface du matériau
de forces capables de modifier l'état d'équilibre de ce matériau granulaire, pour
le faire évoluer vers un état plus stable et plus dense.
[0003] Quelle que soit la méthode utilisée, l'application de forces normales à la surface
du matériau, c'est-à-dire généralement verticales, ne suffit pas toujours à rompre
l'état d'équilibre antérieur ; on conçoit qu'un équilibre déterminé par les forces
de pesanteur présente un maximum de résistance à la rupture précisément dans la direction
de la pesanteur. Pour un compactage efficace, il faut combiner aux forces verticales,
des forces tangentielles à la surface du matériau, ces forces tangentielles sollicitant
en déviation le matériau granulaire.
[0004] Les engins compacteurs roulants font intervenir des forces horizontales, longitudinales,
résultant des résistances à l'avancement des roues compacteuses, et de l'effort sur
le train moteur nécessaire pour surmonter les résistances à l'avancement. Ceci est
vrai que les roues compacteuses soient à jante rigide (roues et rouleaux métalliques)
ou à jante élastique (roues à pneumatiques).
[0005] Dans la présente description, on appelle train de roues l'ensemble des moyens de
roulement montés sur un même essieu, quel que soit leur nombre, un inclus.
[0006] Les roues compacteuses à pneumatiques font intervenir en outre des forces tangentielles
latérales résultant de l'écrasement des pneumatiques au contact du sol.
[0007] On remarquera que les résistances à l'avancement vont décroissant à mesure que le
matériau granulaire est compacté, une des composantes de la résistance à l'avancement
étant constituée par les forces dont le travail traduit l'énergie de compactage. Or,
dans une certaine mesure, il serait utile que les efforts horizontaux croissent avec
l'état de compactage, ou, à tout le moins, que les efforts horizontaux soient réglables
suivant l'état de compactage.
[0008] L'invention a pour but un engin compacteur roulant dont on puisse régler entre de
larges limites les efforts tangentiels des trains de roues compacteuses sur la surface
du matériau granulaire.
[0009] A cet effet, l'invention propose un engin compacteur pour matériaux granulaires du
genre de revêtement de chaussée, comportant au moins deux trains de roues de compactage,
dont l'un au moins est moteur, et au moins un autre traîné, le train moteur comprenant
un moteur hydraulique alimenté en fluide sous pression, à travers un circuit de distribution,
par une pompe principale entraînée par un moteur thermique, caractérisé en ce qu'une
pompe hydraulique secondaire est couplée à un arbre de train traîné et connectée au
circuit de distribution en parallèle avec la pompe principale, l'effort résistant
sur le train traîné étant inférieur à l'effort moteur sur le train moteur.
[0010] On comprendra que le débit de fluide issu de la pompe secondaire, et refoulé en parallèle
sur le débit de la pompe principale, est causé par un emprunt d'énergie sur le train
de roue traîné, qui est freiné. Le freinage du train de roues traîné se traduit par
un appel d'énergie par le train moteur, énergie fournie par le moteur thermique à
la pompe principale.
[0011] On notera que, en l'absence de pompe secondaire sur le train de roue traîné, l'effort
tangentiel sur ce train traîné correspond à la résistance à l'avancement propre de
ce train, tandis que l'effort tangentiel sur le train moteur correspond à la somme
de l'effort sur le train mené et de la résistance à l'avancement propre du train moteur.
Lorsque, à la résistance à l'avancement du train traîné vient s'ajouter, selon l'invention,
la résistance de freinage apportée par la pompe secondaire mue par le train traîné,
cette résistance de freinage s'ajoute à la résistance à l'avancement propre du train
traîné comme à l'effort moteur sur le train de roues moteur.
[0012] Il va de soi que, pour conserver une vitesse d'avancement constante malgré l'intervention
de la pompe secondaire, il conviendra de réduire le débit de la pompe principale,
puisque la vitesse de rotation du moteur hydraulique du train moteur est déterminée
par le débit de fluide hydraulique dans le moteur, et que ce débit est la somme des
débits de la pompe principale et de la pompe secondaire.
[0013] Il va de soi également que l'effort résistant sur le train traîné est inférieur à
l'effort moteur sur le train moteur, sinon l'engin ne pourrait avancer. Ceci implique
que le débit de la pompe secondaire soit inférieur au débit du moteur hydraulique.
[0014] De préférence la pompe principale est à cylindrée réglable, afin de permettre un
réglage de la vitesse d'avancement.
[0015] Dans une disposition particulière, la pompe secondaire est équipée d'un distributeur
inverseur apte à lui conférer un fonctionnement en moteur, afin de faciliter les déplacements
de l'engin en dehors de zones de travail.
[0016] En disposition préférée, la pompe secondaire est à cylindrée variable. On peut ainsi
doser les efforts tangentiels sur les trains de roues compacteuses.
[0017] Avec un pompe principale et une pompe secondaire, toutes deux à cylindrée variable,
il est possible de coupler les commandes de cylindrée et de les piloter par un moyen
à course alternative, de telle façon que les cylindrées des deux pompes varient de
façon complémentaire. Le débit dans le moteur hydraulique couplé au train moteur reste
constant, et donc la vitesse de déplacement de l'engin, tandis que les efforts tangentiels
sur les trains de roues varient, de façon complémentaire également, au rythme défini
par le moyen à course alternative.
[0018] Si l'on utilise un pompe secondaire équipée d'un variateur de cylindrée à course
continue, capable de dépasser une position de cylindrée nulle pour conférer à la pompe
un fonctionnement en moteur, on peut étendre la course des efforts tangentiels alternés,
les efforts sur le train traîné passant d'un effort résistant freiné à un effort moteur.
Par ailleurs, en découplant les pompes principale et secondaire, on facilite les déplacements
de l'engin.
[0019] Des caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront d'ailleurs de la description
qui va suivre, à titre d'exemple, en référence aux dessins annexés dans lesquels :
la figure 1 est une représentation schématique d'un engin compacteur selon l'invention
;
la figure 2 est un diagramme des forces verticales et horizontales engendrées par
l'engin de la figure 1 ;
la figure 3 est un schéma de circuit hydraulique selon une disposition particulière
de l'invention ;
la figure 4 est une représentation schématique d'une variante de l'invention ;
la figure 5 est un diagramme des variations de forces horizontales engendrées par
l'engin de la figure 5.
[0020] Selon la forme de réalisation choisie et représentée figure 1, un engin compacteur
1 dans son ensemble comprend un châssis pesant 2, équipé d'un train 4 de roues compacteuses,
alignées suivant un essieu transversal, et dit moteur, un moteur hydraulique 6 étant
couplé à l'essieu du train 4. Un autre train 5 de roues compacteuses est susceptible
d'être orienté par rapport à une direction transversale pour permettre à l'engin d'épouser
des courbes ; il sera dit traîné car, en fonctionnement, il ne lui sera pas appliqué
un couple moteur.
[0021] Les trains de roues compacteuses 4 et 5 se composent, dans l'exemple choisi, de pluralités
de roues à pneumatiques parallèles.
[0022] Le moteur hydraulique 6 est alimenté en huile sous pression par une pompe principale
3, entraînée par un moteur thermique 3
a, par l'intermédiaire de canalisations 8 et 8
a. La pompe principale 3 est à cylindrée réglable, pour ajuster la vitesse de progression
de l'engin 1. Il s'agit jusqu'ici d'une disposition connue.
[0023] Sur la roue ou l'essieu du train traîné 5 est calée une pompe 7, également à cylindrée
variable. Cette pompe 7 est montée pour refouler du liquide hydraulique, par une canalisation
8
b, vers le moteur 6, en parallèle avec la pompe principale 3.
[0024] Les canalisations 8, 8
a et 8
b sont représentées ici en monofilaire ; bien entendu, elles sont doublées par des
canalisations à basse pression, correspondant à l'échappemment du moteur 6 vers une
bâche-réservoir, et au puisage des pompes 3 et 7 dans cette bâche.
[0025] Si l'on se reporte à la figure 2, où sont représentées les interactions des trains
4 et 5 avec le sol, on voit que le poids de l'engin 1 se répartit en une force verticale
40 d'appui du train de roues 4, et une force verticale 50 d'appui du train de roues
5. Par ailleurs, si la pompe 7 (figure 1) est déconnectée de la pompe 3, celle-ci
fait progresser l'engin 1 en alimentant le moteur 6. Les trains de roues 4 et 5 rencontrent
des forces de résistance à l'avancement 41 et 51, respectivement, équilibrées par
une poussée 45 du train moteur 4.
[0026] Lorsque la pompe 7, sur l'essieu du train traîné 5, est mise en service, avec une
cylindrée déterminée, le refoulement du liquide hydraulique dans la canalisation 8
a, à la pression d'alimentation du moteur, induit un freinage 56 du train traîné 5,
qui vient s'ajouter à la résistance à l'avancement 51. A la force de poussée 45 se
trouve alors ajoutée une force 46, égale et de signe contraire à la force de freinage
56. L'équilibre des forces correspond à l'égalité 41 + 51 + 56 = 45 + 46.
[0027] Par ailleurs, la pompe 7 refoulant, à chaque tour de roue 5, une quantité de liquide
hydraulique égale à sa cylindrée réglée, le maintien de la vitesse de progression
implique un débit constant de liquide hydraulique dans le moteur 6, obtenu par une
réduction complémentaire du débit de la pompe principale 3.
[0028] On notera que, si l'on conserve une même vitesse de déplacement, la réduction de
cylindrée de la pompe principale 3 qui compense le débit délivré par la pompe 7 s'accompagne
d'un accroissement de pression telle que la puissance délivrée par le moteur 3
a reste constante.
[0029] La puissance délivrée par le moteur 3
a est en effet égale (au rendement de transmission près) au débit délivré par la pompe
3 multiplié par la pression dans le circuit, et encore égale à la puissance d'avancement,
produit de la force de traînée globale (41 + 51) du véhicule par sa vitesse d'avancement.
[0030] L'accroissement des efforts tangentiels (46 + 56) ne demande pas une puissance supplémentaire
au moteur 3
a, car ces efforts sont opposés et provoquent un échange mutuel d'énergie.
[0031] Le circuit hydraulique représenté figure 3 comporte une pompe principale 13, qui
puise dans la bâche 10 pour distribuer du liquide hydraulique sous pression dans la
canalisation 18. Un premier moteur hydraulique 16 est couplé à un premier essieu de
train de roues compacteuses. Un second moteur 17 est couplé à un second essieu de
roues compacteuses. La cylindrée du second moteur 17 est inférieure à celle du premier
moteur 16, de sorte que les poussées d'avancement fournies par le train couplé au
premier moteur seront supérieures aux poussées fournies par le train couplé au second
moteur.
[0032] Un distributeur inverseur 20 est monté entre la paire de canalisations 18, 10 venant
de la pompe 13, et la paire 18′, 10′ qui dessert le moteur 17. Dans la disposition
représentée, la canalisation de distribution 18 est en liaison avec la canalisation
d'admission du moteur 17, tandis que la canalisation de retour 10 est en liaison avec
la canalisation 10′ d'échappement du moteur 17. Si l'on commute le distributeur inverseur
20, l'échappement 10′ du moteur 17 est relié à la canalisation sous haute pression
18, tandis que l'admission 18′ est reliée à la canalisation de bâche 10. Le moteur
17 va fonctionner ainsi en pompe, ce qui va augmenter les efforts tangentiels des
trains de roues sur la chaussée à compacter. Un compacteur à deux trains moteurs peut
ainsi être modifié, par la seule adjonction d'un distributeur inverseur, pour obtenir
un fonctionnement suivant l'invention.
[0033] La variante représentée figure 4 reprend la disposition de la figure 1, avec un moteur
26 sur un train de roues moteur 24, et une pompe secondaire à cylindrée variable 27
sur un train de roues traîné 25. Une pompe principale 23, à cylindrée variable est
entraînée par un moteur thermique, non représenté.
[0034] Les organes de réglage de cylindrée des pompes principale 23 et secondaire 27 sont
couplés par l'intermédiaire d'un vérin de commande 28 à course alternative. Le couplage
des organes de réglage des pompes 23 et 27 est tel que, à une vitesse de progression
fixée, les débits des pompes 23 et 27 sont complémentaires, autrement dit la somme
des débits est constante, ce qui est la condition pour que la vitesse de progression
soit constante.
[0035] Sur la figure 5, les vecteurs 47 et 57 représentent les valeurs courantes des forces,
respectivement de progression sur le train moteur 24, et de résistance à l'avancement
sur le train traîné 25. La course alternative du vérin 28 (figure 4) provoque des
variations sinusoïdales ou alternatives 49 et 59 des forces 47 et 57.
[0036] Si l'organe de réglage de cylindrée de la pompe 27 agit sur le calage des orifices
d'admission et d'échappement par rapport aux points morts haut et bas du rotor, il
existe une position de calage neutre, avec une cylindrée effective nulle ; au-delà
de cette position neutre, la pompe peut fonctionner en moteur. Les courbes en tiretés
49′ et 59′ représentent un fonctionnement dérivé du fonctionnement représenté par
les courbes 49 et 59, où l'effort de résistance à l'avancement du train traîné devient
temporairement moteur.
[0037] Bien que les dispositions de l'invention soient prévues de préférence pour équiper
des compacteurs roulants à pneumatiques, où les flexions élastiques des bandages sous
l'effet d'efforts tangentiels induisent un pétrissage superficiel notable du matériau
granulaire de revêtement de chaussée, l'invention n'en reste pas moins applicable
aux engins de compactage à jantes métalliques.
[0038] Par ailleurs les dispositions de l'invention peuvent se combiner avec d'autres dispositions
favorables au compactage, notamment compacteurs vibrants à balourd.
[0039] Et l'invention ne saurait être limitée aux exemples décrits, mais en embrasse toutes
les variantes d'exécution, dans le cadre des revendications. Notamment l'engin pourrait
comprendre plusieurs trains moteurs, et/ou plusieurs trains traînés sans sortir pour
autant du cadre de l'invention.
1. Engin compacteur pour matériaux granulaires du genre de revêtement de chaussée,
comportant au moins deux trains (4, 5) de roues de compactage, dont l'un au moins
(4) est moteur, et au moins un autre (5) traîné, le train moteur (4) comprenant un
moteur hydraulique (6) alimenté en fluide sous pression, à travers un circuit de distribution
(8, 8a), par une pompe (3) principale entraînée par un moteur thermique (3a), caractérisé en ce qu'une pompe hydraulique secondaire (7, 17, 27) est couplée à
un arbre de train (5, 25) traîné et connectée au circuit de distribution (8, 8a, 8b ; 18, 10) en parallèle avec la pompe principale (3), l'effort résistant (51 + 56
; 57) sur le train traîné (5, 25) étant inférieur à l'effort moteur (45 + 46 ; 47)
sur le train moteur (4, 24).
2. Engin selon la revendication 1, caractérisé en ce que le moteur (6, 16, 26) possède
une cylindrée fixe, tandis que la pompe principale (3, 13, 23) est à cylindrée réglable.
3. Engin selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que la pompe secondaire
(17) est équipée d'un distributeur inverseur (20) apte à conférer à la pompe (17)
un fonctionnement en moteur.
4. Engin selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que la pompe secondaire
(7, 27) est à cylindrée variable.
5. Engin selon les revendications 2 et 4 prises conjointement, caractérisé en ce que
les pompes principale (23) et secondaire (27) sont équipées de moyens de réglage de
cylindrée, couplés de sorte que les cylindrées varient en sens inverse, et pilotés
par un moyen (28) à course alternative.
6. Engin selon la revendication 5, caractérisé en ce que la pompe secondaire (27)
équipée de son moyen de réglage de cylindrée présente une position d'inversion, au-delà
de laquelle la pompe fonctionne en moteur.