[0001] La présente invention concerne un dispositif de détection du balourd dans les machines
tournantes, et notamment dans les centrifugeurs, à partir d'un seuil que l'on considère
comme étant préjudiciable à la sécurité du personnel ou à la durée de vie de la machine.
[0002] On précise tout de suite que le but de l'invention n'est pas de déterminer la valeur
du balourd, ni surtout la position du balourd sur les organes en rotation de la machine
tournante, en vue d'y apporter une action correctrice, comme peuvent le faire les
machines à équilibrer. Le but unique de l'invention est de détecter un seuil de balourd
qui serait préjudiciable à la machine et d'arrêter le fonctionnement de celle-ci avant
que ce seuil ait été atteint, cette détection devant se faire au plus faible coût.
Le dispositif que l'on se propose de réaliser devra donc être simple et bon marché,
et par conséquent d'un niveau technologique inférieur aux dispositifs de détection
que l'on pourrait réaliser avec des capteurs magnétiques, des accéléromètres ou des
moyens optoélectroniques.
[0003] On connaît actuellement deux types de dispositifs permettant de détecter, à très
faible coût, un balourd d'équipage tournant, notamment de centrifugeur. Ces dispositifs
sont illustrés très schématiquement sur les figures 1 et 2 annexées.
[0004] Le dispositif de détection de la figure 1 est constitué par un minirupteur 10 fixé
sur le carter 12 d'une machine tournante, laquelle repose, par l'intermédiaire d'une
suspension élastique 14 assurant un bon amortissement, sur un châssis rigide 16,considéré
de ce fait comme n'étant pas soumis au balourd. Le déséquilibre existant dans l'équipage
tournant 18 de la machine est représenté schématiquement par deux masselottes 20,
22 de masses légèrement différentes et qui sont fixées aux extrémités de deux bras
radiaux solidaires de l'arbre du moteur et disposés dans le prolongement l'un de l'autre.
Lors de la rotation de l'équipage tournant, le carter de la machine est soumis à
un balourd, ce qui se traduit par des vibrations du carter dans le plan horizontal.
Pour détecter ce balourd, il est prévu une butée fixe 24 solidaire du châssis 16 et
qui, lorsque le moteur est au repos, se trouve à une distance prédéterminée de la
palette 26 du minirupteur. Dès que la composante du balourd dans la direction de la
butée 24 devient égale à ladite distance, le minirupteur est enclenché et le fonctionnement
de la machine est interrompu.
[0005] Un tel dispositif présente cependant plusieurs graves inconvénients :
- tout d'abord, le minirupteur n'est sensible que selon un seul axe ; il ne prend
donc pas en compte les composantes transversales de mouvement qui sont toujours présentes
lors de la montée en vitesse ;
- du fait de la dispersion des tolérances de fabrication, chaque minirupteur doit
être réglé en position en usine jusqu'à ce que le déclenchement ait lieu pour la valeur
correspondant au seuil de détection voulu ;
- à chaque détection de balourd, la palette du minirupteur est soumise à des efforts
mécaniques qui provoquent des déformations successives de la palette et qui nécessitent
de fréquents réglages du minirupteur et parfois même son remplacement ;
- après une certaine durée d'utilisation, les suspensions de la machine se dégradent
et modifient les positions relatives entre le châssis et le minirupteur ;
- la détection dépend du calage horizontal de la machine. Si, pour une raison quelconque
l'horizontalité de la machine varie, il faut procéder à un nouveau réglage du minirupteur.
[0006] Le deuxième système de détection connu est basé sur le principe de l'inertie. Comme
le montre la figure 2, il est constitué par une ampoule 28, partiellement remplie
d'un liquide 30 conducteur de l'électricité et présentant une forte inertie. A cet
effet, l'ampoule a un faible volume et on choisira un liquide ayant une forte densité,
par exemple le mercure. L'ampoule est fixée solidairement du carter 12 de la machine
tournante. Sa paroi supérieure est traversée par deux électrodes 32 qui, lorsque la
machine est au repos, ne sont pas en contact avec le mercure. Lors des mouvements
du carter, si le balourd atteint un certain seuil, le mercure établit un contact entre
les deux électrodes et ferme ainsi un circuit électrique qui déclenche une alarme
ou l'arrêt de la machine.
[0007] Ce dispositif de détection ne présente plus certains parmi les défauts signalés pour
le dispositif précédent. En effet, la détection ne dépend pas de la position relative
entre le carter de la machine et le châssis fixe. Aucun réglage mécanique ne doit
être réalisé. Contrairement au précédent, ce dispositif est peu sensible au vieillissement.
De plus, la détection est indépendante de l'horizontalité.
[0008] Cependant, il présente encore de nombreux défauts :
- Ainsi, la détection ne se fait que selon l'axe vertical. Or, comme on l'a expliqué
précédemment,par constitution, l'équipage tournant génère un balourd ayant des composantes
de mouvement également selon deux axes horizontaux, perpendiculaires entre eux. L'ampoule
à mercure est incapable de détecter les composantes de balourd selon lesdits axes
horizontaux ;
- on montre que la condition de détection dépend de la masse du mercure et de la distance
entre la surface du mercure et l'extrémité des électrodes. Si les fabricants peuvent
garantir la précision de la masse, il n'en est pas de même en ce qui concerne la distance
susmentionnée pour laquelle la précision recherchée est de l'ordre de quelques dixièmes
de millimètre. Il est difficile de maîtriser cette distance, car elle est fortement
influencée par la géométrie de l'ampoule ;
- il peut arriver que le balourd soit acceptable, et que malgré celà, à grande vitesse
de rotation, le dispositif détécte un balourd parasite. La raison en est qu'à grande
vitesse, le mercure s'émulsionne et vient au contact des électrodes.
[0009] Les brevets FR-A-1357 002, US-A-3 226 016, DE-A-1953201 DE-B-1298 045 et NL-A-7304
620 illustrent des exemples de dispositifs de détection de balourd selon l'un des
deux types susmentionnés.
[0010] La présente invention a pour but de remédier aux inconvénients de la technique antérieure
et propose donc un dispositif de détection de balourd qui ne nécessite pas de réglage
en usine ou en clientèle, dont la détection soit très peu dépendante de l'horizontalité,
qui soit insensible au vieillissement, qui ait une bonne reproductibilité d'un dispositif
à l'autre, et enfin que permette de détecter le balourd selon deux axes horizontaux.
[0011] Le dispositif de détection selon l'invention se caractérise en ce qu'il est constitué
par un pendule formé d'une tige verticale, en un métal déformable élastiquement, dont
l'extrémité supérieure est encastrée dans un support isolant, rigidemant solidaire
du carter de la machine tournante et qui porte à son extrémité inférieure une masse
métallique, celle-ci étant reçue concentriquement et avec un jeu périphérique prédéterminé
à l'intérieur d'une bague métallique, également solidaire du carter et isolée électriquement
par rapport à ce dernier, ladite bague et ladite extrémité encastrée du pendule étant
reliées électriquement à un circuit électrique d'alarme ou de sécurité qui se ferme
dès que la masse vient en contact avec la bague, par suite de l'apparition d'un balourd
dont la composante horizontale transmise à ladite masse par la tige est égale à la
valeur dudit jeu périphérique, les caractéristique physiques dudit pendule étant
choisies pour que sa fréquence de résonance soit inférieure à celle des parties de
la machine tournante soumise au balourd.
[0012] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description d'un mode de réalisation
particulier faite en regard des dessins annexés dans lesquels:
la figure 3 montre schématiquement un dispositif de détection selon l'invention,
équipant une machine tournante, et et
la figure 4 représente la courbe de variation de l'amplitude réduite du pendule élastique
en fonction de la fréquence réduite de vibration.
[0013] Les figures 1 et 2 ayant été déjà décrites précédemment, on passera directement à
la description de la figure 3.
[0014] La machine tournante représentée sur cette figure est un centrifugeur 40, mais il
va de soi que cet exemple n'a été choisi que pour fixer les idées. Le centrifugeur
comprend un carter 42 dans lequel est logé le moteur d'entraînement. Il comporte à
sa partie supérieure une bride annulaire 44 par laquelle il repose sur le bord d'une
ouverture 46 formée dans une paroi horizontale d'un châssis 48 supposé être rigidement
solidaire du sol et donc non soumis au balourd. Le carter traverse l'ouverture coaxialement
et avec un jeu important, de sorte qu'il n'est supporté que par la bride. Un joint
périphérique élastique 47 ou plusieurs plots élastiques uniformément répartis le
long de la périphérie de la bride, assure l'amortissement de la composante verticale
des vibrations dues au balourd dont le carter est le siège.
[0015] L'équipage tournant du centrifugeur est représenté schématiquement sous forme d'un
arbre 50, muni de deux bras radiaux 52, 54 portant à leurs extrémités deux masselottes
56, 58 dont les masses sont supposées être légèrement différentes, la différence
des masses, Δm étant le balourd.
[0016] Sur la paroi latérale du carter 42 est rigidement fixé par sa branche centrale 60,
un support 62 en forme de U, réalisé en matière électriquement isolante. Dans la branche
supérieure 64 dudit support est encastrée l'extrémité supérieure d'une tige verticale
66 en un métal déformable élastiquement, de préférence en acier. La tige est verticale
et porte à son extrémité inférieure une masse métallique 68 de forme cylindrique,
mais qui peut avoir toute autre forme géométrique, par exemple prismatique ou sphérique.
[0017] La masse cylindrique 68 est reçue à l'intérieur d'une bague métallique 70 de plus
grande section et qui est sertie à l'intérieur d'une ouverture percée à travers le
bras inférieur 72 du support isolant.Lorsque l'équipage tournant est au repos, la
masse cylindrique se trouve exactement dans l'axe de la bague, un jeu périphérique
constant subsistant entre elle et la bague. Ce jeu correspond à la valeur maximale
φ
o que l'on impose à l'angle de débattement du pendule, lorsqu'il se met à vibrer pendant
la montée en vitesse de l'équipage tournant.
[0018] La tige 66 et la bague 70 sont reliées par des conducteurs électriques 74, 76 à
un circuit électrique ou électronique d'alarme ou de sécurité, susceptible de déclencher
une alarme ou d'arrêter le fonctionnement du moteur d'entraînement de l'équipage
mobile, dès que la masse vient toucher la bague, c'est-à-dire dès que les vibrations
du pendule sont sur le point de dépasser l'amplitude limite φ
o que l'on s'est fixée.
[0019] Pour comprendre le fonctionnement du dispositif de détection de balourd selon l'invention,
on expliquera le principe physique sur lequel il repose.
[0020] Le pendule élastique se comporte comme un oscillateur mécanique amorti, le carter
étant le système excitant et le pendule étant le système excité. On sait qu'un tel
oscillateur est régi par une équation différentielle du second ordre et que sa courbe
de réponse en fréquence (amplitude réduite en fonction de la fréquence réduite

à l'allure représentée à la figure 4 pour un amortissement donné.
- ϑ
e est l'angle instantané d'excitation communiqué par le carter (voir figure 3). C'est
l'angle dont le carter pivote autour de son centre de gravité G sous l'action du balourd
;
- ϑ
s est l'angle de débattement du pendule sous l'effet de cette excitation ;
- ω
o est la fréquence d'oscillation naturelle du pendule et
- ω est la vitesse de rotation de l'équipage tournant.
[0021] La fréquence ω
o est une constante qui ne dépend que des paramètres suivants :
- le coefficient d'élasticité de la tige d'acier,
- la longeur de la tige d'acier,
- la valeur de la masse suspendue.
[0022] La fréquence ω
o croît avec le coefficient d'élasticité de la tige et, il décroît avec la longueur
de la tige et avec la valeur de la masse suspendue.
[0023] L'amortissement à une fréquence ω
o donnée ne dépend que du rapport entre un terme de frottement visqueux et le coefficient
d'élasticité de la tige, ledit terme de coefficient visqueux étant constitué par les
frottements de la masse du pendule dans l'air et par les pertes mécaniques au niveau
de la fixation du pendule sur le support isolant.
[0024] On constate sur la figure 4 que pour une fréquence d'excitation ω du pendule voisine
de la fréquence d'oscillation naturelle ω
o (donc lorsque

= 1), il y a amplification du débattement de la masse 68. On a donc la relation
entre les modules de ϑ
s et ϑ
e
|ϑ
s|=A|ϑ
e|
- A étant le coefficient d'amplification qui ne dépend que du paramètre d'amortissement.
[0025] La courbe de la figure 4 montre encore que lorsque l'équipage mobile tourne et qu'il
y a un déséquilibrage des masses tournantes, il génère un angle d'excitation ϑ
e dont le module |ϑ
e| croît d'abord avec la vitesse de rotation ω de cet équipage mobile (partie montante
de la courbe),du fait de la liaison élastique entre le carter le châssis rigide.
L'équipage tournant se comporte lui-même comme un système du deuxième ordre avec une
fréquence naturelle d'oscillation. Les amplitudes diminuent ensuite lorsque la vitesse
de rotation dépasse la valeur correspondant à ladite fréquence naturelle.
[0026] La condition à laquelle la détection se produira sera donc
Aϑ
e≧φ
o (1)
- φ
o étant l'amplitude maximale permise pour le pendule, c'est-à-dire l'angle de déviation
du pendule lorsque la mas se 68 est au contact de la bague 70, et
- A étant le coefficient d'amplification obtenu grâce au pendule élastique.
[0027] On montre que l'amplitude de l'excitation |ϑ
e| répond à l'équation :

dans laquelle
Δm est le balourd
ω est la vitesse de rotation de l'équipage tournant
R est le rayon de giration du balourd
K est un coefficient qui dépend de l'élasticité des suspensions et de la géométrie
de l'équipage mobile.
[0028] En tenant compte de la condition (1) on obtient la condition complète de détection
:

[0029] Le dispositif de détection de balourd selon l'invention doit être optimisé pour
que la détection du balourd se produise dans des conditions telles que l'amplitude
d'excitation ϑ
e (t) n'atteigne jamais des valeurs préjudiciables à la durée de vie et à la sécurité
de fonctionnement de la machine tournante.
[0030] Il résulte de l'équation (3) que la détection doit s'effectuer à très basse vitesse,
afin que si le balourd Δ m dépasse la condition limite, la masse suspendue 68 entre
en contact avec la bague 70. En se fermant le circuit électrique génère une commande
d'arrêt du moteur et un signal d'alarme pour l'opérateur de la machine.
[0031] Le dispositif selon l'invention ne nécessite aucun réglage en usine ou en clientèle.
Il est insensible au vieillissement et permet d'effectuer une détection qui ne dépend
pratiquement pas de l'horizontalité de la machine tournante. De plus, il permet de
détecter un balourd selon deux axes horizontaux perpendiculaires.