[0001] L'invention a pour objet un procédé de lubrification de la surface de pièces métalliques,
en cuivre ou en alliages à base de fer ou de cuivre, devant être déformées à froid
ou à chaud.
[0002] Elle vise également, et ce à titre des produits industriels nouveaux, des moyens
de lubrification mis en oeuvre dans le susdit procédé, ces moyens comprenant essentiellement
un agent lubrifiant ainsi que des compositions contenant cet agent.
[0003] Les alliages concernés sont ceux dans lesquels le cuivre ou le fer constituent l'élément
principal et qui comprennent notamment les laitons, les bronzes, les cupronickels,
le maillechort, les aciers, les fontes et les aciers inoxydables.
[0004] Lorsqu'un métal ou alliage doit être déformé à froid, notamment lorsqu'il est à la
température ambiante avant l'opération de déformation qui peut être une extrusion,
une frappe à froid, un étirage ou un tréfilage, ou lorsqu'on modifie la limite d'élasticité
du métal en élevant sa température avant l'opération de déformation, qui peut alors
être un matriçage, forgeage ou estampage, il convient de réduire auparavant les forces
de frottement, pour ramener les pressions de formage à un niveau compatible avec
la résistance des matériaux constitutifs de l'outillage utilisé.
[0005] Il est connu d'avoir recours dans ce but à une lubrification permettant d'obtenir
un très bas coefficient de frottement qui doit être maintenu pendant toute la durée
de l'opération de déformation, pour que la pièce formée présente un bon état de surface
et pour que soit évitée une usure trop rapide de l'outillage.
[0006] Les moyens utilisés jusqu'à ce jour pour abaisser le coefficient de frottement consistent
à réaliser sur la pièce à déformer une préparation de surface suivie d'une lubrification.
[0007] La préparation de surface peut être constituée par un dégraissage, un décapage, un
grenaillage, un affinage, une phosphatation, une oxalatation, une galvanisation ou
un cuivrage, ou par une combinaison de plusieurs de ces traitements.
[0008] Le métal ainsi préparé est ensuite revêtu d'une couche lubrifiante qui peut être
constituée
* par une huile lubrifante à base d'huiles minérales, animales, végétales ou de synthèse
comprenant des additifs dits d'extrême-pression, des esters gras naturels ou de synthèse
et des agents anti-oxydants,
* par un savon résultant de la réaction entre un acide gras d'origine naturelle ou
de synthèse, ayant une chaîne carbonée comprise entre C₁₀ et C₂₂ et un hydroxyde
alcalin, une amine ou une alcanolamine, ce savon comprenant en outre des agents dispersants,
des séquestrants évitant la formation de savons insolubles, des bactéricides et des
fongicides ou
* par un lubrifiant solide utilisé seul ou en dispersion dans l'un des deux produits
décrits ci-dessus, les lubrifiants solides les plus couramment utilisés étant le bisulfure
de molybdène pour les déformations à froid et le graphite pour les déformations à
chaud.
[0009] Le bisulfure de molybdène et le graphite donnent satisfaction du point de vue de
l'abaissement du coefficient de frottement mais présentent un certain nombre d'inconvénients
majeurs, car mis en oeuvre sous forme de poudres ou de dispersions noires très collantes
et difficiles à éliminer, ils occasionnent des salissures du poste de travail, des
salissures de l'atelier et des salissures sur les pièces traitées et les outillages.
[0010] De plus, les difficultés qu'il y a à éliminer le bisulfure de molybdène et le graphite
des surfaces traitées posent des problèmes au moment des opérations subséquentes à
la déformation, c'est-à-dire par exemple avant la mise en peinture, l'usinage, un
nouveau cycle de déformation et autres traitements thermiques qui peuvent être entravées
par la présence de soufre dans le cas du bisulfure de molybdène.
[0011] Enfin le colmatage des circuits de distribution est fréquent en raison toujours des
mêmes difficultés d'élimination des produits en question.
[0012] L'ensemble des inconvénients liés à l'utilisation du bisulfure de molybdène et du
graphite a conduit l'homme de l'art dans les vingt dernières années à étudier des
compositions lubrifiantes à base de sels minéraux ou de produits de synthèse auxquels
leur manque d'efficacité à interdit de trouver des applications industrielles d'envergure.
[0013] Et c'est à la Société Demanderesse que revient le mérite d'avoir apporté à l'issue
de recherches approfondies, une solution à ce difficile problème en trouvant qu'il
était possible de conférer aux surfaces de pièces métalliques devant être déformées
à froid ou à chaud un coefficient de frottement au moins aussi faible qu'avec le bisulfure
de molybdène ou avec le graphite, sans entraîner les inconvénients inhérents à l'utilisation
de ces produits, en traitant lesdites pièces métalliques, après la préparation de
surface traditionnelle, (qui peut comprendre un dégraissage, un grenaillage, un affinage,
une phosphatation, une oxalatation ou plusieurs de ces traitements) avec au moins
un halogénure de lanthanide qui est de préférence mis en oeuvre sous la forme d'une
dispersion aqueuse ou huileuse ou enrobé dans une cire ou encore en mélange avec un
savon sec en poudre, les produits en question, qui sont aisément éliminables, n'étant
ni noirs, ni collants.
[0014] Il s'ensuit que le procédé, conforme à l'invention, de lubrification de la surface
de pièces métalliques en cuivre ou en alliages à base de fer ou de cuivre, destinées
à être déformées à froid ou à chaud, est caractérisé par le fait qu'après la préparation
de la surface traditionnelle, on applique à la surface desdites pièces au moins un
halogénure de lanthanide, de préférence sous la forme d'une dispersion aqueuse ou
huileuse ou d'un mélange avec une cire ou un savon sec en poudre.
[0015] L'agent lubrifiant conforme à l'invention, destiné à la lubrification de la surface
de pièces métalliques en cuivre ou en alliages à base de fer ou de cuivre, devant
être déformées à froid ou à chaud, est caractérisé par le fait qu'il est essentiellement
constitué par au moins un halogénure de lanthanide.
[0016] Le susdit agent lubrifiant est, de préférence, mis en oeuvre sous la forme d'une
dispersion aqueuse ou huileuse ou sous la forme d'un mélange avec une cire ou un savon
sec en poudre.
[0017] Les susdits agents lubrifiants, dispersions et mélanges ainsi que les concentrés
à partir desquels on prépare les dispersions, constituent des produits ou mélanges
industriels nouveaux.
[0018] Les halogénures de lanthanide entrant en ligne de compte dans le cadre de l'invention,
sont de préférence les fluorures, les chlorures et les iodures, les fluorures étant
tout particulièrement préférés ; les lanthanides préférés sont l'yttrium, le lanthane,
le cérium et le néodyme, et plus particulièrement le lanthane et le cérium ; les
lanthanides du groupe comprenant le samarium, l'europium, le gadolinium, le terbium,
le dysprosium, l'holmium, l'erbium, le thulium, l'ytterbium, le lutetium et le thorium
peuvent également être utilisés.
[0019] On signale que le fluorure de cérium à déjà été ajouté à des graisses destinées à
être utilisées dans des conditions extrêmes de température ou de pression (brevet
US No. 4.507.214) et que les fluorures de cérium et de lanthane ont été mis en oeuvre
dans la coulée sous pression de métaux fondus (brevet US No. 3.380.280).
[0020] Mais, ces documents antérieurs non seulement ne concernent pas la déformation à froid
et à chaud de métaux à base de cuivre ou de fer, mais de plus ne contiennent aucune
suggestion de nature à inciter l'homme de l'art à appliquer les composés en question
à ce domaine technique.
[0021] Comme indiqué plus haut, les halogénures de lanthanide peuvent être mis en oeuvre
sous la forme de dispersions aqueuses ou huileuses ou enrobés dans une cire ou encore
en mélange avec un savon sec en poudre.
[0022] En ce qui concerne tout d'abord les dispersions aqueuses d'halogénures de lanthanide,
elles comprennent généralement des agents tensio-actifs à action mouillante ou dispersante,
qui peuvent être choisis parmi
- les dérivés anioniques et notamment d'une part des sels formés entre un hydroxyde
alcalin, une amine ou une alcanolamine et un acide gras d'origine naturelle ou de
synthèse ayant une chaîne carbonée de C₁₀ à C₂₂ et d'autre part par les sels d'un
hydroxyde alcalin, d'une amine ou d'une alcanolamine d'un corps gras sulfoné ou sulfaté,
d'alcools gras sulfatés, d'amides gras sulfatés, de non-ioniques sulfatés, d'hydrocarbures
sulfonés, d'alkylaryles sulfonatés,
- des dérivés non-ioniques et notamment des esters de polyéthylèneglycol, des dérivés
oxyéthylénés et oxypropylénés d'alcools à poids moléculaire élevé, d'amides, d'amides
substitués, d'acides gras, d'esters ou d'amines.
[0023] Ces dispersions aqueuses peuvent également contenir un ou plusieurs agents séquestrants,
un ou plusieurs agents anti-corrosion, un ou plusieurs agents de conservation ou encore
à la fois plusieurs de ces différents produits.
[0024] Les agents séquestrants peuvent être choisis dans le groupe comprenant l'EDTA, le
NTA, les phosphonates de sels de métaux alcalins ou d'alcanolamine et les polyphosphates.
[0025] Les agens anti-corrosion peuvent être choisis parmi les sels de métaux alcalins ou
d'alcanolamines d'acides sulfoniques, d'acides carboxyliques, oléylsarcosiniques
et d'acides alkylarylsulfonamidocarboxyliques.
[0026] Les agents de conservation peuvent être choisis parmi le formol, les dérivés triaziniques,
l'orthophénylformol ou son sel de sodium.
[0027] Les dispersions huileuses peuvent contenir des huiles minérales d'origine pétrolière
qui peuvent être des huiles paraffiniques, des huiles naphténiques, des huiles aromatiques.
L'huile peut également être une huile de synthèse telle qu'une polyalfaoléfine ou
un alkylat, une huile végétale telle que l'huile de colza, l'huile de ricin, l'huile
de soja ou animale telle que l'huile de lard, l'huile de pied de boeuf. Ces dispersions
huileuses peuvent contenir, en outre, des esters gras de synthèse tels que des esters
de polyéthylèneglycol et des adjuvants de viscosité tels que des aluminosilicates
et les dérivés carboxyliques modifiés.
[0028] Elles peuvent également contenir un ou plusieurs agents de dispersion, un ou plusieurs
agents de conservation ou encore à la fois plusieurs de ces produits.
[0029] Les agents de dispersion peuvent être des alkylarylsulfonates de calcium ou d'aluminium.
[0030] Les agents de conservation peuvent être choisis parmi les dérivés triaziniques.
[0031] Les cires utilisées pour enrober les halogénures de lanthanide peuvent être des cires
d'origine minérale telles que les cires microcristallines ou les paraffines ainsi
que des cires d'origine animale ou végétale.
[0032] Elles peuvent contenir, en outre, des agents de texture permettant de modifier l'aspect
du produit final tels que des esters d'acides gras, notamment des carboxylates de
polyglycol tels que l'oléate de poléthylèneglycol.
[0033] Les savons secs en poudre peuvent être formés par les produis de réaction entre les
hydroxydes alcalins et/ou alcalino-terreux avec au moins un acide gras d'origine
naturelle ou de synthèse ayant une chaîne carbonée de C₁₀ à C₂₂.
[0034] Il est enfin possible de prévoir dans les susdits produits lubrifiants des charges
inertes qui peuvent être des carbonates, des sulfates ou de l'eau.
[0035] L'application de l'agent lubrifiant et des dispersions et mélanges pour sa mise en
oeuvre conforme à l'invention sur la surface des pièces à déformer peut être effectuée
- par aspersion à l'aide d'un pistolet pneumatique,
- au trempé à froid ou à chaud,
- manuellement par enduction au pinceau, à la brosse, au rouleau ou encore
- par frottement d'un bâton de cire,
- par enrobage par passage dans une boîte à savon en poudre de tréfilage.
[0036] Lorsque l'agent lubrifiant conforme à l'invention est appliqué sous la forme d'une
dispersion aqueuse ou huileuse ou sous la forme d'un mélange avec une cire, sa concentration
dans le milieu d'application est de 0,05 à 60% en poids; il est préférentiellement
de 0,05 à 5% en poids dans le cas d'une dispersion aqueuse, de 0,1 à 15% en poids
dans le cas d'une dispersion huileuse et de 5 à 60% en poids dans le cas d'un mélange
avec une cire et de 0,05 à 5% en poids dans le cas d'un mélange avec un savon en poudre.
[0037] Pour constituer les dispersions aqueuses ou les dispersions huileuses, on peut avoir
recours à des poudres ou à des liquides comportant, outre le ou les halogénures de
lanthanide, les autres constituants des dispersions sous forme concentrée.
[0038] Ces produits concentrés peuvent avoir une teneur en au moins un halogénure de lanthanide
qui est respectivement de 5 à 30% en poids dans le cas de ceux destinés à fournir
les dispersions aqueuses et de 1 à 50% dans le cas de ceux destinés à fournir des
dispersions huileuses.
[0039] La dilution au moment de l'application, si elle est nécessaire, est réalisée à l'aide
d'eau pour les dispersions aqueuses et à l'aide d'une huile ou d'un solvant pétrolier
dans le cas de dispersions huileuses.
[0040] Par ailleurs, les agents lubrifiants selon l'invention peuvent être introduits dans
le milieu d'application simultanément à un lubrifiant classique, et avantageusement,
on peut mettre à la disposition de l'utilisateur, séparément les uns des autres, un
ensemble de produits permettant de réaliser le procédé conforme à l'invention, à
savoir :
- un premier produit essentiellement constitué d'halogénure de lanthanide, notamment
de fluorure de cérium et/ou de lanthane à une concentration de 1 à 99,9%, et
- dans le cas de la réalisation du procédé par mise en oeuvre d'une dispersion aqueuse,
un second produit conduisant au dépôt d'un savon, ou
- dans le cas de la réalisation du procédé par mise en oeuvre d'une dispersion huileuse,
un troisième produit constitué par une huile pouvant comporter les additifs prévus
dans ce cas,
- dans le cas de la réalisation du procédé par mélange avec un savon sec en poudre,
un quatrième produit constitué par ce savon sec en poudre,
le premier et le second, le troisième ou le quatrième produit, selon le cas, pouvant
être commercialisés sous la forme de "kits".
[0041] Avant d'illustrer l'invention à l'aide des exemples comparatifs qui suivent et dans
lesquels sont indiqués quelques modes de réalisation avantageux mais nullement limitatifs
de l'invention, on souligne un avantage particulier résidant dans la possibilité de
réaliser sur un même lieu de production, et avec une gamme unique de préparation de
surfaces et de lubrification, la déformation de pièces diverses qui, dans la mesure
où on appliquait les techniques de l'art antérieur, nécessitaient des préparations
de surfaces différentes.
EXEMPLE 1
[0042] On procède à un essai comparatif en utilisant successivement, dans le test dit de
l'anneau, des dispersions dans l'huile de fluorure de cérium, de graphite et de bisulfure
de molybdène. Les graphites et bisulfures de molybdène utilisés sont de qualité couramment
utilisée pour ce type d'application, à savoir
- un graphite en poudre ayant une granulométrie telle que 50% des grains ont une taille
inférieure à 8 µm et 100% une taille inférieure à 32 µm, la surface spécifique BET
étant de 16 m²/g, ce graphite pouvant être celui de qualité T10 de LONZA,
- un bisulfure de molybdène en poudre de 99% de pureté et d'une granulométrie telle
que 50% des grains ont une taille inférieure à 8µm, par exemple celui de qualité n°
4 de la Société KS PAUL.
[0043] Le fluorure de cérium utilisé se présente sous la forme de poudre blanche à 98% de
pureté d'une granulométrie telle que 74% des grains ont une taille inférieure à
100 µm.
[0044] Le test de l'anneau utilisé pour mesurer le coefficient de frottement obtenu à l'aide
des différentes dispersions huileuses est décrit dans l'ouvrage "Metal deformation
process : friction and lubrication" par J.A. SCHEY, pages 270-271, édité par Marcel
Dekker en 1970.
[0045] Ce test permet de déterminer le coefficient de frottement existant entre un outil
et un matériau soumis à une déformation plastique dans des conditions particulières
de surface et de lubrification.
[0046] Ainsi, lorsqu'un anneau en métal est écrasé entre deux tas plats, on constate que
le diamètre d'alésage, pour un écrasement donné, dépend des conditions de frottement;
plus les frottements sont faibles, plus l'alésage est grand.
[0047] Les anneaux utilisés pour l'essai sont en acier de qualité XC 10 et présentent les
dimension suivantes:
- diamètre extérieur .......... |
42 mm |
- diamètre intérieur .......... |
21 mm |
- hauteur .......... |
7 mm. |
[0048] L'outillage utilisé pour le test est composé de deux tas plats en acier de qualité
Z 20 OC 12. La réduction de hauteur de l'anneau lors des essais varie de 20 à 40%.
[0049] Les résultats des mesures de la variation de hauteur et de la variation du diamètre
intérieur permettent, par l'intermédiaire d'abaques préétablies, de déduire la valeur
du coefficient de frottement du contact.
[0050] Dans le cadre du présent exemple, les anneaux ont été lubrifiés par trempage à température
ambiante dans des dispersions à 5% en poids de graphite, de bisulfure de molybdène
ou de fluorure de cérium dans une huile naphténique de viscosité égale à 75 centistokes
à 40°C.
[0051] Les résultats obtenus sont réunis dans le tableau I.
TABLEAU I
Essai |
Coefficient du frottement |
Aspect de l'anneau après déformation |
Huile minérale + 5% CeF₃ |
0,13 |
brillant et propre |
Huile minérale + 5% MoS₂ |
0,13-0,14 |
noir et collant |
Huile minérale + 5% graphite |
0,13-0,14 |
noir et collant |
[0052] Cet exemple met en évidence le fait que l'agent lubrifiant selon l'invention permet
d'obtenir des coefficients de frottement satisfaisants pour un résultat visuellement
plus flatteur et sans que la pièce traitée comporte des salissures.
EXEMPLE 2
[0053] On procède à un essai comparatif réalisé dans les conditions industrielles et consistant
en une opération de "filage avant" effectuée sur des pièces du type lopins creux
en acier.
[0054] Classiquement, on prépare les lopins destinés à être soumis au filage avant, en procédant
sucessivement à une phosphatation qui peut être réalisée avec un bain de phosphatation
du type de celui commercialisé sous la marque THERMOGRANODINE 701® par la Société
Demanderesse et mis en oeuvre de manière habituelle, cette phosphatation étant suivie
d'une enduction au trempé dans une dispersion aqueuse de Mos₂ comportant 5% en poids
de ce produit.
[0055] Il est impossible de réaliser le susdit filage avant en procédant à la phosphatation
suivie d'une simple lubrification par dépôt de savon : en effet, il se produit alors
une détérioration rapide de l'outillage et les pièces obtenues sont hors cotes.
[0056] Dans le présent essai comparatif, on soumet deux séries de 600 lopins du type identifié
ci-dessus successivement à une phosphatation à l'aide de THERMOGRANODINE 701 et à
une lubrification au trempé en utilisant dans le premier cas une dispersion aqueuse
classique à 5% en poids de MoS₂, et dans le deuxième cas un mélange d'une dispersion
aqueuse à 0,5% en poids de CeF₃ et d'une solution à 5% en poids d'un agent tensio-actif
anionique, constitué par un savon, en l'occurrence du stéarate de sodium, par exemple
celui commercialisé par la Société Demanderesse sous la marque PROLUB TS 438 et qui
conduit au dépôt d'un savon lubrifiant.
[0057] Les conditions de la mise en oeuvre de la lubrification sont réunies dans le tableau
II.
TABLEAU II
|
Selon l'art antérieur |
Selon l'invention |
Composition du bain |
MoS₂ dispersion à 5% dans l'eau |
PROLUB TS 438 : 5% CeF₃: 0.5% eau en qsp 100 |
Température |
60°C |
80°C |
Durée du trempage |
1 minute |
5 minutes |
[0058] Le contrôle dimensionnel effectué sur les 600 pièces, déformées après traitement
selon le procédé conforme à l'invention, fournit des résultats identiques à ceux enregistrés
après traitement selon le procédé conforme à l'art antérieur; ces résultats montrent
que les pièces déformées sont conformes aux tolérances rappelées dans le tableau III:
TABLEAU III
|
Tolérance en mm autour de la norme |
diamètre extérieur ⌀ 1 |
0 à + 0,35 |
diamètre extérieur ⌀ 2 |
0 à + 0,40 |
diamètre extérieur ⌀ 3 |
0,10 à + 0,20 |
diamètre intérieur "⌀ int." |
0,30 à + 0 |
[0059] Les diamètres extérieurs ⌀ 1, ⌀ 2, ⌀ 3 et le diamètre intérieur ⌀ int. sont spécifiques
à la forme de la pièce et apparaissent sur la figure unique, qui montre ladite pièce
en coupe axiale, respectivement en a, b, c et d.
[0060] Le contrôle des angles de déformation par projection de profil indique des résultats
similaires pour les deux procédés.
[0061] Les pièces déformées après traitement par mise en oeuvre du procédé conforme à l'invention
sont aisément manipulables et d'aspect plus propre qu'avec le procédé habituel.
[0062] Cet exemple démontre par conséquent que grâce à l'invention, il est possible de réaliser
industriellement des déformations à froid de pièces qui nécessitaient dans l'art
antérieur la mise en oeuvre de bisulfure de molybdène; l'avantage apporté par l'invention
réside dans l'aspect propre des pièces obtenues, ce qui n'est pas le cas pour les
pièces traitées selon l'art antérieur qui doivent être nettoyées avant les opérations
subséquentes.
EXEMPLE 3
[0063] On procède à un essai comparatif réalisé dans les conditions industrielles et consistant
en une opération de filage avant puis de filage arrière sur des lopins en acier à
l'aide d'une presse hydraulique d'une puissance de 600 T (vitesse d'avancement du
poinçon = 40 mm/s).
[0064] Deux séries de 2100 lopins du type susdit sont soumises aux opérations successives
de filage avant et arrière après traitement de lubrification selon le procédé de l'art
antérieur pour la première série et selon le procédé conforme à l'invention pour la
deuxième série, chacun de ces traitements étant effectué après phosphatation avec
le produit THERMOGRANODINE 701 qui est un bain de phosphatation commercialisé par
la Société Demanderesse et qui est mis en oeuvre de manière habituelle. Dans le tableau
IV, on a réuni les caractéristiques des deux traitement de lubrification.
TABLEAU IV
|
Selon l'art antérieur |
Selon l'invention |
Composition du bain lubrifiant |
Savon Lubrifiant PROLUB TS 438: 5% en poids dans l'eau |
5% en poids de savon lubrifiant PROLUB TS 438 et 0,5% en poids de CeF₃ dans l'eau |
Durée du traitement |
5 minutes |
5 minutes |
Température du bain |
80°C |
80°C |
[0065] Les opérations de filage avant puis de filage arrière étant effectuées, on prélève
50 pièces sur chaque série et on les soumet aux contrôles dimensionnels classiques
et à la mesure comparative de l'écart type. Les résultats enregistrés sont réunis
dans le tableau V.
TABLEAU V
|
Selon l'art antérieur |
Selon l'invention |
Ecart-type filage arrière |
0,135 mm |
0,106 mm |
Ecart-type filage avant |
0,096 mm |
0,049 mm |
[0066] A l'examen de ces résultats, on constate que le procédé de lubrification selon l'invention
permet de réaliser industriellement les opérations de déformation à froid avec plus
de fiabilité que le procédé selon l'art antérieur.
EXEMPLE 4
[0067] On procède à un essai comparatif réalisé dans les conditions industrielles et consistant
en une opération de filage arrière de pièces en acier; il s'agit de deux séries de
500 lopins en acier; l'opération est réalisée à l'aide d'une presse hydraulique d'une
puissance de 1600 T (vitesse du poinçon = 50 mm/s).
[0068] Les lopins sont préalablement phosphatés au moyen d'un bain de THERMOGRANODINE 701®,
puis ils sont lubrifiés:
- en ce qui concerne la première série successivement à l'aide d'un savon anionique,
par exemple le PROLUB TS 438 à 5% en poids dans l'eau (pendant 5 minutes à 80°C)
puis à l'aide de MoS₂ en poudre appliqué au pinceau,
- en ce qui concerne la deuxième série, par trempage dans une dispersion aqueuse contenant
5% en poids d'un savon anionique pouvant être constitué par celui commercialisé sous
la marque PROLUB TS 438 et 0,5% en poids de CeF₃, la durée du trempage étant de 5
minutes et la température de la dispersion de 80°C.
[0069] Après l'opération de filage arrière, le contrôle dimensionnel effectué sur les deux
séries de 600 pièces s'est avéré conforme aux normes et identique dans les deux cas.
On souligne l'avantage constitué par l'aspect plus propre et le caractère non salissant
des pièces lubrifiées par mise en oeuvre du procédé selon l'invention qui, de surcroît,
permet de réaliser la lubrification en une seule étape alors qu'il en faut deux dans
le procédé selon l'art antérieur.
[0070] D'un point de vue plus général et en rapport avec les exemples 2, 3 et 4 qui sont
réalisés sur le même lieu de production industrielle, on souligne que, dans le cas
de la lubrification selon l'art antérieur, il est courant d'avoir recours à des procédés
différents en fonction des difficultés de déformation, alors que le procédé selon
l'invention permet d'utiliser une gamme unique de préparation de surfaces dans les
trois cas.
EXEMPLE 5
[0071] On procède à un essai comparatif dans des conditions industrielles en procédant
à la déformation à froid de lopins en acier inoxydable de nuance Z6 C13, la déformation
étant réalisée à l'aide d'une presse mécanique d'une puissance de 600 T.
[0072] Deux séries de lopins sont préparées en vue de la déformation respectivement par
mise en oeuvre des techniques de l'art antérieur pour la première série et du procédé
conforme à l'invention pour la seconde.
[0073] Les deux traitements lubrifiants sont précédés par un traitement de préparation de
surface, identique dans les deux cas et constitué par une oxalatation à base de sels
de l'acide oxalique qui peuvent être apportés au moyen du produit commercialisé par
la Société Demanderesse sous la marque THERMOGRANODINE SS1 et SS5.
[0074] Le traitement lubrifiant selon l'art antérieur comprend successivement un traitement
à l'aide d'un savon lubrifiant anionique PROLUB TS 438 à 5% en poids dans l'eau, la
durée étant de 5 minutes et la température de 80°C puis une enduction au trempé dans
une dispersion à 5% en poids de MoS₂ dans l'eau, la durée étant de 1 minutes et la
température du bain de 60°C.
[0075] Le traitement lubrifiant selon l'invention comprend une étape unique de traitement
à l'aide d'une dispersion aqueuse à 0,5% en poids de CeF₃ qui contient également 5%
en poids de PROLUB TS 438, la durée étant de 5 minutes et la température de la dispersion
de 80°C.
[0076] Les résultats obtenus après l'opération de déformation sont réunis dans le tableau
VI :
TABLEAU VI
|
Pièces traitées selon l'art antérieur |
Pièces traitées selon l'invention |
Effort de presse (en tonnes) |
180 |
180 |
Contrôles dimensionnels |
bon |
bon |
Aspect des pièces |
noires, collantes |
propres, brillantes |
[0077] On souligne de plus que, dans cet exemple, le traitement de lubrification selon l'invention
a été réalisé en une seule étape alors qu'il a fallu procéder en deux étapes dans
le traitement selon l'art antérieur.
EXEMPLE 6
[0078] On procède à un essai comparatif de filage à chaud de laiton dans des conditions
industrielles consistant à chauffer à 750°C des billettes de laiton puis à réaliser
le filage à chaud pour obtenir un fil de diamètre variant de 5 à 11 mm, les filières
étant lubrifiées auparavant.
[0079] Cette lubrification est assurée conformément à l'art antérieur par un lubrifiant
solide à savoir du graphite, enrobé à raison de 50 % en poids dans une cire paraffinique
de point de goutte de 80°C alors que la lubrification selon l'invention a été réalisée
à l'aide d'un mélange à 50% en poids de CeF₃ dans la même cire paraffinique.
[0080] Le filage réalisé après lubrification selon l'invention conduit à un fil d'aspect
plus propre contrairement à ce qui se passe lors de l'utilisation du lubrifiant selon
l'art antérieur. On ne constate aucune usure anormale de la filière.
EXEMPLE 7
[0081] On procède à un essai industriel de tréfilage à sec de fils d'acier galvanisé. La
lubrification est faite à l'aide de "boîtes à savon" dans lesquelles le savon lubrifiant
est introduit sec. Le passage du fil dans la "boîte à savon" permet d'obtenir un enrobage
de lubrifiant par liquéfaction sur le fil chaud du savon sec, permettant le passage
dans la filière.
[0082] L'essai est réalisé sur un banc de tréfilage comportant huit filières permettant
une réduction totale à partir d'un diamètre de 2,4 mm à l'entrée jusqu'à un diamètre
de 0,69 mm en sortie.
[0083] Le fil à tréfiler est composé d'acier à 0,45% de carbone et il est galvanisé. Sa
résistance est de 180 kg/cm².
[0084] L'adjonction de 1% de CeF₃ dans un produit PROLUB TN 110 commercialisé par la Compagnie
Française de Produits Industriels et constitué de stéarate de sodium, permet de réaliser
le tréfilage à une vitesse de 540 m/min alors que le PROLUB TN 110 seul ne le permet
pas. Dans ce dernier cas, on assiste à une usure rapide des filières et à la casse
du fil.
EXEMPLE 8
[0085] Un essai d'évaluation de pouvoir lubrifiant est réalisé suivant la norme automobile
CNOMO D 55 1136 sur machine 4 billes Shell Royal Dutch.
[0086] Il s'agit d'un essai comparatif réalisé en additionnant à une huile paraffinique
de viscosité 620 centistokes à 40°C telle que l'ENERPAR 27 commercialisée par la Société
Française BP, différents agents de lubrification identifiés dans le tableau VII.
[0087] On mesure, par une charge de 100 kg le diamètre moyen d'empreinte d'usure. Un petit
diamètre qualifie une bonne lubrification. L'essai est réalisé à température ambiante.
TABLEAU VII
Agents de lubrification traités |
Diamètre d'empreinte |
Huile paraffinique |
1,6 mm |
Huile paraffinique + 5% MoS₂ |
0,45 mm |
Huile paraffinique + 5% CeF₃ |
0,35 mm |
Huile paraffinique + 5% LaF₃ |
0,45 mm |
[0088] Le fluorure de lanthane mis en oeuvre se présente sous la forme d'une poudre blanche
de pureté supérieure à 99% et d'une granulométrie telle qu'au moins 74% des grains
ont une taille inférieure à 100 microns.
[0089] A l'examen des résultats réunis dans le tableau VII, on peut conclure que le fluorure
de cérium et le fluorure de lanthane peuvent être considérés comme des additifs permettant
d'obtenir une lubrification satisfaisante et comparable au bisulfure de molybdène,
tout en conférant un aspect plus flatteur aux pièces traitées.
1. Procédé de lubrification de la surface de pièces métalliques, en cuivre ou en alliages
à base de fer ou de cuivre, destinées à être déformées à froid ou à chaud, caractérisé
par le fait qu'après la préparation de surface traditionnelle, on applique à la surface
desdites pièces au moins un halogénure de lanthanide.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé par le fait que l'halogénure de lanthanide
est appliqué sous la forme d'une dispersion aqueuse ou huileuse, d'un mélange avec
une cire ou d'un mélange avec un savon sec en poudre.
3. Procédé selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé par le fait que l'halogénure
de lanthanide est choisi parmi les fluorures, les chlorures et les iodures et est
préférentiellement constitué par un fluorure, les lanthanides préférés étant l'yttrium,
le lanthane, le cérium et le néodyme.
4. Procédé selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé par le fait que l'on
applique au moins l'un des halogénures de lanthanide du groupe constitué par le fluorure
de lanthane et le fluorure de cérium.
5. Procédé selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé par le fait que l'application
à la surface des pièces à déformer de l'halogénure de lanthanide sous la forme d'une
dispersion aqueuse, d'une dispersion huileuse, d'un mélange avec une cire ou d'un
mélange avec un savon sec en poudre est effectuée
- par aspersion à l'aide d'un pistolet pneumatique,
- au trempé à froid ou à chaud,
- manuellement par enduction au pinceau, à la brosse, au rouleau,
- par frottement d'un bâton de cire, ou encore
- par frottement avec du savon sec en poudre.
6. Procédé selon l'une des revendications 1 à 5, caractérisé par le fait que la dispersion
aqueuse par le biais de laquelle l'halogénure de lanthanide est mis en oeuvre comporte
au moins un agent tensio-actif à action mouillante ou dispersante.
7. Agent lubrifiant pour la lubrification de la surface de pièces métalliques en cuivre
ou en alliage à base de fer ou de cuivre, destinées à être déformées à froid ou à
chaud, caractérisé par le fait qu'il est essentiellement constitué par au moins un
halogénure de lanthanide.
8. Agent lubrifiant selon la revendication 7, caractérisé par le fait que l'halogénure
de lanthanide et un fluorure, chlorure ou iodure de lanthane, cérium, yttrium ou de
néodyme.
9. Agent lubrifiant selon la revendication 7, caractérisé par le fait que l'halogénure
de lanthanide est constitué par au moins l'un des fluorures de lanthane et de cérium.
10. Dispersion aqueuse ou huileuse, ou mélange à base de cire ou de savon sec en poudre
comportant une concentration de 0,05 à 60% en poids de l'agent lubrifiant selon l'une
des revendications 7 à 9.
11. Dispersion aqueuse selon la revendication 10, comportant de 0,05 à 5% en poids
de l'agent lubrifiant selon l'une des revendications 7 à 9.
12. Dispersion huileuse selon la revendication 10, comportant de 0,1 à 15% en poids
de l'agent lubrifiant selon l'une des revendications 7 à 9.
13. Mélange à base de cire selon la revendication 10, comportant de 5 à 60% en poids
de l'agent lubrifiant selon l'une des revendications 7 à 9.
14. Mélange à base de savon sec en poudre selon la revendication 10, comportant de
0,05 à 5% en poids de l'agent lubrifiant selon l'une quelconque des revendications
7 à 9.
15. Produit pulvérulent ou liquide propre à fournir des dispersions suivant l'une
des revendications 10 à 13, caractérisé par le fait qu'il comporte outre le ou les
halogénures de lanthanide, les autres constituants desdites dispersions sous forme
concentrée.
16. Ensemble de produits propres à la mise en oeuvre du procédé selon les revendications
1 à 6 et présentés séparément sous forme de kit, comportant
- un premier produit essentiellement constitué d'au moins un halogénure de lanthanide,
notamment de fluorure de cérium et/ou de lanthane, à une concentration de 1 à 99,9%,
et
- dans le cas de la réalisation du procédé par mise en oeuvre d'une dispersion aqueuse,
un second produit conduisant au dépôt d'un savon,
- dans le cas de la réalisation du procédé par mise en oeuvre d'une dispersion huileuse,
un troisième produit constitué par une huile pouvant comporter les additifs prévus
dans ce cas, ou
- dans le cas de la réalisation du procédé par mise en oeuvre d'un savon sec en poudre,
un quatrième produit constitué par du savon sec.