[0001] L'invention concerne un détecteur de rayonnements tel qu'un détecteur à ionisation,
c'est-à-dire une chambre d'ionisation, et plus particulièrement, la fenêtre d'entrée
d'un tel détecteur, ainsi que le procédé de fabrication de celle-ci. Ce type de détecteur
est utilisé en particulier en dosimétrie, en tomographie médicale, en radiologie et
pour des contrôles non destructifs, où l'on utilise la détection de rayonnements destinés
à l'imagerie tels que les rayonnements X.
[0002] Un détecteur d'ionisation comporte une fenêtre d'entrée, au travers de laquelle pénètrent
les rayons incidents, pour être détectés à l'intérieur d'une enceinte étanche du détecteur
contenant un fluide ionisable sous pression. Cette fenêtre doit être d'une épaisseur
aussi mince que possible pour avoir une bonne transparence aux rayonnements, compte
tenu néanmoins du fait qu'il s'agit de fermer l'enceinte étanche sous pression. La
fenêtre doit être également très homogène, pour assurer une bonne uniformité de la
réponse du détecteur.
[0003] En référence à la figure 1, un premier type de détecteur selon l'art antérieur comporte
une enceinte étanche 2, à l'intérieur de laquelle est placé un ensemble de détection
constitué de plaques conductrices 4, délimitant une, ou comme dans la figure 1, plusieurs
cellules détectrices. La technique utilisée ici pour obtenir une fenêtre d'entrée
est de tailler celle-ci dans la masse à partir d'un lingot 6. Le principal inconvénient
de ce type de fenêtre est dû au manque d'homogénéité du matériau de base. En effet,
il est risqué de tailler, par fraisage par exemple, une fenêtre de faible épaisseur
par exemple inférieure à 3 mm pour l'aluminium et ses alliages, sous peine de devoir
rejeter la piéce pour cause de fuite ou de fissure. Un deuxième inconvénient est,
qu'après un usinage de ce type, les contraintes internes du lingot peuvent être libérées,
ce qui nuit à la précision d'une fenêtre destinée à un ensemble étanche au gaz.
[0004] Le brevet américain n
o 4 622 466 décrit un autre type de détecteur de rayonnements X, comportant une enceinte
étanche sous pression. Ce détecteur utilise une fenêtre d'entrée à structure multicouche,
associant une feuille de métal avec une feuille en fibre de carbone, ainsi qu'une
feuille élastique d'isolement qui peut être en polyaramide. Cette technique est plus
complexe que la précédente, et est plus coûteuse par la diversité des matériaux mis
en jeu et leur assemblage. D'autre part, le détecteur devant être utilisé dans des
conditions très variables, des différences de températures font naître des contraintes
dans la structure multicouche. Ces contraintes nuisent à l'homogénéité et à l'efficacité
de la fenêtre d'entrée.
[0005] Le but de l'invention est d'éviter les inconvénients précédemment cités, en proposant
un détecteur muni d'une fenêtre d'entrée simple et de coût de réalisation moins élevé.
[0006] A cet effet, un des objets principaux de l'invention est un détecteur de rayonnements
comprenant, une enceinte étanche contenant un fluide sous pression et dans laquelle
est disposé un ensemble de détection, une fenêtre d'entrée de l'enceinte étanche au
travers de laquelle les rayonnements pénètrent dans l'enceinte étanche, et des moyens
de fixation de la fenêtre d'entrée sur l'enceinte étanche. Ce détecteur se caractérise
en ce que la fenêtre d'entrée est formée par une feuille préformée, avec une déformation
supérieure ou égale à la déformation obtenue par la même feuille non préformée et
soumise à la pression de fonctionnement du détecteur. De cette façon, le champ de
contraintes exercé par la pression du détecteur sur la feuille préformée reste dans
le domaine élastique, ce qui garantit la stabilité géométrique de cette feuille.
[0007] La feuille préformée est constituée par un matériau ductile choisi en fonction de
l'énergie et de la dose des rayonnements à détecter et de la pression de fonctionnement
du détecteur, tel qu'un métal (aluminium et ses alliages, acier inoxydable, ...) ou
un matériau plastique et/ou composite (verre époxyde, polycarbonate,...).
[0008] On entend par "pression de fonctionnement" la pression sous laquelle le fluide se
trouve dans l'enceinte étanche, même quand le détecteur n'est pas opérationnel.
[0009] Dans le cas de détecteurs prévus pour être exposés à de fortes doses d'irradiation,
la fenêtre d'entrée sera de préférence constituée d'une feuille métallique, le métal
ayant une meilleure tenue aux rayonnements que les matières plastiques et/ou composites.
Le fait que la feuille soit préformée lui permet de subir, lors du fonctionnement
sous pression du détecteur, des contraintes moindres que si elle n'était pas préformée.
De plus, l'utilisation d'un seul matériau évite de faire naître des contraintes au
cours des variations de températures que subit le détecteur.
[0010] Les moyens de fixation d'une telle feuille peuvent comprendre une bride et des éléments
de serrage de la bride sur l'enceinte étanche, la feuille étant serrée entre la bride
et l'enceinte étanche.
[0011] Ces moyens de fixation peuvent également être constitués d'un cordon de soudure ou
de colle de la feuille sur l'enceinte étanche.
[0012] Selon l'invention, il est préférable d'utiliser un joint d'étanchéité placé entre
l'enceinte étanche et la feuille pour assurer l'étanchéité du détecteur. Ce joint
est par exemple de forme torique.
[0013] Un autre objet principal de l'invention est un procédé de fabrication d'un détecteur,
tel qu'il est décrit dans les paragraphes précédents, et consistant à former la fenêtre
d'entrée à partir d'une feuille par les étapes suivantes :
- fixation de la feuille non préformée, à l'aide d'un outillage de fixation spécialisé
et reproduisant le moyen de fixation de la feuille sur l'enceinte étanche,
- application à la feuille pour la déformer d'un champ de forces de même type que
celui appliqué à la feuille au cours du fonctionnement du détecteur et d'amplitude
au moins égal à celui-ci.
[0014] Un tel procédé de fabrication est plus simple qu'un usinage dans la masse et qu'une
réalisation de fenêtre multicouche et permet, pour un matériau donné, d'avoir une
épaisseur de fenêtre plus mince qu'avec ces procédés et donc une meilleure transparence
aux rayonnements. De plus, son coût est réduit par rapport aux deux techniques de
l'art antérieur citées précédemment.
[0015] Selon l'invention, un tel champ de forces peut être appliqué à la feuille de façon
hydraulique, la feuille étant directement en contact avec un liquide sous pression.
[0016] Le champ de forces peut également être appliqué de façon mécanique à la feuille au
moyen d'une matrice dont la forme correspond à la déformation désirée de la feuille.
[0017] Suivant la ductilité du matériau constituant la feuille, il peut être avantageux
d'amener le matériau la constituant à une température suffisante pour permettre la
déformation de la feuille aussi bien de façon mécanique qu'hydraulique.
[0018] Selon une caractéristique supplémentaire de l'invention, on prévoit que le matériau
le plus dur constituant la feuille ou l'enceinte soit sablé sur une zone périphérique,
pour favoriser la fixation de la feuille sur l'enceinte étanche.
[0019] Dans certaines applications, pour éviter des perturbations électriques, il est avantageux
d'isoler électriquement la face interne de la fenêtre par rapport à l'ensemble de
détection. Pour cela on dépose, au moins sur la partie de la fenêtre en regard de
cet ensemble, un film isolant.
[0020] L'invention et ses caractéristiques seront mieux comprises à la lecture de la description
qui suit, et qui est accompagnée des figures suivantes :
- la figure 1, déjà décrite précédemment, représente un détecteur d'un type selon
l'art antérieur,
- la figure 2 représente schématiquement un détecteur selon l'invention,
- la figure 3 représente schématiquement une fenêtre d'entrée d'un détecteur selon
l'invention,
- la figure 4 représente le procédé de fabrication du détecteur selon l'invention,
selon une première version,
- la figure 5 représente le procédé de fabrication d'un détecteur selon l'invention,
d'aprés une deuxième version.
[0021] En référence à la figure 2, le détecteur selon l'invention comprend une enceinte
étanche 2 comprenant des feuilles métalliques 4 placées à l'intérieur de celle-ci
et formant un ensemble de détection. Elles délimitent entre elles une, ou comme dans
le cas de la figure, plusieurs cellules détectrices. La fenêtre d'entrée est constituée,
selon l'invention, d'une feuille 10 telle qu'une feuille métallique laminée. Celle-ci
est préformée à l'aide d'un outillage spécialisé reproduisant les systèmes de fixation
de la feuille 10 sur l'enceinte étanche 2. Un tel préformage a pour but d'établir
dans le matériau déformé un champ de contraintes, pendant le fonctionnement, de moindre
importance par rapport à celui qui existerait dans une plaque, plane ou de forme régulière.
Pour obtenir ce résultat, la feuille 10 doit être préformée, de façon à ce que sa
déformation soit supérieure ou égale à celle obtenue par une feuille non préformée
et soumise à la pression de fonctionnement du détecteur. Au moment de la mise en pression
du détecteur, les déformations d'une fenêtre réalisée avec une telle feuille 10, restent
dans le domaine élastique. La stabilité de positionnement de la fenêtre par rapport
aux pièces internes est assurée.
[0022] Les moyens de fixation de la feuille métallique 10 peuvent comprendre une bride 12
et des éléments de serrage 14 de la bride sur l'enceinte étanche 2, la feuille 10
étant serrée entre la bride et l'enceinte étanche. Ces moyens de fixation peuvent
être des vis, l'enceinte étanche 2 étant munie de trous taraudés.
[0023] Les moyens de fixation de la feuille peuvent également être constitués d'un simple
cordon de soudure ou de colle (non représenté) de celle-ci sur l'enceinte étanche.
On prévoit également l'utilisation d'un joint 8, par exemple torique, placé sur l'enceinte
étanche, relativement près de la cavité comportant l'ensemble de détection 4. Il assure
l'étanchéité de l'enceinte pendant le fonctionnement.
[0024] L'ensemble de détection peut donc être constitué de plusieurs plaques conductrices
4 délimitant des cellules détectrices. Le détecteur représenté sur cette figure est
de type multicellulaire et à ionisation.
[0025] Si les dessins représentent une fenêtre et une feuille planes, c'est que l'invention
s'applique bien sûr à un tel détecteur, mais elle s'applique également à des détecteurs
dont l'ouverture des fenêtres est bombée ou incurvée, c'est-à-dire dont la forme est
celle d'une portion de surface cylindrique. De tels détecteurs sont opérationnels
sur des ouvertures angulaires correspondantes.
[0026] Mis à part, le fait que la fenêtre peut être bombée, elle peut également avoir une
forme différente du rectangle allongé représenté sur la figure 3. Elle peut être de
forme plus carrée ou être ovale. De manière générale, la forme initiale de la feuille
constituant la fenêtre dépend de l'application qui est faite du détecteur.
[0027] Sur la figure 3, la feuille 10 préformée, destinée à servir de fenêtre d'entrée au
détecteur, est représentée vue de dessus. Une zone périphérique 22, de cette feuille,
peut être destinée à recevoir un traitement de sablage pour favoriser l'accrochage
de cette feuille 10 sur l'enceinte étanche 2 du détecteur. Entre cette zone périphérique
22 et la zone préformée 26 se situant au centre, on a représenté en traits mixtes
24 la ligne d'appui d'un joint d'étanchéité.
[0028] Pour obtenir le préformage de la feuille, on peut avoir recours selon l'invention,
à un premier procédé, représenté sur la figure 4. La feuille non préformée est fixée,
à l'aide d'un outillage de fixation spécialisé et reproduisant les conditions de serrage
des moyens de fixation 12 et 14 de la figure 2. On peut utiliser comme moyen de fixation,
des mors de serrage 20, serrant la feuille à sa périphérie. Une fois la feuille fermement
fixée, on applique sur une de ses faces un champ de forces, à l'aide d'un fluide sous
pression 16. Ce champ de forces doit être au moins égal à celui de fonctionnement
du détecteur et peut être supérieur ou égal à 1,5 fois celui-ci. La feuille est alors
déformée par la pression exercée par le fluide 16. Cette déformation est fonction
du matériau de la feuille, de ses proportions et de la pression exercée. Elle se fait
donc de manière libre sous le seul effet d'une pression uniformément répartie.
[0029] En référence à la figure 5, la feuille métallique est positionnée de la même manière,
le champ de forces étant obtenu de manière mécanique, au moyen d'une matrice 18 actionnée
par exemple par une presse (non représentée). La forme de la matrice correspond à
la déformation désirée de la feuille, cette forme correspondant à la déformation naturelle
obtenue par les moyens décrits en regard de la figure 4.
[0030] Le choix des dimensions et la nature du matériau utilisés sont dictés par les spécifications
techniques du détecteur à fabriquer, et en particulier la pression de service, la
transparence minimale aux rayonnements et la dose de rayonnements. L'épaisseur est
adaptée à ces conditions, ainsi que le matériau choisi, pour rester dans les limites
de sécurité habituelles. Par exemple, une feuille en aluminium devant supporter une
pression de 14 bars (environ 1 400 000 Pa) de pression de fonctionnement, devrait
avoir une épaisseur d'l mm et une largeur de 40 mm. Pour une pression de 40 bars (environ
4 000 000 Pa), une tôle en aluminium devrait avoir une épaisseur d'l,5 mm pour une
largeur réduite à 18 mm.
[0031] Le sablage de la feuille se fait sur la plaque, lorsque le matériau de celle-ci est
plus dur que celui de l'enceinte étanche du détecteur. Dans le cas contraire, le sablage
est effectué sur l'enceinte du détecteur.
[0032] L'enceinte étanche peut être par exemple en aluminium forgé. Le matériau du détecteur
a donc subi un traitement thermique permettant de libérer les contraintes internes
du matériau.
[0033] Comme on l'a vu précédemment, le matériau utilisé pour réaliser la fenêtre d'entrée
doit être un matériau se déformant facilement, c'est-à-dire ductile et malléable,
tout en étant transparent aux rayonnements à détecter. La feuille peut donc être de
l'aluminium laminé, par exemple de la famille des duralumins. Si la feuille métallique
est en acier inoxydable, son épaisseur peut être notablement inférieure à une feuille
en aluminium.
[0034] Bien entendu, comme on l'a vu précédemment, on peut utiliser également des matériaux
plastiques et/ou composites. Par ailleurs, un traitement thermique adéquate peut permettre
d'améliorer la ductilité de certains matériaux.
[0035] La diminution de l'épaisseur de la feuille permet une amélioration très sensible
de la transparence de la fenêtre d'entrée aux rayonnements. Les problèmes dus aux
variations de températures sont supprimés, du fait qu'un seul matériau constitue cette
fenêtre d'entrée.
[0036] Ce procédé de fabrication permet de descendre le coût de fabrication d'une fenêtre
par rapport aux procédés selon l'art antérieur.
1. Détecteur de rayonnements comprenant :
- une enceinte étanche (2) contenant un fluide sous pression, et dans laquelle est
disposé un ensemble de détection,
- une fenêtre d'entrée de l'enceinte étanche (2) au travers de laquelle les rayons
à détecter pénètrent dans l'enceinte étanche (2), et
- des moyens de fixation de la fenêtre d'entrée sur l'enceinte étanche (2),
caractérisé en ce que la fenêtre d'entrée est formée par une feuille préformée (10),
avec une déformation supérieure ou égale à la déformation obtenue par la même feuille
non préformée et soumise à la pression de fonctionnement du détecteur.
2. Détecteur selon la revendication 1, caractérisé en ce que la feuille (10) préformée
est constituée par un matériau ductile choisi en fonction de l'énergie et de la dose
des rayonnements à détecter et de la pression de fonctionnement du détecteur.
3. Détecteur selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que les moyens de fixation
de la feuille (10) comprennent une bride (12), et des éléments de serrage (14) de
la bride sur l'enceinte étanche (2), la feuille (10) étant serrée entre la bride (12)
et l'enceinte étanche (2).
4. Détecteur selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que les moyens de fixation
de la feuille (10) sur l'enceinte étanche (2) sont constitués d'un cordon de soudure.
5. Détecteur selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que les moyens de fixation
de la feuille (10) sur l'enceinte étanche (2) sont constitués d'un cordon de colle.
6. Détecteur selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en
ce qu'un joint d'étanchéité (8) est placé entre l'enceinte étanche (2) et la feuille
(10).
7. Procédé de fabrication d'un détecteur selon l'une quelconque des revendications
précédentes, caractérisé en ce qu'il consiste à former la fenêtre d'entrée à partir
d'une feuille par les étapes suivantes :
- fixation de la feuille non préformée à l'aide d'un outillage de fixation (20) spécialisé
et reproduisant les conditions de serrage des moyens de fixation (12, 14) de la feuille
(10) sur l'enceinte étanche (2), et
- application à la feuille, pour la déformer, d'un champ de forces de même type que
celui appliqué à la feuille (10) au cours du fonctionnement du détecteur et d'amplitude
au moins égale à celui-ci.
8. Procédé selon la revendication 7, caractérisé en ce que le champ de forces est
appliqué à la feuille (10) de façon hydraulique, la feuille (10) étant directement
en contact avec un liquide (16) sous pression.
9. Procédé selon la revendication 7, caractérisé en ce que le champ de forces est
appliqué à la feuille (10) de façon mécanique au moyen d'une matrice (18), dont la
forme correspond à la déformation désirée de la feuille (10).
10. Procédé selon l'une quelconque des revendications 7 à 9, caractérisé en ce que
le matériau le plus dur constituant la feuille (10) ou l'enceinte (2) est sablée sur
une zone périphérique (22), de manière à faciliter l'ancrage de la feuille (10) sur
l'enceinte étanche (2).