[0001] La présente invention concerne un procédé d'immobilisation de résines échangeuses
d'ions provenant des circuits secondaires des réacteurs nucléaires à eau pressurisée
et des réacteurs graphite-gaz.
[0002] On sait que l'eau des circuits secondaires des réacteurs nucléaires à eau pressurisée
contient de l'ammoniaque et que cette eau ammoniaquée est traitée au moyen de résines
échangeuses d'ions. Ces résines sont de type cationique mais on utilise également,
pour assurer une bonne purification de cette eau, des résines de type anionique.
[0003] On aura donc généralement à immobiliser en vue d'un stockage un mélange de résines
cationiques ayant essentiellement fixé des ions NH
₄⁺ et de résines anioniques dont les sites sont sous forme de OH .
[0004] Ces résines présentent une radioactivité relativement faible et, cependant, certaines
spécifications actuelles ou prévues pour un futur assez proche impliquent que ces
résines soient immobilisées et stockées dans des conditions spécifiques, voisines
de celles que l'on utilisait à ce jour pour l'immobilisation et le stockage de produits
dits de faible et moyenne activité.
[0005] La présente invention vise à un procédé pour l'immobilisation, en vue de leur stockage,
desdites résines.
[0006] Le procédé d'immobilisation choisi est celui du bétonnage c'est-à-dire le procédé
général - connu en lui-même - consistant à enrober les produits à immobiliser dans
un liant hydraulique. Le problème consiste à réaliser un prétraitement des résines
permettant de mettre en oeuvre ce procédé d'immobilisation et, si possible, d'obtenir
un produit présentant les meilleures propriétés.
[0007] Le procédé de prétraitement selon l'invention est caractérisé en ce que les résines
échangeuses d'ions sont saturées par une base, de préférence de la soude, dans des
conditions telles que le pH du milieu est supérieur à environ 9 et que l'on favorise
le dégagement d'ammoniac.
[0008] Par base, on entend un composé tel que les hydroxydes de sodium, potassium, calcium
ou baryum. Pour des raisons économiques, de solubilité et de facilité d'emploi, on
préfère l'hydroxyde de sodium. Ce produit peut être employé sous forme solide ou en
solution.
[0009] Comme la "base" utilisée dans la présente invention est destinée à assurer, par échange
ionique, une saturation de tous les sites des résines comportant un ion NH₄⁺ il convient,
bien évidemment, d'opérer cet échange dans un milieu aqueux qui peut être constitué
en totalité ou en partie par l'eau qui est généralement présente dans la charge des
résines que l'on doit traiter.
[0010] On a indiqué que le pH du milieu (aqueux) doit être supérieur à environ 9 ; il faut
en fait que le pH soit suffisamment élevé pour que les ions NH₄⁺libérés des résines
par échange avec le cation basique (Na⁺) ne restent pas à l'état dissous dans ledit
milieu mais donnent naissance à de l'ammoniac gazeux qui se dégagera dudit milieu
[0011] Enfin, on a indiqué qu'il était souhaitable d'utiliser au moins un moyen favorisant
le dégagement de l'ammoniac. On entend par là qu'il convient de faire en sorte que
l'ammoniac gazeux qui se dégage du milieu ne demeure pas en contact prolongé avec
la surface dudit milieu. En effet, si ce contact existait, on sait que ledit ammoniac
aurait tendance à se redissoudre dans ledit milieu, ce qui freinerait - du fait de
l'équilibre - le dégagement de nouvelles quantités d'ammoniac. On peut, bien évidemment,
utiliser n'importe quel moyen connu pour favoriser ce dégagement ; on peut citer,
par exemple, le balayage de la surface du milieu par un courant d'air ou l'évacuation
(grâce à un vide partiel) de l'atmosphère située au-dessus dudit milieu, ou encore
l'élévation de la température à un niveau suffisant ne provoquant pas toutefois la
dégradation des résines.
[0012] La quantité de "base" utilisée doit être au moins celle qui permet un déplacement
total des ions NH₄⁺par le cation de ladite base. En pratique comme on ignore souvent
la proportion des résines cationiques contenues dans les résines à traiter, on utilise
une quantité de "base" au moins suffisante pour que le cation de ladite base sature
tous les sites des résines en supposant que toutes les résines traitées sont cationiques
on notera que l'emploi d'une quantité de base supérieure à celle nécessaire pour assurer
la saturation des sites peut, dans une certaine mesure, favoriser et accélérer le
phénomène de saturation.
[0013] Comme on le voit, le procédé tel que décrit ci-dessus ne provoque d'échanges ioniques
que sur les résines cationiques contenues dans les résines à traiter Il se trouve
en effet que, compte tenu de la très faible radioactivité des résines traitées et
des spécifications actuelles à respecter, on a pu déterminer que les résines anioniques
n'avaient pas d'effets nocifs trop importants sur les phénomènes de prises du liant
hydraulique.
[0014] Mais il se trouve que l'on peut améliorer le procédé selon l'invention en stabilisant
également, par échange ionique, les résines anioniques présentes dans les résines
à traiter. Cette stabilisation peut se faire en réalisant l'échange ionique des OH⁻
contenus dans les résines anioniques avec des ions tels que NO₃⁻, SO₄⁻⁻, CH₃COO⁻ ...
Parmi les anions utilisables, le plus intéressant, du fait de la stabilité obtenue,
du fait de la facilité de son utilisation et du fait de son inertie vis-à-vis des
anions présents lors du bétonnage, est l'ion NO₃⁻. Il est donc possible de mettre
en oeuvre la présente invention en utilisant soit successivement, soit simultanément
une "base", telle que définie et dans les conditions indiquées ci-dessus, et un composé
anionique apportant, par exemple, l'ion NO₃⁻. Il est, par exemple, possible d'utiliser
du nitrate de sodium et éventuellement, si le milieu n'est pas à un pH suffisant,
de la soude.
[0015] La quantité de cet anion (NO₃⁻ de préférence) à utiliser pourra avantageusement être
calculée en supposant que toute la résine traitée est de type anionique et que l'on
vise à la saturation de tous les sites de cette résine.
[0016] L'exemple non limitatif suivant illustre l'invention.
[0017] A 100 l de résine 100 % décantées, 50 l d'une solution à 250 g/l en NaNO₃ sont ajoutés
ainsi que 20 kg de NaOH en pastilles.
[0018] Après 4 h d'agitation à une température de 60°C sous une pression réduite à 0,2 bar,
puis refroidissement à température ambiante, 200 kg de ciment CLK sont ajoutés - 390
kg d'enrobé sont ainsi obtenus avec un taux d'incorporation de 40 % (en volume) de
résines 100 % décantées.
1. Procédé d'immobilisation dans un liant hydraulique de résines échangeuses d'ions
provenant des circuits secondaires des réacteurs nucléaires à eau pressurisée et des
réacteurs graphite-gaz, caractérisé en ce que les résines échangeuses d'ions sont
saturées par une base, de préférence la soude, dans des conditions telles que le pH
du milieu soit supérieur à environ 9 et que l'on favorise le dégagement d'ammoniac,
après quoi on réalise le bétonnage desdites résines à l'aide dudit liant hydraulique.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'on stabilise les résines
anioniques, éventuellement présentes dans les résines à traiter, par addition d'un
composé apportant des ions NO₃⁻, ledit composé pouvant être, de préférence, du nitrate
de sodium.