[0001] L'invention concerne un procédé et un dispositif pour homogénéiser un mélange hétérogène
de 2 ou plusieurs gaz contenu dans un récipient de volume V sous la pression P.
[0002] Tout dispositif qui assure l'homogénéisation d'un tel mélange est caractérisé par
des performances qui sont elles-mêmes liées :
- au temps nécessaire à cette homogénéisation,
- à l'influence de V sur ce temps et au volume maximal admissible que peut homogénéiser
ce dispositif,
- à l'influence de P sur ce temps et à la pression maximale sous laquelle une homogénéisation
peut être assurée par ce dispositif et,
- à l'énergie consommée au cours de l'homogénéisation.
[0003] Les dispositifs d'homogénéisation connus à ce jour peuvent se répartir en deux grandes
catégories.
[0004] D'une part, l'homogénéisation du mélange de gaz peut être obtenue par roulage du
récipient dans lequel ont été introduits au préalable les composants du mélange.
On utilise en pratique, à cet effet, un dispositif qui assure la rotation du récipient
autour d'un axe.
[0005] Un tel dispositif présente toutefois des limitations :
- le volume du récipient est nécessairement limité (bouteille de 50 à 100 l) et doit
être de forme cylindrique allongée (roulage de la bouteille suivant son axe),
- le dispositif s'avère inefficace pour certains gaz (CO₂), sauf à augmenter sensiblement
le temps de roulage, donc le coût énergétique, et à diminuer la productivité ; ceci
est d'autant plus vrai que la pression du mélange est élevée.
[0006] D'autre part, l'homogénéisation du mélange de gaz peut être obtenue par circulation
dans une boucle comprenant le récipient lui-même et une canalisation extérieure au
récipient et munie d'un organe de circulation (pompe).
[0007] Une telle solution, qui pallie aux limitations du premier type de dispositifs présente
toutefois un autre type de limitations :
- l'homogénéisation est obtenue essentiellement par effet de turbulence dans la canalisation
et il faut assurer la circulation d'un volume correspondant à environ 10 fois le volume
du récipient ; le temps nécessaire à l'homogénéisation dépend donc à la fois du débit
de l'organe de circulation et du volume V du récipient,
- si P est supérieur à la pression atmosphérique, un problème d'étanchéité se pose
au niveau de l'organe de circulation et la solution de ce problème est difficilement
compatible avec des performances de débit élevé.
[0008] L'invention a pour objet de pallier aux inconvénients et limitations précitées,
et de permettre une homogénéisation rapide de mélanges de gaz, même lorsque ceux-ci
sont préparés dans des volumes importants (supérieurs à 1m³, voire 10m³) sous des
pressions élevées (pouvant atteindre, voire dépasser 2.500 Kpa).
[0009] Elle propose à cet effet un procédé d'homogénéisation d'un mélange de gaz préalablement
introduits dans un récipient , caractérisé en ce que l'on génère , au sein même du
récipient,pendant une durée prédéterminée, un jet turbulent alimenté par le mélange
lui-même.
[0010] Le jet est avantageusement généré par aspiration-éjection en une zone interne du
récipient.
[0011] L'invention propose également un dispositif d'homogénéisation pour récipient de mélange
de gaz, caractérisé en ce qu'il comporte, maintenu en position à l'intérieur de ce
récipient, un organe générateur de jet muni d'un orifice d'entrée et d'un orifice
de sortie du jet, tous deux en communication avec le volume interne du récipient.
[0012] De façon préférée, cet organe générateur de jet comporte un éjecteur avantageusement
muni d'un circuit primaire connecté à la sortie d'un surpresseur, cet éjecteur et
ce surpresseur ayant tous deux des orifices d'aspiration communiquant avec le mélange
de gaz. Le surpresseur comporte un organe tournant recevant son mouvement depuis
un moteur, lequel est par exemple situé à l'extérieur du récipient, voire situé à
l'intérieur du récipient dans le cas d'un mélange de gaz non explosifs.
[0013] Des objets et caractéristiques de l'invention, ressortent de la description qui suit,
donnée à titre d'exemple illustratif non limitatif, en regard du dessin annexé sur
lequel la figure unique est une vue schématique en coupe partielle d'un récipient
équipé d'un dispositif d'homogénéisation conforme à l'invention.
[0014] Cette figure unique représente en partie un récipient 1 à la paroi interne duquel
est fixé un dispositif d'homogénéisation 2. Le récipient, classique en soi, comporte
au moins un robinet d'arrivée et/ou de sortie de gaz de tout type connu (non représenté).
[0015] Le dispositif comporte ici un éjecteur 3 auquel est associé un surpresseur 4 qui
sont fixés à la paroi interne du récipient par tous moyens appropriés connus ; il
s'agit par exemple d'oreilles 5 liées au surpresseur et vissées ou soudées au récipient,
et d'une poutre 6 fixée (par vissage ou soudage notamment) aussi bien à l'éjecteur
qu'à la paroi du récipient.
[0016] L'éjecteur 3 est un organe statique qui met en oeuvre le principe du venturi. Il
comporte un circuit principal (ou secondaire) C1 comportant une zone d'aspiration
3A et une zone d'éjection 3B munis respectivement d'un orifice d'aspiration 7 et d'un
orifice d'éjection 8, tous deux en communication avec le volume interne du récipient.
Cet injecteur comporte également un circuit de commande (ou primaire) C2 qui débouche
entre les zones d'aspiration et d'éjection.
[0017] Cet injecteur, par l'injection d'un débit de gaz D dans le circuit de commande C2,
induit un débit de gaz D′ dans le circuit principal.
[0018] Le surpresseur comporte un organe tournant ou rotor (non représenté) entraîné en
rotation par un arbre d'entraînement 9 qui, dans l'exemple représenté, traverse la
paroi du récipient pour venir en prise avec un moteur d'entraînement schématisé en
10. Dans une variante non représentée, dans le cas par exemple d'un mélange de gaz
non explosible, cet arbre ne traverse pas la paroi du récipient et reçoit son mouvement
d'un moteur lui aussi situé à l'intérieur du récipient, par exemple accolé au surpresseur.
[0019] Le surpresseur comporte un orifice d'aspiration 11 communiquant avec le mélange de
gaz et un orifice de refoulement 12 connecté à l'entrée du circuit de commande C2
de l'éjecteur.
[0020] Le surpresseur est caractérisé par son débit D, par la vitesse de rotation de son
rotor et par la différence de pression des gaz qu'il aspire d'une part, et qu'il
refoule, d'autre part.
[0021] Le principe de fonctionnement de ce dispositif repose sur la création d'un mouvement
(par jet) turbulent et forcé des gaz dans le récipient.
[0022] Les gaz admis à l'aspiration du surpresseur 4 sont prélevés dans le récipient et
sont refoulés dans le circuit primaire de l'éjecteur 3, tandis que le circuit secondaire
de l'éjecteur est alimenté par les gaz prélevés et refoulés directement dans le récipient.
Le refoulement des gaz dans le récipient s'effectue sous la forme d'un jet de gaz
de vitesse v et l'éjecteur est disposé de telle façon que ce jet soit à peu près parallèle
à la plus grande dimension du récipient.
[0023] Le récipient est par exemple une bouteille allongée ayant un axe longitudinal de
symétrie : l'éjecteur est alors de préférence disposé parallèlement à cet axe.
[0024] Il est à noter que l'efficacité d'un éjecteur est bien connue dans une ambiance à
la pression atmosphérique. L'invention est par contre liée à la constatation qu'un
tel éjecteur peut également être mis en oeuvre avec profit dans une ambiance à pression
élevée.
[0025] Les performances du dispositif ressortent d'essais qui ont consisté à mesurer le
temps nécessaire à l'homogénéisation de mélanges air-hélium ou air-CO₂ (rapport des
densités voisin de 8), contenus dans un récipient sphérique de 2m³, sous une pression
comprise entre 200 et 2600 kPa (en fait le principe de l'invention n'impose aucune
limite à cette pression).
[0026] L'air ayant été introduit préalablement dans le récipient, l'hélium a été introduit
en haut du récipient (et le CO₂ à mi-hauteur) et très lentement de façon à avoir un
mélange initialement très hétérogène.
[0027] L'hétérogénéité initiale et l'homogénéité finale du mélange ont été caractérisées
par la teneur en oxygène, mesurée au moyen d'un analyseur paramagnétique (précision
0,1% volume), d'échantillons du mélange prélevés en haut (a), à mi-hauteur (b) et
en bas (c) du récipient,au temps t.
[0028] Les valeurs obtenues ont été rassemblées dans le tableau, annexé ; elles montrent
que le temps d'homogénéi sation augmente lorsque P augmente, mais que, dans le domaine
de pression étudié, l'homogénéité du mélange est obtenue dans un délai inférieur ou
égal à 1 minute.
[0029] L'efficacité du dispositif repose sur des dimensions suffisantes de la zone de turbulence
créée par le jet (en fait la longueur de cette zone doit être égale à la longueur
du récipient suivant l'axe du jet). La zone de turbulence sera d'autant plus longue
que la quantité de mouvement du jet et donc sa vitesse de sortie seront grandes. Pour
des dimensions données de l'éjecteur, la vitesse de sortie est une fonction croissante
du débit du surpresseur qui est lui-même lié au principe de fonctionnement du surpresseur
(à palettes, à piston ou à membrane), à ses dimensions et à la vitesse de rotation
de son rotor.
[0030] Le couple nécessaire à l'entraînement du rotor doit être fourni par un organe d'entraînement
(moteur électrique par exemple), intérieur ou extérieur au récipient ; si cet organe
est extérieur au récipient, le couple peut être transmis soit directement, soit au
moyen d'un accouplement magnétique (sans arbre 9), ce qui résout de façon simple le
problème d'étanchéité qui se pose lorsque la pression P est supérieure à la pression
atmosphérique. Le principe de cet accouplement n'impose pas de limite à P. Toutefois,
l'augmentation de P entraîne une augmentation de la viscosité du gaz et donc du couple
d'entraînement et de la puissance électrique consommée par le moteur (pour 2600
kPa, cette puissance était inférieure à 2 kW et la vitesse de rotation était voisine
de 3000t/min). Ce couple d'entraînement doit rester compatible avec les performances
du dispositif d'accouplement magnétique pendant toute la durée de l'homogénéisation
et en particulier au moment du démarrage du moteur.
[0031] Les matériaux constitutifs du dispositif qui sont au contact des gaz sont des métaux,
du graphite ou des matériaux polymériques et le fonctionnement du dispositif ne requiert
aucune graisse ou autre produit de lubrification, ce qui évite toute pollution du
mélange de gaz.

1. Procédé d'homogénéisation d'un mélange de gaz préalablement introduits dans un
récipient (1), caractérisé en ce que l'on génère (3), au sein même du récipient pendant
une durée prédéterminée, un jet turbulent alimenté par le mélange lui-même.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que ce jet est généré (3)
par aspiration-éjection en une zone interne du récipient.
3. Procédé selon la revendication 1 ou la revendication 2, caractérisé en ce que
le volume interne du récipient étant d'au moins 1m³ et sa pression interne étant comprise
approximativement entre 100 et 2600 kPa, on génère le jet turbulent pendant une durée
au plus égale à une minute environ.
4. Dispositif d'homogénéisation pour récipient (1) de mélange de gaz, caractérisé
en ce qu'il comporte, maintenu en position à l'intérieur de ce récipient, un organe
générateur de jet (3) muni d'un orifice d'entrée (7) et un orifice de sortie de jet
(8), tous deux en communication avec le volume interne du récipient.
5. Dispositif selon la revendication 4, caractérisé en ce que l'organe générateur
de jet est un éjecteur (3) comportant un tronçon d'aspiration (3A) et un tronçon
d'éjection (3B).
6. Dispositif selon la revendication 5, caractérisé en ce que l'éjecteur comporte
un circuit primaire (C2) qui débouche entre les tronçons d'aspiration (3A) et d'éjection
(3B) formant conjointement un circuit secondaire (C1), ce circuit primaire étant
connecté à la sortie d'un surpresseur (4) interne au récipient muni d'un orifice
d'aspiration (11) communiquant avec le mélange de gaz.
7. Dispositif selon la revendication 6, carac térisé en ce que le surpresseur (4)
a une arbre d'entraînement (9) lui-même entraîné en rotation par un moteur (10) disposé
à l'extérieur du récipient (1).
8. Dispositif selon la revendication 6, caractérisé en ce que le surpresseur est
entraîné en mouvement par un moteur extérieur au récipient au moyen d'un accouplement
magnétique.
9. Dispositif selon la revendication 6, caractérisé en ce que le surpresseur a un
arbre d'entraînement lui-même entraîné en rotation par un moteur disposé à l'intérieur
du récipient.
10. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 4 à 9, caractérisé en ce
que l'éjecteur (3) est orienté parallèlement à la plus grande dimension du récipient.