[0001] L'invention concerne une antenne multifréquence, utilisable notamment dans le domaine
des télécommunications spatiales.
[0002] L'évolution actuelle dans le domaine des satellites de télécommunication va dans
le sens d'une augmentation générale de capacités : chaque satellite devant pour des
raisons économiques pouvoir embarquer plusieurs charges utiles. D'une façon générale
on peut dire que l'augmentation des capacités de trafic impose, pour des raisons de
débit d'information, l'utilisation d'antennes à gain élevé.
[0003] De plus, chaque mission a ses spécificités propres concernant les caractéristiques
suivantes :
- Bande de fréquence,
- couverture,
- performances générales radio-électriques (gain, découplage d'espace etc...).
[0004] Et il n'est pas possible, au sens de leur implantation sur le même corps de satellite,
de multiplier le nombre de grandes antennes (diamètre supérieur à 2 mètres environ).
[0005] De façon générale, que ce soit dans le cas d'un réseau à rayonnement direct ou d'une
antenne à réflecteurs, il est attractif d'utiliser la même surface rayonnante : Ceci
allant dans le sens d'une intégration maximale des fonctions et d'une meilleure utilisation
des surfaces.
[0006] L'invention a pour objet de répondre à un tel objectif.
[0007] L'invention propose, à ct effet, une antenne multifréquence comprenant une première
antenne imprimée fonctionnant à une ou plusieurs fréquences, caractérisée en ce qu'elle
comprend une seconde antenne disposée devant la première antenne utilisant la même
surface rayonnante et fonctionnant à une fréquence différente.
[0008] Avantageusement, la première antenne est formée d'un plan de masse, d'un substrat
diélectrique sur lequel est disposée une piste métallique et la seconde antenne est
une antenne de type filaire qui traverse la première antenne dans un trou de passage
percé au centre de symétrie de la piste métallique, le plan de masse vu par l'antenne
filaire étant composé de la piste métallique ainsi que du plan de masse général de
l'antenne imprimée.
[0009] Dans une première réalisation la première antenne est une antenne plane, la seconde
antenne est réalisée par un câble coaxial qui se termine par un dipôle.
[0010] Dans une seconde réalisation, la première antenne est une antenne plane et la seconde
antenne est réalisée par un câble coaxial qui se termine par une hélice.
[0011] Les caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront d'ailleurs de la description
qui va suivre, à titre d'exemple non limitatif, en référence aux figures annexées
sur lesquelles :
- les figures 1 et 2 représentent deux vues en coupe de réalisation de l'art connu
;
- la figure 3 représente une vue en coupe d'une réalisation de l'antenne selon l'invention
;
- la figure 4 représente une vue en coupe d'une autre réalisation de l'antenne selon
l'invention ;
- les figures 5 et 6 illustrent des courbes, caractéristiques des pertes en réflection
en fonction de la fréquence, relatives à la réalisation représentée à la figure 3
;
- la figure 7 représente une courbe, du découplage interéléments en fonction de la
fréquence, relative à la réalisation représentée à la figure 3.
[0012] L'invention consiste en l'association sur une même surface projetée d'au moins deux
éléments rayonnants fonctionnant selon des principes différents :
- un rayonnement réalisé par "cavités", réalisant ainsi une antenne microruban ou
de type imprimée ("Patch" en anglais)
- un rayonnement de type filaire, réalisant ainsi un dipôle ou une hélice rayonnants.
[0013] Une antenne bi-fréquence selon l'invention permet de réaliser sur la même surface
utile le rayonnement à une fréquence à l'aide d'une antenne imprimée, le rayonnement
à une autre fréquence par le biais d'une antenne filaire. L'indépendance de fonctionnement
de ces deux antennes permet d'optimiser celles-ci à des fréquences séparées. Le découplage
entre les deux éléments est assuré par le fait que les principes qui contribuent au
rayonnement sont de natures différentes.
[0014] Le principe et le calcul du rayonnement d'une antenne microruban, telle que représentée
aux figures 1 et 2 avec un plan de masse 11, un substrat diélectrique 12 et une piste
métallique 10, ont été décrit par de nombreux auteurs (voir notamment l'article de
R.MOSIG et de E. GARDIOL intitulé "Rayonnement d'une antenne microruban de forme arbitraire",
paru dans ANN. TELECOMMUN. 40, n° 3-4 1985 aux pages 181 à 189).
[0015] Dans le cas d'éléments de forme carrée ou circulaire, on s'aperçoit que le point
central A de la piste imprimée supérieure 10 (croisement de ses deux axes de symétrie)
est au même potentiel que le plan de masse inférieur 11, comme représenté à la figure
1.
[0016] Il y a donc aucun changement dans les caractéristiques (adaptation, rayonnement)
entre une antenne imprimée nominale ou une antenne imprimée dont le conducteur supérieur
est relié au plan de masse 12 (AB) par un stub métallique 13, comme représenté sur
la figure 2.
[0017] Selon l'invention on implante une antenne filaire sur une antenne imprimée en utilisant
cette propriété.
[0018] Une telle réalisation présente les deux caractéristiques suivantes :
- L'antenne filaire n'affecte pas les caractéristiques adaptation et rayonnement de
l'antenne imprimée.
- Du fait de principes de rayonnement différents, le couplage entre les deux éléments
reste très faible.
[0019] Un certain nombre de types d'antennes filaires, peut être envisagé comme pouvant
être montées sur l'antenne imprimée. Le choix précis dépend d'une optimisation par
rapport à un besoin, et oriente la solution vers des dipôles, hélices monofilaires,
hélices quadrifilaires... De telles antennes de type filaire ont été étudiées depuis
de nombreuses années (voir notamment manuel de Richard C. JOHNSON et Henry JASIK intitulé
"Antenna Engineering Handbook", McGraw-Hill Book Company, New-York). Les méthodes
de calcul développées notamment dans ce document font des hypothèses sur la nature
du courant établi sur les conducteurs afin d'évaluer l'intégrale de rayonnement.
[0020] En fonctionnement nominal (sans antenne imprimée) l'élément filaire est placé devant
un plan de masse à une distance convenable. Le rayonnement résultant peut être estimé
par exemple à l'aide du principe des images pour une structure dipôle.
[0021] Il n'y a aucun changement notable de performances de l'antenne filaire implantée
sur une antenne imprimée, le plan de masse vu par l'antenne filaire étant réalisé
par l'ensemble du conducteur imprimé et du plan de masse général de l'antenne imprimée
. Comme la fréquence de fonctionnement de l'antenne filaire ne correspond pas à une
résonnance de l'antenne imprimée, l'antenne imprimée ne joue pas de rôle particulier
(concentration de champ, cavité, résonnance). Une légère adaptation de la hauteur
du dipôle peut être toutefois nécessaire afin d'optimiser le diagramme résultant.
[0022] Dans un exemple de réalisation, comme représenté à la figure 3, on a :
- une antenne imprimée plane , comme represéntée à la figure 2, percée en son centre
d'un trou 15 de passage ;
- un câble coaxial 16, passant par ce trou 15 perpendiculairement au plan de l'antenne
imprimée. Ce câble se termine à son extrémité libre par une antenne dipôle 17.
[0023] Dans cette réalisation représentée à la figure 3, le substrat diélectrique présente
une épaisseur de quelques millimètres, la piste est de forme carrée et d'environ 60
mm de côté.
[0024] En fonctionnement nominal :
- l'antenne imprimée présente une fréquence de résonance à 1628 MHz (voir courbe 20
à la figure 5) et des largeurs de bande d'adaptation :
à -10dB : 31 MHz
à -15dB : 16 MHz.
- le dipôle seul est défini à 2449 MHz (voir courbe 21 à la figure 6) et présente
les largeurs de bande d'adaptation suivantes :
à -10dB : 227 MHz
à -15dB : 110 MHz
[0025] En fonctionnement bi-bande ces résultats sont très peu altérés, et les caractérisations
de mesures ont fourni les indications suivantes :
- pour l'accès antenne imprimée la fréquence d'accord est obtenue pour 1638 MHz (voir
courbe 22 à la figure 5), soit un écart inférieur à 1% par rapport au "Patch" seul,
et les largeurs de bande d'adaptation sont :
à -10dB : 31,5 MHz
à -15dB : 16,9 MHz
- pour l'accès antenne dipôle, la fréquence d'accord obtenue est 2446 MHz (voir courbe
23 à la figure 6), soit un écart largement inférieur à 1% par rapport à l'élément
seul, les largeurs d'adaptation sont :
à -10dB : 236 MHz
à -15dB : 122 MHz
[0026] Dans les deux cas, les différences sont mineures entre un fonctionnement bi-bande
et un fonctionnement nominal en ce qui concerne :
. la localisation des fréquences d'accord (écart ≦ 1%) ;
. la stabilité des performances d'adaptation en fréquence.
[0027] De plus on vérifie le fait que le découplage interéléments De est toujours supérieur
à 20dB, montrant ainsi le peu d'action d'une antenne sur l'autre (voir figure 7).
[0028] On vérifie, de même, sur les coupes de diagramme qu'il n'existe aucune déviation
ou impact majeur entre l'élément nominal (antennes prises seules) et l'élément bi-bande.
[0029] On sait, par ailleurs, que l'épaisseur du substrat diélectrique est relativement
faible et dépend de la nature du matériau diélectrique ; pour une structure "nid d'abeille"
en KEVLAR : on aura toujours une épaisseur ≦ 10 mm, pour des matériaux diélectriques
à constante plus élevée, cette épaisseur peut ne pas dépasser quelques millimètres
(2 à 3 mm typiquement pour ε
r ∼ 2,5)
[0030] Dans un autre exemple de réalisation, représenté à la figure 4, le câble coaxial
16 passant par le trou 15 se termine par une antenne 18 en hélice.
[0031] Il est bien entendu que la présente invention n'a été décrite et représentée qu'à
titre d'exemple préférentiel et que l'on pourra remplacer ses éléments constitutifs
par des éléments équivalents sans, pour autant, sortir du cadre de l'invention.
[0032] Ainsi d'autres types d'antennes peuvent être associées à une antenne microruban,
tout en utilisant la même surface rayonnante.
[0033] La forme de l'antenne microruban peut bien évidemment ne pas être plane et être munie
d'une certaine courbure (cylindrique, sphérique. . . .), dépendant de son implantation
particulière sur une structure : par exemple implantation sur des surfaces concaves.
1/ Antenne multifréquence comprenant une première antenne imprimée (10, 11, 12) fonctionnant
à une ou plusieurs fréquences, caractérisée en ce qu'elle comprend une seconde antenne
(17) disposée devant la première antenne utilisant la même surface rayonnante et fonctionnant
à une fréquence différente.
2/ Antenne selon la revendication 1, caractérisée en ce que la première antenne (10,
11, 12) est formée d'un plan de masse (11), d'un substrat diélectrique (12) sur lequel
est diposée une piste métallique (10), en ce que la seconde antenne (17) est une antenne
de type filaire qui traverse la première antenne dans un trou de passage (15) percé
au centre de symétrie de la piste métallique (10), le plan de masse vu par l'antenne
filaire étant composé de la piste métallique (10) ainsi que du plan de masse général
(11) de l'antenne imprimée.
3/ Antenne selon la revendication 2, caractérisée en ce que la seconde antenne est
réalisée par un câble coaxial (16) qui se termine par un dipôle (17).
4/ Antenne selon la revendicaton 2 , caractérisée en ce que la seconde antenne est
réalisée par un câble coaxial qui se termine par une hélice (18).
5/ Antenne selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce
que la première antenne (10, 11, 12) est une antenne plane.
6/ Antenne réseau, caractérisée en ce qu'elle est formée de l'association d'un certain
nombre d'antennes élémentaires selon l'une quelconque des revendications 1 à 5.