[0001] La présente invention a pour objet un mélange adhésif électriquement conducteur
comportant un matériau de base adhésif thermoplastique et des particules conductrices
disposées dans ledit matériau de base.
[0002] Une couche mince d'un tel mélange adhésif est assez couramment utilisée pour relier
mécaniquement et électriquement deux sous-ensembles électriques ou électroniques
comportant chacun un substrat isolant, souple ou rigide, et une ou plusieurs pistes
conductrices disposées sur ce substrat.
[0003] Les deux substrats se font partiellement face de manière qu'au moins une partie de
chacune des pistes conductrices portées par l'un d'entre eux soit située en regard
d'une partie de la piste conductrice correspondante portée par l'autre.
[0004] Le matériau de base du mélange adhère aux deux substrats dans la partie où ils se
font face et assure la liaison mécanique entre les deux sous-ensembles.
[0005] Dans certains cas, l'épaisseur de la couche de mélange adhésif et les dimentions
des particules conductrices sont telles qu'une de ces dernières, au moins, est directement
en contact avec l'une des pistes de l'un des substrats et avec la piste correspondante
de l'autre substrat et assure la liaison électrique entre ces pistes.
[0006] Dans d'autres cas, la conduction électrique est assurée par plusieurs particules
conductrices formant une sorte d'empilement entre les pistes correspondantes.
[0007] Dans tous les cas, les dimensions des particules conductrices et leur concentration
dans la matériau adhésif de base sont choisies de manière qu'il n'y ait aucun risque
de court-circuit entre deux pistes adjacentes d'un même substrat.
[0008] Une telle liaison mécanique et électrique de deux sous-ensembles à l'aide d'un adhésif
conducteur se prête particulièrement bien à la fabrication en grandes séries car elle
est très facile à réaliser et son prix de revient est très faible.
[0009] Selon les cas, l'ensemble formé par les deux sous-ensembles reliés de la manière
décrite ci-dessus peut constituer un appareil électrique ou électronique complet.
Cet ensemble peut aussi être associé à d'autres ensembles ou sous-ensembles pour former
un appareil plus complexe.
[0010] A titre d'exemple non limitatif, un des sous-ensembles peut être une cellule d'affichage
à cristaux liquides comportant deux plaques de verre dont l'une porte des pistes conductrices
reliées aux électrodes de commande de la cellule et constitue le premier substrat.
[0011] L'autre sous-ensemble peut alors comporter un circuit intégré destiné à commander
la cellule d'affichage et un circuit imprimé souple ou rigide comprenant une feuille
en un matériau isolant constituant le deuxième substrat et portant des pistes conductrices
destinées à relier électriquement le circuit intégré à la cellule d'affichage.
[0012] Il faut noter ici qu'il existe des mélanges adhésifs électriquement conducteur dont
le matériau de base est thermodurcissable, ces mélanges pouvant également être utilisés
pour relier mécaniquement et électriquement deux sous-ensembles du genre de ceux qui
ont été décrits ci-dessus. Ces mélanges adhésifs ne seront cependant pas décrits ici
car ils ne sont pas concernés par la présente invention.
[0013] Il existe de nombreux documents qui décrivent des mélanges adhésifs électriquement
conducteurs comportant un matériau de base thermoplastique.
[0014] Ainsi, dans le brevet U5-A-3 359 145, le matériau de base est un polymère vinylique
ou un polyamide.
[0015] Dans le brevet US-A-4 113 981, le matériau de base est un polyéthylène, une résine
acrylique ou, de nouveau, un polyamide.
[0016] Dans le brevet U5-A-4 457 796, le matériau de base est une résine époxyde.
[0017] Ces documents mentionnent également un assez grand nombre de genre de particules
conductrices qui peuvent être ajoutées à ces matériaux de base pour former les mélanges
adhésifs conducteurs.
[0018] Le brevet US-A-3 359 145 mentionne des particules ferromagnétiques.
[0019] Le brevet US-A-4 113 981 mentionne des poudres de carbone, de carbure de silicium
ou de métaux tels que l'argent, l'or, le palladium, le nickel ou l'indium.
[0020] Le brevet U5-A-4 457 796 mentionne des fibres de carbone.
[0021] Les entreprises ou les administrations qui achètent des appareils électroniques
pour les incorporer dans leurs propres produits ou pour les utiliser tels quels posent
très souvent comme condition à leur achat que ces appareils fonctionnent encore correctement
après avoir été soumis à diverses épreuves plus ou moins sévères selon les conditions
réelles d'emploi de ces appareils.
[0022] Parmi les épreuves que doivent surmonter les appareils destinés à fonctionner dans
un environnement industriel normal, c'est-à-dire la grande majorité des appareils,
figurent très souvent celles qui consistent à les stocker pendant au moins 24 heures
à une température de + 75°C, et à les soumettre à des températures variant cycliquement
cent fois de suite entre - 55°C et + 85°C.
[0023] Ces épreuves sont celles qui sont prescrites par la norme MIL-STD 883 C, méthode
10.08.2, test A et méthode 10.10.6, test A respectivement.
[0024] La norme MIL-STD 883 C est l'une des nombreuses normes établies par les services
compétents de l'armée des Etats-Unis d'Amérique.
[0025] L'expérience montre que, lorsqu'un appareil comportant deux sous-ensembles reliés
mécaniquement et électriquement par une couche d'un mélange adhésif tel que ceux qui
sont décrits dans les documents mentionnés ci-dessus est soumis aux épreuves prescrites
par ces normes, un certain nombre des liaisons électriques normalement assurées par
les particules conductrices du mélange adhésif s'interrompent déjà, dans la plupart
des cas, après quelques uns des cycles de température et/ou après quelques heures,
voire même quelques minutes, passées à la température de stockage si des moyens auxiliaires,
tels que des étriers, des boulons, etc..., ne sont pas prévus pour maintenir fermement
les deux substrats l'un contre l'autre. Il est évident que de tels moyens auxiliaires
compliquent et renchérissent sérieusement la réalisation de la liaison mécanique et
électrique des deux sous-ensembles..
[0026] On pourrait penser qu'il suffit de choisir comme matériau de base du mélange adhésif
un matériau ayant une température de fusion supérieure à la température maximale à
laquelle l'appareil est soumis pendant ces épreuves pour que les interruptions des
liaisons électriques mentionnées ci-dessus ne se produisent plus.
[0027] Or on a constaté que ces interruptions se produisent même avec des matériaux adhésifs
dont la température de fusion est nettement supérieure à cette température maximale.
[0028] Le but de la présente invention est de proposer un mélange adhésif conducteur qui
ne présente pas l'inconvénient mentionné ci-dessus, c'est-à-dire un mélange adhésif
conducteur dont l'emploi garantit que toutes les liaisons électriques entre les deux
sous-ensembles qu'il relie sont maintenues après que l'appareil comportant ces sous-ensembles
a été soumis à des essais de température semblables à ceux qui sont prescrits par
la norme MIL-5TD 883 C, méthodes 10.08.2 test A et 10.10.6 test A, sans qu'il soit
nécessaire de prévoir des moyens auxiliaires destinés à maintenir les substrats de
ces sous-ensembles l'un contre l'autre.
[0029] Ce but est atteint par le mélange adhésif conducteur revendiqué, grâce au fait que
le matériau de base de ce mélange est un matériau adhésif thermoplastique qui ne présente
aucune transition entre deux états solides accompagnée d'une variation notable de
son volume spécifique à une température inférieure à 85°C.
[0030] Il est bien connu que, selon sa température, un matériau thermoplastique peut se
présenter dans divers états.
[0031] A basse température, un tel matériau se présente généralement dans un premier état
solide, dit état vitreux, dans lequel il est dur et cassant.
[0032] A plus haute température, un tel matériau se présente généralement dans un deuxième
état solide, dit état caoutchouteux dans lequel il est relativement mou et élastique.
[0033] Enfin, à une température encore plus élevée, un tel matériau se présente dans un
état fluide dans lequel il est liquide ou pâteux.
[0034] La transition entre les deux états solides mentionnés ci-dessus se produit progressivement
autour d'une température généralement appelée température de transition vitreuse et
désignée par T
g.
[0035] La valeur de cette température T
g dépend évidemment de la nature du matériau thermoplastique considéré.
[0036] Certains matériaux thermoplastiques, notamment les copolymères blocs séquencés, peuvent
présenter à basse température un autre état solide, dans lequel certains des blocs
que comportent les molécules du matériau sont agglomérés et forment des domaines cristallins
noyés dans une masse amorphe constituée par les autres blocs que comportent ces molécules.
[0037] A une température plus élevée, ces matériaux se présentent dans un état qui peut
être vitreux ou caoutchouteux selon les cas, et dans lequel plus aucun domaine cristallin
n'existe.
[0038] La transition entre l'état où ces domaines cristallins existent et celui où ces domaines
cristallins n'existent plus se produit autour d'une température qui dépend aussi de
la nature du matériau.
[0039] Les transitions entre les divers états solides d'un matériau thermoplastique qui
ont été mentionnées ci-dessus peuvent être mises en évidence en mesurant la valeur
en fonction de la température de certaines caractéristiques physiques de ce matériau
telles que sa constante diélectrique, sa chaleur spécifique, etc.... Ces caractéristiques
présentent généralement une variation bien marquée à chaque température de transition,
que cette dernière soit une transition vitreuse ou une transition d'une autre nature.
[0040] Dans la suite de cette description, ces transitions entre deux états solides seront
appelées transitions solides, et la ou les températures auxquelles elles se produisent
seront désignées par T
t.
[0041] Suite à de nombreux essais la déposante a constaté que dans les matériaux thermoplastiques
qui ne présentent qu'une seule transition solide, celle-ci est généralement accompagnée
d'une variation notable du volume spécifique du matériau, cette variation étant une
augmentation de ce volume spécifique lorsque la température du matériau passe par
la température de transition en croissant.
[0042] En outre, dans certains matériaux thermoplastiques présentant plusieurs transitions
solides, une seule des ces transitions est accompagnée d'une variation notable du
volume spécifique du matériau. Cette transition solide est généralement celle qui
se produit à la température de transition T
t la plus élevée.
[0043] Dans ces derniers matériaux thermoplastiques, l'autre ou les autres transitions solides
ne sont généralement accompagnées d'aucune variation du volume spécifique du matériau,
ou seulement d'une variation négligeable de ce volume spécifique.
[0044] Lorsqu'un matériau thermoplastique est simplement utilisé pour relier mécaniquement
deux pièces quelconques, la variation de son volume spécifique mentionnée ci-dessus
n'a généralement pas d'effets néfastes, car elle n'est pas très importante et ne s'accompagne
pas de tensions internes qui pourraient conduire à une rupture de la liaison mécanique
des deux pièces. En outre, cette variation de volume spécifique est réversible.
[0045] La déposante a par contre constaté que cette variation de volume spécifique accompagnant
une transition solide d'un matériau thermoplastique est probablement la cause des
interruptions qui se produisent dans les liaisons électriques entre deux sous-ensembles
reliés mécaniquement et électriquement par une couche d'un mélange adhésif conducteur
dont ce matériau thermoplastique constitue la base.
[0046] Le mécanisme exact de ces interruptions de liaisons électriques ne peut pas encore
être expliqué complètement, car contrairement à la variation de volume spécifique
mentionnée ci-dessus, une telle interruption n'est généralement pas réversible. En
effet, si une liaison électrique s'interrompt pendant une augmentation de la température,
elle ne se rétablit généralement pas lorsque la température diminue.
[0047] Au cours des essais mentionnés ci-dessus, la déposante a constaté que si le matériau
de base d'un mélange adhésif conducteur est un matériau thermoplastique qui ne présente
aucune transition solide accompagnée d'une variation notable de son volume spécifique
à des températures inférieures à 85°C, un ensemble formé de deux sous-ensembles reliés
mécaniquement et électriquement par une couche de ce mélange adhésif conducteur supporte
parfaitement les essais de température mentionnés ci-dessus, c'est-à-dire qu'aucune
des liaisons électriques entre les deux sous-ensembles ne s'interrompt lorsque cet
ensemble est stocké à 75°C pendant 24 h et/ou lorsque sa température est modifiée
cent fois de suite de - 55°C à +85°C.
[0048] Le tableau ci-dessous donne à titre d'exemple non limitatif le nom commercial, le
fournisseur et le genre d'un certain nombre de matériaux thermoplastique qui remplissent
la condition ci-dessus. Le tableau indique également pour chacun de ces matériaux
la tempé rature T
t à laquelle se produit la première transition solide accompagnée d'une variation
notable de son volume spécifique.
| Nom commercial |
Fournisseur |
Genre |
Tt (°C) |
| APE 1-9300 |
Bayer AG, Leverkusen, Allemagne |
Polyester aromatique |
190 |
| Arylon 402 FR |
Dupont de Nemours (Suisse), Genève, Suisse |
Polyarylate |
174 |
| Udel 1700 |
Union Carbide Europe, Genève, Suisse |
Polysulfone |
140 |
| Victrex 41006 |
ICI Imperial Chemical Industries, Runcorn, Gde Bretagne |
Polyéther sulfone |
225 |
| Victrex 4506 |
ICI Imperial Chemical Industries, Runcorn, Gde Bretagne |
Polyéther éthercétone |
138 |
| TR 55 |
Ems Chemie, Ems, Suisse |
Polyamide 5.5 |
160 |
| Griltex XE 3038 |
Ems Chemie, Ems, Suisse |
Polyamide amorphe |
140 |
| Griltex XE 3098 |
Ems Chemie, Ems, Suisse |
Polyamide amorphe |
110 |
| Technomelt QR 116 |
Henkel Cie AG Düsseldorf, Allemagne |
Polyuréthane |
130 |
Il est évident que les mélanges adhésifs conducteurs selon la présente invention
peuvent comporter n'importe lesquelles des particules conductrices bien connues des
spécialistes, notamment celles qui sont décrites dans les documents mentionnés ci-dessus.
La déposante a obtenu d'excellents résultats avec des particules conductrices constituées
par des fibres de carbone de quelques micromètres de diamètre, ainsi qu'avec des particules
de cuivre, d'or ou d'argent ayant des dimensions maximales de quelques micromètres
également.
[0049] Il est également évident que l'emploi d'un mélange adhésif conducteur selon l'invention
est tout aussi simple et présente les mêmes avantages que celui d'un mélange adhésif
connu.
[0050] Les différents procédés qui peuvent être mis en oeuvre pour réaliser une liaison
mécanique et électrique entre deux sous-ensembles à l'aide d'un mélange adhésif conducteur
selon l'invention sont en outre très semblables à ceux qui sont utilisés pour mettre
en oeuvre un mélange adhésif conducteur connu. Ces procédés ne seront donc pas décrits
ici.
1. Mélange adhésif électriquement conducteur comportant un matériau de base adhésif
thermoplastique et des particules conductrices disposées dans ledit matériau de base,
caractérisé par le fait que ledit matériau de base ne présente aucune transition entre
deux états solides accompagnée d'une variation notable de son volume spécifique à
une température inférieure à 85°C.
2. Mélange adhésif selon la revendication 1, caractérisé par le fait que ledit matériau
de base est un polyester aromatique.
3. Mélange adhésif selon la revendication 1, caractérisé par le fait que ledit matériau
de base est un polyarylate.
4. Mélange d'adhésif selon la revendication 1, caractérisé par le fait que ledit matériau
de base est un polysulfone.
5. Mélange adhésif selon la revendication 1, caractérisé par le fait que ledit matériau
de base est un polyéther sulfone.
6. Mélange adhésif selon la revendication 1, caractérisé par le fait que ledit matériau
de base est un polyéther éther-cétone.
7. Mélange adhésif selon la revendication 1, caractérisé par le fait que ledit matériau
de base est un polyamide 5.5.
8. Mélange adhésif selon la revendication 1, caractérisé par le fait que ledit matériau
de base est un polyamide amorphe.
9. Mélange adhésif selon la revendication 1, caractérisé par le fait que ledit matériau
de base est un polyuréthane.