[0001] La présente invention a pour objet un procédé de traitement d'effluents liquides
radioactifs contenant en particulier du ruthénium.
[0002] De façon plus précise, elle concerne un procédé de traitement qui permet de décontaminer
ces effluents en éliminant le ruthénium qu'ils contiennent.
[0003] Elle s'applique notamment au traitement d'effluents aqueux de faible et de moyenne
activité provenant des installations de retraitement de combustibles irradiés, ou
aux liquides aqueux ou organiques contenant des produits de corrosion activés provenant
des centrales nucléaires.
[0004] Les effluents aqueux de moyenne activité provenant des installations de retraitement
de combustibles nucléaires irradiés contiennent des traces d'émetteurs alpha, bêta
et gamma.
[0005] A titre d'exemple d'émetteurs bêta et gamma, on peut citer 60-Co, 90-Sr, 106-Ru,
125-Sb, 134-Cs, 137-Cs, 144-Ce et 154-Eu.
[0006] A titre d'exemple d'émetteurs alpha, on peut citer l'uranium, le neptunium, le plutonium,
l'américium et le curium.
[0007] Les procédés connus de décontamination de ces effluents consistent pour la plupart
à effectuer des traitements chimiques permettant d'insolubiliser ces éléments radioactifs
contaminants.
[0008] Ainsi, on peut séparer les éléments difficiles à précipiter tels que le césium, le
strontium et le ruthénium en formant dans l'effluent différents précipités, soit un
précipité de ferrocyanure ou de tetraphénylborate pour éliminer le césium, un précipité
de carbonate, d'hydroxyde de titane ou de sulfate pour séparer le strontium et un
précipité de sulfure de cobalt ou de fer, ou d'hydroxyde de fer ou de cuivre pour
insolubiliser le ruthénium.
[0009] Des procédés de ce type sont décrits dans les brevets français FR-A-2 379 141 et
FR-A-2 346 817 du Commissariat à l'Energie Atomique.
[0010] Ces procédés présentent l'inconvénient de nécessiter des matériaux résistant à la
corrosion des sulfures.
[0011] La présente invention a précisément pour objet un procédé de traitement d'effluents
liquides radioactifs contenant du ruthénium qui permet d'éviter cet inconvénient.
[0012] Le procédé, selon l'invention, de traitement d'un effluent liquide radioactif contenant
du ruthénium consiste à ajouter audit effluent des ions borohydrure BH₄⁻ pour former
dans l'effluent un précipité contenant le ruthénium et à séparer ensuite de l'effluent
liquide le précipité contenant le ruthénium.
[0013] Dans ce procédé, on utilise les propriétés réductrices des ions BH₄⁻ pour précipiter
le ruthénium.
[0014] Ces ions peuvent être introduits dans l'effluent liquide sous différentes formes.
Généralement, on les ajoute sous la forme de borohydrure métallique, par exemple de
borohydrure de sodium.
[0015] Le borohydrure de sodium NaBH₄ se présente sous la forme d'une poudre blanche stable,
d'un poids moléculaire de 37,83. Il est soluble dans l'eau et son hydrolyse à froid
est très lente, selon la réaction :
BH₄⁻ + 4H₂O→B(OH)₃ + 4H₂ + OH⁻
car elle s'arrête pratiquement par suite du relèvement du pH.
[0016] Industriellement, on peut trouver le borohydrure de sodium sous la forme d'une poudre
à 97-98% ou sous la forme d'une solution stabilisée par de la soude qui contient 12%
de borohydrure de sodium, 40 à 42% de soude et 46 à 48% d'eau, sa densité étant de
1,074. L'introduction du borohydrure de sodium sous cette forme est particulièrement
avantageuse car cette solution est disponible commercialement à un prix non excessif.
[0017] Dans l'invention, le borohydrure agit comme réducteur puissant. La réaction d'oxydoréduction
peut s'écrire :
BH₄⁻ + 8OH⁻→H₂BO₃⁻ + 5H₂O + 8e⁻
Le potentiel de cette réduction en milieu alcalin étant élevé (1,24 V), les ions borohydrure
peuvent réduire de nombreux cations. En outre, on peut précipiter des borures métalliques
selon la réaction :
M
n+ + nB⁻→MB
n
[0018] A titre d'exemple de métaux susceptibles d'être précipités par ce mécanisme, on peut
citer le cobalt, le cuivre, le fer et le manganèse.
[0019] Généralement, dans l'invention, pour obtenir la précipitation du ruthénium par le
borohydrure, on réalise simultanément une neutralisation de l'effluent liquide en
ajustant le pH de l'effluent à une valeur de 8 à 10 lors de l'introduction des ions
borohydrure. Lorsqu'on utilise le borohydrure de sodium, ceci peut être effectué en
introduisant le borohydrure de sodium sous la forme d'une solution de borohydrure
de sodium dans de la soude. En effet, en milieu acide, le borohydrure de sodium s'hydrolyse
avec dégagement d'hydrogène et en milieu alcalin, le borohydrure de sodium est stable.
Aussi, pour obtenir l'insolubilisation du ruthénium dans de bonnes conditions, il
est préférable d'introduire ce borohydrure lors de la neutralisation de l'effluent
liquide, cette neutralisation étant effectuée pour obtenir un pH de 8 à 10.
[0020] De préférence, dans ce cas, on ajuste tout d'abord le pH de l'effluent liquide à
une valeur de 0,8 à 1,2 avant d'ajouter la solution de soude contenant le borohydrure
de sodium.
[0021] Selon une variante du procédé de l'invention, on favorise la précipitation du ruthénium
en ajoutant de plus à l'effluent un cation métallique entraîneur susceptible d'être
réduit par les ions BH₄⁻.
[0022] A titre d'exemple de cations entraîneurs utilisables, on peut citer le cuivre, l'antimoine,
le cobalt, le nickel, l'argent, le zinc et le fer qui peuvent être ajoutés à l'effluent
sous la forme de sels, par exemple de nitrates.
[0023] De préférencce, on utilise comme cation entraîneur le Cu²⁺, le Fe²⁺ ou le Sb³⁺.
[0024] La quantité de cation entraîneur ajoutée doit correspondre à la quantité maximale
qui, dans l'effluent à traiter et pour la dose de borohydrure ajoutée, peut être réduite
car si l'on utilise une quantité insuffisante de cation entraîneur, on obtient une
moins bonne décontamination en ruthénium.
[0025] La quantité d'ions borohydrure ajoutée à l'effluent dépend de la nature de l'effluent
à traiter. Généralement, on utilise une quantité d'ions borohydrure suffisante pour
réduire tout le ruthénium à précipiter. Lorsque l'effluent liquide contient d'autres
ions radioactifs tels que le césium, il est préférable de ne pas utiliser un excès
d'ions borohydrure car ceci risquerait d'entraver l'insolubilisation du césium et
des autres ions radioactifs dans un processus de traitement plus complexe de l'effluent.
[0026] En effet, le procédé de l'invention s'applique au traitement d'effluents contenant
différents radioéléments et il peut être mis en oeuvre de façon à réaliser l'élimination
des autres éléments radioactifs au moyen des réactifs généralement utilisés, par exemple
des réactifs de précipitation du césium et du strontium.
[0027] Ainsi, dans le cas d'un effluent liquide constitué par une solution aqueuse contenant
du strontium, du césium et du ruthénium, on effectue simultanément la décontamination
en strontium et en césium en formant de plus dans l'effluent un précipité de sulfate
de baryum et un précipité de ferrocyanure de nickel qui entraînent respectivement
le strontium et le césium.
[0028] A titre d'exemple, pour obtenir cette décontamination simultanée, on peut ajouter
successivement à l'effluent des ions SO₄²⁻, un cation entraîneur tel que Cu²⁺, de
la soude pour ajuster le pH de la solution à une valeur de 0,8 à 1,2, puis une solution
de soude contenant du borohydrure de sodium en quantité suffisante pour ajuster le
pH à 9, un précipité préformé de ferrocyanure de nickel et des ions Ba²⁺.
[0029] Dans ce cas, on met en oeuvre le procédé de décontamination décrit dans le brevet
français FR-A-2 379 141 du 27 janvier 1977 en remplaçant le précipité de sulfure de
cobalt par le borohydrure de sodium, et on peut utiliser les différents modes de traitement
décrits dans ce brevet.
[0030] On peut aussi combiner le mode de précipitation du ruthénium par les ions borohydrure
conforme à l'invention avec d'autres procédés de traitement d'effluents par précipitation,
par exemple avec le procédé décrit dans le brevet français FR-A-2 346 817.
[0031] Comme on l'a vu précédemment, le procédé de l'invention peut être utilisé pour traiter
différents effluents, et il s'applique en particulier au traitement d'effluents aqueux
nitriques provenant des installations de retraitement de combustibles irradiés. Il
présente également un intérêt pour réaliser la précipitation des produits de corrosion
activés rencontrés dans les déchets liquides aqueux ou organiques provenant des Réacteurs
à Eau Pressurisée (REP).
[0032] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront mieux à la lecture
de la description qui suit d'exemples de réalisation donnés bien entendu à titre illustratif
et non limitatif en référence au dessin annexé sur lequel:
- la figure 1 est un graphique illustrant la variation du facteur de décontamination
en ruthénium d'une solution en fonction du pH d'introduction des ions borohydrure,
- la figure 2 est un graphique illustrant la variation du facteur de décontamination
en ruthénium en fonction de la quantité de cuivre ajouté comme entraîneur, et
- les figures 3 et 4 sont des graphiques illustrant les variations des facteurs de
décontamination en césium, en ruthénium, en antimoine et en cobalt en fonction de
la quantité de borohydrure de sodium ajoutée (g/l) pour deux effluents traités.
EXEMPLE 1
[0033] Dans cet exemple, on traite un effluent dénommé ci-après effluent I qui a la composition
donnée dans le tableau 1, en lui ajoutant directement de la poudre de borohydrure
de sodium.
[0034] Dans ces conditions, on n'obtient aucune précipitation du ruthénium.
[0035] En revanche, si l'on effectue une préneutralisation de l'effluent à un pH de 1,2
et que l'on lui ajoute une solution de soude 1N contenant 5 g/l de borohydrure de
sodium jusqu'à l'obtention d'un pH de 9, on observe une précipitation du ruthénium
que l'on sépare ensuite de l'effluent par filtration.
[0036] On obtient ainsi un facteur de décontamination en ruthénium de 15. On précise que
le facteur de décontamination en un élément tel que Ru, correspond au rapport des
concentrations en cet élément dans l'effluent avant et après traitement.
[0037] Sur la figure 1, on a représenté les modifications du facteur de décontamination
en ruthénium FD
Ru obtenues lorsqu'on réalise le même traitement mais en ajustant le pH de l'effluent
avant traitement à des valeurs différentes. Sur cette figure, la courbe I se réfère
à l'effluent I traité et l'on remarque que le facteur de décontamination en ruthénium
diminue lorsque le pH initial de la solution augmente.
[0038] Ceci montre qu'il est important de ne pas ajuster le pH de la solution à des valeurs
de 8 à 10 avant d'introduire les ions borohydrure.
[0039] Il est toutefois préférable d'effectuer une préneutralisation des effluents acides
jusqu'à un pH de 0,8 à 1,2.
EXEMPLE 2
[0041] On traite comme dans l'exemple 1 un effluent, dénommé ci-après effluent II, qui a
les caractéristiques données dans le tableau 1, en introduisant le borohydrure de
sodium sous la forme d'une solution de borohydrure de sodium dans la soude 1N comme
dans l'exemple 1. On obtient également dans ces conditions une précipitation du ruthénium
et le facteur de décontamination en Ru est de 40. La courbe II de la figure 1 illustre
les variations du facteur de décontamination FD
Ru en fonction du pH d'introduction de la solution de borohydrure de sodium. On remarque
que cette courbe a la même allure que la courbe I obtenue avec l'effluent I.
EXEMPLE 3
[0042] Dans cet exemple, on utilise le même mode opératoire que dans l'exemple 1 pour précipiter
le ruthénium à partir de l'effluent I mais en ajoutant 20 mg/l d'ions Cu²⁺ comme entraîneur,
sous la forme de nitrate cuivrique, et en ajustant le pH à 1,2, avant d'introduire
le borohydrure de sodium. On obtient ainsi en fin d'opération un facteur de décontamination
en ruthénium.
[0043] On réalise ensuite le même traitement sur l'effluent I mais en utilisant des quantités
différentes d'ions Cu²⁺. On étudie ainsi l'effet de la quantité d'ions Cu²⁺, ajoutée
sur le facteur de décontamination en ruthénium.
[0044] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 2 qui représente les variations du
facteur de décontamination en ruthénium en fonction de la quantité de Cu²⁺ ajoutée
(en mg/l).
[0045] Sur cette figure, on remarque que le facteur de décontamination croît au départ mais
qu'il atteint ensuite un palier. La quantité d'ions Cu²⁺ (50 mg/l) qui correspond
au début du palier représente ainsi la quantité maximale d'ions Cu²⁺ qui peut être
réduite dans le cas de l'effluent I pour la dose de borohydrure de sodium ajoutée.
[0046] Ainsi, avec l'effluent I pour une addition de l'ordre de 500 mg/l (13 mmol) de borohydrure
de sodium (SBH), 50 mg/l (0,78 mmol) de cuivre sont suffisants. Ceci correspond à
un rapport molaire (SBH)/(Cu) de l'ordre de 16,5, alors que théoriquement pour réduire
une mole de cuivre II en cuivre I (CuB) ou en cuivre 0, ce rapport est égal à 8 dans
le premier cas et à 4 dans le second cas.
[0047] Ainsi, une part importante du borohydrure de sodium ajoutée est hydrolysée ou oxydée
par le milieu.
EXEMPLES 4 à 10
[0048] Dans ces exemples, on utilise différents cations entraîneurs et on traite l'effluent
I ou l'effluent II comme dans l'exemple 3 en ajoutant tout d'abord à l'effluent 20
mg/l de cation entraîneur, puis de la soude pour amener le pH de l'effluent à 1,2,
et enfin de la soude contenant 5 g/l de borohydrure de sodium jusqu'à l'obtention
d'un pH de 9. On sépare ensuite le précipité contenant le ruthénium et on détermine
la teneur en ruthénium de l'effluent séparé et le facteur de décontamination en ruthénium.
[0049] Les résultats obtenus sont donnés dans le tableau 2 pour différents cations entraîneurs.
Dans ce tableau, on a reporté également les résultats obtenus dans les exemples 1
et 2 sans cation entraîneur.
[0050] Au vu de ces résultats, on constate que les meilleurs facteurs de décontamination
sont obtenus pour l'effluent I avec le cuivre II (ex. 4) et le fer II (ex. 10). Dans
le cas du traitement de l'effluent II, on obtient dans tous les cas de bons résultats
car cet effluent contient déjà 48 mg/l de cuivre au départ.
EXEMPLE 11
[0051] Dans cet exemple, on traite l'effluent I pour éliminer non seulement le ruthénium,
mais également le strontium par formation d'un précipité de sulfate de baryum et le
césium par addition d'un précipité préformé de ferrocyanure de nickel, en suivant
le procédé décrit dans le brevet français FR-A-2 379 141.
[0052] Dans ce but, on ajoute successivement à l'effluent I les constituants suivants :
- SO₄²⁻ : 6000 mg/l sous la forme de H₂SO₄,
- Cu²⁺ : 50 mg/l sous forme de CuSO₄,
- NaOH 10N : la quantité suffisante pour amener le pH à 1,2
- NaOH 1N contenant 5 g/l de borohydrure de sodium : quantité suffisante pour amener
le pH à 9,
- précipité préformé de ferrocyanure de nickel : 300 mg/l en Fe(CN)₆⁴⁻ et 100 mg/l
en Ni²⁺
- Ba²⁺ : 1500 mg/l, et
- un floculant (anionique) : 5 mg/l.
[0053] On sépare ensuite les précipités de l'effluent liquide et on détermine les facteurs
de décontamination obtenus après ce traitement.
[0054] Les résultats sont donnés dans le tableau 3.
EXEMPLE COMPARATIF 1
[0055] Dans cet exemple, on traite l'effluent I en utilisant le procédé de l'art antérieur
décrit dans le brevet français 2 379 141, c'est-à-dire en ajoutant à l'effluent les
réactifs suivants :
- acide sulfurique : 12000 mg/l en ions sulfate,
- précipité de ferrocyanure de nickel 300 mg/l en ions ferrocyanure et 100 mg/l en
ions nickel,
- sulfure d'ammonium : 200 mg/l en ions sulfure,
- sulfate de cobalt : 250 mg/l en ions cobalt, et
- nitrate de baryum : 2000 mg/l en ions baryum.
[0056] On ajoute ensuite une quantité de soude telle que le pH final soit de l'ordre de
8,5. On sépare alors les précipités de l'effluent traité et on détermine les facteurs
de décontamination obtenus pour différents éléments contaminants. Les résultats sont
donnés dans le tableau 3.
EXEMPLE 12
[0057] On traite l'effluent II en utilisant les mêmes réactifs et en suivant le même mode
opératoire que dans l'exemple 11.
[0058] Les résultats obtenus sont donnés dans le tableau 3.
EXEMPLE COMPARATIF 2
[0060] Dans cet exemple, on utilise le même mode opératoire que celui de l'exemple comparatif
1 pour traiter l'effluent II. Les résultats obtenus sont donnés dans le tableau 3.
[0061] Au vu de ce tableau, on constate que le procédé de l'invention permet d'obtenir une
efficacité équivalente à celle du procédé de l'art antérieur pour la plupart des éléments
contaminants, et des performances supérieures dans le cas du ruthénium.
[0062] Ainsi, l'utilisation de borohydrure de sodium permet d'améliorer le facteur de décontamination
en ruthénium.
EXEMPLE 13
[0063] On répète le mode opératoire de l'exemple 11 sur l'effluent II en utilisant différentes
concentrations de borohydrure de sodium dans la soude 1N et en ajoutant toujours la
quantité voulue de solution de BHS dans NaOH 1N pour obtenir un pH de 9.
[0064] On détermine dans chaque cas les facteurs de décontamination en césium, en ruthénium,
en antimoine et en cobalt. Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 3 qui représente
l'évolution de ces facteurs de décontamination FD en fonction de la concentration
en borohydrure de sodium (en g/l) de la soude 1N.
[0065] Sur cette figure, on voit que l'augmentation de la concentration en borohydrure de
sodium, soit l'augmentation de la quantité de borohydrure de sodium ajoutée à l'effluent
n'améliore pas les résultats obtenus, et que dans le cas du ruthénium, le facteur
de décontamination décroît au contraire lorsque la concentration en borohydrure de
sodium de la soude excède 5 g/l. Dans le cas du césium, le facteur de décontamination
diminue de façon importante lorsque la concentration en borohydrure augmente ; on
suppose que le borohydrure de sodium en excès réduit le ferrocyanure de nickel et
empêche ainsi la fixation du césium.
[0066] Ainsi, avec le procédé de l'invention, il est préférable d'opérer sans excès de borohydrure
de sodium.
EXEMPLE 14
[0067] On suit le même mode opératoire que dans l'exemple 13 mais en utilisant l'effluent
I. On détermine comme dans l'exemple 13 les facteurs de décontamination en ruthénium,
en césium, en antimoine et en cobalt en fonction de la concentration en borohydrure
de sodium (en g/l) de la solution de soude 1N.
[0068] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 4.
[0069] Sur cette figure, on voit que l'on obtient le même effet que dans le cas de la figure
3, c'est-à-dire une décroissance du facteur de décontamination en césium et en ruthénium
lorsque la concentration en borohydrure de sodium de la soude est supérieure à 2 g/l.
EXEMPLE 15
[0070] Dans cet exemple, on utilise le même mode opératoire et les mêmes réactifs que dans
l'exemple 11 pour traiter un effluent provenant d'une usine de retraitement des combustibles
irradiés dénommé ci-après effluent III qui a les caractéristiques chimiques et radiochimiques
données dans le tableau 4. Après traitement et séparation des précipités, on détermine
les concentrations en radioéléments de l'effluent ainsi que les facteurs de décontamination
obtenus. Les résultats sont donnés dans le tableau 5.
EXEMPLE 16
[0071] On suit le même mode opératoire que dans l'exemple 15 pour traiter le même effluent
mais en utilisant 100 mg/l d'ions Cu²⁺ au lieu de 50 mg/l. Les résultats obtenus sont
donnés également dans le tableau 5.
EXEMPLE COMPARATIF 3
[0072] Dans cet exemple, on suit le même mode opératoire que dans l'exemple 12 pour traiter
l'effluent III de l'exemple 15 selon le procédé de l'art antérieur et l'on détermine
les facteurs de décontamination obtenus pour les principaux radioéléments. Les résultats
sont donnés également dans le tableau 5.
[0073] Au vu de ces résultats, on constate que le traitement de l'invention permet d'accroître
le facteur de décontamination en ruthénium lorsqu'on utilise 100 mg/l d'ions Cu²⁺.
Par ailleurs, les résultats sont également meilleurs en ce qui concerne le facteur
de décontamination en césium et en zirconium et les résultats sont sensiblement équivalents
en ce qui concerne le facteur de décontamination en cobalt.
[0074] Le procédé de l'invention permet donc d'obtenir de très bons résultats.
EXEMPLE 17
[0075] On suit le même mode opératoire que dans l'exemple 15 pour traiter l'effluent IV
ayant la composition donnée dans le tableau 4. Les résultats obtenus sont donnés dans
le tableau 5.
EXEMPLE 18
[0076] On suit le même mode opératoire que dans l'exemple 16 pour traiter l'effluent IV.
[0077] Les résultats obtenus sont donnés dans le tableau 5.
[0078] Au vu de ces résultats, on constate que les facteurs de décontamination obtenus sont
satisfaisants dans tous les cas et sensiblement équivalents à ceux que l'on obtient
dans les exemples 15 et 16.
TABLEAU 1
Caractéristiques de l'effluent |
Effluent I |
Effluent II |
Chimiques (mg/l⁻¹) |
|
|
|
|
H⁺ (N) |
0,6 |
0,4 |
U |
50 |
- |
Fe³⁺ |
10 |
15 |
PO₄³⁻ |
130 |
176 |
Ca²⁺ |
48 |
41 |
NO₃⁻ |
44.10³ |
35.10³ |
Cu²⁺ |
< 1 |
48 |
Consommat. KMnO₄ |
<10 |
30 |
Radiochimiques |
|
|
|
|
Emetteurs βγ |
MCi.m⁻³ |
kBq.l⁻¹ |
MCi.m⁻³ |
kBq.l⁻¹ |
60 Co |
17 |
630 |
50 |
1850 |
90 Sr |
945 |
37200 |
432 |
16000 |
106 Ru |
2750 |
102000 |
7060 |
261250 |
125 Sb |
55 |
2000 |
386 |
14300 |
134 Cs |
205 |
7500 |
163 |
6050 |
137 Cs |
920 |
34000 |
710 |
26300 |
144 Ce |
510 |
18000 |
- |
- |
154 Eu |
86 |
3100 |
19 |
685 |
Emetteurs α |
|
|
|
|
234 U + 237 Np |
14 |
510 |
6 |
220 |
239 + 240 Pu |
67 |
2480 |
29 |
1090 |
238 Pu 241 Am |
135 |
5000 |
76 |
2815 |
243 + 244 Cm |
16 |
590 |
14 |
523 |
TABLEAU 2
Entraîneurs ajoutés |
pas d'entraîneur |
EX.4 |
EX.5 |
EX.6 |
EX.7 |
EX.8 |
EX.9 |
EX.10 |
Nature |
0 |
Cu²⁺ |
Sb³⁺ |
Co²⁺ |
Ni²⁺ |
Ag⁺ |
Zn²⁺ |
Fe²⁺ |
mg/l |
0 |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
mmol |
0 |
0,3 |
0,16 |
0,34 |
0,34 |
0,19 |
0,31 |
0,36 |
meq |
0 |
0,6 |
0,48 |
0,68 |
0,68 |
0,19 |
0,62 |
0,72 |
Effluent I |
|
|
|
|
|
|
|
|
F.DRu |
15 (ex.1) |
50 |
35 |
17 |
16 |
15 |
22 |
43 |
Effluent II |
|
|
|
|
|
|
|
|
F.DRu |
40 (ex.2) |
52 |
50 |
52 |
26 |
40 |
32 |
43 |
TABLEAU 4
EFFLUENTS |
Effluent III |
Effluent IV |
Caractéristiques chimiques |
|
|
- pH ou N |
0,8 |
0,45 N |
- Potentiel mV Ag/AgCl |
+740 |
+750 |
- consommation en KMnO₄ |
non |
oui |
- NO₂⁻ mg.l⁻¹ |
- |
50 |
Caractéristiques radiochimiques |
|
|
Activité béta-gamma en Ci/m³ |
|
|
60 Co |
1,8.10⁻² |
1,1.10⁻² |
90 Sr |
0,95 |
0,8 |
95 Zr |
1,4.10⁻² |
3,3.10⁻³ |
95 Nb |
5,7.10⁻² |
2,4.10⁻² |
103 Ru |
<7.10⁻³ |
2.10⁻³ |
106 Ru |
7,9 |
2,8 |
125 Sb |
0,3 |
0,2 |
134 Cs |
0,7 |
0,2 |
137 Cs |
2,2 |
0,7 |
144 Ce |
1,2 |
0,2 |
Béta total |
21,4 |
7,2 |
Activité alpha |
|
|
alpha totaux en Ci/m³ |
1,6.10⁻¹ |
5,5.10⁻² |
Pu en mg.l⁻¹ |
0,32 |
0,18 |
% Pu |
19 |
21 |
% Am |
43 |
46 |
% Cm |
38 |
23 |
TABLEAU 5
Facteurs de décontamination |
Ex. 15 (Eff.III) SBH + 50mg/l Cu²⁺ |
Ex. 16 (Eff.III) SBH et 100mg/l Cu²⁺ |
EX.comp. 3 (Eff. III) sulfure de Co |
Ex. 17 (Eff. IV) SBH + 50mg/l Cu²⁺ |
Ex. 18 (Eff. IV) SBH + 100mg/l Cu²⁺ |
106 Ru |
44 |
88 |
80 |
52 |
34 |
60 Co |
13 |
13 |
20 |
>13 |
17 |
90 Sr |
8 |
|
35 |
138 |
|
95 Zr |
>14 |
>70 |
>28 |
>3 |
>30 |
95 Nb |
>100 |
>100 |
160 |
>25 |
>140 |
125 Sb |
3 |
|
11 |
1,8 |
2,4 |
137 Cs |
720 |
>1000 |
720 |
>700 |
>1000 |
144 Ce |
145 |
>195 |
450 |
>2 |
>180 |
Eléments |
42 |
120 |
93 |
40 |
32 |
Eléments |
76 |
72 |
30 |
135 |
66 |
1. Procédé de traitement d'un effluent liquide radioactif contenant du ruthénium,
caractérisé en ce que l'on ajoute audit effluent des ions borohydrure BH₄⁻ pour former
dans l'effluent un précipité contenant le ruthénium et en ce que l'on sépare ensuite
de l'effluent liquide le précipité contenant le ruthénium.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on ajuste le pH de l'effluent
à une valeur de 8 à 10 lors de l'introduction des ions borohydrure pour former le
précipité de ruthénium.
3. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que
l'on ajoute également à l'effluent un cation entraîneur susceptible d'être réduit
par les ions BH₄⁻.
4. Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que le cation entraîneur est
choisi parmi Cu²⁺, Fe²⁺ et Sb³⁺.
5. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que
les ions BH₄⁻ sont ajoutés sous la forme de borohydrure de sodium.
6. Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que l'on ajuste le pH de l'effluent
à une valeur de 8 à 10 en ajoutant le borohydrure de sodium sous la forme d'une solution
de borohydrure de sodium dans de la soude.
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que
l'effluent liquide est une solution nitrique.
8. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que,
l'effluent liquide étant une solution aqueuse contenant du strontium, du césium et
du ruthénium, on effectue simultanément une décontamination de l'effluent en strontium
et en césium en formant dans la solution un précipité de sulfate de baryum et un précipité
de ferrocyanure de nickel qui entraînent respectivement le strontium et le césium.
9. Procédé selon la revendication 8, caractérisé en ce que l'on ajoute successivement
à la solution des ions SO₄²⁻, un cation entraîneur, de la soude pour ajuster le pH
de la solution à une valeur de 0,8 à 1,2, puis une solution de soude contenant du
borohydrure de sodium en quantité suffisante pour ajuster le pH à 9, un précipité
préformé de ferrocyanure de nickel, et des ions Ba²⁺.