[0001] La présente invention a pour objet un écran de protection, et notamment un écran
balistique, destiné en particulier, mais non exclusivement, à permettre le blindage
de carrosseries, enveloppes, écrans de protection, et notamment le blindage de tôles
dites minces telles que celles qui sont utilisées dans l'industrie civile pour le
doublage des portes ou la réalisation de carrosseries automobiles.
[0002] On a déjà proposé toute une gamme de solutions au problème du blindage des carrosseries,
mais elles présentent toutes simultanément un inconvénient majeur : elles font appel
à des matériaux lourds, épais, le plus souvent métalliques, ce qui rend ce type d'opération
souvent impossible, par exemple sur des véhicules civils dont les structures et la
puissance sont insuffisants pour supporter le poids de tels blindages.
[0003] Dans le cas de munitions perforantes (c'est-à-dire comprenant un noyau de tungstène
extrêmement pointu recouvert d'un alliage de plomb, lui-même recouvert de laiton),
l'épaisseur de matériau à mettre en oeuvre est prohibitive.
[0004] Afin de pouvoir arrêter un projectile perforant, il est connu d'utiliser des céramiques
industrielles frittées, qui peuvent être à base d'alumine ou de silice laquelle casse
le noyau, de sorte que celui-ci, aussitôt après pénétration, n'est plus pointu, mais
écorné, ou encore désintégré en plusieurs morceaux. Il est alors possible d'arrêter
un tel noyau par une couche de blindage composite genre Antigun (Marque déposée) ou
tout autre blindage léger.
[0005] Mais, le problème qui se pose et qui est résolu par la présente invention est celui
de la cohésion de panneaux composites comprenant de la céramique et soit de l'acier
inoxydable, soit de l'aluminium, soit un panneau du genre Antigun.
[0006] On connaît des colles qui permettent de réunir différentes couches avec une adhérence
convenable. Cependant, en cas de choc violent tel qu'un tir, il s'est avéré que les
différentes strates se décollaient les unes des autres. En effet, dans le cas de l'impact
d'un projectile, l'onde de choc produite atteint une vitesse de l'ordre de 9000 m/sec,
lorsque la vitesse du projectile est de 800 m/sec. Il se produit une variation de
volume corrélative qui, indépendamment de tout effet mécanique, fait éclater la couche
d'adhésif lorsque celle-ci est dure, ce qui entraîne la délamination des couches et,
éventuellement, la chute de la couche extérieure lorsque celle-ci est constituée de
carreaux de céramique. Il en résulte qu'après impact les carreaux de céramique voisins
du carreau ayant reçu le projectile tombent ou sont fêlés, ce qui conduit à utiliser
une couche de retenue ou de protection extérieure, les carreaux n'étant tenus après
un impact de projectile que par la couche de retenue.
[0007] FR-A-2 565 162 décrit un polyuréthane stratifiable à basse température destiné à
coller deux couches transparentes telles que du verre et du polycarbonate.
[0008] DE-A-2 344 277 se rapporte à un gilet pare-balles comprenant des plaques multicouches
comprenant une couche métallique et une couche de matière minérale réunies par une
couche élastomère du genre caoutchouc, polyuréthane, PVC, etc. Mais cette couche a
seulement pour objet de répartir l'énergie et non pas de coller les couches, la couche
élastomère et la couche métallique du fond étant liées, par exemple par un collage.
[0009] D'une manière générale, la structure des matériaux utilisés pour le blindage fait
que ceux-ci sont difficiles à coller et ne tiennent bien souvent sur leur support,
notamment sur l'aluminium, sur l'acier inoxydable, ou sur les matériaux composites,
que par un effet de ventouse.
[0010] La présente invention a pour objet de remédier à cet inconvénient et de permettre
la constitution de panneaux résistant à des tirs intensifs très rapprochés.
[0011] Selon la présente invention, le panneau de protection multicouches est caractérisé
en ce que les différentes couches sont collées à l'aide d'un polyuréthane aliphatique
dont la dureté Shore A est de 75, et dont le point de ramollissement est de 125°.
[0012] On a en effet observé que dans le cas de panneaux balistiques, la ou les couches
d'adhésif devaient être relativement souples pour éviter tout décollement après impact.
[0013] Selon une autre caractéristique de l'invention, le polyuréthane est choisi dans la
classe des polyéthers.
[0014] Les caractéristiques physiques du polyéther-uréthane qui s'est avéré satisfaisant
sont les suivantes :
- Module de rupture |
308 bars |
- Module d'élasticité sous une tension de 10% |
1,3 bars |
- Module d'élasticité sous une tension de 100% |
27 bars |
- Module d'élasticité sous une tension de 300% |
62 bars |
- Allongement de rupture |
500% |
- Plage de fusion |
138-160°C |
- Densité |
1.15 |
[0015] La présente invention a également pour objet un procédé de fabrication de panneaux,
caractérisé en ce qu'il consiste à chauffer, à l'intérieur d'une étuve, les différentes
couches du panneau, pendant un délai de l'ordre de 45 minutes, à une température comprise
entre 150 et 200° jusqu'à ce que les bords du polyéther prennent une teinte ambrée,
puis à passer l'ensemble sous presse avec une pression de 2 à 10 bars, et à laisser
refroidir l'ensemble à l'air libre. De préférence, l'augmentation de température est
effectuée graduellement. L'existence de bulles d'air dans la couche de polyéther ne
s'oppose pas à l'obtention d'un bon collage, de sorte qu'il n'est pas nécessaire de
travailler sous vide.
[0016] La colle utilisée est incluse contre les couches à réunir, sous forme d'un film plastique
compris entre 0,38 m/m et 1,2 m/m qui, au cours de l'opération de chauffage, va fondre
et se répandre sur toute la surface et éventuellement dans les interstices constitués
notamment par les carreaux de céramique. Le passage sous presse assure la cohésion
définitive des différentes couches.
[0017] On notera que, grâce à la souplesse relative de la colle, le choc résultant de l'impact
d'un projectile sur un carreau est amorti de sorte que tous les morceaux du carreau
brisé restent collés soit sur la couche inférieure, soit sur la couche intersticielle.
De même, les carreaux adjacents ne subissent pas de dommages.
[0018] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention apparaîtront au cours
de la description qui va suivre d'un mode particulier de réalisation, donné uniquement
à titre d'exemple non limitatif, en regard de la figure unique qui représente un panneau
de blindage obtenu par le procédé selon l'invention.
[0019] Ce panneau est constitué de bas en haut par une couche 1 d'aluminum, réunie par une
couche 2 d'adhésif sur un panneau 3 de matériau composite connu sous la marque déposée
''ANTIGUN", tel que décrit dans le brevet FR-A-2 459 956, et composé d'une âme légère
entourée de couches fibreuses par exemple à base d'aramides noyées dans une résine
polyester. Le panneau Antigun supporte, par l'intermédiaire d'une couche de colle
4 en résine polyéther, des carreaux de céramique 5. Comme indiqué sur la figure, les
carreaux 5 peuvent être surmontés par une couche légère 6 de camouflage. Contrairement
à ce qui se passait dans la technique antérieure, cette couche n'est pas nécessaire
mécaniquement à la résistance aux projectiles, mais a simplement pour but de dissimuler
la structure du matériau.

[0020] Il est ainsi possible selon l'invention de réaliser des collages acier / acier, acier
/ caoutchoucs ou matières similaires, acier / Teflon ou similaire, même dans le cas
d'applications autres que la balistique, ce qui était pratiquement impossible précédemment.
1. Panneau composite de protection caractérisé en ce que ses différentes couches (1,
3, 5) sont réunies à l'aide d'une résine polyéther polyuréthane aliphatique dont la
dureté Shore A est de l'ordre de 75 et dont le point de ramollissement est de 125°.
2. Panneau de protection selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il consiste
en une couche d'acier inoxydable ou d'aluminium (1), une couche de matériau composite
(3), et une couche de carreaux de céramique (5).
3. Panneau de protection d'un panneau selon l'une quelconque des revendications 1
et 2, caractérisé en ce qu'il consiste à superposer les couches constituant le matériau
à l'intérieur d'une étuve, à porter le matériau à une temmpérature comprise entre
150 et 200°, jusqu'à ce que la résine polyéther prenne une teinte ambrée, puis à presser
les couches sous une pression de 2 à 10 bars, et à laisser refroidir à l'air.