[0001] La présente invention se rapporte aux systèmes de dragage magnétique qui permettent
de détruire les mines sous-marines dont le déclenchement est activé par les variations
du champ magnétique dues au bateau à couler. La plupart des bateaux sont en effet
construits en fer et comportent en outre de grosses masses ferro-magnétiques, et même
si on a réussi à les démagnétiser ils apportent une perturbation importante au champ
magnétique terrestre. Il est alors relativement facile de détecter ces perturbations
pour faire exploser une mine.
[0002] Pour draguer de telles mines, c'est-à-dire pour les faire exploser sans que cela
produise des dégâts, il est connu de la demande de brevet européen 0 130 767 de remorquer
derrière un dragueur de mines, lui-même particulièrement étudié pour apporter un minimum
de perturbation magnétique, un ensemble d'aimants accrochés à un filin. On peut faire
varier l'aimantation de ces aimants selon une suite d'incréments, ce qui permet d'imiter
relativement grossièrement la répartition spatiale le long de ce dispositif du champ
d'un bâtiment de grande dimension, cette répartition étant connue sous le nom de signature
magnétique.
[0003] Outre le fait que la simulation est loin d'être parfaite, cette méthode nécessite
un matériel volumineux et difficilement remorquable, pour couvrir en définitive une
surface relativement faible. En effet si la répartition en longueur du champ magnétique
doit correspondre à celle d'un bâtiment de type courant, il y a intérêt à ce que la
répartition en largeur soit la plus grande possible, puisque la mine ne repère la
répartition du champ magnétique que le long du trajet supposé du bâtiment et non pas
selon cette largeur, qui est connue sous le nom d'intercept. Cet intercept doit être
le plus large possible afin que chaque passage du dragueur détruise les mines dans
un chenal lui-même le plus large possible.
[0004] Dans l'exemple décrit dans la demande de brevet citée en référence, chaque aimant
est contenu dans un bidon d'un diamètre de 0,90m x 5m de long, pesant 3 tonnes, ce
qui ne permet toutefois d'obtenir qu'un moment magnétique relativement faible de 90.000
A/m². Par ailleurs les variations de l'aimantation se font par incréments de 10.000
A/m² ce qui ne permet qu'une approximation assez grossière de la répartition du champ
à imiter.
[0005] On connait d'autres méthodes, qui consistent par exemple à remorquer derrière le
dragueur un câble électrique parcouru par un courant qui crée un champ magnétique.
Ce câble peut être refermé sur lui-même en utilisant un dispositif permettant de former
une boucle de largeur suffisante, ou il peut être ouvert, le courant électrique se
refermant alors par l'intermédiaire du milieu marin qui est conducteur. Outre que
la simulation de la signature magnétique est tout à fait grossière, ces méthodes nécessitent
en outre des puisances très importantes, de l'ordre du MW, pour couvrir un intercept
qui reste néanmoins relativement faible.
[0006] Pour pallier ces inconvénients, l'invention propose d'utiliser un ensemble de solénoïdes
répartis en largeur sur l'intercept désiré et remorqués par le dragueur de mines à
bonne distance. Ces solénoïdes sont alimentés par un courant électrique variable,
de manière à ce que les variations du champ magnétique obtenues par ces variations
de courant simulent le passage d'un navire de la taille désirée, alors que la répartition
des solénoïdes dans le sens d'avancement du dragueur est pratiquement ponctuelle.
[0007] D'autres particularités et avantages de l'invention apparaîtront clairement dans
la description suivante faite à titre d'exemple non limitatif en regard des figures
annexées qui représentent :
- la figure 1, une vue de dessus d'un dragueur de mines remorquant un système selon
l'invention ; et
- la figure 2, un schéma d'un dispositif d'alimen tation du système de la figure
1.
[0008] On a représenté sur la figure 1 un dragueur de mines 101 qui remorque, à l'aide de
câbles 102, un ensemble de trois bidons 103 qui renferment des solénoïdes alimentés
par un dispositif électronique 104 situés à bord du dragueur 101. Les courants nécessaires
circulent entre cet équipement et les solénoïdes par l'intermédiaire des câbles de
remorquage. La distance d₁ entre le dragueur et les bidons est d'environ 400m afin
d'éviter toute confusion entre le champ magnétique résiduel du dragueur et celui des
solénoïdes et d'empêcher le dragueur d'être atteint par l'explosion des mines lorsqu'elle
se déclenchent sous l'action des solénoïdes.
[0009] Les bidons 103 sont maintenus écartés les uns des autres par une barre transversale
105 qui les maintient séparés d'une largeur l, correspondant à l'intercept de chacun
des bidons. On obtient ainsi un intercept égal à 3 l, qui proportionnellement à la
masse du solénoïde et à l'intensité consommée dans celui-ci est considérablement supérieur
à celui qui serait obtenu par un solénoïde unique.
[0010] En outre un quatrième bidon 106 est remorqué derrière le bidon central à une distance
d₂ d'environ 450m du dragueur. Ce quatrième bidon contient un simulateur de bruit
qui permet de leurrer les mines fonctionnant à partir de la réception des bruits acoustiques
des bateaux. De plus les mines les plus sophistiquées, qui déterminent la corrélation
entre la signature magnétique d'un bâtiment et sa signature acoustique peuvent également
être déclenchées par ce système de dragage combiné.
[0011] En utilisant un conducteur d'aluminium d'une section de 5 x 10mm², on a réalisé un
solénoïde comportant 3.960 tours dont le diamètre extérieur est de 0,90m et la longueur
totale de 4,38m. La résistance de ce solénoïde et de 5,70 ohms et son inductance de
4,5 H. L'utilisation de l'aluminium a permis d'obtenir pour ce dispositif un poids
inférieur à 1.700 kg, ce qui correspond à un gain de masse par rapport au cuivre pour
un même moment magnétique dans un rapport de 1,77.
[0012] En alimentant ce solénoïde avec un amplificateur de 40 kW débitant 80 A/500V, on
obtient un moment magnétique de 167.00 A/m² qui permet d'obtenir pour un seul solénoïde
un intercept l supérieur à 100m. Dans l'exemple représenté sur la figure 1, l'intercept
total de dragage 3l est donc au moins égal à 300m. L'utilisation de N solénoïde en
parallèle permet, au point de vue énergétique, d'obtenir une diminution de puissance
dans un rapport de 1/N², c'est-à-dire dans l'exemple décrit dans un rapport 9. De
même la taille et la masse des N solénoïdes sont au total bien plus réduites que la
taille et la masse d'un solénoïde unique ayant le même intercept. En effet compte
tenu d'effets annexes, des calculs et des essais menés en vue d'utiliser un solénoïde
unique ont montré qu'il faudrait construire un dispositif volumineux, très pesant
et consommant environ 1 Mégawatt d'énergie pour obtenir le même résultat qu'avec les
trois solénoïdes décrits ci-dessus.
[0013] Un tel dispositif permet en outre de simuler les champs magnétiques alternatifs qui
existent sur tous les bâtiments, quelles que soient les précautions prises. En effet
par exemple le simple mouvement des hélices dans l'eau de mer, qui est conductrice,
induit des champs magnétiques alternatifs ayant des fréquences de l'ordre du Hertz
qui, bien que faibles, sont parfaitement détectables comme caractéristiques d'un bâtiment
pour commander la mise à feu d'une mine magnétique permettant de détecter de tels
champs.
[0014] Le dispositif ainsi décrit permet de bobiner à côté du solénoïde principal un solénoïde
secondaire destiné à être alimenté en courant alternatif pour simuler ces champs magnétiques
alternatifs. Un tel solénoïde peut être réalisé par exemple à partir d'un fil de 2mm²
de section bobiné selon 158 tours sur un diamètre de 0,90m et sur une longueur de
0,35m. La résistance d'un tel solénoïde est de 3 ohms et son inductance de 0,09 H.
En l'alimentant avec un courant alternatif de 10 A on obtient un moment magnétique
sensiblement égal à 1.000 A/m², qui est d'une intensité tout à fait suffisante pour
permettre de simuler les champs alternatifs d'un bâtiment de taille convenable. Le
chiffre de 1.700 kg cité plus haut comprend le poids de ce solénoïde destiné à produire
un champ alternatif.
[0015] On a représenté sur la figure 2 un exemple de réalisation des circuits de commande
de 3 solénoïdes 201 à 203 mis en parallèle comme sur la figure 1.
[0016] Un générateur de fonctions 204 délivre une tension qui représente la forme du champ
magnétique à obtenir, compte tenu des caractéristiques du bâtiment à simuler et de
la vitesse du dragueur de mines 101. Le signal de sortie de ce générateur évolue très
lentement en fonction du temps et il est donc appliqué à des amplificateurs 205 à
207 dont les caractéristiques en très basse fréquence sont adaptées à la vitesse
de variation de ce signal. Ces amplificateurs sont reliés respectivement aux solénoïdes
201 à 203 et il est connu dans l'art de réaliser de tels amplificateurs permettant
de délivrer la puissance nécessaire sur l'impédance de ces solénoïdes avec un signal
qui varie très lentement en fonction du temps.
[0017] Par ailleurs un générateur de fréquences 208 délivre un ensemble de fréquences qui
correspondent aux différents champs alternatifs qui seraient délivrés par le bâtiment
dont il faut simuler la présence. Ces fréquences sont appliquées à des amplificateurs
basse fréquence 209 à 211 dont les sorties sont reliées aux bobinages adéquats des
solénoïdes 201 à 203. Ces amplificateurs sont adaptés en fréquence et en puissance
aux caractérisques des bobinages auxquels ils sont reliés et sont d'une technique
plus classique que celle des amplificateurs 205 à 207.
[0018] Le système ainsi décrit permet donc un dragage très efficace d'un champ de mines
sur une largeur importante avec des moyens remarquablement réduits tant en masse qu'en
puissance dissipée.
1. Système de dragage magnétique comportant un dragueur (101) remorquant un dispositif
de simulation du champ magnétique d'un navire de caractéristiques déterminées, caractérisé
en ce que ce dispositif comporte un ensemble de solénoïdes (103) remorqués en parallèle
et alimentés (104) par un courant électrique variable qui permet de faire varier dans
le temps le champ magnétique émis par les solénoïdes de manière à simuler le passage
d'un navire ayant lesdites caractérisques déterminées.
2. Système selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comprend 3 solénoïdes
(103) séparés les uns des autres d'une distance sensiblement égale à 100m, et que
ces solénoïdes présentent un moment magnétique sensiblement égal à 167.000 A/m².
3. Système selon la revendication 2, caractérisé en ce que ces solénoïdes (103) sont
formés d'un conducteur enroulé selon une bobine présentant sensiblement 3.960 tours
d'un diamètre sensiblement égal à 0,9m et d'une longueur sensiblement égale à 4,38m.
4. Système selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
les solénoïdes sont réalisés avec un conducteur en aluminium.
5. Système selon la revendication 4, caractérisé en ce que le conducteur présente
une section sensiblement égale à 5 x 10mm².
6. Système selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
chaque solénoïde comprend en outre un solénoïde secondaire destiné à être alimenté
par un courant alternatif permettant de simuler le champ alternatif du navire de caractéristiques
déterminés.
7. Système selon la revendication 6, caractérisé en ce que ce solénoïde secondaire
est formé d'un conducteur enroulé selon sensiblement 158 tours sur un diamètre sensiblement
égal à 0,9m et une longueur sensiblement égale à 0,35m.
8. Système selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que
chaque solénoïde principal est alimenté par un courant pouvant atteindre 80 A sous
une tension de 500 V.