[0001] La présente invention concerne un procédé pour améliorer la résistance à la corrosion
de matériaux métalliques tels que les aciers inoxydables, les aciers ordinaires,
les aciers faiblement alliés, les aciers au carbone, les aciers de traitement, les
aciers réfractaires, les alliages à base nickel et à base cobalt, l'aluminium et ses
alliages, le titane et ses alliages, le zirconium et ses alliages, le zinc et ses
alliages, le cuivre et ses alliages.
[0002] Les traitements, de la surface de matériaux métalliques se font jusqu'à présent par
des réactions chimiques classiques (oxydation, réduction, traitements de conversion.
[0003] Il est par ailleurs connu de soumettre la surface de matériaux métalliques à un traitement
superficiel par plasma dans une atmosphère consituée par un gaz rare tel que l'argon.
Dans un tel traitement la surface du matériau métallique polarisé négativement est
bombardé par des ions tels que Ar⁺, ce qui provoque un arrachement des atomes superficiels
et une érosion préférentielle et conduit à une très grande réactivité vis-à-vis de
l'atmosphère et à une augmentation de la rugosité.
[0004] On a maintenant trouvé que si l'on remplace le gaz neutre monatomique par certains
gaz de type moléculaire, oxydants ou réducteurs, il est possible, par un traitement
superficiel par plasma à base température (c'est-à-dire à température ambiante),
d'améliorer la résistance à la corrosion de matériaux métalliques.
[0005] La présente invention a en conséquence pour objet un procédé pour améliorer la résistance
à la corrosion d'un matériau métallique, caractérisé en ce que l'on soumet le matériau
métallique à froid à un traitement superficiel par plasma à basse température, à une
pression de 1 à 10³ Pa, dans une atmosphère comprenant au moins un gaz choisi parmi
l'oxygène, l'ozone, l'azote, l'hydrogène, l'air, le gaz carbonique, le monoxyde de
carbone, les oxydes d'azote, l'eau, les gaz de combustion et les mélanges de ceux-ci
avec un gaz neutre.
[0006] Par plasma à basse température ou plasma "froid" on désigne généralement un plasma
obtenu par décharge luminescente dans une atmosphère à faible pression (inférieure
à 10³ Pa). La décharge est obtenue dans une enceinte entre une anode et le matériau
métallique polarisé négativement qui sert de cathode. Le matériau métallique à traiter
est maintenu "à froid", c'est-à-dire que sa température est maintenue en pratique
à une température inférieure à 100°C. Ceci peut être obtenu grâce à l'utilisation
d'une cathode et d'une anode refroidies par une circulation d'eau.
[0007] Sous l'influence du champ électrique, les molécules du gaz sont dissociées, excitées
ou ionisées ; dans la décharge électrique ainsi créée, un plasma de basse énergie
balaie la surface du matériau et les diverses espèces gazeuses réagissent avec les
atomes de surface suivant leur affinité chimique. Un grand nombre d'éléments disparaissent
de la surface traitée selon que les gaz sont oxydants ou réducteurs. Après traitement,
la surface est généralement passive vis-à-vis de l'atmosphère, c'est-à-dire, des éléments
de pollution classiques C, S, P O,...
[0008] Une des caractéristiques les plus intéressantes d'un nettoyage par plasma moléculaire
est de ne pas changer la rugosité superficielle du matériau même sur des couches à
bas point de fusion étant donné la température du plasma. En effet il n'y a pas d'érosion
avec un gaz moléculaire, alors que l'érosion est importante avec les gaz rares.
[0009] Les produits de réaction, pour une grande part, certainement sous forme gazeuse,
sont évacués par le pompage et d'autres, chargés positivement peuvent se redéposer
sur la cathode, par exemple le calcium, mais sans toutefois, perturber la surface.
[0010] Dans la présente invention on entend par gaz neutre des gaz rares tels que l'argon,
le néon et l'hélium.
[0011] Des atmosphères gazeuses qui conviennent en particulier sont des mélanges N₂/O₂,
y compris l'air, le gaz carbonique, N₂/H₂, H₂/Ar.
[0012] Les temps de traitement peuvent être d'environ 1 seconde à 10 minutes. On opère
avantageusement sous des tensions de 100 à 5000 V.
[0013] Il est certain que les résultats précédemment indiqués peuvent être obtenus par
des champs électriques ou électromagnétiques générés par les techniques classiques
de plasma "froid" habituellement utilisés pour les dépôts physiques en phase vapeur
(magnétron, canons à ions ou à électrons, dépôts ioniques classiques) ou les traitements
thermochimiques par bombardement ionique.
[0014] Les matériaux métalliques traités peuvent être notamment des aciers inoxydables martensitiques,
ferritiques, austénitiques et austénoferritiques, des aciers ordinaires ou faiblement
alliés, des aciers au carbone, des aciers de traitement, des aciers réfractaires,
des alliages à base de nickel et à base de cobalt; l'aluminium et ses alliages, le
titane et ses alliages, le zirconium et ses alliages, le zinc et ses alliages, le
cuivre et ses alliages ...
La figure 1 présente une courbe d'analyse par spectrométrie à décharge luminescente
(SDL) d'un acier inoxydable non traité.
La figure 2 présente, à titre de comparaison, une courbe d'analyse par SDL du même
matériau de la fig. 1 après traitement sous N₂/O₂ selon le procédé de l'invention.
[0015] Les exemples suivants, non limitatifs, illustrent la présente invention.
Exemple 1 :
[0016] On a effectué des essais sur un acier inoxydable ferritique à 17% de chrome.
[0017] Le matériau a été soumis à un traitement par plasma dans les conditions suivantes
: pression 10³ Pa intensité imposée 100 mA, tension 250 V avec une durée de 4 minutes,
le matériau servant de cathode ainsi que l'anode étant refroidis par une circulation
d'eau.
[0018] Le gaz utilisé a été un mélange N₂/O₂ 80/20. A titre de comparaison on a utilisé
une atmosphère d'argon.
[0019] On a examiné avant et après traitement le matériau.
[0020] On a par ailleurs évalué la résistance à la corrosion par le test à la goutte.
[0021] Ce test consiste à déposer pendant 5 minutes une goutte de la solution suivante
17 ml FeCl₃ à 28%
2,5 ml HCl
5 g NaCl
188,5 ml d'eau distillée
[0022] Après examen visuel on cote l'attaque du métal de 1 à 3 dans un ordre croissant d'attaque
du métal.

Exemple 2 :
[0023] On a effectué des essais similaires à ceux effectués à l'exemple 1 sur un acier inoxydable
ferritique contenant 17% Cr et 1% Mo (référence FMo). Les conditions étant les mêmes,
sauf avec CO₂ où la tension a été choisie égale à 400 V pour que la décharge puisse
être établie.
[0024] Les résultats sont donnés dans le tableau II.

Exemple 3
[0025] On effectue des essais similaires à ceux effectués à l'exemple 1 sur un acier inoxydable
ferritique à 17% de chrome et 1% de molybdène dans les conditions suivantes :
a) Traitement par l'argon pour comparaison,
b) Traitement par N₂ + O₂ (80/20)
[0026] On a examiné avant et après traitement le matériau.
[0027] On a par ailleurs évalué la résistance à la corrosion par des mesures électrochimiques
de potentiel de piqûres (Ep) en milieu moyennement chloruré (NaCl 0,02 M). On effectue
un balayage en potentiel depuis le potentiel libre (Ec) à la vitesse de 10 mV/mn.
L'apparation d'un courant indique la formation de piqûres. Seuil de détection des
piqûres : 100 uA.
[0028] Les résultats sont donnés dans le tableau III. La comparaison avec l'acier non traité
montre une très faible amélioration de la résistance à la corrosion avec le traitement
par l'argon et une nette amélioration dans le cas du traitement par N₂ + O₂. (La
résistance à la corrosion est d'autant plus grande que le potentiel de piqûre est
élevé).

Exemple 4
[0029] Un essai de traitement a été réalisé comme à l'exemple 1 sur des tôles nues en acier
doux et traitées sous une tension de 400 volts avec un courant de 200 mA dans différents
gaz sous une pression de 10³ Pa.
- 5 mn sous plasma froid N₂/H₂ (90/10)
- 5 mn sous plasma froid N₂/O₂ (80/20)
[0030] Les tôles ont été laissées à l'air ambiant.
[0031] Après 5 mois on observe des disparités importantes :
[0032] Les tôles traitées par N₂-H₂ ne présentent aucune amorce de rouille.
[0033] Les tôles ayant subi un traitement N₂-O₂ présentent de nombreuses piqûres.
[0034] La référence simplement dégraissée au chlorotène est attaquée sur quasiment toute
sa surface.
[0035] Ces résultats mettent en évidence l'efficacité du traitement réducteur vis-à-vis
d'une corrosion dans le cas d'une exposition simple à l'air.
Analyse comparative par spectrométrie à décharge luminescente sur un acier inoxydable
[0036] Des mesures par spectrométrie à décharge luminescente (SDL) permettent d'analyser
la composition élémentaire, en surface, d'un matériau traité et de la comparer avec
la composition d'un matériau de référence non traité.
[0037] La figure 1 présente différentes courbes caractéristiques déterminant les concentrations
en surface d'éléments comme par exemple C, P, S, N₂, Si et Mn.
[0038] On remarque, sur les courbes caractéristiques d'un matériau non traité une forte
concentration en C, P, S, Si et Mn caractérisée par des pics émis dès la première
seconde de l'analyse SDL.
[0039] La figure 2 présente les courbes caractéristiques des mêmes éléments relevées, en
SDL, sur un même matériau traité par le procédé selon l'invention.
[0040] On remarque que les pics de concentrations émis dès la première seconde de l'analyse
SDL sont beaucoup moins intenses.
[0041] On en déduit que le traitement élimine les contaminants de surface du matériau comme
par exemple P et Si.
[0042] Le traitement est limité à la couche passivée dans le cas des aciers inoxydables
(50 à 100 A). Il n'y a ni nitruration, ni cémentation, ni implantation (comme le
prouve l'analyse par SDL). Le traitement consiste en une modification de l'état de
surface : passivation et/ou amorphisation.
1. Procédé pour améliorer la résistance à la corrosion d'un matériau métallique, caractérisé
en ce que l'on soumet le matériau métallique à froid à un traitement superficiel par
plasma à basse température, à une pression de 1 à 10³ Pa dans une atmosphère comprenant
au moins un gaz choisi parmi l'oxygène, l'ozone, l'azote, l'hydrogène, l'air, le
gaz carbonique, le monoxyde de carbone, les oxydes d'azote, l'eau, les gaz de combustion
et les mélanges de ceux-ci avec un gaz neutre.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le temps de traitement
est de 1 seconde à 10 minutes.
3. Procédé selon la revendication 1 ou la revendication 2, caractérisé en que l'on
opère sous une tension de 100 à 5000 V.
4. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'atmosphère est constituée
par un mélange d'oxygène et d'azote.
5. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'atmosphère est constituée
par du gaz carbonique.
6. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
le matériau métallique est en acier inoxydable.
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
le matériau métallique est en acier ordinaire ou faiblement allié, en acier au carbone,
en acier de traitement ou en acier réfractaire.
8. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
le matériau métallique est de l'aluminium ou un alliage d'aluminium.
9. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
le matériau métallique est du titane ou un alliage de titane.
10. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
le matériau métallique est du zirconium ou un alliage zirconium.
11. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
le matériau métallique est du zinc ou un alliage de zinc.
12. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
le matériau métallique est un alliage à base nickel ou à base cobalt.
13. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
le matériau métallique est du cuivre ou un alliage de cuivre.