[0001] La présente invention concerne un procédé de refroidissement d'un produit métallique
en cours de coulée continue destiné à réduire, voire éliminer la présence d'une importante
zone ségrégée dans la partie centrale du produit. Ce procédé est avantageusement
applicable à la coulée continue de produits en acier réputés difficilement coulables
selon cette technique, comme les aciers ayant un large intervalle de solidification,
c'est-à-dire par exemple ceux dont la teneur en carbone se situe entre 0,25 et 1,5%
environ.
[0002] Pour la bonne compréhension de ce qui va suivre, on aura avantage à se représenter
le produit en cours de solidification comme la combinaison de trois corps concentriques,
à savoir : un anneau constitué par la croûte externe, ou peau, déjà solidifiée, enserrant
un autre anneau à l'état pâteux, lequel entoure le coeur liquide de métal en fusion.
Par état pâteux, on entend un état où le métal se trouve à une température comprise
entre le liquidus et le solidus, et où coexistent dans des proportions variables du
métal liquide et des cristaux solides. Au cours de l'extraction du produit, celui-ci
défile lentement le long de la machine en étant refroidi, de sorte que la solidification
progresse de la périphérie vers le centre. Le coeur liquide et l'anneau pâteux présentent
ainsi des profils coniques dont les pointes sont orientées vers le bas de la machine.
Les interfaces entre ces différents corps concentriques constituent, respectivement,
comme on a l'habitude de les désigner, les fronts de solidification finissante et
commençante. A un stade avancé de la solidification, le coeur liquide disparaît (fond
du puits de solidification commençante), et seuls subsistent une croûte solidifiée
et un coeur pâteux. A un stade ultérieur, la zone pâteuse disparaît à son tour (fermeture
du puits de solidification finissante) et le produit est complètement solidifié.
[0003] La solidification et le refroidissement du produit en cours de coulée sont normalement
assurés dans trois zones successives de la machine de coulée continue, à savoir,
dans le sens de progression du produit au cours de son extraction :
- la lingotière, où le métal liquide entre en contact avec des parois bonnes conductrices
de la chaleur et énergiquement refroidies par circulation d'eau. C'est dans cette
zone, dite de refroidissement primaire que débute la formation de la peau solidifiée
qui enserre le coeur liquide du produit, et que le produit prend sa forme définitive
;
- la zone dite de "refroidissement secondaire", qui débute juste en-dessous de la
lingotière et s'étend sur une longueur variable selon les conditions locales. Dans
cette zone, la peau solidifiée du produit en défilement est arrosée par un fluide
refroidissant (généralement de l'eau pulvérisée, ou un mélange-air eau), ce qui a
pour effet d'accélérer la progression des fronts de solidification commençante et
finissante vers l'intérieur du produit. Cependant, à l'endroit où cesse l'aspersion
d'eau, la solidification complète du produit n'est pas réalisée, et le coeur du produit
demeure à l'état liquide ;
- et la portion de la machine qui fait suite à la zone de refroidissement secondaire.
Le produit en défilement n'y est plus arrosé et se refroidit de façon naturelle. C'est
dans cette zone que s'achève la solidification du coeur du produit.
[0004] Le refroidissement forcé du produit en lingotière et après sa sortie de la lingotière
procure une croissance rapide de l'épaisseur de peau solidifiée, afin de limiter
les risques de percée et d'augmenter sensiblement la vitesse d'extraction du produit,
dont dépend directement la productivité de la machine de coulée continue.
[0005] Par ailleurs, la solubilité dans le fer des éléments d'alliage, tels que le carbone,
est plus faible lorsque le fer est à l'état solide qu'à l'état liquide. Dans l'anneau
pâteux, il existe donc localement dans le liquide des différences de concentration,
par exemple en carbone.
Si, au sein de l'anneau pâteux, il y a mouvement du liquide enrichi en carbone cela
se traduit par la présence, au centre du produit complètement solidifié, de zones
dites "ségrégées", où la concentration en carbone (et/ou autres éléments ségrégants)
est sensiblement plus élevée que dans les autres régions. Les autres éléments d'alliage
ont un comportement analogue à celui du carbone, et l'emplacement des zones ségrégées
peut être déduit des tests appelés communément "empreintes Baumann" qui permettent
de repérer la répartition du soufre sur une section polie du produit. Ces zones ségrégées,
repérables également sur des attaques métallographiques, ont une influence néfaste
sur l'homogénéité des propriétés mécaniques du produit. C'est ainsi que la concentration
relativement plus importante en carbone au centre conduit à une dureté plus élevée
dans ces zones que dans le reste du produit après laminage.
[0006] Ce phénomène est particulièrement marqué dans le cas des aciers très chargés en éléments
d'alliage, tels que ceux contenant 0,5 à 1,5 % de carbone et couramment appelés aciers
à large intervalle de solidification, comme la nuance d'acier à roulements 100 C6
par exemple. Une "empreinte Baumann" réalisée sur un échantillon du produit prélevé
selon l'axe longitudinal de celui-ci montrerait que les ségrégations se répartissent
autour de l'axe du produit suivant des "vés" dont les mécanismes de formation ne sont
d'ailleurs pas encore totalement élucidés.
[0007] On a tenté de résoudre ce problème par l'application d'un brassage électromagnétique
du métal dans la zone de solidification pâteuse de manière à forcer le liquide ségrégé
à se répartir sur une zone plus étendue. Mais ce faisant, on corrige en fait les effets
sans s'attaquer vraiment aux causes du phénomène. De plus, cette technique implique
l'acquisition d'au moins un inducteur de brassage, ainsi que des coûts de fonctionnement
non négligeables
[0008] Le but de la présente invention est de proposer une solution simple et économique
pour réduire, voire éliminer les zones fortement ségrégées dans le coeur des produits
coulés en continu, en s'attaquant à la cause même responsable de leur formation. Elle
peut s'ajouter ou se substituer à un brassage électromagnétique dans la zone de fin
de solidification pâteuse.
[0009] A cet effet, l'invention a pour objet un procédé de refroidissement d'un produit
métallique, notamment en acier, en cours de coulée continue, caractérisé en ce qu'on
réalise un refroidissement forcé du produit, alors que le produit se trouve en phase
de solidification pâteuse, ce refroidissement étant mené de manière que la contraction
thermique différentielle entre le coeur pâteux et la croûte déjà complètement solidifiée
qui l'enveloppe, provoque en permanence un effet de serrage du coeur par la croûte.
Ce refroidissement est mis en oeuvre dans une zone qui s'étend au moins entre l'endroit
où, en l'absence d'un tel refroidissement, la vitesse de refroidissement du coeur
pâteux du produit dépasserait celle de la surface du produit, et un endroit où le
comportement thermomécanique du coeur pâteux en cours de refroidissement est identique
à celui de la croûte extérieure solidifiée.
[0010] Comme on l'aura compris, l'invention consiste en fait à se servir de la croûte extérieure
solidifiée comme d'un étau qui accompagne la contraction du coeur lors du refroidissement.
Autrement dit, le diamètre intérieur de l'anneau formé par la croûte solidifiée doit
diminuer plus vite que ne diminuerait le diamètre du coeur pâteux si la croûte n'exerçait
aucune action sur le coeur. Cet étau est mis en action, par la thermique, simplement
au moyen d'un refroidissement accéléré de la surface du produit dans la partie basse
de la machine, là où habituellement on laissait le produit se refroidir naturellement.
[0011] On a indiqué plus haut que les causes de formation des "vés" ségrégés dans la partie
centrale du produit coulé n'étaient pas à ce jour parfaitement identifiées et expliquées.
[0012] Toutefois, l'hypothèse faite par les inventeurs comme étant la plus probable et qui
sous-tend la présente invention, peut être schématiquement exposée de la façon suivante.
[0013] Lors de la traversée de la zone de refroidissement secondaire, la peau du produit
se refroidit rapidement, alors que le coeur liquide demeure à une température presque
constante. Au passage du produit dans la zone de refroidissement naturel, le refroidissement
de la peau, qui n'est plus arrosée, devient beaucoup plus lent. D'autre part, compte
tenu de la longueur habituelle de la zone de refroidissement secondaire, c'est seulement
lorsque le produit est déjà largement engagé dans la zone de refroidissement naturel
que la température du coeur (qui se trouve alors dans l'état pâteux), tend à s'abaisser
sensiblement.
[0014] La partie interne pâteuse du produit se refroidit alors plus rapidement que la couche
solide qui l'enveloppe et subit une plus forte contraction thermique. Les contraintes
mécaniques ainsi créées se libèrent par formation de fissures dans le bloc central
préalablement "pâteux", fissures dans lesquelles peut pénétrer par aspiration, du
liquide fortement ségrégé.
[0015] Ainsi, dans le produit complètement solidifié, les emplacements de ces fissures seront
repérés par leur concentration élevée en éléments d'alliage, conduisant aux défauts
cités plus haut.
[0016] Dans le cas des aciers fortement chargés en éléments d'alliage, tels que le carbone,
comme le 100 C6 par exemple, l'écart entre les températures de début et de fin de
solidification est relativement important, et la solidification pâteuse est donc susceptible
de s'effectuer sur une zone plus étendue que dans le cas des nuances peu alliées.
Ceci, joint à une plus grande sensibilité à la ségrégation des éléments entre les
phases liquide et solide, explique pourquoi les nuances alliées sont à ce point sujettes
à la formation de zones ségrégées dans la région axiale des produits coulés en continu.
Dans certains cas extrêmes, de tels défauts rendent impossible l'obtention de produit
finis d'une qualité suffisante, et imposent de devoir renoncer à les produire par
coulée continue.
[0017] On vient de voir rapidement comment l'invention, en provoquant une contraction thermique
de la croûte solide périphérique, contrecarre les vélléités du produit à former ces
fissures internes responsables des zones centrales fortement ségrégées. Toutefois
l'invention sera bien comprise et d'autres caractéristiques et avantages ressortiront
de la description détaillée suivante donnée en référence aux planches de dessins
annexées, sur lesquelles :
- la figure 1 représente schématiquement une installation de coulée continue courbe
de demi-produits en acier, de conception classique ;
- la figure 2 représente l'installation de la figure 1, modifiée selon l'invention
par adjonction d'une rampe de refroidissement dans la zone de fin de solidification,
du produit ;
- la figure 3 montre un cas d'évolution des vitesses de refroidissement de la surface
et du coeur du produit au cours de son défilement dans la partie inférieure de la
machine. Sont figurés les deux cas de l'absence et de la présence d'un dispositif
de refroidissement dans la zone de fin de solidification du produit.
[0018] La figure 1 est une coupe schématique longitudinale d'une installation classique
de coulée continue, et elle présente notamment le produit en cours de solidification.
Une poche, non représentée, alimente en acier liquide 1 un panier répartiteur 2. L'acier
liquide 1 s'écoule ensuite dans une ou plusieurs lingotières 3 aux parois en cuivre
ou alliage de cuivre énergiquement refroidies par eau. C'est dans chacune de ces lingotières
ou zones de refroidissement primaire Ⓧ que s'amorce par sa périphérie la solidification
d'un produit 4 qui prend ainsi sa section définitive. La lingotière montrée par la
figure 1 présente une courbure, et celle-ci se retrouve sur le produit. Le cas de
la lingotière droite donnant naissance à un produit droit est également rencontré
dans la pratique industrielle. Juste en-dessous de la lingotière 3 débute la zone
de refroidissement secondaire Ⓨ dans laquelle le produit 4 est arrosé sur une longueur
variable selon les machines par une rampe d'injecteurs 5. Ceux-ci projettent sur tout
le pourtour du produit un fluide refroidissant, généralement de l'eau pulvérisée ou
atomisée. Vient ensuite la zone de refroidissement naturel Ⓩ, où une machine classique
telle que celle schématisée ne comporte pas de moyens de refroidissement du produit.
Dans la partie inférieure de la machine se trouvent les moyens (non représentés) de
décintrage du produit, chargés de lui donner une forme droite, et des moyens (non
représentés) de tronçonnage du produit pour mise à longueur.
[0019] La figure 1 permet de distinguer plusieurs régions concentriques à l'intérieur du
produit en cours de coulée, correspondant à l'état physique de la matière qu'elles
renferment. Dans une section du produit située dans la partie supérieure de la machine
(par exemple dans la zone Ⓨ), on rencontre successivement trois régions. A coeur (région
6) le métal se trouve entièrement à l'état liquide ; la section de cette zone diminue
au fur et à mesure de la solidification du produit, et après le point de fermeture
du puits liquide 7, on ne trouve plus de métal liquide seul. Autour du coeur liquide
6, une région pâteuse 8 correspondant au métal en cours de solidification, renferme
à la fois du liquide et du solide. La porportion de ce dernier augmente à mesure que
la température diminue. Autour de la région pâteuse, la croûte 9 n'est constituée
que de métal solidifié. Au-delà du point de fermeture du puits de solidification finissante
10, cette région 9 recouvre l'ensemble du produit, dont la solidification est alors
achevée.
[0020] La figure 2 présente la machine de coulée continue de la figure 1 modifiée selon
l'invention. Les éléments communs avec la figure 1 sont repérés par les mêmes chiffres.
La différence entre les deux configurations réside dans l'adjonction à la machine
originale d'une deuxième rampe d'injecteur 11, située dans la zone Ⓩ de la machine
où le produit achève sa solidification.
[0021] La figure 3 montre des exemples d'évolution de la vitesse V d'évolution de la température
du métal en surface et à
coeur au fur et à mesure de l'avancement du produit dans la zone Ⓩ de la machine où il achève sa solidification . Cet avancement est
exprimé par la distance D au ménisque, c'est-à-dire à la surface du métal liquide
en lingotière. Les courbes ont été tracées à l'aide de modèles mathématiques similaires
de ceux dont disposent les utilisateurs de machines de coulée continue. Elles sont
valables pour les conditions de coulée suivantes :
- format du produit : billettes de section carrée, de 105 mm de côté,
- composition du produit : acier à 0,7 % de carbone.
- vitesse d'extraction du produit : 3,3 m/min.
[0022] Dans ces conditions la solidification complète du produit est réalisée à une distance
de 11,20 m du ménisque, marquée sur la figure par la ligne S.
[0023] Les courbes A et B correspondent au cas de la figure 1, où le produit, dans la partie
terminale de la machine, n'est soumis à aucun refroidissement forcé. La courbe A représente
la vitesse d'évolution de la température en surface du produit. Elle montre que cette
vitesse reste sensiblement constante (soit une perte de 0,5°C/s) sur toute la longueur
de la zone considérée. La courbe B représente la vitesse d'évolution de la température
du coeur pâteux du produit. Elle montre que, au début de la zone considérée, cette
température reste pratiquement constante. Ce n'est qu'à partir d'une distance au ménisque
d'environ 8 m que le refroidissement du coeur pâteux s'accélère de façon notable.
Au delà d'une distance au ménisque de 9,5 m, le coeur pâteux commence à perdre plus
de 0,5 °C/s, et donc à se refroidir plus vite que la surface. Cela entraîne une contraction
thermique du coeur plus forte que celle de la surface , phénomène dont on a vu que,
selon l'hypothèse faite par les inventeurs, il était à l'origine des défauts sur le
produit que l'invention a pour but d'éviter.
[0024] Les courbes C et D correspondent au cas de la figure 2, où le produit, conformément
à l'invention, est soumis a un refroidissement forcé dans la zone Ⓩ de fin de solidification
au moyen de la rampe d'injecteurs 11. Ces courbes ont été tracées dans l'hypothèse
où le produit est arrosé, entre les distances au ménisque 8,40 m et 11,20 m, par de
l'eau à un débit de 12 m³ par heure et par m² de produit arrosé, ce débit étant réparti
de façon homogène sur l'ensemble de la zone d'arrosage. La courbe C représente la
vitesse d'évolution de la température de la surface du produit, et la courbe D représente
la vitesse d'évolution de la température du coeur pâteux. En amont de la zone de refroidissement,
ces courbes se confondent respectivement avec les courbes A et B. Dès le début de
la zone de refroidissement forcé, le refroidissement de la surface s'accélère brusquement,
pour atteindre 9°C/s à la distance au ménisque 9 m. Ensuite, le refroidissement
devient de plus en plus lent, à cause de la détérioration progressive de la qualité
des échanges thermiques entre l'eau de refroidissement (dont le débit et la température
sont constants) et le produit (dont la température diminue au fur et à mesure qu'il
progresse dans la zone de refroidissement). Simultanément, le refroidissement forcé
a pour conséquence d'accélérer le refroidissement du coeur pâteux, mais cet effet
ne se fait sentir que tardivement (à partir de la distance au ménisque 10 m), et progressivement.
En fin de compte, ce n'est qu'à une distance au ménisque de 11 m, que le refroidissement
du coeur pâteux devient plus rapide que celui de la surface du produit. A ce niveau,
le coeur pâteux a pratiquement achevé de se solidifier, et son comportement thermomécanique
est suffisamment proche de celui de la croûte entièrement solidifiée pour que le phénomène
de contraction thermique différentielle soit négligeable, et que les "vés" ségrégés
ne puissent être formés.
[0025] L'exemple décrit ci-dessus n'est, bien sûr, pas limitatif. Une figure similaire à
la figure 3 peut-être tracée pour toute machine de coulée continue, sur laquelle serait
coulé un produit donné dans des conditions définies.
[0026] On considère que, au-delà de l'endroit où la fraction solide du coeur pâteux du produit
atteint 90 %, il est inutile de poursuivre l'arrosage. Dans certains cas, il est
même suffisant de n'arroser que jusqu'à une fraction solide de 60 %.
[0027] Il est conseillé de poursuivre le refroidissement forcé du produit jusqu'à environ
1 m au-delà du point de fin de solidification déterminé par le calcul, compte tenu
de l'incertitude existant sur ce calcul. C'est dans cet esprit que sur la figure 3,
la rampe de refroidissement 11 est représentée comme se prolongeant au-delà du point
10. De même, l'incertitude de calcul sur la détermination du point d'intersection
entre les courbes A et B de la figure 3 est de ± 1 m environ. Le choix du point où
débute le refroidissement forcé doit tenir compte de cette incertitude. Il est donc
conseillé de placer les premiers injecteurs de la rampe 11 à au moins 1 m en amont
dudit point d'intersection. Mais il faut également s'assurer que cet avancement du
début du refroidissement ne provoque pas un croisement prématuré des courbes C et
D de la figure 3, c'est-à-dire qui aurait lieu en un point où la fraction solide du
coeur pâteux serait inférieure à 60 % au moins.
[0028] Les débits d'eau de refroidissement recommandés sont de l'ordre de 8 à 15 m³/h et
par m² de métal arrosé. Préférentiellement, on choisit un débit de 12 m³/m². h.
[0029] Ce procédé est aisément adaptable à toutes les machines de coulée continue destinées
à la fabrication de produits en acier. Il est plus spécialement conçu pour la coulée
de nuances d'acier contenant environ de 0,25 à 1,5 % de carbone.
[0030] Une variante de ce procédé consisterait à concevoir la rampe de refroidissement 11
de façon que le débit de fluide refroidissant varie entre le début et la fin de la
zone de refroidissement. La valeur du débit global moyen sur l'ensemble de la zone
serait inchangée par rapport à la configuration décrite précédemment. De cette façon,
il serait possible de mieux contrôler le flux de chaleur extrait du produit le long
de la zone de refroidissement, dans le but d'atténuer la diminution, visible sur la
figure 3, de la vitesse de refroidissement en surface du produit. Ainsi, on augmenterait
la probabilité d'avoir jusqu'à l'extrême fin de la solidification un refroidissement
à coeur moins rapide qu'en peau.
[0031] D'autre part, on a remarqué qu'une bonne homogénéité du coeur du produit sur lequel
on allait appliquer le procédé était favorable à la reproductibilité des bons résultats
métallurgiques recherchés. On a pu constater que cette homogénéité pouvait avantageusement
être obtenue par une mise en mouvement du coeur liquide dans la zone du refroidis
sement secondaire, ou même en lingotière. Cette mise en mouvement peut être favorablement
obtenue à l'aide de moyens électromagnétiques de brassage, désormais largement connus
dans le domaine de la coulée continue. Ces moyens peuvent être constitués par des
inducteurs polyphasés annulaires disposés autour du produit coulé et produisant un
champ magnétique tournant autour de l'axe de coulée, ou par des inducteurs polyphasés
de structure plane produisant un champ glissant, parallèlement à l'axe de coulée ou
perpendiculairement à ce dernier. La littérature abonde désormais à propos de ce type
de brassage. Pour plus de détails, on pourra se reporter si on le souhaite aux documents
suivants : le brevet français 2 315 344 pour le brassage par champ tournant en lingotière,
le brevet français 2 211 305 concernant le brassage par champ tournant dans la zone
du refroidissement secondaire, le brevet luxembourgeois 67 753 concernant le brassage
à l'aide d'inducteurs produisant un champ glissant perpendiculairement à l'axe de
coulée dans la zone du refroidissement secondaire. Les enseignements de ces différents
documents sont inclus par référence dans la présente description.
[0032] Il va de soi que l'invention ne se limite pas aux exemples décrits, mais s'étend
à de multiples variantes ou équivalents dans la mesure où sont respectées les caractéristiques
évoquées dans les revendications jointes. En particulier, le procédé selon l'invention
peut s'appliquer à des machines de coulée continue verticales, droites ou courbes,
de même qu'aux machines de coulée continue horizontale, de même encore qu'aux installations
existantes ou à venir pour la coulée continue directe de produits de faible épaisseur.
[0033] D'autre part l'invention ne s'applique pas limitativement aux demi-produits sidérurgiques,
mais étend son domaine d'application à tout produit métallurgique coulé en continu,
ou susceptible de l'être.
[0034] De même encore, l'invention s'applique indifféremment à tout produit métallurgique
coulé en continu quel que soit son format : blooms, bilettes ou brames, notamment
celles destinées au refendage pour former des blooms.
1) Procédé de refroidissement d'un produit métallique, notamment en acier, en cours
de coulée continue, caractérisé en ce qu'on réalise un refroidissement forcé du produit
lorsque celui-ci se trouve à coeur en phase de solidification pâteuse, ledit refroidissement
étant mené de manière que la contraction thermique différentielle entre le coeur pâteux
et la croûte extérieure déjà complètement solidifiée provoque en permanence un effet
de serrage du coeur par la croûte.
2) Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le refroidissement forcé
est mis en oeuvre dans une zone qui s'étend le long de la machine de coulée au moins
entre l'endroit où, en l'absence d'un tel refroidissement, la vitesse de refroidissement
du coeur pâteux du produit dépasserait celle de la surface du produit, et un endroit
où le comportement thermomécanique du coeur pâteux en cours de refroidissement est
identique à celui de la croûte extérieure solidifiée.
3) Procédé selon les revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que l'on maintient le
refroidissement de façon que l'effet de serrage du coeur pâteux par la croûte solidifiée
se poursuive jusqu'à un point où la proportion de matière solide au sein du coeur
pâteux est au moins de 60 %.
4) Procédé selon les revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que on effectue le refroidissement
forcé par projection d'un fluide refroidissant sur la surface du produit coulé, tel
que de l'eau.
5) Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que l'on effectue le refroidissement
avec de l'eau sous un débit moyen compris entre 8 et 15 m³ par heure et par m² de
produit arrosé.
6) Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que l'on choisit pour ledit
débit moyen une valeur d'environ 12 m³ par heure et par m² de produit arrosé.
7) Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que le débit de fluide refroidissant
varie entre le début et la fin de la zone de refroidissement.
8) Procédé selon les revendications 1, 2, 3 ou 4, caractérisé en ce qu'on l'applique
à la coulée de produits en acier dont la teneur pondérale en carbone est de l'ordre
de 0,25 à 1,5 %.
9) Procédé selon l'une quelconque des revendications 1, 2, 3 ou 4, caractérisé en
ce que, simultanément, on réalise une mise en mouvement du coeur liquide du produit
à l'aide de moyens de brassage.
10) Procédé selon la revendication 9, caractérisé en ce que lesdits moyens de brassage
sont constitués par au moins un inducteur à champ électromagnétique mobile.
11) Procédé selon la revendication 10, caractérisé en ce qu'on utilise un inducteur
entourant le produit coulé et générant un champ magnétique tournant autour de l'axe
de coulée.
12) Procédé selon la revendication 10, caractérisé en ce qu'on utilise un inducteur
de structure plane produisant un champ glissant au sein du produit coulé.
13) Installation de coulée continue de produits métalliques, notamment en acier, caractérisée
en ce que, dans le but de mettre en oeuvre le procédé de refroidissement selon les
revendications 1 et 2, des moyens de refroidissement du produit sont disposés dans
la portion terminale de la longueur métallurgique.
14) Installation de coulée continue selon la revendication 9, caractérisée en ce que
lesdits moyens de refroidissement sont constitués par des rampes d'arrosage projetant
sur la surface du produit coulé, un fluide de refroidissement.
15) Produit métallurgique obtenu directement par coulée continue, caractérisé en ce
qu'il présente une structure et une santé interne conformes à celles des produits
obtenus par le procédé selon la revendication 1.