[0001] On connaît des brosses de petites dimensions qui sont constituées par des éléments
filiformes pris dans les spires serrées d'un support central torsadé.
[0002] Le support central est formé par un fil métallique d'abord coudé en épingle à cheveux
puis torsadé sur lui même pour pincer fortement des éléments filiformes placés transversalement
entre les deux branches de l'épingle.
[0003] On sait que si l'on utilise des éléments filiformes pleins, ils subissent tous la
même contrainte lors de la torsade du fil métallique et ils se placent donc tous en
direction radiale en se répartissant régulièrement selon une hélice. Une brosse de
ce type est décrite dans la demande de brevet EP-A-0.239.270.
[0004] Une telle brosse ne donne pas satisfaction principalement en raison de cette répartition
trop régulière des éléments car ils créent un effet de peigne provoquant des intervalles
entre les cils, à la manière de sillons, ce qui est tout-à-fait contraire à ce qui
est recherché, à savoir un étalement des cils en rideau, sans intervalles.
[0005] On a cherché à améliorer les résultats de cette brosse en supprimant délibérément
la régularité de la disposition des éléments filiformes. Pour cela, on peut opérer
conformément à l'enseignement de la demande de brevet EP-A-0.250.680 qui préconise
d'utiliser des éléments filiformes en matière synthétique tous identiques et réguliers,
chaque élément filiforme ayant une section constante. On obtient des orientations
diverses de ces éléments (et non plus régulière) en, jouant sur les probabilités statistiques
qui veulent que des éléments ayant une section autre que rigoureusement cylindrique
et pleine subissent des contraintes d'orientation variables lors de la torsion du
support, comme cela est expliqué page 6, lignes 12 à 17 de ce document.
[0006] Ce même document précise page 6 ligne 18 à page 7 ligne 2 que les éléments, parce
qu'ils sont creux, doivent absorber par capillarité le produit à étaler et doivent
donc en transporter plus sur les cils à traiter.
[0007] Malheureusement, la pratique a démontré que cet espoir est déçu car si le phénomène
de capillarité existe entre le produit et les éléments, il n'existe pas de manière
significative entre les éléments et les cils car il faudrait que les éléments soient
en contact des cils par leur extrémité, ce qui est d'autant plus difficile à obtenir
que les éléments ont des orientations aléatoires.
[0008] En fait, les éléments utilisés jusqu'à ce jour (voir en particulier EP-A-0.250.680
page 7 lignes 3 à 7) ont tous un défaut très grave : leur surface extérieure est absolument
lisse puisqu'ils sont fabriqués par passage dans une filière et cela même en prévoyant
des nervures radiales.
[0009] Enfin, il faut indiquer que les éléments filiformes sont taillés après fixation
au support central et que les méthodes actuelles ne permettent pas d'obtenir une coupe
franche. Les éléments étant toujours en matière synthétique, l'outil de coupe crée
des bavures et il se produit parfois un échauffement local qui ramollit l'extrémité
des éléments et favorise la formation de barbes et bourrelets. Il en résulte l'obturation
du canal central (soit disant destiné à absorber et restituer le produit a étaler)
ou une agression aux cils qui peuvent être coupés.
[0010] La présente invention apporte une solution nouvelle au problème de l'étalement d'un
produit par une brosse du type décrit, en prévoyant un effet de retenue du produit
sur toute la longueur des éléments et une coupe franche dénuée de toute bavure.
[0011] A cette fin, l'invention a pour objet une brosse, notamment pour les cils, du type
comprenant des éléments filiformes pris dans les spires serrées d'un support central
rigide torsadé, caractérisée en ce que chaque élément filiforme est en un matériau
antistatique et présente en combi naison un étroit canal longitudinal, une section
transversale extérieure irrégulière, une surface extérieure possédant de nombreuses
écailles très petites et des extrémités libres à coupe franche.
[0012] Selon d'autres caractéristiques de l'invention :
- les éléments filiformes sont des poils, soies ou crins recueillis sur des animaux;
- les éléments filiformes sont non calibrés afin de présenter des différences de
grosseur.
[0013] L'invention sera mieux comprise par la description détaillée ci-après faite en référence
au dessin annexé. Bien entendu, la description et le dessin ne sont donnés qu'à titre
d'exemple indicatif et non limitatif.
La figure 1 est une vue schématique d'un élément filiforme selon l'invention.
La figure 2 est une vue schématique en coupe longitudinale du même élément filiforme.
Les figures 3 et 4 sont des vues schématiques illustrant deux modes de rangement possibles
d'éléments filiformes.
La figure 5 est une vue schématique extérieure d'une brosse complète pour les cils
obtenur avec des éléments filiformes selon l'invention.
[0014] En se reportant aux figures 1 et 2, on voit un élément filiforme 1 réalisé selon
l'invention. Il est en un matériau antistatique et sur sa surface extérieure se trouvent
réparties de nombreuses écailles microscopiques 2, créant autant de minuscules alvéoles
3 distribués sur toute la longueur de l'élément 1.
[0015] Un tel élément ne peut communiquer aucune électricité statique aux cils qu'il doit
peigner et enduire d'un produit cosmétique tel que le mascara par exemple.
[0016] En outre, les nombreux alvéoles 3 retiennent chacun un peu de produit et, finalement,
c'est par toute sa longueur que l'élément 1 est susceptible de déposer le produit
sur les cils et non pas seulement par ses extrémi tés, comme cela était le cas selon
l'enseignement de la technique connue.
[0017] Il faut observer que l'élément 1 a une grosseur qui varie dans le sens de la longueur
et, en outre, irrégulière puisque l'on discerne des amincissements 4 voisinant avec
des renflements 5. Naturellement, tout cela se trouve à une échelle extrêmement réduite
et ne peut être constaté qu'en utilisant des moyens optiques grossissants.
[0018] Un tel élément est radicalement différent de ceux décrits dans les documents antérieurs
cités, qui sont lisses et en matières synthétiques hautement favorables à l'accumulation
d'électricité statique.
[0019] Un élément filiforme selon l'invention a une coupe franche selon la ligne
x indiquée en traits mixtes, provoquée par un outil de coupe tel qu'une tondeuse,
dans le but de donner à la brosse terminée (figure 5) un contour bien régulier.
[0020] L'absence d'électricité statique garantit qu'aucun copeau ou déchet de coupe ne peut
rester fixé aux éléments filiformes, contrairement à ce qui se passe actuellement
avec des éléments en matière synthétique lisse, comme rappelé plus haut. Cette parfaite
propreté procure une brosse de qualité jamais atteinte à ce jour.
[0021] L'extrémité 6 coupée nette procure un excellent maquillage résultant d'une meilleure
répartition du produit et de l'absence d'amalgames à la périphérie de la brosse.
[0022] En se reportant à la figure 2, on voit qu'un élément filiforme 1 selon l'invention
présente un canal longitudinal continu 7 de diamètre peu régulier qui contribue avec
les irrégularités de grosseur extérieures à donner une épaisseur de matière
e qui varie dans le sens longitudinal de l'élément 1. Il en résulte une résistance
à la flexion transversale inhomogène selon l'endroit de sa longueur où l'élément filiforme
1 sera finalement plié et pincé lors de la torsade du support central.
[0023] Selon une caractéristique de l'invention, l'élément filiforme 1 est d'origine naturelle.
On peut le sélectionner parmi les poils, crins ou soies selon la grosseur, la raideur
et la flexibilité souhaitées.
[0024] On a, bien entendu, déjà utilisé des soies de sanglier, des crins de cheval ou des
poils de martre ou de blaireau, mais on ne les a jamais utilisés pour leurs propriétés
qui sont recherchées ici et qui, au contraire, étaient déplorées pour leurs applications
connues.
[0025] Ainsi, par exemple, le canal 7 qui existe à l'état naturel dans les soies de sanglier
est un inconvénient majeur pour les brosses à dents car il constitue un réceptacle
pour des bactéries qui peuvent s'y dissimuler et s'y développer alors qu'on souhaite
les anéantir pour des raisons d'hygiène et de santé.
[0026] De même, les irrégularités de surface ou de grosseur sont des inconvénients que
l'on a cherché à compenser. Pour cela, faute de pouvoir effectuer un calibrage des
poils, on procède à un tri par longueur, dans l'espoir de parvenir à un lot le plus
homogène possible vis-à-vis de la dureté des poils. On espère ainsi obtenir indirectement
une homogénéité de grosseur aux extrémités. On doit tenir compte, notamment, de la
présence d'un bulbe 8 qui correspond à la "racine" du poil et qui est implanté dans
la peau de l'animal.
[0027] Les fournisseurs prennent garde de ne pas mélanger les poils de plusieurs animaux
différents et, particulièrement dans le cas du blaireau, on peut aller jusqu'à éviter,
pour un même animal, de mélanger les poils venant de différents endroits de son corps.
[0028] Comme cela est représenté schématiquement sur la figure 3, on obtient, à ce stade,
des faisceaux de poils liés, tous identiquement orientés, c'est-à-dire ayant leurs
bulbes 8 tous du même côté du faisceau et leur extrémité éfilée de l'autre côté, de
sorte que les faisceaux sont très nettement dissymétriques puisqu'ils ont une extrémité
beaucoup plus volumineuse là où se trouvent les bulbes. Sur le dessin on a représenté
par D le diamètre du faisceau du côté des bulbes 8 et par
d le diamètre du faisceau du côté des extrémités efilées des poils.
[0029] Il faut alors dédoubler les faisceaux pour inverser les poils et parvenir à une
équivalence statistique c'est-à-dire qu'une moitié des poils soit tête-bêche par rapport
à l'autre moitié et, en outre, avec une répartition correcte. Dans la pratique, on
agit en plusieurs temps pour obtenir ce que l'on a représenté schématiquement sur
la figure 4, à savoir un faisceau composé d'éléments filiformes et ayant deux extrémités
de diamètres égaux D1.
[0030] On coupe les poils selon la ligne
y indiquée en traits mixtes pour éliminer les bulbes 8 ainsi que la partie la plus
grosse des poils et selon la ligne
z indiquée en traits mixtes pour éliminer la partie la plus fine des poils (figure
1). Quand on dispose des faisceaux homogènes de la figure 4, les lignes de coupe
y et
z sectionnent à la fois les grosses extrémités et les fines.
[0031] Entre les deux lignes
y et
z on dispose de tronçons de poils qui ne présentent plus les disparités aussi marquées
que le bulbe 8 et l'extrémité fine.
[0032] Mais on a montré plus haut que ces tronçons ont encore des irrégularités de grosseur
4-5 et des écailles 2 déterminant des alvéoles 3.
[0033] On est ainsi amenés à éliminer les poils dont les irrégularités sont trop importantes
et, donc, à opérer des triages, des calibrages et des manipulations répétées.
[0034] Ici au contraire, on exploite toutes ces caractéristiques pour en faire, ce qui
est absolument inattendu, des avantages qui conduisent à la production de brosses
de qualité inégalée.
[0035] En effet, pour fabriquer une brosse conforme à l'invention, on utilise le procédé
connu qui consiste à pincer les éléments filiformes 1 entre deux fils métalliques
que l'on torsade et qui constituent un support central 10 tandis que la brosse proprement
dite 11 est formée par les éléments filiformes 1, le support 10 pouvent être implanté
dans une manche de préhension 12.
[0036] La densité de la brosse 11, en quantité spécifique d'éléments filiformes 1, peut
être assez faible. Par exemple, on a obtenu de bons résultats en utilisant 250, +
ou - 50, soies de cochon domestique noir, ayant une longueur de deux pouces, pris
dans un fil métallique torsadé 10 donnant une longueur d'empoilage de 26 millimètres,
+ ou - 1 à 13 spires, + ou - 1.
[0037] Comme on recherche une orientation aléatoire des éléments longiformes 1, on obtient
ici un résultat particulièrement bon pour étendre un produit cosmétique, tel que du
mascara, sur un support aussi sensible, délicat et difficultueux que les cils :
- les poils naturels sont anti-statiques;
- leur coupe se fait au moyen de tondeuses pour les égaliser et donner à la brosse
11 la forme souhaitée et cette opération donne une coupe nette et franche;
- leurs irrégularités d'épaisseur
e nées de la présence du canal 7 ainsi que leurs irrégularités de surface 4 et 5, font
que l'écrasement des poils est aléatoire, leurs orientations sont très variées et
la brosse 11 est bien garnie malgré une densité faible;
- malgré la régularité du support torsadé 10 et la faible densité des éléments, la
brosse ne présente pas de sillon en pas de vis et les éléments se répartissent de
manière bien diffuse sur tout le contour de la brosse 11;
- la situation de spirale désorganisée à la périphérie de la brosse 11 donne un effet
spécial qui permet aux poils de mieux pénétrer les cils et de bien les peigner;
- les alvéoles 3 chargés de produit sur au moins une fraction de la longueur des poils
se vident aisément par contact avec les cils et assurent un recouvrement parfait de
ces derniers;
- les irrégularités de surface et de structure leur donnent une flexibilité et une
dureté variables pour une même brosse et ce mélange permet un meilleur maquillage
car les poils les plus durs séparent les cils tandis que les plus souples peignent
et lissent.
[0038] Ces avantages étaient des inconvénients pourchassés selon la technique connue et
lorsque l'on a utilisé des poils naturels avec un support central torsadé, il s'agissait
toujours d'écouvillons ou de brosses de grandes dimensions, destinés au nettoyage,
au peignage ou au grattage et non à l'application d'un produit, de sorte que les alvéoles
et les extrémités coupées tronquant le canal 7 créaient autant de réceptacles aux
microbes et aux impuretés et dès que cela a été possible on a pu éliminer les inconvénients
des poils naturels en adoptant les fibres en matière synthétique.
[0039] La présente invention, de par ses résultats spécifiques et inattendus, permet de
réaliser une structure distincte de ce que l'homme de métier pouvait s'attendre à
obtenir et vient donc apporter une solution en allant contre un préjugé courant dans
l'industrie des brosses.
[0040] Naturellement, l'invention est utilisable pour l'application non seulement de produits
cosmétiques tels que le mascara mais aussi d'autres produits.
[0041] Elle peut être mise en oeuvre soit avec des poils (ou soies, ou crins) naturels,
soit avec des fibres en matières artificielles en donnant aux éléments filiformes
les caractéristiques décrites.