[0001] La présente invention concerne une dynode multiplicatrice d'électrons du type "à
feuilles", c'est à dire essentiellement constituée de deux demi-dynodes ayant la
forme de feuilles percées de trous disposés en un réseau d'un motif donné. Elle concerne
également un multiplicateur d'électrons et un tube photomultiplicateur comportant
de telles dynodes multiplicatrices.
[0002] L'invention trouve une application particulièrement avantageuse dans le domaine des
tubes photomultiplicateurs.
[0003] L'utilisation, dans les tubes photomultiplicateurs, de dynodes et de multiplicateurs
dits "à feuilles" est connue, par exemple, du brevet français n° 2 549 288. Ce brevet
décrit, en effet, une dynode multiplicatrice d'électrons, constituée de deux demi-dynodes
parallèles, portées à un même potentiel électrique, et réalisées à l'aide de feuilles
métalliques percées de trous régulièrement disposés selon un réseau répétitif d'un
même motif de base. Dans un multiplicateur comportant plusieurs de ces dynodes, la
première demi-dynode joue le rôle d'électrode extractrice des électrons issus de la
dynode précédente, tandis que la deuxième demi-dynode est l'électrode émettrice d'électrons.
A cet effet, il est donné aux trous de la demi-dynode émettrice une forme largement
évasée de façon que les parois des trous, recouvertes d'un matériau à émission secondaire,
constituent les zones utiles de multiplication électronique. Les électrons secondaires
ainsi créés, attirés par l'électrode extractrice suivante, franchissent la demi-dynode
émettrice à travers le trou qui leur a donné naissance. Les avantages qu'un multiplicateur
"a feuilles" apporte aux tubes photomultiplicateurs sont nombreux. Ils offrent en
effet sous un encombrement réduit, une grande surface de collection, ce qui les rend
particulièrement avantageux lorsque les électrons incidents se présentent sous la
forme d'un faisceau large, comme c'est le cas en focalisation de proximité ou en association
avec une première dynode focalisée de grande dimension. D'autre part, la possibilité
de cloisonner le multiplicateur permet de réaliser, dans un même tube, un certain
nombre de tubes photomultiplicateurs secondaires, avec les avantages que cela procure
en physique nucléaire, par exemple, quant à la localisation précise des particules
détectées.
[0004] Toutefois, les dynodes multiplicatrices d'électrons connues de l'état de la technique
présentent l'inconvénient que les trous évasés nécessaires à la multiplication des
électrons sont relativement coûteux à réaliser puisqu'ils exigent attaque chimique
et utilisation de masques. De plus, il faut signaler que, dans le but d'augmenter
la surface multiplicatrice, l'ouverture de sortie des trous est relativement petite
ce qui rend plus délicat le positionnement correct des feuilles métalliques les unes
par rapport aux autres au sein d'un même multiplicateur d'électrons.
[0005] Aussi, le problème technique à résoudre par l'objet de la présente invention est
de réaliser une dynode multiplicatrice d'électrons, comportant une première demi-dynode,
dite demi-dynode extractrice, et une deuxième demi-dynode, dite demi-dynode émettrice,
les demi-dynodes étant parallèles, portées à un même potentiel électrique, et ayant
la forme de feuilles percées de trous disposés en un réseau d'un même motif de base,
la deuxième demi-dynode ayant une surface de multiplication électronique sur laquelle
se produit la multiplication d'électrons, dynode multiplicatrice qui serait bon marché
à fabriquer, et dont le montage serait facilité par un tolérancement moins sévère
sans nuire pour autant à l'efficacité de collection.
[0006] La solution au problème technique posé consiste, selon la présente invention, en
ce que, lesdits trous sont des trous à bord droit, et en ce que les deux demi-dynodes
sont décalées entre elles de sorte que chaque trou de l'une des demi-dynodes se trouve
en regard du centre d'un motif de base de l'autre demi-dynode.
[0007] Ainsi, les trous étant à bord droit, car destinés uniquement au passage des électrons,
leur réalisation est beaucoup plus facile et moins coûteuse, et peut être conduite
à l'aide de moyens mécaniques conventionnels. D'autre part, la surface de multiplication
électronique étant sensiblement plus grande que dans le cas des dynodes de l'état
de la technique, on peut envisager d'augmenter le diamètre des trous sans beaucoup
affecter le pouvoir de collection des demi-dynodes émettrices, ce qui a pour effet
de rendre moins critique l'assemblage des dynodes dans un multiplicateur d'électrons.
En ce sens, un multiplicateur d'électrons comportant, dans l'ordre, une première demi-dynode
émettrice et une pluralité de dynodes multiplicatrices d'électrons, selon l'invention,
est remarquable en ce que chaque demi-dynode extractrice est située en position de
coïncidence avec la demi-dynode émettrice précédente, et en ce que la première demi-dynode
émettrice et les dynodes multiplicatrices successives sont portées à des potentiels
électriques croissants. En conséquence, les demi-dynodes extractrices peuvent jouer
leur rôle d'extraction des électrons secondaires produits par les demi-dynodes émettrices
précédentes, sans créer d'obstacle au passage de ces électrons vers les demi-dynodes
émettrices suivantes, dans la mesure où les trous des demi-dynodes extractrices coïncident
avec les trous des demi-dynodes émettrices précédentes.
[0008] Enfin, un tube photomultiplicateur comportant une photocathode, une première dynode,
un multiplicateur d'électrons selon l'invention, couplé à la première dynode, et
une anode, est remarquable en ce que, entre ladite première dynode et le multiplicateur,
est intercalée une grille d'entrée, parallèle à la première demi-dynode émettrice,
et dont le potentiel électrique est égal au potentiel électrique de ladite première
demi-dynode émettrice.
[0009] Comme on le verra plus loin en détail, la grille d'entrée sert d'électrode de blindage
indispensable à la première demi-dynode émettrice pour que les électrons qui y sont
issus puissent être extraits par la demi-dynode extractrice de la dynode suivante.
[0010] La description qui va suivre en regard des dessins annexés, donnés à titre d'exemples
non limitatifs, fera bien comprendre en quoi consiste l'invention et comment elle
peut être réalisée.
La figure 1 est une vue en coupe d'une dynode multiplicatrice d'électrons selon l'invention.
La figure 2 est une vue de dessus de la dynode de la figure 1.
La figure 3 est une vue en coupe d'un multiplicateur d'électrons selon l'invention.
La figure 4 est une vue en coupe d'un tube photomultiplicateur selon l'invention.
[0011] La figure 1 montre, en coupe, une dynode D multiplicatrice d'électrons, constituée
de deux demi-dynodes d, d′ parallèles et portées à un même potentiel électrique V.
Ces demi-dynodes se présentent sous la forme de feuilles métalliques 10, 20, réalisées
par exemple en acier doux, et percées de trous 11, 21 disposés en un réseau régulier
répétitif d'un même motif 12, 22 de base. Dans le mode d'exécution montré à la figure
2, les motifs de base 12, 22 sont tous deux constitués par un triangle équilatéral,
mais ils pourraient tout aussi bien être constitués par un carré, un rectangle, etc...
Comme on peut le voir sur les figures 1 et 2, les trous 11, 21 sont des trous à bord
droit, de réalisation très simple. Typiquement, lesdits trous 11, 21 peuvent avoir
un diamètre de 0,5 mm, tandis que la distance entre deux trous consécutifs est de
l'ordre de 1 mm. D'autre part, la deuxième demi-dynode d′, dite demi-dynode émettrice
est recouverte d'un matériau 25 à émission secondaire, comme de l'antimoine ou de
l'oxyde de béryllium, la multiplication des électrons incidents 30 se produisant
sur la surface 23 de ladite feuille métallique 20 correspondante, la deuxième dynode
d′ peut également être réalisée dans un matériau donnant lieu à émission secondaire
comme un alliage de cuivre-béryllium ayant subi le traitement classique : chauffage-migration
du béryllium et oxydation. Enfin, les figures 1 et 2 montrent que la demi-dynode émettrice
d′ et la première demi-dynode d, dite demi-dynode extractrice, sont décalées entre
elles de sorte que chaque trou 11, 21 de l'une d, d′ des demi-dynodes se trouve en
regard du centre 24, 14 d'un motif 22, 12 de base de l'autre d′, d demi-dynode. De
cette manière, les électrons 30 qui traversent la demi-dynode extractrice d par un
trou 11 rencontrent nécessairement la demi-dynode émettrice 20 en un endroit doué
d'émission secondaire.
[0012] Le multiplicateur 50 d'électrons représenté à la figure 3 comporte, dans l'ordre,
une première demi-dynode émettrice d′₂ et une pluralité de dynodes D₃...,D
i, D
i+1,...,D
n multiplicatrices d'électrons, du type de celles décrites précédemment en référence
aux figures 1 et 2. Ainsi que le montre la figure 3, chaque demi-dynode extractrice
d
i+1 est située en position de coïncidence avec la demi-dynode émettrice d′
i précédente. De plus, de façon à ce que les électrons puissent progresser de la première
demi-dynode émettrice d′₂ à la dernière demi-dynode émettrice d′n, la première demi-dynode
émettrice d′₂ et les dynodes D₃,...,D
i, D
i+1,...,D
n multiplicatrices successives sont portées à des potentiels électriques V₂,V₃,...,V
i,V
i+1,...,V
n croissants. La demi-dynode extractrice d
i+1, par exemple, a donc pour fonction d'attirer vers la demi-dynode émettrice d′
i+1 les électrons issus de la demi-dynode émettrice d′
i, mais elle sert également à blinder électriquement la demi-dynode émettrice d′
i+1 des dynodes précédentes. En l'absence de ce blindage, qui créée une zone de faible
champ entre les demi-dynodes d
i+1 et d′
i+1, il ne serait pas possible aux électrons émis par la demi-dynode émettrice d′
i+1 d'être extraits par la demi-dynode extractrice d
i+2 suivante. De façon à ce que l'effet de blindage soit suffisant, il y a intérêt à
ce que la distance entre une demi-dynode extractrice et la demi-dynode émettrice d'une
même dynode soit relativement grande, par exemple de 0,5 à 0,8 mm. La distance entre
une demi-dynode émettrice et la demi-dynode extractrice suivante pouvant être plus
petite, de l'ordre de quelques dixièmes de mm, typiquement 0,3 mm.
[0013] La figure 4 montre, en coupe, un tube photomultiplicateur 60 comportant une photocathode
61, une première dynode D₁ cylindrique de grande dimension, un multiplicateur 50
conforme à celui de la figure 3, et une anode A. A titre d'exemple, le multiplicateur
50 d'électrons est couplé à la première dynode D₁ à l'aide des moyens de couplage
décrits dans la demande de brevet français, non publiée, n°88 07 778, mais, bien sûr,
d'autres moyens de couplage connus de l'homme du métier peuvent être utilisés. Comme
on peut le voir à la figure 4, est intercalée entre la première dynode D₁ et le multiplicateur
50, une grille G d'entrée, parallèle à la première demi-dynode émettrice d′₂, et
dont le potentiel électrique est égal au potentiel électrique V₂ de ladite première
demi-dynode émettrice d′₂. Ladite grille G d'entrée constitue donc avec la première
demi-dynode émettrice une deuxième dynode D₂ équivalent eaux dynodes d'ordre supérieur
D₃,...,D
n. Le rôle essentiel de la grille G d'entrée est d'assurer, avec une bonne transparence,
un blindage pour la première demi-dynode émettrice d′₂. De façon usuelle, le potentiel
électrique V₁ de la première dynode D₁ est inférieur au potentiel électrique V₂ de
la dynode D₂ équivalente.
1. Dynode (D) multiplicatrice d'électrons, comportant une première demi-dynode (d),
dite demi-dynode extractrice, et une deuxième demi-dynode (d′), dite demi-dynode émettrice,
les demi-dynodes (d,d′) étant parallèles, portées à un même potentiel électrique (V),
et ayant la forme de feuilles (10,20) percées de trous (11,21) disposés en un réseau
d'un même motif (12,22) de base, la deuxième demi-dynode (d′) ayant une surface de
multiplication électronique sur laquelle se produit la multiplication d'électrons,
caractérisée en ce que, lesdits trous (11,21) sont des trous à bord droit, et en ce
que les deux demi-dynodes sont décalées entre elles de sorte que chaque trou (11,21)
de l'une (d,d′) des demi-dynodes se trouve en regard du centre (24,14) d'un motif
(22,12) de base de l'autre (d′,d) demi-dynode.
2. Multiplicateur (50) d'électrons comportant, dans l'ordre, une première demi-dynode
émettrice (d′₂) et une pluralité de dynodes (D₃,...,Di,Di+1,...,Dn) multiplicatrices d'électrons, selon la revendication 1, caractérisé en ce que chaque
demi-dynode extractrice (di+1) est située en position de coïncidence avec la demi-dynode émettrice (d′i) précédente, et en ce que la première demi-dynode émettrice (d′₂) et les dynodes
(D₃,...,Di,Di+1,...,Dn) multiplicatrices successives sont portées à des potentiels électriques (V₂,V₃,...,Vi,Vi+1,Vn) croissants.
3. Tube photomultiplicateur (60) comportant une photocathode (61), une première dynode
(D₁), un multiplicateur (50) d'électrons selon la revendication 2, couplé à la première
dynode (D₁), et une anode (A), caractérisé en ce que, entre ladite première dynode
(D₁) et le multiplicateur (50), est intercalée une grille (G) d'entrée, parallèle
à la première demi-dynode émettrice (d′₂), et dont le potentiel électrique est égal
au potentiel électrique (V₂) de ladite première demi-dynode émettrice.