[0001] La présente invention concerne un bogie bimoteur articulé pour véhicule ferroviaire.
[0002] Un bogie classique pour véhicule ferroviaire comprend un châssis formé essentiellement
par : deux longerons supportant les deux essieux des roues ; et des éléments transversaux
d'entretoisement, ou traverses, entre les longerons, assurant la rigidité du châssis.
[0003] Depuis plusieurs années, on réalise des bogies dits "articulés" ou "flexibles" dans
lesquels les moyens d'entretoisement des deux longerons du bogie sont conçus et agencés
pour permettre, à ceux-ci, de subir un mouvement de pivotement relatif de très faible
amplitude (de l'ordre de quelques degrés) autour d'un axe théorique horizontal transversal
situé sensiblement dans le plan des axes géométriques des deux essieux et équidistant
de ceux-ci.
[0004] Un tel bogie a été décrit dans le brevet français N° 2.036.071 déposé le 4 mars 1969
au nom de "Les Ateliers de Construction du Nord de la France". Suivant une forme de
construction décrite dans ce brevet, chacune des traverses est constituée de deux
demi-traverses ayant chacune une extrémité rigidement liée à un longeron, les autres
extrémités en regard des demi-traverses, dans l'axe longitudinal du bogie, étant réunies
par des organes de liaison élastique déformables.
[0005] Les bogies "articulés" présentent notamment l'avantage, par rapport aux bogies rigides,
qu'ils permettent de conserver sensiblement égales les charges supportées par les
quatres roues d'un même bogie malgré les déformations de la voie et particulièrement
les variations de dévers.
[0006] Un autre exemple d'un bogie "articulé", ou plus exactement d'un bogie "flexible"
est donné par le brevet des Etats-Unis N° 4.046.080, déposé le 18 mars 1975, au nom
de WEGMANN.
[0007] Suivant ce brevet, la construction du châssis du bogie est telle et la configuration
de ses constituants, notamment les traverses, est telle que l'ensemble du bogie est
flexible de façon que les deux longerons puissent légèrement se déplacer angulairement
l'un par rapport à l'autre suivant les différences de niveau de la voie.
[0008] Lorsqu'on réalise un bogie moteur articulé, par exemple un bogie bimoteur, chaque
moteur est disposé entre l'essieu qu'il entraîne et la traverse de châssis située
du côté de cet essieu, la carcasse du moteur étant fixée au longeron et à la traverse
(ou demi-traverse) liée à ce longeron. Une telle disposition est décrite et représentée
dans le brevet des Etats-Unis précité, dans lequel il est principalement prévu que
l'arbre des moteurs est parallèle à l'essieu, un pont réducteur reliant l'arbre de
chaque moteur à son essieu respectif.
[0009] Dans un châssis de bogie articulé, l'ensemble constitué par les traverses occupe,
dans la partie centrale du châssis, une portion relativement importante, par exemple
de l'ordre de 35 à 40 %, de la longueur totale du châssis.
[0010] Du fait qu'on dispose chaque moteur entre la dernière traverse de l'ensemble de traverses
et l'essieu correspondant, on aboutit à une longueur totale de châssis imposée et
relativement importante.
[0011] Il a été également proposé, dans un châssis bimoteur articulé, de disposer chaque
moteur, entre la traverse et l'essieu, mais avec l'arbre moteur orienté longitudinalement.
Dans ce cas, il est prévu un pont réducteur conique, ou analogue entre l'arbre moteur
et l'essieu.
[0012] Mais cette solution ne permet pas, en général, de réduire la longueur du châssis
et tendrait, au contraire, à l'augmenter.
[0013] Pour certaines applications, notamment les véhicules ferroviaires urbains circulant
dans des courbes à faible rayon, on cherche à réaliser des bogies moteurs les plus
courts possibles, mais on est limité dans ce sens par les impératifs rappelés ci-dessus
qui sont liés aux bogies articulés.
[0014] La présente invention a pour but de remédier à cet inconvénient et elle permet de
réaliser des bogies bimoteurs articulés plus courts que ceux connus jusqu'à présent.
[0015] L'invention a pour objet un bogie bimoteur articulé, pour véhicule ferroviaire, dans
lequel le châssis de bogie comprend deux longerons supportant les deux essieux et
dans lequel chaque moteur est disposé, dans le châssis, avec son arbre orienté longitudinalement,
ledit arbre entraînant son essieu respectif par un pont réducteur, ledit bogie étant
caractérisé : en ce que chacun des moteurs est rigidement fixé, par sa carcasse, sur
la face intérieure d'un longeron, sensiblement à mi-longueur de ce longeron ; en ce
que les deux faces des carcasses des moteurs tournées vers l'axe longitudinal du bogie
sont en regard sur au moins une partie de leur étendue ; et en ce que les deux moteurs
sont reliés entre eux, par leur carcasse, au moyen d'un système de liaison élastique
déformable autour d'un axe horizontal transversal, les deux moteurs ainsi reliés constituant
la traverse centrale du bogie réunissant les deux longerons.
[0016] Grâce au fait que la traverse centrale du châssis est supprimée, on peut disposer
les moteurs dans cette partie centrale du châssis et, au surplus, les deux moteurs
sont côte à côte, si bien que leurs longueurs ne s'additionnent pas. Il en résulte
qu'on aboutit à un raccourcissement très important du bogie.
[0017] Par ailleurs, la suppression de la traverse centrale due châssis procure une économie
de poids et de prix appréciable.
[0018] Enfin, la disposition particulière des éléments constitutifs d'un bogie suivant l'invention
permet de réaliser un bogie de faible hauteur, ce qui est avantageux, notamment pour
les véhicules ferroviaires urbains tels que les tramways.
[0019] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui suit et à l'examen
des dessins annexés.
La figure 1 es une vue en plan d'un bogie moteur suivant l'invention.
La figure 2 est une vue de côté du bogie, la vue étant faite à partir de l'extérieur
dans la partie gauche de la figure et à partir du plan longitudinal médian II-II dans
la partie droite de la figure.
La figure 3 est une vue partielle en coupe transversale suivant la ligne III-III de
la figure 1.
La figure 4 est une vue partielle de côté, faite à partir du plan longitudinal médian
II-II, montrant un mode de réalisation d'un système de fixation articulée des deux
moteurs.
La figure 5 est une vue en coupe diamétrale d'un des éléments de fixation représentés
sur la figure 4.
La figure 6 est une vue en coupe suivant la ligne VI-VI de la figure 5.
La figure 7 est une vue, analogue à la figure 2, d'une partie d'un bogie conforme
à l'invention équipé de patins magnétiques.
[0020] Le châssis du bogie comporte deux longerons rigides identiques 2-2′ qui supportent
les boîtes d'essieu 3 des deux essieux 4-4′ sur lesquels sont calées les roues R du
bogie, lesquelles roulent sur un plan de rail 6.
[0021] Le premier moteur de traction M est rigidement fixé, par sa carcasse extérieure 8,
sur la face intérieure 10 du longeron 2, un exemple de fixation de la carcasse 8 sur
le longeron 2, au moyen de boulons 12, étant mieux représenté sur la figure 3.
[0022] Comme on le voit sur la figure 1, le moteur M est fixé sur le longeron 2 sensiblement
à mi-longueur de ce longeron et le moteur est disposé de façon que son arbre de sortie
14 soit orienté parallèlement à l'axe longitudinal II-II du bogie.
[0023] L'arbre 14 du moteur M entraîne l'essieu 4 par l'intermédiaire d'un accouplement
classique 16 et d'un pont réducteur classique 18. L'accouplement 16 peut accepter
les désalignements entre moteur et pont réducteur dûs aux déformations de la suspension
primaire. Cette suspension primaire peut être constituée, de façon connue, par une
bague élastique 20 (de préférence formée de trois segments d'arcs) interposée entre
la boîte d'essieu 3 et le longeron 2 ou 2′. Le bogie est équipé de quatre suspensions
primaires.
[0024] Une bielle de réaction 22 relie le réducteur 18 à un point fixe du châssis du bogie.
Dans le mode de réalisation représenté, ce point fixe es constitué par une patte 24
portée par la carcasse 8′ du deuxième moteur M′ dont il sera question maintenant.
[0025] Ce deuxième moteur M′ est monté de façon symétrique par rapport au premier moteur
M, c'est-à-dire qu'il est fixé, par sa caracasse 8′, sur la face intérieure 10′ du
longeron 2′ et qu'il entraîne l'essieu 4′ par l'intermédiaire d'un accouplement 16′
et d'un pont-réducteur 18′.
[0026] Comme on le voit clairement sur les figures 1 et 3, les deux faces 26-26′ des carcasses
8-8′ des deux moteurs M-M′ qui sont tournées vers le plan médian longitudinal du bogie
sont en regard l'une de l'autre sur au moins la majeure partie de leur étendue.
[0027] Les deux moteurs M-M′ sont reliés entre eux, par les faces en regard 26-26′ de leurs
carcasses, au moyen d'un système de liaison qui porte la référence générale 28 et
qui présente une légère flexibilité en rotation autour d'un axe horizontal transversal
30 équidistant des essieux 4-4′.
[0028] Suivant une forme préférée de réalisation, ce système de liaison déformable est constitué
par quatre articulations élastiques 32 (voir également figure 4) qui seront décrites
plus en détail dans ce qui suit.
[0029] On voit dès maintenant que le châssis du bogie suivant l'invention ne comporte pas
de traverse centrale faisant partie structurelle du châssis (comme sur les châssis
classiques) mais que cette traverse centrale est constituée par les carcasses des
deux moteurs reliées entre elles par le système de liaison flexible 28.
[0030] On réalise ainsi un bogie bimoteur articulé, présentant tous les avantages des bogies
articulés classiques, mais permettant en plus de réaliser un bogie beaucoup plus court
que jusqu'à présent.
[0031] En effet, la présence de la traverse centrale dans les bogies classiques empêchait
de loger les moteurs dans cette partie centrale tandis que la disposition côte à côte
des deux moteurs, suivant l'invention évite l'accumulation des longueurs des deux
moteurs et occupe la partie centrale du bogie.
[0032] Il est à noter que les carcasses des moteurs électriques classiques offrent une solidité
mécanique surabondante qui n'est généralement pas utilisée alors que, suivant la présente
invention on tire partie de cette solidité pour constituer l'élément de liaison transversal,
ou traverse, entre les deux longerons.
[0033] Le système de liaison déformable entre les deux moteurs comprend quatre articulations
32 qui sont disposées suivant un quadrilatère centré sur l'axe 30 (voir figure 4).
[0034] Chaque articulation 32 comprend (figures 5 et 6) une chape creuse 34, fixée à la
paroi 26 ou 26′ de la carcasse de l'un des moteurs, et une oreille 36, fixée à la
paroi en regard 26′ ou 26 de l'autre moteur, ces deux éléments 34-36 étant réunis
par un axe 38 avec interposition d'une bague élastique 40. Des articulations élastiques
de ce type ont été décrites dans le brevet français 2.036.071 précité.
[0035] Le bogie représenté comporte, de façon classique, deux suspensions secondaires 42-42′
interposées entre chaque longeron 2-2′, dans sa partie centrale, et une traverse de
charge ou traverse "danseuse" 44, reposant sur les suspensions secondaires (voir figure
3) et supportant la ou les caisses (non représentées) des véhicules ferroviaires.
[0036] Suivant le mode de réalisation représenté sur les figures, chaque suspension secondaire
est composée d'un ressort conique 46 surmonté, éventuellement, de deux sandwichs élastiques
48 disposés en V, ou d'un seul élément élastique assurant les suspensions verticale
et latérale de la caisse.
[0037] Dans le case, représenté sur les figures, où le bogie est un bogie "inter-caisse",
la traverse danseuse 44 supporte une couronne centrale fixe 50 sur laquelle tournent
un anneau extérieur 52 et un anneau intérieur 54. L'anneau intérieur est lié à une
des caisses et l'anneau extérieur est lié à l'autre caisse.
[0038] Bien entendu, le bogie peut être prévu avec un pivot unique pour le montage sous
une seule caisse.
[0039] Le bogie repésenté sur les figures 1 et 2 est équipé de quatre blocs de freinage
56, un par roue, appliquant un sabot 58 sur chaque roue R. Comme on le voit, chaque
bloc de freinage peut être monté sur la partie centrale du longeron supportant la
suspension secondaire, si bien que, là encore, on peut tenir la longueur totale du
bogie à une valeur minimale.
[0040] Sur la figure 7, qui est analogue à la partie gauche de la figure 2, on a représenté
un bogie suivant l'invention qui est muni, en plus des quatre blocs de freinage, de
deux patins magnétiques 60 qui sont situés dans la partie centrale des longerons et
fixés à ceux-ci par des supports 62. Dans ce cas, les blocs de freinage 56 à sabot
doivent être fixés sur des prolongements 64 des longerons 2-2′. Le bogie est alors
moins court que celui décrit à propos des figures 1 à 3, mais cependant beaucoup plus
court qu'un bogie bimoteur articulé classique à patins magnétiques.
1) Bogie bimoteur articulé, pour véhicule ferroviaire, dans lequel le châssis de bogie
comprend deux longerons (2-2′) supportant les deux essieux (4-4′) et dans lequel chaque
moteur est disposé, dans le châssis, avec son arbre (14) orienté longitudinalement,
ledit arbre entraînant son essieu respectif par un pont réducteur (18-18′), ledit
bogie étant caractérisé : en ce que chacun des moteurs (M-M′) est rigidement fixé,
par sa carcasse (8-8′), sur la face intérieure (10-10′) d'un longeron (2-2′) sensiblement
à mi-longueur de ce longeron ; en ce que les deux faces (26-26′) des carcasses des
moteurs tournées vers le plan médian longitudinal du bogie sont en regard sur au moins
une partie de leur étendue ; et en ce que les deux moteurs (M-M′) sont reliés entre
eux, par leur carcasse (8-8′), au moyen d'un système de liaison élastique (28) déformable
autour d'un axe horizontal transversal (30), les deux moteurs ainsi reliés constituant
la traverse centrale articulée du bogie réunissant les deux longerons.
2) Bogie suivant la revendication 1, caractérisé en ce que le système de liaison élastique
(28) est interposé entre les faces en regard (26-26′) des carcasses (8-8′) des deux
moteurs.
3) Bogie suivant la revendication 2, caractérisé en ce que le système de liaison élastique
(28) comprend une pluralité d'articulations individuelles (32) qui sont centrées sur
l'axe transversal horizontal 30.
4) Bogie suivant la revendication 3, caractérisé en ce que chaque articulation individuelle
(32) comprend un premier élément rigide d'accouplement (34), analogue à une chape,
qui est rigidement fixé à la face (26) de l'un des moteurs, et un deuxième élément
rigide d'accouplement (36), analogue à une oreille, qui est rigidement fixé à la face
en regard (26′) de l'autre moteur, et en ce que les deux dits éléments (34-36) sont
accouplés par un axe (38) entouré d'un manchon élastique (40).
5) Bogie suivant l'une des revendications 3 ou 4, caractérisé en ce que le système
de liaison (28) comprend quatre articulations individuelles (32).
6) Bogie suivant l'une des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que chaque pont
réducteur (18-18′) est bloqué en rotation par une bielle de réaction (22) dont l'extrémité
opposée au réducteur est fixée, par un organe de fixation (24-24′), à la carcasse
de l'un des moteurs.