[0001] La présente invention concerne un procédé d'injection de combustible auxiliaire dans
un haut fourneau.
[0002] On cherche depuis longtemps à réduire la consommation de coke du haut fourneau, notamment
pour des raisons économiques liées soit à l'amenuisement des réserves de charbons
cokéfiables, soit au coût des mesures de protection de l'environnement dans les cokeries.
[0003] A cet effet, on a déjà proposé de remplacer le coke, partiellement ou entièrement,
par un combustible auxiliaire injecté par les tuyères à vent ou par des tuyères auxiliaires
installées sur le haut fourneau. On a ainsi pratiqué l'injection de combustibles liquides
tels que le fioul, de combustibles gazeux tels que le gaz naturel ou le gaz de four
à coke, ainsi que de combustibles solides tels que le charbon pulvérisé ou le lignite.
[0004] D'un point de vue économique, il s'avère que l'injection de combustible solide constitue
actuellement la technique la plus intéressante dans de nombreux cas. Néanmoins, les
prix relatifs des différents types de combustibles varient très fortement et quelquefois
assez rapidement; suivant le moment et l'endroit, les hydrocarbures liquides ou gazeux
peuvent donc également présenter un grand intérêt en vue de l'injection dans un haut
fourneau.
[0005] Dans la présente description, il sera fait référence particulièrement à l'injection
de charbon pulvérisé, qui est le combustible auxiliaire solide le plus utilisé actuellement.
Cette référence particulière n'a cependant aucun caractère limitatif et le procédé
de l'invention est tout aussi applicable avec des combustibles auxiliaires liquides
ou gazeux.
[0006] D'une manière classique, on injecte le combustible auxiliaire, notamment le charbon
pulvérisé, dans le vent chaud se trouvant à une température comprise entre 1000°C
et 1200°C, qui est insufflé dans le haut fourneau par les tuyères à vent. Dans ces
conditions, le charbon brûle en dégageant de la chaleur et des gaz, essentiellement
des gaz réducteurs CO et H₂, en quantité déterminée à l'intérieur du haut fourneau.
La quantité de charbon pulvérisé que l'on peut injecter de cette façon est cependant
limitée, d'une part parce que le charbon exerce un effet de refroidissement qui abaisse
la température de la flamme, et d'autre part parce que la combustion du charbon n'est
pas complète aux taux d'injection élevés et provoque alors la formation d'imbrûlés
et/ou de suies.
[0007] On a déjà recherché des voies et des moyens pour contourner cette difficulté.
[0008] En particulier, il a été proposé, dans la demande de brevet BE-A-08700853, de remplacer
le vent chaud à 21 % d'oxygène, éventuellement suroxygéné à 22-24 %, par du vent à
très haute teneur en oxygène se trouvant à la température ambiante. Cette technique
n'est cependant applicable que dans les usines disposant d'importants excédents d'oxygène,
ce qui est rarement le cas dans la pratique industrielle.
[0009] Par ailleurs, il existe également de nombreuses propositions visant à accélérer la
combustion du charbon par l'utilisation d'une torche à plasma, qui surchauffe le vent
à une température de l'ordre de 1800°C à 2500°C. Il est apparu qu'une telle augmentation
de la température du vent permettait, par son effet sur la cinétique de combustion
du charbon, d'injecter des quantités accrues de combustible auxiliaire, aussi bien
solide que liquide ou gazeux.
[0010] Il n'est cependant pas toujours possible de recourir à la technique de la torche
à plasma. En effet, celle-ci implique non seulement des frais d'investissement élevés,
mais aussi des frais de fonctionnement liés, dans une large mesure, au prix du courant
électrique. Si ce prix est trop élevé par rapport à celui des énergies fossiles, le
coût de la production du plasma peut entamer ou même annuler l'économie réalisée
par l'accroissement de la quantité de combustible auxiliaire injecté dans le haut
fourneau.
[0011] Enfin, il est connu, par la demande de brevet BE-A-08701383, d'injecter une certaine
quantité de gaz, de préférence du gaz riche en hydrogène à l'endroit où l'on injecte
du charbon pulvérisé. Cette technique s'applique particulièrement dans le cas où le
haut fourneau est alimenté en vent froid très riche en oxygène au lieu du vent chaud
conventionnel. Une telle injection de gaz a pour but de stabiliser la combustion du
charbon et, dans le cas de l'utilisation de vent froid, d'assurer l'allumage du charbon
après un arrêt de l'injection. Cette technique, très intéressante par ailleurs, ne
permet cependant pas d'accroître la quantité de charbon injectée.
[0012] Il existe dès lors dans l'industrie un besoin d'un procédé permettant d'injecter
d'importantes quantités de combustible auxiliaire dans un haut fourneau tout en demeurant
économiquement acceptable pour l'utilisateur.
[0013] La présente invention a pour but de proposer un procédé répondant à ce besoin par
des moyens simples et intéressants, qui en outre ne nécessitent pas de transformations
importantes des installations d'injection existantes.
[0014] Conformément à la présente invention, un procédé d'injection de combustible auxiliaire
dans un haut fourneau, dans lequel on injecte ledit combustible auxiliaire dans un
courant de vent chaud circulant en direction d'au moins une tuyère dudit haut fourneau,
est caractérisé en ce que l'on injecte un combustible de surchauffe dans ledit courant
de vent chaud, en amont du point d'injection dudit combustible auxiliaire.
[0015] Ce combustible de surchauffe, injecté dans le vent chaud, conformément au procédé
de l'invention, provoque la formation d'un "pseudo-plasma", c'est-à-dire d'un milieu
gazeux surchauffé, localisé à l'endroit où est effectuée l'injection du combustible
auxiliaire. Ce pseudo-plasma, obtenu sans consommation d'énergie électrique, présente
des propriétés voisines de celles des plasmas usuels et favorise une combustion rapide
et complète du combustible auxiliaire.
[0016] Comme on l'a indiqué plus haut, le combustible auxiliaire peut être un combustible
solide, un combustible liquide ou un combustible gazeux, ou encore un mélange de plusieurs
combustibles de types différents.
[0017] Suivant l'invention, le combustible de surchauffe peut également être un combustible
solide, un combustible liquide ou un combustible gazeux, ou encore un mélange de plusieurs
combustibles de types différents.
[0018] Suivant la mise en oeuvre la plus simple du procédé de l'invention, le combustible
auxiliaire et le combustible de surchauffe sont injectés tels quels dans le courant
de vent chaud, et leur combustion est assurée par l'oxygène contenu dans le vent chaud.
A cet effet, il peut être nécessaire d'accroître la teneur en oxygène de ce vent chaud,
en fonction des quantités de combustible injectées. Le complément éventuel d'oxygène
peut être injecté avec le combustible correspondant, de préférence en proportion stoechiométrique
pour assurer la combustion désirée dudit combustible.
[0019] Une autre variante intéressante du procédé de l'invention consiste à injecter au
moins un desdits combustibles, c'est-à-dire le combustible auxiliaire et/ou le combustible
de surchauffe, au moyen d'un brûleur approprié. Ce brûleur, qui peut être de tout
type connu, est alimenté d'une part en combustible et d'autre part en oxygène, et
il injecte ensuite le combustible correspondant dans le courant de vent chaud sous
la forme de gaz de combustion chauds. Dans ce cas, la teneur en oxygène du vent chaud
est de préférence adaptée en fonction de la composition desdits gaz de combustion,
et notamment de leurs teneurs en gaz reducteurs.
[0020] Pour une marche conventionnelle du haut fourneau, le vent chaud insufflé par les
tuyères se trouve généralement à une température comprise entre 1000°C et 1200°C,
suivant le type de cowper disponible. De manière classique, le vent chaud est constitué
d'air ou d'air enrichi en oxygène. Comme on l'a déjà indiqué plus haut, il est avantageux
de régler la teneur en oxygène du vent chaud en fonction des quantités de combustible
injectées.
[0021] Egalement suivant l'invention, on règle la quantité de combustible de surchauffe
injecté dans le vent chaud de telle façon que ledit vent chaud soit porté à une température
comprise entre 1500°C et 2500°C.
[0022] D'autres particularités et avantages de l'invention pourront apparaître à la lecture
de l'exemple comparatif qui suit, qui n'a d'autre but que de faire comprendre clairement
l'intérêt économique et la facilité de mise en oeuvre du procédé revendiqué. Cet exemple
est illustré par les dessins annexés, dans lesquels la
Figure 1 illustre un procédé conventionnel d'injection d'un combustible auxiliaire
dans un haut fourneau; et la
Figure 2 montre une variante particulière de mise en oeuvre du procédé de l'invention.
[0023] Ces figures ne constituent bien entendu que des représentations schématiques, dans
lesquelles on n'a volontairement reproduit que les éléments directement nécessaires
à la compréhension de l'invention. Des éléments identiques ou analogues sont désignés
par les mêmes repères numériques dans les deux figures, et les sens de circulation
des différentes matières (vent chaud, combustibles) sont indiqués par des flèches
appropriées.
[0024] On a représenté, dans la figure 1, un haut fourneau (1) conventionnel, alimenté en
(2) avec 1610 kg par tonne de fonte (kg/tf) d'aggloméré de bonne qualité et avec du
coke métallurgique stabilisé et criblé à 35 mm. Un cowper (3) alimenté en vent froid
(4), suroxygéné à 22 %, fournit un vent chaud (5) à 1150°C qui est insufflé dans le
haut fourneau à raison de 1051 m³ N/tf. A l'aide d'une canne (6), on a injecté de
manière classique, dans le vent chaud (5), par exemple au niveau du busillon, 140
kg/tf de charbon pulvérisé sec contenant 25 % de matières volatiles. Pour produire
une fonte de la qualité désirée, c'est-à-dire contenant 5 % C et 0,2 % Si et présentant
une température de 1500°C, on a consommé 334 kg/tf de coke sec.
[0025] La figure 2 illustre la production de la même qualité de fonte à partir des mêmes
matières premières et dans le même haut fourneau que dans le cas de la figure 1, mais
à l'aide d'une variante du procédé de la présente invention. Le haut fourneau (1)
est également chargé en (2) de 1610 kg/tf d'aggloméré de bonne qualité, ainsi que
de coke métallurgique stabilisé et criblé à 35 mm. Le vent froid (4) est constitué
en mélangeant 37 m³ N/tf d'oxygène pur (4a) et 470 m³ N/tf d'air (4b) comprimé à une
pression de 4,5 bar. Ce vent froid (4), suroxygéné à 27 %, est porté dans le cowper
(3) à une température de 1200°C et le vent chaud résultant (5) est insufflé dans le
haut fourneau avec un débit de 507 m³ N/tf. Dans le cas de l'exemple illustré ici,
le charbon pulvérisé a été injecté au moyen d'un brûleur oxy-charbon (7) d'un type
connu, alimenté en oxygène (7a) et en charbon pulvérisé (7b). Conformément à l'invention,
on a injecté en (8), c'est-à-dire en amont du point d'injection du charbon pulvérisé
(7), du gaz de four à coke à raison de 26 m³ N/tf. Cette injection (8) a donné lieu
à la formation d'un "pseudo-plasma" (9), ayant une température de 1700°C et composé
de 6,0 % H₂O; 2,0 % CO₂; 21,0 % O₂; 71,0 % N₂. Grâce à ce pseudo-plasma, on a pu
injecter en (7b)jusqu'à 350 kg/tf de charbon pulvérisé avec 149 m³ N/tf d'oxygène
en (7a). De ce fait, la consommation de coke a été ramenée à 177 kg/tf, soit un gain
de 47 % de coke par rapport à la marche conventionnelle de la figure 1.
[0026] Le procédé de la présente invention permet d'accroître très fortement la quantité
de charbon pulvérisé injectée dans le haut fourneau, par rapport aux marches les plus
favorables réalisables par les techniques conventionnelles d'injection. Des résultats
comparables peuvent être atteints pour l'injection de combustible liquide ou gazeux.
1. Procédé d'injection de combustible auxiliaire dans un haut fourneau, dans lequel
on injecte ledit combustible auxiliaire dans un courant de vent chaud circulant en
direction d'au moins une tuyère dudit haut fourneau (1), caractérisé en ce que l'on
injecte un combustible de surchauffe (8) dans ledit courant de vent chaud (5), en
amont du point d'injection dudit combustible auxiliaire (7; 7a,7b).
2. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé en ce que le combustible auxiliaire
(7) et le combustible de surchauffe (8) sont injectés tels quels dans le courant de
vent chaud (5).
3. Procédé suivant la revendication 2, caractérisé en ce que l'on injecte de l'oxygène
en même temps que ledit combustible de surchauffe (8) dans le courant de vent chaud
(5).
4. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé en ce qu'au moins un des deux combustibles,
c'est-à-dire le combustible auxiliaire (7) et/ou le combustible de surchauffe (8)
est brûlé au moins partiellement avant d'être injecté dans le courant de vent chaud
(5).
5. Procédé suivant l'une ou l'autre des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que
l'on règle la teneur en oxygène du vent chaud (5) en fonction des quantités de combustible
(7; 8) injectées.
6. Procédé suivant l'une ou l'autre des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
l'on règle la quantité de combustible de surchauffe (8) injecté dans le vent chaud
(5) de telle façon que ledit vent chaud (5) soit porté à une température comprise
entre 1500°C et 2500°C.
7. Procédé suivant l'une ou l'autre des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que
le combustible de surchauffe (8) est un combustible solide, un combustible liquide,
un combustible gazeux ou un mélange de plusieurs combustibles de types différents.
8. Procédé suivant l'une ou l'autre des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que
le combustible auxiliaire (7) est un combustible solide, un combustible liquide, un
combustible gazeux ou un mélange de plusieurs combustibles de types différents.