[0001] La présente invention concerne les tubes à faisceau d'électrons du type à intéraction
longitudinale ou à champs croisés utilisés notamment dans l'espace.
[0002] Elle propose plus particulièrement un tube à faisceau d'électrons dont le collecteur
ou l'anode collectrice d'électrons, dissipent la puissance thermique provenant du
faisceau d'électrons, par rayonnement direct sur une source froide à basse température
notamment dans le vide spatial.
[0003] Cette invention s'applique plus particulièrement aux tubes à ondes progressives ou
aux klystrons qui sont fréquemment utilisés à bord de satellites de télécommunication
ou de télédiffusion, où ils servent d'amplificateurs de puissance. Pour le satellite,
ils représentent la principale source de dissipation thermique.
[0004] Actuellement les tubes à ondes progressives utilisés sur les satellites de télédiffusion
représentent une source de chaleur d'environ 100 watts.
[0005] Un tiers de cette puissance est dissipé par l'ensemble canon-ligne et les deux tiers
restants sont dissipés par le collecteur.
[0006] Sur certains satellites, toute la puissance du tube à ondes progressives est dissipée
par conduction sur un panneau fixé au satellite, rayonnant dans le vide spatial. Ce
panneau a une température proche de la température ambiante terrestre c'est-à-dire
de l'ordre 300° K. Dans ce cas pour dissiper une centaine de watts une surface d'environ
0,3 m² est nécessaire. C'est une surface importante.
[0007] Sur d'autres satellites on utilise des tubes à ondes progressives dont le collecteur
rayonne directement dans le vide spatial sans l'intermédiaire d'un panneau rayonnant.
L'ensemble canon-ligne continue à dissiper la puissance thermique par conduction car
le fonctionnement de l'ensemble canon-ligne est limité en température. L'ensemble
canon-ligne est fixé sur un panneau rayonnant.
[0008] Le collecteur lui peut fonctionner à haute température et peut rayonner directement
sans l'intermédiaire d'un panneau rayonnant. Le collecteur d'un tube à ondes progressives
comporte une ou plusieurs électrodes entourées d'une paroi métallique en forme de
cylindre.Les électrodes sont en contact thermique avec la paroi. S'il y a plusieurs
électrodes elles sont portées à des tensions différentes adaptées à la dispersion
de vitesse des électrons du faisceau.
[0009] Ce cylindre est généralement en acier inoxydable ou en cuivre. Pour que la paroi
du collecteur rayonne directement il faut augmenter sa température. Néanmoins le collecteur
doit présenter une surface extérieure suffisante et pour cela on est obligé d'augmenter
ses dimensions et donc sa masse. On recouvre généralement la paroi extérieure du collecteur
d'alumine afin qu'elle se rapproche le plus possible d'un corps noir.
[0010] Le fabricant doit réaliser des collecteurs spéciaux pour les tubes à usage spatial.
Ces collecteurs sont plus grands que les collecteurs de tubes ayant les mêmes caractéristiques
et qui fonctionnent dans une ambiance à pression atmosphérique.
[0011] La présente invention vise à remédier à ces inconvénients en proposant un tube à
faisceau d'électrons dont le collecteur ou l'anode collectrice d'électrons dissipent
par rayonnement direct la puissance thermique à évacuer sur une source froide à basse
température notamment dans le vide spatial.
[0012] L'invention propose un tube à faisceau d'électrons du type à interaction longitudinale
ou à champs croisés comportant un collecteur ou une anode collectrice d'électrons,
sensiblement en forme de cylindre, d'axe longitudinal YY′ caractérisé en ce que la
paroi extérieure du collecteur ou de l'anode collectrice comporte des ailettes orientées
sensiblement radialement par rapport à l'axe YY′, certaines de ces ailettes étant
disposées sensiblement parallèlement à l'axe YY′, les autres étant disposées sensiblement
transversalement à l'axe YY′, toutes les ailettes permettant le refroidissement du
collecteur ou de l'anode collectrice par rayonnement direct sur une source froide
à basse température.
[0013] Selon un autre mode de réalisation des caloducs sont solidaires des ailettes de manière
à diminuer et à uniformiser la température des ailettes.
[0014] Les ailettes sont réalisées dans un métal ou un alliage léger.
[0015] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture de
la description suivante, faite à titre d'exemples non limitatifs et illustrée par
les figures annexées :
- la figure 1 représente un collecteur de tube à ondes progressives dont la paroi
extérieure comporte des ailettes orientées radialement et disposées parallèlement
par rapport à l'axe longitudinal du collecteur,
- la figure 2 représente un collecteur de tube à ondes progressives dont la paroi
extérieure comporte des ailettes radiales, certaines étant parallèles à l'axe du collecteur
d'autres étant perpendiculaires au même axe.
- la figure 3 représente le même collecteur qu'à la figure 2 les ailettes étant équipées
de caloducs.
[0016] La figure 1 représente un collecteur 1 de tube à ondes progressives de forme extérieure
sensiblement cylindrique, d'axe longitudinal YY′. Le collecteur d'un tube à ondes
progressives a pour but de recueillir un faisceau d'électrons produit par un canon
et circulant dans un tunnel. Le collecteur est disposé à la sortie du tunnel sensiblement
dans l'axe du faisceau d'électrons. Le collecteur 1 est constitué d'une ou plusieurs
électrodes, non représentées, entourées d'une paroi 3 métallique, généralement cylindrique.
Lorsqu'il y a plusieurs électrodes, elles sont portées à des potentiels différents
adaptés à la dispersion de vitesse du faisceau d'électrons. Elles sont destinées à
répartir les impacts d'électrons de manière homogène tout le long du collecteur.
[0017] Afin de pouvoir rayonner directement dans le vide spatial, par exemple, la paroi
extérieure 3 du collecteur 1 comporte une pluralité d'ailettes 4. Sur la figure, la
paroi 3 est réalisée à partir d'une pièce 2 métallique en forme de cylindre creux,
coaxiale avec le collecteur 1. Sur cette pièce 2 on a fixé
n ailettes 4. La pièce 2 sera, de préférence la paroi extérieure d'un collecteur classique,
de tube à ondes progressives. Cette pièce 2 métallique est en acier inoxydable ou
en cuivre par exemple. Les ailettes 4 sont sensiblement parallèles à l'axe YY′ et
sont orientées radialement par rapport à cet axe. Deux ailettes 4 consécutives délimitent
une cavité 5 ouverte vers l'extérieur. Les ailettes 4 sont réalisées dans un métal
ou un alliage léger : un alliage d'aluminium anodisé par exemple.
[0018] Les ailettes 4, de forme rectangulaire par exemple sont fixées à la pièce 2 métallique
par un côté 6, sur la figure il s'agit d'un grand côté du rectangle. Elles sont fixées
par soudure, brasage, frettage ou tout autre moyen connu de l'homme de l'art. La référence
7 indique le côté opposé au côté 6. Le côté 7 de chaque ailette 4 est libre.
[0019] On aurait pu envisager que la paroi 3 du collecteur soit directement réalisée avec
des ailettes, par moulage par exemple.
[0020] Si on a disposé n ailettes 4 rectangulaires de hauteur
d et de longueur
l , la puissance P rayonnée par la paroi extérieure du collecteur est donnée par :
P = A.2 ¶.d.l.(T)⁴.[(sin ¶/n)/(¶/n)]
- T représente la température moyenne des ailettes en degrés Kelvin, les ailettes
étant considérées comme des éléments isothermes.
- A représente la constante de Boltzmann et vaut
5,7. 10⁻¹² W m⁻² K⁻⁴.
[0021] Le nombre n d'ailettes 4 est supérieur ou égal à deux. Mais on remarque que la puissance
rayonnée varie dans le même sens que le nombre d'ailettes 4.
[0022] Sur la figure 1, huit ailettes 4 ont été représentées et ce choix a été guidé principalement
par des considérations de tenue mécanique.
[0023] Le collecteur 1 a une paroi extérieure 3 définissant des cavités 5. Son émissivité
équivalente est bien supérieure à l'émissivité du matériau utilisé. Le collecteur
1 tend à se comporter comme un corps noir artificiel.
[0024] Dans cette structure, les ailettes 4 ont deux rôles. Elles servent à transporter
le flux de chaleur provenant des électrodes vers le côté 7 libre de chaque ailette
4. Leurs deux surfaces principales sont des surfaces radiatives.
[0025] Sur la figure 1 on a représenté des ailettes 4 ayant une section droite 8 triangulaire.
Cette section 8 permet une meilleure répartition de la température tout au long de
la hauteur
d de chaque ailette 4. Cette forme est facilement réalisable.
[0026] Les dimensions des ailettes 4 doivent être calculées, compte tenu de la puissance
à dissiper pour que leur température moyenne soit inférieure à environ 500°K. Lorsque
l'on se déplace le long de la hauteur
d d'une ailette 4 entre le côté 6 et le côté 7 la température décroît progressivement.
[0027] Ce collecteur 1 dissipe de la puissance thermique également par convection naturelle
et rayonnement si le tube à ondes progressives est placé dans une ambiance à la pression
atmosphérique.
[0028] Les ailettes toujours radiales auraient pu être disposées sensiblement transversalement
à l'axe YY′ du collecteur. Cette variante aurait donné des résultats similaires au
point de vue puissance dissipée et émissivité.
[0029] Pour améliorer l'émissivité du collecteur, on peut être amené à augmenter le nombre
de cavités. Cette variante est représentée sur la figure 2. Sur cette figure le repère
20 désigne un collecteur de tube à ondes progressives d'axe longitudinal YY′. Il a
la forme d'un cylindre. Il comporte une ou plusieurs électrodes non représentées,
entourées d'une paroi extérieure 22 métallique. La paroi extérieure 22 comporte une
pluralité d'ailette 23,24. La paroi 22 est réalisée comme sur la figure 1 à partir
d'une pièce 21 métallique en forme de cylindre creux, coaxiale avec le collecteur.
A la périphérie de cette pièce 21 on a fixé, de préférence uniformément, une pluralité
d'ailettes 23,24. Les ailettes 23 sont disposées parallèlement à l'axe YY′ tandis
que les ailettes 24 sont disposées sensiblement transversalement à l'axe YY′. Les
ailettes 23,24 sont orientées radialement par rapport à l'axe YY′.
[0030] Deux ailettes 23 consécutives et deux ailettes 24 consécutives délimitent une cavité
25 qui est ouverte vers l'extérieur. Ce collecteur 20 a une émissivité supérieure
à celle du collecteur décrit à la figure 1, grâce au nombre plus important cavités.
En augmentant le nombre de cavités cela permet soit d'augmenter la puissance thermique
dissipée soit de diminuer la température moyenne des ailettes 23,24.
[0031] La figure 3 représente une autre variante d'un collecteur 30 d'un tube à ondes progressives.
Ce collecteur 30 est comparable au collecteur 20 de la figure 2. Il a une paroi extérieure
32 qui comporte une pluralité d'ailettes 33,34. Cette paroi 32 entoure une ou plusieurs
électrodes non représentées. Cette paroi 32 est réalisée à partir d'une pièce 31 métallique
en forme de cylindre creux, coaxiale avec le collecteur 30. A la périphérie de cette
pièce 31 on a fixé, de préference uniformement, une pluralité d'ailettes 33,34. Les
ailettes 33 sont sensiblement parallèles à l'axe YY′, tandis que les ailettes 34 sont
sensiblement transversales à l'axe YY′. Les ailettes 33,34 sont orientées radialement
par rapport à l'axe YY′. Le repère 35 désigne une cavité ouverte vers l'extérieur
délimitée par deux ailettes 33 consécutives et deux ailettes 34 consécutives.
[0032] Afin d'améliorer encore les caractéristiques thermiques du collecteur 30 on a rajouté
sur les ailettes 33,34 des caloducs 36. Sur cette figure ils sont placés de façon
radiale par rapport à l'axe YY′ du collecteur 30, à l'intersection entre une ailette
33 et une ailette 34. Ils auraient pu être placés, toujours radialement à l'axe du
collecteur 30 mais sur une seule ailette 33 ou 34. Ils sont fixés sur les ailettes
33,34 par soudure ou tout autre moyen connu. Ils peuvent même être intégrés dans l'épaisseur
des ailettes 33,34.
[0033] Un caloduc est un dispositif en circuit fermé généralement en forme de tube contenant
un liquide qui s'évapore puis se condense. La température d'ébullition du liquide
utilisé dans les caloducs sera légèrement inférieure à la température maximale des
ailettes 33,34. Le nombre de caloducs 36 est fonction de la puissance à dissiper.
Ils permettent d'uniformiser la température des ailettes 33,34, d'en abaisser la température
maximale et par conséquent d'en abaisser aussi la température moyenne.
[0034] Des essais ont été réalisés avec un tube à ondes progressives délivrant une puissance
hyperfréquence de 130 watts, équipé d'un collecteur dont la paroi extérieure comporte
8 ailettes conformément à l'invention. Ce tube est placé sous vide. En fonctionnement
la puissance totale à dissiper est de 110 W. Elle se répartit de la manière suivante
:
- 38 W dissipés par l'ensemble canon-ligne par conduction ;
- 72 W dissipés par le collecteur par rayonnement.
[0035] Dans ces conditions la température moyenne des ailettes est de 438° K.
[0036] Au point de vue masse un tube à ondes progressives de même puissance, équipé d'un
dispositif de refroidissement par conduction à la fois pour l'ensemble canon-ligne
et pour le collecteur a une masse de 900 grammes. La puissance totale de 110 W doit
être dissipée par conduction.
[0037] Le même tube équipé d'un collecteur rayonnant directement selon l'art connu a une
masse de 2800 grammes.
[0038] Le même tube équipé d'un collecteur selon l'invention a une masse de 1150 grammes.
Le gain de masse de ce dernier tube par rapport au tube équipé d'un collecteur rayonnant
directement, selon l'art connu, est appréciable. L'augmentation de masse du tube selon
l'invention par rapport au tube refroidi par conduction est largement compensée par
le gain sur la dissipation.
[0039] Les collecteurs que l'on vient de décrire se réalisent facilement à partir des collecteurs
des tubes à ondes progressives classiques n'ayant subi aucune modification. Il suffit
de fixer des ailettes.
[0040] L'invention n'est pas limitée aux exemples décrits notamment en ce qui concerne la
géométrie de la paroi extérieure du collecteur.
[0041] L'invention n'est pas limitée aux tubes à ondes progressives. Tous les collecteurs
de tubes à interaction longitudinale peuvent avoir un collecteur dont la paroi extérieure
définit des cavités ouvertes vers l'extérieur.
[0042] L'invention s'applique aussi aux tubes à champs croisés. Dans ce cas, l'anode collectrice
d'électrons a une paroi extérieure qui définit une pluralité de cavités ouvertes vers
l'extérieur, l'anode collectrice d'électrons ayant une forme sensiblement cylindrique.
1. Tube à faisceau d'électrons du type à interaction longitudinale ou à champs croisés
comportant un collecteur (20,30) ou une anode collectrice d'électrons, sensiblement
en forme d'un cylindre, d'axe longitudinal YY′ caractérisé en ce que la paroi extérieure
(22,32) du collecteur ou de l'anode collectrice comporte des ailettes (23,33,24,34)
orientées sensiblement radialement par rapport à l'axe YY′, certaines de ces ailettes
(23,33) étant disposées sensiblement parallèlement à l'axe YY′, les autres (24,34)
étant disposées sensiblement transversalement à l'axe YY′, toutes les ailettes (23,33,24,34)
permettant le refroidissement du collecteur (20,30) ou de l'anode collectrice par
rayonnement direct sur une source froide à basse température.
2. Tube à faisceau d'électrons selon la revendication 1 caractérisé en ce que des
caloducs (36) orientés radialement par rapport à l'axe YY′ sont placés soit sur une
seule ailette (23,24,33,34) soit à l'intersection entre deux ailettes (23,24,33,34).
3. Tube à faisceau d'électrons selon l'une des revendications 1 ou 2 caractérisé en
ce que les ailettes (23,24,33,34) sont en métal ou alliage léger.
4. Tube à faisceau d'électrons selon la revendication 3 caractérisé en ce que les
ailettes (23,24,33,34) sont en aluminium pur ou allié.
5. Tube à faisceau d'électrons selon l'une des revendications 1 à 4 caractérisé en
ce que la paroi extérieure du collecteur ou de l'anode collectrice d'électrons est
réalisée directement avec les ailettes.
6. Tube à faisceau d'électrons selon l'une des revendications 1 à 4 caractérisé en
ce que la paroi extérieure (22,32) du collecteur ou de l'anode collectrice consiste
en une pièce (2) sensiblement cylindrique sur laquelle sont rapportées les ailettes
(23,24,33,34).
7. Tube à faisceau d'électrons selon la revendication 6 caractérisé en ce que les
ailettes (23,24,33,34) sont rapportées par soudure, brasage ou frettage.
8. Tube à faisceau d'électrons selon l'une des revendications 1 à 7 caractérisé en
ce que les dimensions des ailettes (23,24,33,34) et leur nombre permet le rayonnement
intégral dans le vide spatial, de toute la puissance collectée par le collecteur (20,30)
ou l'anode collectrice d'électrons, les ailettes (23,24,33,34) ayant une température
moyenne inférieure à environ 500 ° K.