[0001] L'invention concerne un procédé de fabrication de tubes bimétalliques dont la section
comporte une zone annulaire externe et une zone annulaire interne de compositions
différentes. Elle s'applique particulièrement aux tubes d'acier.
[0002] L'invention concerne aussi les tubes obtenus par ce procédé, notamment les tubes
d'acier, ainsi que l'ébauche tubulaire permettant de mettre en oeuvre le procédé de
fabrication de l'invention.
[0003] De tels tubes peuvent en particulier être utilisés chaque fois que seule leur paroi
extérieure ou intérieure est en contact avec un fluide dont la composition, la température
ou d'autres caractéristiques nécessitent l'utilisation d'un métal ou alliage de composition
particulière et de coût relativement élevé. On peut alors limiter l'épaisseur de la
zone annulaire constituée d'un tel métal ou alliage et utiliser pour le reste de la
section du tube un métal ou alliage de coût beaucoup moins élevé, dont la fonction
essentielle est alors d'assurer la tenue mécanique du tube.
[0004] On connaît un procédé de fabrication de tels tubes bimétalliques. Il consiste à réaliser
une ébauche comportant deux composants tubulaires de compositions différentes qu'on
emboîte l'un dans l'autre. L'un des composants est en un acier inoxydable ou réfractaire
ou encore en un alliage réfractaire. L'autre composant est, par exemple, en un acier
non allié ou allié.
[0005] Ces deux composants doivent avoir une forme cylindrique de révolution et être usinés
avec la précision nécessaire pour pouvoir être emboîtés l'un dans l'autre avec le
minimum de jeu. Après chauffage à la température voulue, on effectue, de façon également
connue, une coextrusion de cette ébauche, avec un taux de réduction de section déterminé,
afin d'obtenir un tube bimétallique. On constate alors que, si la composition des
métaux ou alliages mis en jeu, l'état de surface des parois en contact, ainsi que
les conditions d'extrusion sont convenables, on obtient une bonne liaison de nature
métallurgique entre les deux composants.
[0006] Dans la pratique, ce procédé est relativement coûteux à mettre en oeuvre, en particulier
parce qu'il est nécessaire d'effectuer un usinage précis des deux composants de l'ébauche.
Chacun des deux composants doit être usiné de façon à avoir une épaisseur constante.
De plus, pour les deux composants, l'usinage de la paroi intérieure sur une longueur
relativement grande présente des difficultés qui le rendent coûteux. Enfin, des précautions
particulières doivent éventuellement être prises pour limiter l'oxydation des parois
en regard des deux composants de l'ébauche, pendant le chauffage de celle-ci, avant
coextrusion. Des difficultés supplémentaires sont dues à la différence de coefficient
de dilatation qui existe le plus souvent entre les deux composants de l'ébauche. En
effet l'un des deux composants est souvent en un acier austénitique ou autre alliage
de coefficient de dilatation bien supérieur à celui de l'autre composant qui est en
un acier non allié ou faiblement allié.
[0007] Lorsque c'est le composant externe qui présente le plus fort coefficient de dilatation,
on observe, au cours du chauffage de l'ébauche, un accroissement du jeu entre les
deux composants. Cet accroissement peut être une cause d'oxydation et peut entraîner
au moment de la coextrusion des irrégularités d'écoulement de l'un des composants
par rapport à l'autre au passage à travers la filière.
[0008] Lorsque c'est au contraire le composant interne qui a le plus fort coefficient de
dilatation il y a serrage des deux composants l'un contre l'autre au chauffage.
[0009] On a recherché la possibilité de simplifier le procédé de réalisation de tubes bimétalliques
par coextrusion, afin de le rendre à la fois plus sûr, plus reproductible et plus
économique.
[0010] On a recherché en particulier la possibilité de supprimer la nécessité d'un emboîtage
précis des deux composants de l'ébauche l'un dans l'autre avec un jeu réduit au minimum.
[0011] On a recherché aussi la possibilité de mettre en oeuvre des composants interne et
externe de coefficients de dilatation différents sans risques d'oxydation notable
au chauffage ou d'anomalies d'écoulement au cours de la coextrusion.
[0012] On a recherché enfin la possibilité de protéger efficacement de l'oxydation les
parois en regard des deux composants pendant le chauffage de l'ébauche, avant coextrusion.
[0013] Le procédé qui fait l'objet de l'invention permet d'atteindre ces résultats et d'obtenir
un tube bimétallique qui n'a pas les défauts de ceux réalisés par le procédé connu.
Ce tube bimétallique fait aussi l'objet de l'invention.
[0014] Le procédé de fabrication d'un tube bimétallique par coextrusion à chaud selon l'invention
consiste à réaliser une ébauche comportant deux composants tubulaires de révolution
coaxiaux. Ces deux composants sont constitués de métaux ou alliages, de compositions
différentes, logés coaxialement l'un dans l'autre.
[0015] On détermine les sections de chacun de ces composants tubulaires, dans un plan perpendiculaire
à l'axe commun, de façon à ménager entre leurs parois en regard un espace annulaire,
de largeur radiale pas inférieure à 3 mm ; la largeur radiale de cet espace annulaire
est de préférence au moins égale à 2 % du diamètre extérieur du composant interne
et n'est pas supérieure à la largeur radiale du composant tubulaire de plus faible
épaisseur. On remplit cet espace annulaire d'un métal ou alliage divisé dont la composition
est compatible avec les compositions des deux composants tubulaires, puis on le ferme
de façon étanche à chacune des deux extrémités par des moyens de fermeture. On chauffe
ensuite l'ébauche à la température d'extrusion qu'on détermine en fonction des caractéristiques
des métaux ou alliages qui la constituent, puis on effectue la coextrusion de cette
ébauche, au moyen d'une presse, à travers une filière, de façon à obtenir un tube
bimétallique, le rapport de réduction entre la section solide de l'ébauche et celle
du tube bimétallique obtenu étant au moins égal à 4.
[0016] De préférence, la largeur radiale de l'espace annulaire n'est pas sensiblement supérieure
à 10 mm.
[0017] De façon avantageuse, l'ébauche comporte un premier composant tubulaire réalisé
en un acier non allié, ou allié ou encore inoxydable, le deuxième composant tubulaire
étant réalisé en un matériau différent tel que un acier inoxydable ou réfractaire
ou en un alliage inoxydable ou réfractaire contenant au total au moins 50 % en masse
d'éléments du groupe comprenant Co, Cr, Mo, Ni, ou en un alliage à base de nickel.
[0018] De préférence, lorsque le premier composant tubulaire est en acier inoxydable et
que le deuxième composant tubulaire est en acier inoxydable ou réfractaire, la teneur
en éléments d'addition de l'acier du deuxième composant est supérieure à celle de
l'acier du premier composant.
[0019] De préférence, la largeur radiale de la paroi du premier composant est supérieure
à celle de la paroi du deuxième composant. De préférence également, les caractéristiques
mécaniques de résistance à la déformation de l'acier du premier composant sont supérieures
à celles de l'acier ou alliage du deuxième composant.
[0020] Suivant les applications prévues du tube bimétallique obtenu par le procédé suivant
l'invention, le premier composant tubulaire de l'ébauche est le composant externe
ou le composant interne, le deuxième composant tubulaire de l'ébauche étant, respectivement,
le composant interne ou le composant externe.
[0021] De préférence le métal ou alliage divisé dont on remplit l'espace annulaire est constitué
en majeure partie de granules avantageusement de forme générale sensiblement sphérique
le diamètre moyen étant inférieur à 1 mm. Ce métal ou alliage divisé peut être en
tout matériau compatible avec la composition des premier et deuxième composants tubulaires.
Ce peut être par exemple un acier non allié, ou allié, ou inoxydable ou un alliage
inoxydable ou réfractaire contenant au total au moins 50 % en masse d'éléments du
groupe comprenant Co, Cr, Mo, Ni, ou un alliage à base de nickel. De préférence, on
tasse le métal ou alliage divisé dans l'espace annulaire de façon à atteindre une
densité apparente d'au moins 50 % de la densité réelle de ce métal ou alliage.
[0022] Les moyens de fermeture de l'espace annulaire de l'ébauche sont, de préférence, deux
pièces d'extrémité métalliques disposées aux deux extrémités de l'ébauche. Ces pièces
d'extrémité sont avantageusement en acier non allié ou allié.
[0023] De préférence également, on relie chaque pièce d'extrémité aux deux extrémités correspondantes
de chaque composant de l'ébauche par des cordons de soudure annulaires étanches. Eventuellement,
on peut faire le vide dans l'espace annulaire avant de chauffer l'ébauche à température
d'extrusion.
[0024] On effectue l'extrusion de l'ébauche au moyen d'une presse, comportant un piston
muni d'une aiguille qui s'engage dans l'ébauche, préalablement logée dans un conteneur,
puis dans la filière solidaire de celui-ci. On provoque ainsi l'écoulement de l'ébauche
donc de ses composants à travers l'espace annulaire compris entre aiguille et filière,
la lubrification étant assurée par une couche de verre.
[0025] L'invention concerne aussi l'ébauche tubulaire comportant les deux composants tubulaires
coaxiaux dont la structure a été décrite précédemment et qui permet de mettre en
oeuvre le procédé selon l'invention.
[0026] L'invention concerne également un tube bimétallique de révolution, sans soudure,
réalisé par coextrusion ; ce tube comporte une couche externe et une couche interne,
constituées de métaux ou alliages différents, liées entre elles de façon métallurgique
par une couche de liaison provenant d'un métal divisé ; celui-ci, au cours du processus
de coextrusion, s'est soudé à lui-même ainsi qu'au composant interne et au composant
externe.
[0027] Les figures et les exemples ci-après décrivent, de façon non limitative, deux modes
particuliers de réalisation du procédé de fabrication de tubes bimétalliques suivant
l'invention.
La figure 1 est une vue en coupe d'une ébauche, permettant de fabriquer par le procédé
suivant l'invention un tube bimétallique, le premier composant tubulaire de cette
ébauche étant le composant externe.
La figure 2 est une vue en coupe d'une ébauche, permettant de fabriquer par le procédé
suivant l'invention un tube métallique, le premier composant tubulaire de cette ébauche
étant le composant interne.
[0028] On voit figure 1 une ébauche 1 permettant de fabriquer, suivant un premier mode de
mise en oeuvre du procédé suivant l'invention, un tube bimétallique qui, par lui-même,
fait partie de l'invention. Cette ébauche 1, vue en coupe suivant un plan passant
par l'axe X1-X1, comporte deux composants tubulaires 2, 3 à parois cylindriques de
révolution, disposés l'un dans l'autre, coaxialement par rapport à X1 - X1. Le premier
composant tubulaire 2, de plus forte épaisseur radiale "e1", est un composant externe
en un acier faiblement allié dont la teneur totale en éléments d'addition est inférieure
à 5 %. Cette épaisseur "e1" est plus que deux fois supérieure à celle "e2" du deuxième
composant tubulaire 3, qui constitue le composant interne de l'ébauche. Un espace
annulaire 4 est ménagé entre la paroi extérieure 5 du deuxième composant tubulaire
3 et la paroi intérieure 6 du premier composant tubulaire 2. La largeur radiale "e3"
de cet espace annulaire 4 est, dans le cas de cette figure 1, bien inférieure à l'épaisseur
radiale "e2" du deuxième composant tubulaire 3. Cette largeur radiale "e3" peut être
plus proche de l'épaisseur radiale "e2" du deuxième composant tubulaire 3, le plus
mince de l'ébauche, sans la dépasser cependant. Le deuxième composant tubulaire 3
peut être réalisé, en fonction des utilisations, en un acier inoxydable ou réfractaire
ou encore en un alliage contenant, au total, au moins 50 % en masse d'éléments du
groupe comprenant Co, Cr, Mo, Ni ou encore en un alliage à base de nickel. Deux pièces
d'extrémité 7, 8 annulaires sont disposées chacune à une extrémité de l'ébauche 1.
Ces deux pièces 7, 8 peuvent être en un acier non allié ou peu allié ; elles peuvent
avoir une composition voisine de celle du composant tubulaire de l'ébauche dont la
paroi est la plus épaisse. Cette composition est en particulier déterminée pour permettre
une jonction étanche par soudage avec les deux composants tubulaires 2, 3 de l'ébauche
1. Ces 2 pièces d'extrémité 7, 8 assurent le centrage des deux composants tubulaires
2 et 3 par rapport à l'axe commun X1 - X1 grâce à des nervures annulaires 9, 10 qui
s'engagent entre eux.
[0029] Avant la mise en place définitive d'au moins la dernière de ces deux pièces d'extrémité,
on remplit l'espace annulaire 4 d'un métal ou alliage divisé dont la composition est
compatible avec les compositions des deux composants tubulaires. Ce métal ou alliage
divisé peut être choisi par exemple parmi les aciers non alliés, alliés, inoxydables
ou réfractaires ou encore parmi les alliages contenant, au total, au moins 50 % en
masse d'éléments, du groupe comprenant Co, Cr, Mo, Ni.
[0030] Ce métal divisé est, de préférence, sous forme de granules en majorité sensiblement
sphériques et de diamètre moyen inférieur à 1 mm.
[0031] On effectue un tassage de ce métal ou alliage divisé dans l'espace annulaire 4, par
toute méthode convenable, afin d'obtenir une densité apparente au moins égale à 50
% de la densité réelle. On peut en particulier effectuer ce tassage par vibration
ou compression. Après mise en place de la dernière des deux pièces d'extrémité 7,
8, on réalise une liaison étanche entre chacune d'elles et les extrémités correspondantes
des composants tubulaires 2, 3 par des cordons de soudure annulaires étanches 11,
12, 13, 14. Pour éviter les surépaisseurs et permettre une bonne pénétration, on
forme des chanfreins, inclinés environ à 45°, sur les bords d'extrémité des composants
tubulaires et des pièces d'extrémité dans les zones où doivent être réalisés ces cordons
de soudure.
[0032] On chauffe ensuite l'ébauche 1, ainsi préparée, par un moyen connu tel que four à
gaz, ou four électrique à rayonnement ou induction ou four à bain de sels ou autre.
La température de chauffe dépend, pour une part, des caractéristiques des métaux ou
alliages qui constituent l'ébauche et, pour une autre part, des conditions de coextrusion
: force de la presse, dimensions de l'ébauche, taux de réduction de la section, nature
du lubrifiant utilisé. Cette temperature de chauffage est supérieure à 1000° C. Les
lubrifiants donnant les meilleurs résultats sont des verres. Le rapport de réduction
entre section initiale de l'ébauche et section du tube obtenu doit être d'au moins
4 et, de préférence, d'au moins 6 afin d'obtenir une bonne liaison métallurgique,
au moyen de la couche de métal divisé, entre les couches externes et internes du
tube obtenu provenant des composants 2, 3 de l'ébauche. Les compositions et les épaisseurs
des deux composants tubulaires 2, 3 de l'ébauche 1 sont déterminées en fonction des
conditions d'utilisation du tube bimétallique obtenu. En règle générale, le premier
composant 2, moins allié, est en contact avec le fluide le moins corrosif et son épaisseur
est déterminée essentiellement pour conférer au tube la tenue mécanique nécessaire.
Ceci explique que ce premier composant est, le plus souvent, plus épais que le deuxième.
La composition du deuxième composant 3 est choisie pour sa résistance à la corrosion
par le fluide le plus corrosif. Dans le cas de la présente figure 1 ce fluide est
celui qui circule à l'intérieur du tube. L'expérience montre qu'un choix avisé du
métal ou alliage constituant ce deuxième composant permet de prévoir une usure très
faible et donc une relativement faible épaisseur de ce composant 3 par rapport à l'épaisseur
du premier composant 2 nécessaire pour assurer la tenue mécanique du tube.
[0033] A titre d'exemple pratique d'utilisation de ce premier mode de mise en oeuvre du
procédé suivant l'invention, on prépare une ébauche 1 de structure semblable à celle
de la figure 1. Elle comprend : un premier composant 2, externe de 223 mm de diamètre
extérieur, 140 mm de diamètre intérieur et 870 mm de long en acier au carbone comportant
de faibles additions de Mn et V du type 20 MV6 (norme AFNOR), un deuxième composant
3, interne, de 126 mm de diamètre extérieur, 100 mm de diamètre intérieur et 870 mm
de long, en acier inoxydable type AISI 316 (NORME AISI).
[0034] L'espace annulaire 4 entre les deux composants 2, 3 de 7 mm de largeur radiale, est
rempli d'acier inoxydable divisé type AISI 316 L en majeure partie sous forme de granules
sensiblement sphériques de diamètre compris entre 0,1 et 1 mm. Un tassage par vibration
permet d'atteindre une densité apparente d'environ 60 % de la densité réelle. On ferme
cet espace annulaire par deux plaques d'extrémité 7, 8 également en acier au carbone
type 20MV6. Chacune de ces plaques est munie d'une nervure annulaire 9, 10 de quelques
mm de hauteur qui s'engage dans l'espace annulaire 4 rempli d'acier inoxydable divisé.
Ces deux plaques d'extrémité 7, 8 sont chacune reliées aux deux composants 2, 3 par
des cordons de soudure étanches 11, 12, 13, 14, réalisés par soudage à l'arc sous
argon.
[0035] On chauffe ensuite cette ébauche à une température comprise entre 1150 et 1200° C
dans un four à gaz, puis, après enduction réalisée de façon classique d'une couche
de verre lubrifiant, tant sur la surface extérieure que sur la surface intérieure,
on introduit l'ébauche dans le conteneur d'une presse et on effectue la coextrusion
à travers une filière de 117 mm de diamètre. Le piston de la presse est muni d'une
aiguille de 94 mm de diamètre qui permet d'obtenir, après coextrusion puis déverrage,
un tube bimétallique de 114,3 mm de diamètre extérieur et 92,6 mm de diamètre intérieur.
Le rapport de réduction entre la section de l'ébauche 1 et celle du tube obtenu est
donc d'environ 9,3.
[0036] Des examens micrographiques effectués sur des échantillons prélevés en plusieurs
points du tube bimétallique montrent une excellente liaison métallurgique réalisée
par l'intermédiaire de la couche de métal divisé entre la couche externe et la couche
interne au moment du passage à travers la filière. Cette couche de métal divisé permet
aussi, avant la coextrusion, pendant la phase de chauffage de l'ébauche, d'absorber
les phénomènes de dilatation radiale différentielle d'un composant par rapport à
l'autre ; cette couche de liaison facilite aussi, pendant la coextrusion, les glissements
de l'un des deux composants de l'ébauche par rapport à l'autre sans risques d'arrachements,
de fissuration ou de formation de plis.
[0037] On voit figure 2 une ébauche 21, permettant de fabriquer, selon un deuxième mode
de mise en oeuvre du procédé suivant l'invention, un tube métallique qui, en lui-même,
fait aussi partie de l'invention. Cette ébauche, vue en coupe suivant un plan passant
par son axe X2-X2 comporte deux composants tubulaires 22, 23 à parois cylindriques
de révolution, disposés l'un dans l'autre, coaxialement par rapport à X2-X2. Le premier
composant tubulaire 22 est un composant interne réalisé en un acier au carbone. Son
épaisseur radiale, e11, est supérieure à celle, e12 du deuxième composant tubulaire
23 qui est externe. Entre ces deux composants est ménagé un espace annulaire 24 compris
entre la paroi extérieure 25 du premier composant tubulaire 22 et la paroi intérieure
26 du deuxième composant tubulaire 23. La largeur radiale e13 de cet espace annulaire
est dans le cas de cette ébauche bien inférieure à l'épaisseur radiale e12 du composant
externe 23 le plus mince tout en étant supérieure à 2 % du diamètre extérieur du composant
interne 22, pas inférieure à 3 mm et pas supérieure à 10 mm. Le deuxième composant
23 externe est en un acier inoxydable ou réfractaire ou encore en un alliage contenant,
au total, au moins 50 % en masse d'éléments du groupe comprenant Co, Cr, Mo, Ni.
[0038] Deux pièces annulaires d'extrémité 27, 28 en acier au carbone assurent le centrage
des deux composants 22, 23 au moyen des nervures annulaires 29, 30. Avant mise en
place de la dernière pièce d'extrémité, on remplit l'espace annulaire 24 d'un métal
ou alliage divisé dont la composition est compatible avec les compositions des deux
composants tubulaire et qui est de préférence sous forme de granules en majeure partie
sensiblement sphériques et de diamètre moyen préférentiellement inférieur à 1 mm.
Ce métal divisé peut être un acier au carbone allié ou non, un acier inoxydable ou
réfractaire ou encore un alliage contenant, au total, au moins 50 % en masse d'éléments
du groupe comprenant Co, Cr, Mo, Ni. On tasse ce métal divisé par vibration pour
obtenir une densité apparente au moins égale à 50 % de la densité réelle. On relie
les pièces d'extrémité 27, 28 aux extrémités correspondantes des composants 22, 23
par des cordons de soudure annulaires et étanches 31, 32, 33, 34.
[0039] On chauffe, par un moyen connu, l'ébauche 21 ainsi préparée à une température convenable
supérieure à 1000° C. Cette température est déterminée, de façon connue, en tenant
compte des caractéristiques des métaux ou alliages qui constituent l'ébauche et des
conditions d'extrusion. On effectue ensuite l'extrusion de façon connue, en plaçant
l'ébauche, après enduction, de façon connue tant sur sa surface extérieure que sur
sa surface intérieure, par un verre lubrifiant, dans le conteneur, muni d'une filière,
d'une presse d'extrusion. La poussée de l'ébauche est assurée par un piston muni d'une
aiguille qui traverse l'ébauche et s'engage dans la filière. La lubrification est
assurée de préférence de façon connue par des verres. Les sections de l'aiguille,
de la filière, et de l'ébauche sont déterminées de façon à obtenir un rapport de réduction
d'au moins 4 et, de préférence, d'au moins 6.
[0040] A titre d'exemple on prépare une ébauche de structure semblable à celle de la figure
2 comprenant un premier composant interne 22 en acier au carbone de type 20 MV 6 (NORME
AFNOR) de 189 mm de diamètre extérieur, 60 mm de diamètre intérieur et 870 mm de long.
Le deuxième composant externe 23, en acier inoxydable 316 (NORME AISI) a un diamètre
extérieur de 223 mm, un diamètre intérieur de 200 mm et une longueur de 870 mm. Les
états de surface des parois en regard formant l'espace annulaire sont préparés de
façon à éviter la présence d'oxyde. On peut par exemple pratiquer avant montage de
l'ébauche un brossage ou meulage de ces parois. L'espace annulaire 24 de 5,5 mm de
largeur radiale est rempli d'acier inoxydable divisé, type 316 (NORME AISI), en majeure
partie sous forme de granules sensiblement sphériques de diamètre compris entre 0,1
et 1 mm. Après tassage par vibrations la densité apparente de cet acier divisé est
d'environ 60 % de sa densité réelle. Après mise en place des pièces d'extrémité 27,
28 en acier 20MV6 on les relie aux deux composants 22, 23 par des cordons de soudure
étanches 31, 32, 33, 34 réalisés par soudage à l'arc sous argon.
[0041] On chauffe l'ébauche ainsi réalisée entre 1050 et 1200° C dans un four à gaz puis,
après enduction au moyen d'une couche d'un verre lubrifiant, de façon connue tant
sur la surface extérieure que sur la surface intérieure, on effectue la coextrusion
au moyen d'une presse. Le piston de cette presse comporte une aiguille de 52,1 mm
de diamètre qui s'engage dans l'ébauche 21 puis dans la filière de 66 mm de diamètre.
[0042] Après coextrusion puis déverrage on obtient un tube bimétallique d'environ 63,5 mm
de diamètre extérieur et 51,3 mm de diamètre intérieur. Le rapport de réduction par
rapport à la section initiale de l'ébauche de 223 mm de diamètre extérieur et 60 mm
de diamètre intérieur est d'environ 31.
[0043] Des examens micrographiques, effectués sur des échantillons prélevés en plusieurs
points du tube bimétalliques , montrent une excellente liaison métallurgique réalisée
par l'intermédiaire de la couche de métal divisé entre la couche interne et la couche
externe du tube. Par ailleurs, compte tenu des caractéristiques du procédé, on peut
utiliser pour les deux composants des produits tubulaires ne nécessitant pas des
tolérances serrées, notamment pour les surfaces en regard formant l'espace annulaire,
ce qui permet de baisser les coûts de fabrication.
[0044] Pour certaines applications, il peut être nécessaire d'éliminer, avant préchauffage,
le reste de l'air contenu dans l'espace annulaire 24 rempli de métal ou alliage divisé.
Ceci peut être réalisé en faisant le vide dans cet espace annulaire, par un passage
ménagé dans une pièce d'extrémité. Un moyen de fermeture permet ensuite d'obturer
ce passage avant chauffage de l'ébauche ou, au plus tard, avant coextrusion.
[0045] De très nombreuses modifications peuvent être apportées au procédé suivant l'invention
qui ne sortent pas du domaine de cette invention.
[0046] Il en est de même pour les tubes bimétalliques qui font l'objet de l'invention.
1) Procédé de fabrication d'un tube bimétallique par coextrusion à chaud d'une ébauche
comportant deux composants tubulaires, de révolution, constitués de métaux ou alliages
de compositions différentes, logés coaxialement l'un dans l'autre caractérisé en ce
qu'on détermine les sections de chacun de ces composants tubulaires 2, 3, 22, 23,
dans un plan perpendiculaire à l'axe commun, de façon à ménager entre leurs parois
en regard 5, 6, 25, 26 un espace annulaire 4, 24 de largeur radiale e3 ,e13 pas inférieure
à 3 mm, au moins égale à 2 % du diamètre extérieur du composant interne et pas supérieure
à celle du composant tubulaire 3, 23 de plus faible épaisseur, puis en ce qu'on remplit
d'un métal ou alliage divisé dont la composition est compatible avec les compositions
des deux composants tubulaires cet espace annulaire 4, 24 qu'on ferme ensuite, de
façon étanche par des moyens de fermeture 7, 8, 27, 28 disposés aux deux extrémités,
puis en ce qu'on chauffe l'ébauche 1, 11 à la température d'extrusion déterminée,
en fonction des caractéristiques des métaux ou alliages qui la constituent, puis
en ce qu'on effectue la coextrusion de cette ébauche au moyen d'une presse à travers
une filière de façon à obtenir un tube bimétallique, le rapport de réduction entre
la section solide de l'ébauche et celle du tube bimétallique obtenu étant au moins
égale à 4.
2) Procédé suivant revendication 1 caractérisé en ce que l'espace annulaire 4, 24
a une largeur radiale pas sensiblement supérieure à 10 mm.
3) Procédé suivant revendication 1 ou 2 caractérisé en ce que l'ébauche comporte un
premier composant tubulaire 2, 22 en un acier non allié ou allié ou inoxydable et
un deuxième composant tubulaire 3,23 réalisé en un matériau différent tel que un acier
inoxydable ou réfractaire ou un alliage inoxydable ou réfractaire contenant, au total,
au moins 50 % en masse d'éléments du groupe comprenant Co, Cr, Mo, Ni, ou en un alliage
à base de nickel.
4) Procédé suivant revendication 3 caractérisé en ce que lorsque le premier composant
est en acier inoxydable et le deuxième composant en acier inoxydable ou réfractaire,
la teneur en éléments d'additions de l'acier du deuxième composant est supérieure
à celle de l'acier du premier composant.
5) Procédé suivant l'une des revendications 1 à 4 caractérisé en ce que la largeur
radiale de la paroi du premier composant 2, 22 est supérieure à celle de la paroi
du deuxième composant 3, 23.
6) Procédé suivant l'une des revendications 3 à 5 caractérisé en ce que les caractéristiques
mécaniques de résistance à la déformation de l'acier du premier composant 2, 22 sont
supérieures à celles de l'acier ou alliage du deuxième composant 3, 23.
7) Procédé suivant l'une des revendications 1 à 6 caractérisé en ce que le métal ou
alliage divisé dont on remplit l'espace annulaire 4, 24 est constitué en majeure partie
de granules sensiblement sphériques de diamètre moyen inférieur à 1 mm.
8) Procédé suivant l'une des revendications 1 à 7 caractérisé en ce que le métal ou
alliage divisé est un acier non allié, ou allié, ou inoxydable ou un alliage inoxydable
ou réfractaire contenant au total au moins 50 % en masse d'éléments du groupe comprenant
Co, Cr, Mo, Ni.
9) Procédé suivant l'une des revendications 1 à 8 caractérisé en ce qu'on tasse le
métal ou alliage divisé dans l'espace annulaire 4, 24 de façon à atteindre une densité
apparente d'au moins 50 % de la densité réelle de ce métal ou alliage.
10) Procédé suivant l'une des revendications 3 à 9 caractérisé en ce que le premier
composant de l'ébauche est le composant externe 2.
11) Procédé suivant l'une des revendications 3 à 9 caractérisé en ce que le premier
composant de l'ébauche est le composant interne 22.
12) Procédé suivant l'une des revendications 1 à 11 caractérisé en ce que les moyens
de fermeture de l'espace annulaire 4, 24 de l'ébauche 1, 21 sont deux pièces d'extrémité
métalliques annulaires 7, 8, 27, 28 disposées aux deux extrémités de l'ébauche.
13) Procédé suivant revendication 12 caractérisé en ce que on relie chaque pièce d'extrémité
7, 8, 27, 28 aux deux extrémités correspondantes de chaque composant de l'ébauche
par des cordons de soudure annulaires étanches 11, 12, 13, 14, 31, 32, 33, 34.
14) Procédé suivant l'une des revendications 1 à 13 caractérisé en ce qu'on fait le
vide dans l'espace annulaire 4, 24 avant de chauffer l'ébauche 1, 21 à température
d'extrusion.
15) Procédé suivant l'une des revendications 1 à 14 caractérisé en ce que la coextrusion
de l'ébauche est effectuée au moyen d'une presse, comportant un piston muni d'une
aiguille qui s'engage dans l'ébauche, préalablement logée dans un conteneur, puis
dans la filière solidaire de ce conteneur ledit piston entraînant ainsi l'écoulement
des composants de l'ébauche à travers l'espace annulaire compris entre aiguille et
filière, la lubrification étant assurée par une couche de verre.
16) Tube bimétallique, de révolution sans soudure, réalisé par coextrusion d'une ébauche
comprenant deux composants, ce tube comportant une couche externe et une couche interne
constituées de métaux ou alliages différents caractérisé en ce qu'une liaison métallurgique
entre ces deux couches est assurée par une couche de liaison qui provient d'un métal
divisé qui s'est soudé à lui-même et à la fois au composant interne et au composant
externe au cours de la coextrusion.
17) Ebauche tubulaire pour mise en oeuvre du procédé selon l'une des revendications
1 à 15 caractérisée en ce qu'elle comporte deux composants tubulaires de révolution,
constitués de métaux ou alliages de compositions différentes logés coaxialement l'un
dans l'autre, les sections de chacun de ces composants tubulaires dans un plan perpendiculaire
à l'axe commun étant déterminées de façon à ménager entre leurs parois en regard un
espace annulaire de largeur radiale pas inférieure à 3 mm, au moins égale à 2 % du
diamètre extérieur du composant interne et pas supérieure à celle du composant tubulaire
de plus faible épaisseur, cet espace annulaire étant rempli d'un métal ou alliage
divisé dont la composition est compatible avec les compositions des deux composants
tubulaires, cet espace annulaire étant fermé de façon étanche par des moyens de fermeture
disposés aux deux extrémités.