[0001] La présente invention concerne l'ancrage des bateaux, et en particulier des bateaux
de plaisance, à voile ou à moteur, et de manière générale des embarcations de faible
tonnage. Elle concerne un dispositif perfectionné améliorant la stabilité au vent
de l'embarcation lors de son ancrage.
[0002] Une embarcation , une fois ancrée, a tendance à se déplacer en fonction des contraintes
qui s'exercent sur elle et notamment du vent. Ces déplacements sont d'autant plus
importants que, pour un tonnage donné, la surface exposée au vent est élevée. D'autre
part l'utilisation de matériaux , du type composite, beaucoup plus légers diminue
les tonnages pour une longueur de l'embarcation et une surface latérale données ;
cette diminution du tonnage diminue corrélativement l'inertie de l'embarcation . Les
déplacements à l'ancrage entraînent des variations de tension répétées sur la chaîne
ou le filin d'ancrage , qui peuvent provoquer l'arrachage de l'ancre , qui est la
cause principale des échouages. Par souci de simplification, on utilisera dans la
suite du présent texte le seul terme chaîne, sachant qu'il peut s'agir d'un autre
moyen d'ancrage tel qu'un filin synthétique.
[0003] On connaît , par le document US.A.3,055,322, des dispositifs dénommés sentinelles
destinés à améliorer la stabilité de l'embarcation en jouant en quelque sorte un rôle
d'amortisseur vis-à-vis des variations exercées sur la chaîne. Ces dispositifs consistent
dans une pièce lourde qui est fixée sur le câble entre l'ancre et l'embarcation. En
temps normal la sentinelle repose sur le fond ; en cas d'augmentation de tension à
une dérive de l'embarcation , la sentinelle se soulève de sorte que l'augmentation
subséquente du poids s'oppose au mouvement de l'embarcation. La sentinelle est fixée
solidement au câble grâce à un système de retenue qui emprisonne le câble.
[0004] Ce dispositif , connu depuis une trentaine d'années, n'apporte pas toute satisfaction
du fait principalement que son montage nécessite que l'ancre soit levée et la zone
de la chaîne où ledit dispositif doit être fixé soit accessible à l'opérateur. D'autre
part il est fixé de manière rigide à la chaîne et sa position ne peut être modifiée
lorsque l'ancre est jetée.
[0005] Or on a trouvé et c'est ce qui fait l'objet de l'invention un dispositif d'ancrage
qui pallie les inconvénients de la sentinelle du document US.A.3,055,332 en ce qu'il
est mis en place lorsque l'ancre est jetée, et en ce qu'il n'est pas rigidement fixé
à la chaîne. De manière connue, ce dispositif d'ancrage comprend une pièce lourde,
dite de stabilisation, qui, lorsque l'ancre est par le fond , est solidaire de la
chaîne dans une zone immergée de la chaîne. De manière caractéristique, le dispositif
d'ancrage selon l'invention comporte des moyens de coulissement aptes à faire coulisser
la pièce de stabilisation le long de la chaîne et des moyens de maintien aptes à maintenir
la pièce , au dessus du fond, dans une zone de la chaîne qui est située à une distance
du point d'attache de la chaîne avec l'embarcation qui est inférieure à la profondeur
d'eau sous l'embarcation.De préférence, l'embarcation ayant un tonnage compris entre
1,5 et 15 tonnes pour une longueur de 6 à 15 mètres, la pièce de stabilisation pèse
de 15 à 30 kg.
[0006] De préférence la pièce de stabilisation est solidaire de la chaîne dans une zone
comprise entre la moitié et les quatre cinquièmes de la longueur de la chaîne entre
l'ancre et l'embarcation, mesurée à partir de l'ancre.
[0007] Dans un mode préféré de réalisation de l'invention, la pièce de stabilisation comporte
deux masses identiques et les moyens de coulissement consistent en une poulie à gorge
dont l'axe de rotation relie les zones périphériques des deux masses. On entend par
zone périphérique une zone qui est éloignée du centre de gravité de la masse. Ainsi
selon le mode préféré précité, lorsque le dispositif est positionné sur la chaîne,
celle-ci étant dans la gorge de la poulie, les deux masses assurent l'équilibre du
dispositif, avec leurs centres de gravité également répartis sous le niveau de la
poulie.
[0008] Chaque masse a par exemple une forme globalement triangulaire, l'axe de la poulie
relie les deux masses selon un sommet du triangle.
[0009] Préférentiellement chaque masse est mobile en rotation autour de l'axe de la poulie
et comporte dans la zone périphérique opposée à la zone périphérique de liaison un
évidement de préhension. Dans le cas d'une forme globalement triangulaire, l'évidement
sera parallèle au côté opposé au sommet de liaison.
[0010] Cette dernière disposition est particulièrement avantageuse car elle rend beaucoup
plus facile la mise en place du dispositif sur la chaîne ; l'utilisateur peut saisir
le dispositif par l'évidement pratiqué dans une des deux masses , s'en servant comme
d'une poignée.
[0011] De préférence la poulie est en caoutchouc dur, afin d'éviter les remontées de bruit
dans l'embarcation par le jeu d'ondes sonores lorsque le dispositif se déplace sur
la chaîne sous l'effet des à-coups de tension.
[0012] Eventuellement le dispositif comporte un système de verrouillage consistant en une
tige reliant les deux masses sous l'axe de rotation de la poulie.
[0013] Les moyens de maintien peuvent consister en un cordage dont une extrémité est fixée
à l'embarcation et l'autre à la pièce de stabilisation et dont la longueur correspond
à la distance entre l'embarcation et la zone de la chaîne où la pièce de stabilisation
doit être maintenue solidaire.
[0014] Les autres caractéristiques et avantages de l'invention seront mieux compris à la
lecture de la description qui va être faite du mode préféré de réalisation du dispositif
d'ancrage comportant une pièce de stabilisation , illustré par les dessins annexés
dans lesquels :
La figure 1 est une vue de face de la pièce de stabilisation à deux masses triangulaires
La figure 2 est une vue de côté de la pièce de la figure 1
La figure 3 est une vue schématique du dispositif solidaire de la chaîne , à l'ancrage
La figure 4 est une vue schématique de dessus montrant le déplacement latéral de l'embarcation
sous l'action du vent
La figure 5 est une vue de côté d'un autre exemple de pièce.
[0015] Dans le premier exemple de pièce de stabilisation, illustré par les figures 1 et
2, chacune des deux masses 1 et 2 a une même forme triangulaire, dont les trois sommets
sont arrondis; elles sont réalisées dans un matériau ayant une densité au moins égale
à 5 et résistant à la corrosion de l'eau de mer ; leurs dimensions sont fonction du
poids souhaité. Pour un poids total de 15 kg, chaque masse a par exemple la forme
d'un triangle isocèle dont la base mesure 20 cm et les deux côtés égaux 30 cm, pour
une épaisseur de 4 cm. Dans sa partie supérieure, proche du sommet du triangle, chaque
masse présente un évidement 3, par lequel passe l'axe 4 autour duquel tourne librement
la poulie 5. La figure 2 montre la disposition des différents éléments composant la
pièce de stabilisation 6 : une pièce support 7 en forme de U, dont les branches présentent
un évidement en leur partie extrême , est intercalée entre les flasques de la poulie
5 et chaque masse 1 et 2 ; l'ensemble constitué successivement par la première masse
1 , la première branche 7
a du support 7, la poulie 5, la seconde branche 7
b du support 7, la seconde masse 2 est verrouillé par l'écrou 8 coopérant avec l'extrémité
filetée de la vis 4 constitutive de l'axe. La tête de la vis 4 ainsi que l'écrou 8
sont logés dans des parties 9 fraisées vers l'extérieur, autour de l'évidement 3.
Des rondelles non représentées sur la figure 2 sont placées entre les différents éléments
en sorte de permettre le libre mouvement de chaque élément malgré le blocage de l'ensemble.
[0016] Une lumière 10 est pratiquée dans chaque masse 1 et 2, parallèlement à la base du
triangle. Cette lumière 10 fait office de poignée lors de la manipulation de la pièce
6 de stabilisation.
[0017] La pièce support 7, en forme de U, est perforée en sorte de pouvoir y introduire
et y fixer un cordage 14, comme cela sera expliqué plus loin. L'écartement entre la
partie transversale 7
c du support et la poulie 5 est éventuellement suffisant pour y introduire un ou plusieurs
doigts.
[0018] La poulie 5 a un diamètre intérieur au niveau de la gorge de l' ordre de 5 à 8 cm.C'est
cette poulie 5 qui permet le coulissement de la pièce de stabilisation 6 sur la chaîne
11 reliant l'embarcation 12 à l'ancre 13, lorsque celle-ci est au fond comme cela
est représenté à la figure 3.
[0019] La largeur de la gorge de la poulie 5 correspond à la taille de la chaîne 11 correspondante.
La poulie est de préférence en caoutchouc dur.
[0020] La mise en oeuvre du dispositif est réalisée dans les conditions ci-après. La chaîne
11 qui relie l'ancre 13 à l'embarcation 12 est fixée de manière générale à l'avant
de celle-ci. Selon l'embarcation, l'avant comporte un balcon avec poulie de renvoi
pour la chaîne 11 ou un balcon sans poulie ou encore ne comporte pas de balcon. A
l'aide de la poulie de renvoi, si elle existe, ou manuellement dans le cas contraire,
on place la pièce de stabilisation 6 de telle sorte que la chaîne 11 soit en contact
avec la gorge de la poulie 5 et dans la partie interne entre les deux masses 1 et
2.
[0021] On peut par exemple saisir d'une main une masse 1 par son évidement 10 formant poignée
et de l'autre main le cordage 14 dont une extrémité est fixée solidement sur la partie
transversale 7
c du support 7. Une fois que l'on a positionné la gorge de la poulie 5 sur la chaîne
en l'ayant guidée à l'aide de la masse 2, on lâche la masse 1 qui revient en position
par pivotement autour de l'axe 4 sous l'effet de son poids. La pièce 6 coulisse librement
le long de la chaîne 11, du fait de la rotation de la poulie 5, et de l'entraînement
des masses 1 et 2 : le centre de gravité de la pièce 6 étant plus bas que la gorge
de la poulie 5 en contact avec la chaîne, la pièce 6 est stable dans sa descente le
long de la chaîne 11. Une fois que la pièce de stabilisation 6 a atteint la zone prédéterminée
au-dessus du fond, elle est arrêtée par blocage du cordage 14 et fixation de celui-ci
sur l'embarcation.
[0022] La zone dans laquelle la pièce de stabilisation 6 est positionnée sur la chaîne 11
est fonction de la profondeur du fond et de la longueur de la chaîne une fois l'ancre
jetée . Il est d'usage que la longueur de la chaîne soit au moins trois fois plus
grande que la profondeur d'eau sous l'embarcation. De préférence la pièce de stabilisation
est positionnée sur la chaîne dans une zone qui est à une distance du point d'attache
sur l'embarcation qui est légèrement inférieure à la profondeur d'eau. Cette disposition
permet d'éviter que le cordage 14 fasse des noeuds avec la chaîne 11, notamment lorsque
l'embarcation tourne sur elle-même en absence de vent.
[0023] Avec le dispositif ainsi placé sur la chaîne 11, on constate que les déplacements
latéraux de l'embarcation 12, dus au vent, sont moins prononcés et moins violents,
améliorant la stabilité au vent de l'embarcation et réduisant les risques d'arrachage
d'ancre.
[0024] On peut essayer d'expliquer le résultat ainsi obtenu. L'embarcation est solidaire
du fond par une chaîne qui est fixée à son avant et qui est ancrée au fond. Elle a
donc la possibilité de se déplacer sur l'eau dans une zone d'évolution qui est délimitée
par la longueur de la chaîne. Du fait de la présence du vent selon la flèche D, il
se crée un écoulement d'air 14 le long de la face 15 de l'embarcation exposée au vent
ainsi que sur l'autre face 16, opposée au vent, d'une part une dépression 17 à l'arrière
16
a et d'autre part des turbulences 18, à l'avant 16
b. Ce sont ces turbulences 18 qui tirent l'embarcation 12 sur le bord correspondant
et en avant, jusqu'à ce que l'embarcation 12 ait une position qui fasse un angle maximum
avec le vent et pour laquelle ces phénomènes aérodynamiques cessent. Une fois cette
position atteinte, l'embarcation pivote autour de l'étrave 19, ce qui entraîne un
changement de la face exposée au vent et donc le recul de l'embarcation , perpendiculairement
à la direction du vent, jusqu'à tension de la chaîne.
[0025] Tous ces déplacements provoquent des à-coups de tension sur la chaîne, à-coups d'autant
plus violents que l'inertie de l'embarcation est réduite et le vent fort.
[0026] La pièce de stabilisation 6, solidaire de la chaîne 11 immergée, provoque par son
poids une déviation de la direction générale de la chaîne 11 entre l'embarcation 12
et l'ancre 13, tendant à rapprocher de l'horizontale la pente de la chaîne 11 dans
la portion de chaîne comprise entre la pièce 6 et l'ancre 13.Cette déviation est illustrée
sur la figure 3 par l'angle A. Dans la réalité les directions de la chaîne entre l'embarcation
12 et la pièce 6 d'une part et la pièce 6 et l'ancre 13 d'autre part ne sont pas rectilignes
comme cela est montré sur la figure 3, mais sont courbes du fait du poids de la chaîne
elle-même selon deux courbures différentes. Ces courbures varient selon l'intensité
de la traction exercée sur la chaîne.Du fait que la longueur du cordage de fixation
14 est constante, toute variation de la courbure de la direction de la chaîne 11 entre
l'embarcation 12 et la pièce de stabilisation 6 induit un déplacement de la chaîne
11 par rapport à la pièce de stabilisation. Ces déplacements pourraient donner naissance
à des bruits se répercutant dans l'embarcation, mais ce désagrément est évité par
la mise en oeuvre de la poulie 5.
[0027] Comme on l'a expliqué ci-dessus, l'action du vent provoque des déplacements latéraux
de l'embarcation 12. Ces déplacements exercent sur l'ancre 13 , par l'intermédiaire
de la chaîne 11, des forces de traction qui ne sont pas longitudinales à la verge
de l'ancre 13. La présence de la pièce de stabilisation 6 sur la chaîne 11, diminuant
du fait de l'angle A la zone d'évolution de l'embarcation , réduit l'amplitude de
ces déplacements latéraux et par conséquent les forces de traction non longitudinales
exercées sur l'ancre 13. De plus les forces de traction se traduisent par une augmentation
de l'angle A, qui est contrariée par les masses 1 et 2 qui jouent un rôle de force
de rappel. Ainsi la pièce de stabilisation 6, maintenue en place sur la chaîne 11
immergée, constitue un amortisseur progressif par gravité.
[0028] L'invention n'est pas limitée au mode de réalisation qui vient d'être décrit à titre
d'exemple , mais en couvre toutes les variantes.
[0029] Elle a été appliquée avec satisfaction à la stabilisation de l'ancrage de voiliers
allant jusqu'à 15 m et de bâteaux à moteurs jusqu'à 15 m, pour des tonnages allant
jusqu'à 15 tonnes.
[0030] Un autre exemple de réalisation est illustré à la figure 5, dont on ne relèvera que
les quelques différences par rapport au premier exemple précité. La pièce support
20 en forme de U a les parties extrêmes 20
a et 20
b évidées qui sont placées de part et d'autre des deux masses 21 et 22. Les masses
21 et 22 ont une forme globalement triangulaire, avec l'axe de rotation passant par
une zone correspondant à un sommet du triangle. Les zones 21
a et 22
a opposées audit sommet présentent un renflement tourné vers l'extérieur .Cette disposition
particulière permet d'augmenter le poids des masses et de déplacer vers la partie
inférieure le centre de gravité du dispositif. En option, une tige filetée 23 peut
traverser la première masse 21, passant par un trou 24, et être fixée par vissage
dans un trou 25 à paroi filetée située en regard du premier trou 24 dans la seconde
masse 22. Cette tige de sécurité 23 est placée après positionnement du dispositif
sur la chaîne, et évite au dispositif de s'écarter de la chaîne pour quelle que raison
que ce soit.
1. Dispositif d'ancrage du type comprenant une ancre (13) , une chaîne (11) reliant
l'ancre (13) à l'embarcation et une pièce lourde (6) dite de stabilisation qui, lorsque
l'ancre (13) est par le fond, est solidaire de la chaîne (11) dans une zone immergée
de la chaîne , caractérisé en ce qu'il comporte des moyens de coulissement aptes à
faire coulisser la pièce de stabilisation (6) le long de la chaîne (11) et des moyens
de maintien (14) aptes à maintenir la pièce (6) , au dessus du fond, dans une zone
de la chaîne qui est située à une distance du point d'attache de la chaîne (11) avec
l'embarcation qui est inférieure à la profondeur d'eau sous l'embarcation.
2. Dispositif selon la revendication 1 caractérisé en ce que la pièce de stabilisation
(6) comporte deux masses identiques (1,2) et les moyens de coulissement consistent
en une poulie à gorge (5) dont l'axe (4) de rotation relie les deux masses (1,2) selon
des zones périphériques.
3. Dispositif selon la revendication 2 caractérisé en ce que les masses ont une forme
triangulaire et l'axe (4) de la poulie (5) relie les deux masses (1,2) selon un sommet
donné du triangle.
4. Dispositif selon la revendication 2 caractérisé en ce qu'il comporte une pièce
support (7) en forme de U qui est solidaire de l'axe (4) de part et d'autre de la
poulie et en ce que les moyens de maintien consistent en un cordage (14) dont une
extrémité est fixée à l'embarcation (12) et l'autre à la pièce support 7) et dont
la longueur correspond à la distance entre l'embarcation (12) et la zone de la chaîne
(11) où la pièce de stabilisation (6) doit être maintenue solidaire.
5. Dispositif selon la revendication 1 caractérisé en ce que l'embarcation (12) ayant
un tonnage compris entre 1,5 et 15 tonnes pour une longueur de 6 à 15 mètres , la
pièce de stabilisation (6) pèse de 15 à 30 kg.
6. Dispositif selon la revendication 2 caractérisé en ce que chaque masse (1,2) est
mobile en rotation autour de l'axe (4) et comporte dans la zone périphérique opposée
à la zone périphérique de liaison un évidement (10) de préhension.
7. Dispositif selon la revendication 2 caractérisé en ce que la poulie est en caoutchouc
dur.
8. Dispositif selon la revendication 2 caractérisé en ce qu'il comporte une tige de
sécurité (23) amovible reliant les deux masses (1,2) sous l'axe (4).