[0001] Dans le brevet principal a été proposé un dispositif atténuateur de houle conçu pour
causer la formation d'un " mur d'eau fixe" qui crée, en amont du dispositif, une onde
réfléchie se composant avec l'onde incidente pour donner naissance à un clapotis,
de sorte que l'onde transmise, en aval du dispositif, est nulle ou atténuée.
[0002] Ce dispositif comporte une plaque horizontale fixe faiblement immergée dans la houle
incidente, dont les bords amont et aval sont retournés vers le haut jusqu'à une cote
positive au-dessus de la surface libre de l'eau, de sorte que la houle incidente ne
puisse se propager librement au-dessus de la plaque. La masse d'eau emprissonnée entre
la plaque horizontale fixe et le fond naturel ne peut dès lors avoir que des déplacements
horizontaux, et se comporte globalement, nonobstant une oscillation interne propre,
comme un obstacle inertiel homogène vis-à-vis de la houle incidente, celle-ci étant
réfléchie sur ce "mur d'eau fixe" et ce d'autant mieux que son énergie (ou période)
est plus faible.
[0003] Cependant, la réflexion de l'onde incidente sur le "mur d'eau fixe" ainsi constitué
engendre une onde réfléchie qui crée, au voisinage du bord amont du dispositif, le
clapotis précité dont l'amplitude est proche du double de l'amplitude de la houle
incidente. Lorsque la période, donc l'énergie de la houle augmente, ce clapotis devient
suffisamment énergétique pour causer une excitation d'ensemble de la masse d'eau qui
constitue le "mur d'eau fixe", capable de lui conférer un mouvement oscillatoire global
susceptible de faire apparaître, en aval du dispositif, une onde transmise d'amplitude
insuffisamment réduite.
[0004] La présente addition a pour but d'améliorer le dispositif du brevet principal de
façon à permettre l'atténuation de l'effet énergétique néfaste du clapotis qui se
crée au voisinage du bord amont de la plaque.
[0005] Le perfectionnement selon l'addition consiste à prévoir, dans le bord amont de la
plaque, un évidement qui diminue la largeur de celle-ci au-dessus d'une partie en
forme d'onglet subsistant au niveau de sa face inférieure, de sorte que le bord amont
se décompose en un bord amont primaire constitué par le bord antérieur dudit onglet
et un bord amont secondaire, en retrait d'une distance déterminée par rapport au bord
amont primaire, cette distance étant choisie de façon à réduire ou à annuler l'amplitude
du clapotis résultant de la combinaison des composantes de houle au droit du bord
amont primaire, savoir la composante incidente et les composantes dues à la présence
du dispositif. Ces dernières comprennent la composante réfléchie par le bord amont
primaire, la composante induite par la houle incidente à l'entrée du volume d'eau
surmontant l'onglet et correspondant audit évidement, et la composante issue de ladite
composante induite après réflexion sur le bord amont secondaire et déphasage en raison
du trajet aller et retour accompli à travers ce volume d'eau.
[0006] La présente addition a donc pour objet la mise en oeuvre d'un onglet immergé qui
vient se fixer à l'avant de la plaque, dans le prolongement de la face inférieure
de celle-ci, et dont les dimensions sont telles que l'amplitude de la houle résultante
au voisinage du bord amont de l'onglet soit faible, voire nulle, de sorte que la masse
d'eau du "mur d'eau fixe" emprisonnée entre la plaque prolongée par l'onglet et le
fond de la mer ne soit plus soumise à une force alternative excitatrice importante
et qu'en conséquence l'onde transmise au-delà du bord aval de la plaque soit beaucoup
plus faible que l'onde transmise sans la présence dudit onglet.
[0007] On a constaté qu'il convenait de donner à la distance de retrait précitée, c'est-à-dire
à la largeur de l'onglet, une valeur voisine du 1/10e de la longueur d'onde maximale
de la houle dont on souhaite arrêter la propagation. D'autre part, le rapport de l'épaisseur
de l'onglet à la profondeur d'eau à l'endroit où est installée la plaque est de préférence
compris entre 1/30 et 1/50.
[0008] Le bord antérieur secondaire créé par la présence de l'évidement peut constituer
un front soit sensiblement plan et vertical, soit, pour adoucir les effets d'impact
de la houle, incliné vers l'aval, se raccordant à l'onglet par un congé.
[0009] D'autres particularités et avantages du perfectionnement selon l'addition ressortiront
de la description qui va suivre, en regard des dessins annexés, d'exemples de réalisation
non limitatifs.
La figure 1 représente, en coupe transversale par un plan vertical, un dispositif
d'atténuation de la houle selon le brevet principal.
La figure 2 représente, à la manière de la figure 1, un dispositif perfectionné selon
la présente addition.
Les figures 3 à 5 donnent, sous forme de graphiques, les valeurs du coefficient d'atténuation
de la houle en fonction de la période de celle-ci, respectivement pour un dispositif
selon la figure 1 et pour deux dispositifs selon la figure 2.
La figure 6 représente, à l'échelle, un dispositif selon l'addition dans une variante
de réalisation.
La figure 7 représente une partie de l'objet de la figure 6 vu suivant la flèche VII.
La figure 8 donne, à la manière des figures 3 à 5, les résultats obtenus avec le dispositif
de la figure 6.
[0010] La figure 1 rappelle tout d'abord de configuration fondamentale du dispositif selon
le brevet principal, mettant en oeuvre le phénomène de "mur d'eau fixe", dans laquelle
une plaque horizontale fixe 1, offrant ses bords amont 1a et aval 1b relevés vers
le haut, constitue un caisson fixe monté sur des pilotis rigides 2 ancrés sur le fond
3 de la mer, au-dessous duquel se forme, entre sa face inférieure horizontale 1c et
le fond 3, ledit mur d'eau fixe 4 qui se comporte globalement comme un obstacle inertiel
vis-à-vis de la houle du large. La plaque 1, de largeur W, est partiellement immergée
sur une profondeur i, ses bords amont 1a et aval 1b émergeant de la surface libre
5 de la mer de façon à empêcher la propagation des vagues par-dessus le dispositif.
Ce dernier s'étend, transversalement à la direction de la houle à atténuer, sur une
longueur importante qui dépend de la nature et de la configuration du site à protéger.
[0011] Une onde de houle incidente Fi, d'amplitude 2d tête à creux, se réfléchit sur le
bord amont 1a du caisson suivant une onde réfléchie Fr. Lorsque le "mur d'eau fixe"
fonctionne parfaitement sous la face inférieure 1c du caisson, l'onde incidente Fi
se réfléchit quasi totalement sur l'obstacle constitué par la masse d'eau 4 emprisonée
entre cette face inférieure et le fond 3 de la mer pour donner naissance, en amont
du dispositif, à une onde stationnaire Fi + Fr formant un clapotis d'amplitude 4d
tête à creux, tandis que l'onde transmise Ft est atténuée.
[0012] Cependant, lorsque l'énergie de l'onde incidente Fi augmente, c'est-à-dire lorsque
la période de cette onde croît, l'énergie du clapotis en amont du mur d'eau fixe 4
devient suffisante pour exciter harmoniquement l'ensemble de la masse d'eau qui le
constitue, de sorte que l'onde transmise Ft devient plus importante, et cela d'autant
plus que la période (donc l'énergie) de la houle incidente a augmenté.
[0013] La figure 2 montre comment est modifié, selon la présente addition, le dispositif
de la figure 1. Un évidement 6 de largeur a est pratiqué à l'avant de la plaque 1,
s'étendant sur la presque totalité de son épaisseur h de façon à ne pas affecter la
face inférieure 1c qui reste inchangée. Seul subsiste un onglet 7 de faible épaisseur
e, qui se termine par la portion inférieure résiduelle 1′a du bord amont d'origine
1a (bord amont primaire), le reste de ce bord amont se trouvant reculé de la largeur
a de l'évidement 6 pour former un bord amont secondaire 1˝a. La largeur de la plaque
1 ainsi modifiée, égale à la somme de largeur a de l'onglet 7 et de la largeur b de
la partie de la plaque non atteinte par l'évidement 6, est égale à la largeur W de
la plaque 1 d'origine. Une onde de houle incidente Fi d'amplitude 2d, arrivant sur
le dispositif de la figure 2, donne naissance à une onde réfléchie Fr au droit du
bord amont 1′a de l'onglet 7, tandis qu'une onde F1 est engendrée dans le volume d'eau
compris entre la face supérieure de l'onglet 7 et la surface libre, correspondant
à l'évidement 6. Cette onde F1 se propage le long de l'onglet avant d'atteindre le
bord amont secondaire 1˝a de la plaque, où elle prend une valeur F2 qui se déduit
de F1 par un déphasage e
-jφ :
F2 = F1 e
-jφ, où φ = 2 π a/λ,
λ étant la longueur d'onde de l'onde F1, qui est directement liée à la profondeur
d'immersion i de l'onglet 7.
[0014] Cette onde se réfléchit entièrement sur le bord amont secondaire 1˝a de la plaque
suivant une onde f2 égale, qui se propage à son tour en sens inverse le long de l'onglet
avant d'atteindre le bord amont 1′a de celui-ci où elle a alors une valeur f1 déduite
de f2 par le déphasage e
-jφ (avec toujours φ = 2πa/λ) :
f1 = f2 e
-jφ.
[0015] Ainsi, au droit du bord amont 1′a de l'onglet se superposent quatre ondes :
- l'onde incidente Fi
- l'onde réfléchie Fr
- l'onde F1 induite dans le volume 6 surmontant l'onglet 7
- l'onde réfléchie f1 au sein de ce volume.
[0016] Il est alors possible de dimensionner la profondeur d'immersion i de l'onglet 7 et
sa longueur a pour que la superposition de ces quatre ondes Fi + Fr + F1 + f1 donne
une résultante de clapotis minimale à proximité du bord amont primaire 1′a, c'est-à-dire
à l'extrémité antérieure de la face inférieure 1c de la plaque 1.
[0017] Dans ces conditions, le mur d'eau fixe 4, qui règne sur la longueur W = a + b et
concerne le volume d'eau compris entre d'une part la face inférieure de l'onglet et
de la portion résiduelle du caisson 1 et d'autre part le fond 3 de la mer, n'est plus
excité par un clapotis éventuellement excessif, mais par une onde résultante que l'on
peut rendre énergétiquement minimale, voire nulle, dans une gamme de périodes de houle
donnée. On constate en conséquence que l'onde transmise Ft en aval du dispositif de
la figure 2, comportant un onglet 7 adapté de façon optimale, est beaucoup plus faible
que l'onde transmise Ft dans le cas où cet onglet n'est pas mis en oeuvre (figure
1).
[0018] Les avantages du dispositif selon l'addition (figure 2) ont été confirmés par calcul
sur modèle mathématique et par expérimentation sur modèle réduit, ainsi qu'on peut
le voir sur les figures 3 à 5, qui illustrent les variations du coefficient C
T d'atténuation de la houle :
C
T = Ft / Fi
en fonction de la période T de la houle incidente. Ces figures sont relatives respectivement
à des dispositifs selon les figures 1 et 2 de même largeur totale W = 40 m et de même
profondeur d'immersion i = 10 m, installés dans une mer de profondeur H = 50 m. La
figure 3 se rapporte au dispositif de la figure 1 et les figures 4 et 5 à celui de
la figure 2 avec un onglet de largeur a = 8 m et a = 16 m, respectivement. Le modèle
réduit utilisé était réalisé à l'échelle de 1/65.
[0019] Les résultats obtenus par calcul sur modèle mathématique sont exprimés sur les figures
3 à 5 sous forme de courbes continues et ceux obtenus par expérimentation sur modèle
réduit par des points discrets. Ces figures permettent d'apprécier, outre la bonne
corrélation entre les résultats du calcul mathématique et de l'expérimentation, l'amélioration
obtenue sur le coefficient de transmission C
T grâce à la présence de l'onglet 7.
[0020] C'est ainsi par exemple que le coefficient de transmission mesuré qui, dans le cas
du seul caisson parallélépipédique (figure 1) est de 0,4 environ par une houle de
période de 10 secondes, est abaissé à 0,24 environ lorsqu'un onglet de 8 mètres de
large (figure 2) est mis en oeuvre devant le caisson (de largeur b réduite à 32 mètres)
et à 0,18 environ lorsqu'un onglet de 16 mètres de large (figure 3) est mis en oeuvre
devant le caisson (de largeur b réduite à 24 mètres).
[0021] La comparaison des courbes des figures 4 et 5 permet de se rendre compte de l'influence
exercée par la longueur de l'onglet. On voit qu'une augmentation de la longueur de
l'onglet (de 8 mètres à 16 mètres), si elle se traduit par une croissance du coefficient
de transmission pour des houles de périodes moyennes (entre 4 et 10 secondes environ)
se traduit surtout par un abaissement sensible de ce coefficient de transmission pour
des houles de grandes périodes (supérieures à 10 secondes).
[0022] Ainsi, il apparaît clairement que le perfectionnement selon l'addition procure effectivement
une atténuation de l'effet énergétique néfaste du clapotis qui se crée au voisinage
du bord amont de la plaque avec bords amont et aval relevés lorsque celle-ci crée
un mur d'eau fixe sur lequel vient se réfléchir la houle incidente. Cette atténuation
devient sensible lorsque la période de la houle incidente est suffisamment importante,
c'est-à-dire précisément lorsque le clapotis deviendrait suffisamment énergétique
pour causer une augmentation du coefficient de transmission si la configuration à
onglet objet de l'addition n'était pas mise en oeuvre.
[0023] Les essais pratiqués sur des plaques de configurations différentes ont montré que,
pour obtenir un affaiblissement suffisant de la houle (c'est-à-dire un coefficient
d'atténuation C
T < 0,2) par une profondeur d'eau H de 50 m, des largeurs d'onglet a de 8 m, 10 m et
12 m convenaient respectivement pour des houles de période maximale de 7 s, 8 s et
9 s, soit, pour la prodondeur indiquée, de longueur d'onde maximale d'environ 76 m,
100 m et 125 m. Il apparaît donc que la largeur optimale de l'onglet est de l'ordre
du dixième de la longueur d'onde maximale de houle à arrêter pour la profondeur d'eau
considérée.
[0024] Quant à l'épaisseur e de l'onglet, on a constaté qu'il convenait de la choisir entre
le 1/30e et le 1/50e de la profondeur d'eau H.
[0025] Comme il a déjà été indiqué dans le brevet principal, une cavité ouverte vers le
haut peut être avantageusement prévue dans la plaque entre ses bords amont et aval.
Ainsi, lorsque la houle est assez forte pour franchir le bord amont, elle perd une
bonne part de son énergie en retombant sur le matelas d'eau que contient cette cavité,
l'excès d'eau momentané dans celle-ci étant évacué par des orifices ménagés dans le
bord aval.
[0026] Le profil précis d'une plaque d'atténuation de la houle comportant cette dernière
disposition est représenté à la figure 6. Ce profil est symétrique, c'est-à-dire qu'un
onglet aval 8, de même forme que l'onglet amont 7, est associé au bord aval 1b de
la plaque. Ce dernier est percé d'une série d'orifices 10 (figure 7) permettant l'écoulement
de l'eau accumulée dans la cavité centrale 11 prévue entre les bords amont en retrait
1˝a et aval 1b.
[0027] Une plaque ayant le profil représenté à la figure 6, mais réduite au 1/20e, a été
soumise à une expérimentation en canal à houle où ont été mesurées les valeurs du
coefficient de transmission C
T pour des houles de différentes périodes. Les résultats obtenus, affectés d'un coefficient
de similitude afin de correspondre à une plaque de 40 m de large, soit de largeur
égale à celle des plaques auxquelles se rapportent les figures 3 à 5, sont reportés
sur la figure 8. On observera qu'ils sont comparables (supérieurs pour les plus longues
périodes) aux résultats montrés à la figure 4 pour une plaque ayant un onglet de 8
mètres.
[0028] Le profil de la figure 6 comporte des bords amont et aval arrondis en "dos de chameau".
Pour atténuer les effets de gifle infligés par la houle sur le bord amont ainsi conformé,
du fait de sa pente trop accentuée, il peut être utile de modifier son contenu pour
lui donner la forme d'une "aileron de requin" (indiqué en tirets), sa face tournée
vers l'amont étant alors plus enveloppante vis-à-vis d'une houle à tendance déferlante
se propageant au-dessus de l'onglet 7.
1. Dispositif d'atténuation de la houle en un site donné, en vue notamment de le protéger,
comprenant, suivant la revendication 2 du brevet principal, une plaque faiblement
immergée dans la houle incidente, ladite plaque étant maintenue fixe sur supports
rigides et ses bords amont et aval étant retournés vers le haut jusqu'à une cote positive
au-dessus de la surface libre de l'eau, de sorte que la houle incidente ne puisse
se propager librement par-dessus la plaque,
caractérisé par le fait que le bord amont (1a) de celle-ci comporte un évidement (6)
qui diminue la largeur de la plaque (1) au-dessus d'une partie en forme d'onglet (7)
subsistant au niveau de la face inférieure (1c) de la plaque, de sorte que le bord
amont se décompose en un bord amont primaire (1′a) constitué par le bord antérieur
dudit onglet et un bord amont secondaire (1˝a), en retrait d'une distance (a) déterminée
par rapport un bord amont primaire (1′a), cette distance (a) étant choisie de façon
à réduire ou à annuler l'amplitude du clapotis résultant de la combinaison des composantes
de houle au droit du bord amont primaire, savoir la composante incidente (Fi) et les
composantes (Fr, F1, f1) dues à la présence du dispositif.
2. Dispositif selon la revendication 1, caractérisé par le fait que la distance de
retrait (a) précitée est voisine de 1/10e de la longueur d'onde maximale de la houle
dont on souhaite arrêter la propagation.
3. Dispositif selon la revendication 1 ou 2, caractérisé par le fait que le rapport
de l'épaisseur (e) de l'onglet (7) à la profondeur d'eau (H) à l'endroit où est installée
la plaque (1) est compris entre 1/30 et 1/50.
4. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé par le
fait que le bord antérieur secondaire (1˝a) constitue en front sensiblement plan et
vertical.
5. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé par le
fait que le bord antérieur secondaire (1˝a) constitue un front incliné vers l'aval,
se raccordant à l'onglet (7) par un congé.