[0001] La présente invention concerne le domaine des matériaux élaborés destinés à la construction
du bâtiment.
[0002] Plus précisément, l'invention concerne un bloc de maçonnerie destiné en particulier
à la construction d'une habitation individuelle ou d'un petit immeuble.
[0003] Diverses technologies sont à la base de la construction du bâtiment en France. Dans
le secteur pavillonnaire et jusqu'aux immeubles dits "petit collectif", la solution
consistant à employer des blocs manuportables préfabriqués, parpaings, briques, etc.
domine. Cette solution dite "traditionnelle" ne nécessite pas de gros moyens en matériel
et est bien adaptée à la structure des petites entreprises de construction. Sa mise
en oeuvre ne nécessite pas de formation professionnelle spécifique si ce n'est le
bagage classique du maçon. De plus, son caractère éprouvé tranquillise le client,
maitre d'ouvrage par nature conservateur.
[0004] Le bloc de maçonnerie doit réunir les caractéristiques suivantes :
un faible poids pour être manuportable,
une résistance à l'écrasement élevée,
une faible conductivité thermique,
une compatibilité mécanique et chimique avec les autres matériaux utilisés pour la
contruction de bâtiments et en particulier les enduits et les plâtres,
un aspect de surface satisfaisant après traitement sur le chantier,
une bonne tenue au feu et
un prix de revient du mètre carré de mur fini, avec chaînages, linteaux et encadrements,
aussi faible que possible.
[0005] Le bloc de maçonnerie disposé au pied du mur doit résister aux charges permanentes
du bâtiment et aux charges de service portées par les planchers. Il est admis que
le bloc doit supporter, sans écrasement, un taux de compression de 3 MPa lorsqu'il
est employé dans la construction d'un immeuble ayant un rez-de-chaussée surmonté de
trois étages.
[0006] Il est connu, dans la fabrication de blocs de maçonnerie, d'associer des matériaux
porteurs dont les moins coûteux sont à base de roche, et des matériaux isolants tels
que l'air ou tout matériau à base d'inclusions gazeuses dans l'espoir d'obtenir un
matériau composite suffisamment isolant et porteur. Des deux composants, l'un au
moins doit avoir des propriétés liantes et former un milieu connexe, c'est la matrice.
L'autre est alors généralement dispersé dans le premier, car la fabrication d'un milieu
homogène à l'échelle de la structure et formé de deux phases connexes est une opération
délicate.
[0007] Les blocs de maçonnerie les plus courants, parpaings ou briques, utilisés actuellement
possèdent des alvéoles verticales ou horizontales destinées à diminuer le poids du
bloc, son coût et également à diminuer la conductivité thermique du mur. Toutefois,
les exigences d'isolation thermique actuelles nécessitent de doubler le gros oeuvre
réalisé avec ces blocs par une ou plusieurs couches de matériaux isolants, ce qui
se traduit par une augmentation notable du coût du mètre carré de mur fini.
[0008] Il a également été proposé de monter des murs en utilisant des familles de matériaux
de conceptions différentes telles que des bétons cellulaires autoclavés ou des bétons
légers de billes de polystyrène. Ces matériaux, à l'état sec, ont des conductivités
thermiques faibles, mais il a été constaté que la conductivité thermique augmente
considérablement avec le pourcentage d'eau contenu dans le béton, et pour éviter que
de la vapeur d'eau ne pénètre dans le mur, celui-ci doit être doublé d'un pare-vapeur,
ce qui grève le coût de la construction sans empêcher l'humidité de pénétrer à la
longue dans le mur.
[0009] On pourrait naturellement utiliser le bois pour construire des habitations de faible
hauteur. Le bois possède en effet une conductivité faible et une grande résistance
à la compression, mais il a l'inconvénient majeur d'être d'un coût élevé.
[0010] Le but de la présente invention est de proposer un bloc élémentaire de maçonnerie
qui pallie les inconvénients précités, qui soit à la fois manuportable, isolant et
porteur, qui soit chimiquement compatible avec les autres matériaux utilisés dans
le bâtiment tels que le plâtre et les enduits, qui présente un aspect de surface satisfaisant
après traitement sur le chantier, une bonne tenue au feu et qui soit d'un prix de
revient faible.
[0011] Ce but est atteint selon l'invention par le fait que le bloc de maçonnerie proposé,
destiné plus spécialement à la construction d'une habitation ou d'un immeuble, est
caractérisé en ce qu'il comprend :
une enveloppe externe étanche à l'eau et aux gaz délimitant une cavité interne ayant
sensiblement la forme d'un parallélipède droit, et
une dose d'un matériau granulaire et sec remplissant la totalité de ladite cavité,
et en ce que les vides interstitiels existant entre les grains du matériau granulaire
contiennent un gaz ou un mélange de gaz sec en dépression par rapport à l'extérieur.
[0012] Grâce à cette structure, le bloc proposé garde sa forme initiale parallélépipédique.
[0013] En effet, la dépression existant à l'intérieur de l'enveloppe étanche augmente le
frottement et la cohésion des grains du matériau remplissant la cavité interne de
l'enveloppe. Grâce au frottement existant entre les grains du granulat, l'assemblage
matériau granulaire et enveloppe sous vide est alors capable de résister à un chargement
mécanique.
[0014] De façon avantageuse, le bloc comporte en plus des fibres continues ou suffisamment
longues pour être assimilées à des fibres continues, résistantes à la traction et
disposées dans la dose de matériau granulaire.
[0015] De préférence, les fibres continues ou longues sont disposées en nappes horizontales.
Les nappes horizontales sont formées par les plis d'une bande de géotextile résistante
à la traction et peu déformable, disposée en plis superposés dans ladite cavité, et
la dose de matériau granulaire comporte plusieurs couches superposées séparées par
les plis de la bande de géotextile. Le bloc peut également comporter, en plus de la
bande de géotextile, des fibres continues ou longues disposées aléatoirement dans
les couches superposées de la dose de matériau granulaire. Le matériau granulaire
est avantageusement constitué par des granulats légers.
[0016] La présence de la bande de géotextile résistante à la traction et peu déformable,
disposée en accordéon ou plis superposés entre les couches successives de granulats
de façon qu'une couche horizontale de granulats soit bordée par un pli de géotextile
de section en U évite au bloc de maçonnerie de se déformer sous l'action des contraintes
verticales dues à la charge permanente de l'ouvrage et à la charge de service. Les
contraintes verticales dues aux charges supportées par le bloc donnent naissance à
des contraintes horizontales fonction de l'angle de frottement interne des granulats.
Ces contraintes horizontales sont compensées par les forces de traction exercées par
la bande de géotextile.
[0017] Les granulats choisis ont une conductivité utile inférieure ou égale à 0,10 W/m.
oC et une résistance à la compression supérieure ou égale à 3 MPa.
[0018] Les granulats étant secs et l'air ou autre gaz remplissant les vides interstitiels
existant entre les granulats étant également sec, le bloc a une conductivité utile
faible, et cette conductivité est conservée dans le temps par suite de l'étanchéité
de l'enveloppe.
[0019] Afin de diminuer les contraintes horizontales dues aux contraintes verticales appliquées
sur le bloc par suite des charges supportées, le granulat est rendu rugueux par concassage
qui a, en outre, pour avantage de réduire la taille moyenne des vides interstitiels
du granulat, ce qui diminue la convection de l'air ou autre gaz dans ce matériau à
macro-porosité.
[0020] Les granulats choisis sont des schistes ou des argiles expansés, les matériaux de
base étant très courants dans la nature et d'un prix de revient bas.
[0021] La bande de géotextile employée est de préférence réalisée en fibre de verre. La
fibre de verre résiste en effet à la traction, sans déformation excessive et se comporte
très bien en cas d'incendie, tout en ayant une conductivité thermique faible.
[0022] La proportion de l'épaisseur équivalente de la bande de géotextile par rapport à
l'épaisseur d'une couche de granulats est de l'ordre de 0,2%. Cette proportion volumique
de bande de géotextile par rapport au volume de granulat permet au bloc de maçonnerie
proposé de résister à un taux de compression de 3 MPa sans déformation excessive et
sans altérer de façon sensible la conductivité thermique du bloc.
[0023] De façon à conserver au bloc de maçonnerie sa faible conductivité thermique, l'enveloppe
doit être étanche à la vapeur d'eau et suffisamment étanche à l'air ou autre gaz.
L'enveloppe est réalisée de préférence à partir d'une bande composite thermosoudable
comportant un film en aluminium disposé entre un film de polyester et un film de polyéthylène
et adhérant fermement à ces derniers. Ces trois matériaux formant une seule et unique
bande composite permettent à l'enveloppe de résister au déchirement, d'être étanche
et soudable thermiquement. De plus, le film de polyester disposé à l'extérieur de
l'enveloppe permet au bloc de recevoir les colles des joints et les enduits sans traitement
spécial.
[0024] Afin de diminuer la conductivité thermique du bloc, l'air sec de la cavité interne
peut être remplacé par du dioxyde de carbone.
[0025] La présente invention propose également un procédé de fabrication du bloc de maçonnerie
ci-dessus décrit.
[0026] Selon le procédé, on trie, on concasse et on sèche des granulats minéraux légers
de façon à disposer d'un produit sec et de densité choisie, on forme un sac parallélépipédique
étanche muni d'une feuille de couvercle destinée à former l'ouverture supérieure du
sac, à partir d'une bande complexe étanche à la vapeur d'eau et aux gaz, on dispose
le sac parallélépipédique dans un moule approprié de manière à recouvrir les cinq
faces internes du moule, on dispose une extrémité d'une bande de géotextile ayant
une largeur légèrement inférieure à celle du sac appliqué contre les faces internes
du moule dans le fond du sac, on déverse dans le sac placé dans le moule une première
couche de granulats pendant que l'on soumet le moule à des vibrations, on rabat un
premier pli de la bande de géotextile par dessus la première couche de granulats,
on dépose une nouvelle couche de granulats sur le pli de géotextile tout en vibrant
le moule, on rabat un autre pli de la bande de géotextile dans la direction opposée
au rabattement du premier pli, et on continue à déposer d'autres couches de granulats
avec interposition d'un pli de bande de géotextile entre deux couches voisines jusqu'à
ce que la dernière couche de granulats soit déposée et vibrée dans le moule et recouverte
du dernier pli de bande de géotextile, on sectionne la bande de géotextile après le
remplissage du sac parallélépipédique, on ferme hermétiquement le sac en rabattant
la feuille de couvercle dudit sac parallélépipédique sur le dernier pli de bande de
géotextile et en scellant par soudure le bord de la feuille de couvercle sur le bord
supérieur des parois latérales dudit sac de façon à constituer une enveloppe parallélépipédique
contenant des couches de granulats séparés par des plis d'une bande de géotextile,
tout en conservant un orifice dans un coin supérieur de ladite enveloppe, on met l'intérieur
de l'enveloppe et ainsi le bloc de maçonnerie qu'elle délimite en dépression en aspirant
l'air ou autre gaz contenu dans ladite enveloppe par ledit orifice, et on ferme l'orifice
par soudure.
[0027] D'autres avantages et caractéristiques de l'invention apparaîtront à la lecture de
la description qui va suivre faite à titre d'exemple non limitatif et en référence
au dessin annexé dans lequel :
la figure 1 montre une vue en perspective et partiellement coupée d'un bloc de maçonnerie
selon l'invention,
la figure 2 est une coupe transversale du bloc de maçonnerie,
la figure 3 est un agrandissement d'une coupe de l'enveloppe,
la figure 4 est une courbe montrant la déformation du bloc de maçonnerie en fonction
de la charge supportée.
la figure 5 est une vue en perspective d'un mandrin permettant la fabrication d'une
enveloppe ou sac de forme parallélépipédique et muni d'une feuille de couvercle,
la figure 6 est une vue en plan d'une coupe horizontale à travers ladite enveloppe
parallèlement au fond de celle-ci selon le plan VI-VI de la figure 5, et
la figure 7 est une vue schématique d'une coupe verticale à travers une installation
servant à la fabrication d'un bloc de maçonnerie conforme à l'invention.
[0028] Comme on le voit sur le dessin, le bloc de maçonnerie 1 comporte une enveloppe externe
2 étanche présentant la forme d'un parallélépipède rectangle délimitant une cavité
3 dans laquelle sont disposées des couches 4a, 4b, 4c de granulats minéraux légers
5. Les couches superposées 4a, 4b, 4c sont séparées entre elles et des parois inférieure
et supérieure de l'enveloppe 2 par une bande de géotextile 6 résistante à la traction
et non déformable. La bande de géotextile 6 présente des portions de bandes horizontales
6a, 6b, 6c, 6d parallèles aux faces supérieure 7a et inférieure 7b du bloc de maçonnerie
1 et des portions de bandes verticales 8a, 8b et 8c, disposées alternativement contre
les parois internes 9a des faces avant 10a et arrière 10b de l'enveloppe 2, et reliant
respectivement les portions de bandes 6a et 6b, 6b et 6c, 6c et 6d. Les vides interstitiels
11 existant entre les granulats 5 des couches 4a, 4b et 4c sont remplis par de l'air
ou un autre gaz sec en dépression par rapport à la pression régnant à l'extérieur
de l'enveloppe 2.
[0029] Les dimensions du bloc de maçonnerie 1 sont choisies globalement pour que son poids
ne soit pas excessif et que le bloc reste manipulable par le maçon. La hauteur du
bloc 1 peut être voisine de 20 cm et sa largeur et son épaisseur voisines de 30 cm.
Le poids du bloc 1 est alors voisin de 10 kg selon la densité des granulats 5.
[0030] Les granulats 5, l'enveloppe 2 et la bande de géotextile 6 sont choisis d'une part,
de telle manière que le bloc de maçonnerie 1 résiste à un taux de compression de 3
MPa qui est nettement supérieur aux taux des contraintes réelles auxquelles il sera
soumis, et, d'autre part, que le mur réalisé avec de tels blocs ait une conductivité
thermique inférieure ou égale à 0,12 W/m.
oC.
[0031] De nombreux expérimentateurs ont mesuré la conductivité de granulats légers en vrac
du type argile ou schiste expansé. Il s'agit de composants classiques des bétons légers
et leur coût est faible dans la mesure où ils n'ont encore subi aucune transformation.
On peut également définir une résistance en compression pour ces produits, en les
plaçant dans un cylindre et en les écrasant avec un piston.
[0032] Le tableau suivant donne quelques valeurs numériques trouvées dans la littérature
de la densité absolue, de la densité apparente, de la résistance à la compression
R
c et de la conductivité thermique λs de quelques granulats minéraux légers et secs.
Nature et diamètre des grains |
Densité absolue |
Densité apparente |
Rc (MPa) |
λs (W/m.oC) |
Schiste |
|
|
|
|
fin |
2,09 |
1,02 |
14,5 |
- |
gros |
1,74 |
1,0 |
|
|
Argile |
|
|
|
|
fine |
1,98 |
1,1 |
6,6 |
- |
grosse |
1,65 |
0,9 |
|
|
Ardoise |
|
|
|
|
fine |
2,20 |
1,2 |
4,5 |
- |
grosse |
1,29 |
0,65 |
|
|
Perlite |
0,86 |
0,15 |
0,63 |
- |
Vermiculite |
1,35 |
0,16 |
0,08 |
|
Laitier expansé |
1,13 |
0,5 |
2,5 |
- |
Argile ("Argi 16") |
|
|
|
|
4 à 10 min |
0,78 |
0,48 |
7,8 |
- |
4 à 20 min |
0,70 |
0,41 |
5,3 |
- |
10 à 25 min |
0,61 |
0,35 |
3,3 |
- |
Schiste ("Leca") |
|
|
|
|
3 à 8 min |
0,77 |
(0,62) |
4,4 |
- |
3 à 16 min |
0,78 |
0,44 |
3,1 |
- |
10 à 25 min |
0,67 |
0,36 |
2,5 |
- |
Laitier ("Galex") |
|
|
|
|
3 à 8 min |
1,58 |
0,85 |
4,3 |
- |
Schiste |
0,65 |
0,35 |
1,5/2 |
0,09 |
|
1/1,3 |
0,55/0,7 |
7/9 |
0,14 |
[0033] Le tableau précédent semble indiquer qu 'il existe une corrélation assez générale
entre la densité en vrac de granulat léger et sec, sa résistance à la compression
et sa conductivité thermique. Le granulat léger 5 sera choisi dans la gamme des schistes
ou des argiles ayant une masse volumique un peu inférieure à 400 kg/m³, ce qui correspond
à une conductivité thermique inférieure ou égale à 0,10 W/m.
oC et à une résistance à la compression supérieure ou égale à 3 MPa. Cette résistance
à la compression correspond à l'écrasement des granulats en vrac.
[0034] Entre deux plis de géotextile, 6b et 6c par exemple, les contraintes dues au poids
de l'ouvrage dans le mur duquel est emprisonné le bloc de maçonnerie 1 diffusent en
fonction de l'angle de frottement interne A des granulats 5. Cet angle A doit être
le plus élevé possible pour minimiser la déformabilité du bloc et pour éviter l'écrasement
des grains par suite de concentrations de contraintes trop fortes.
[0035] Pour agir sur cet angle de frottement A, on peut prendre des granulats 5 rugueux,
du type schisteux plutôt qu'argileux, ou encore concasser des gros granulats pour
obtenir un produit ayant des grains dont le diamètre est au plus égal à 20mm. Il est
connu en effet par les spécialistes de matériaux de chaussée que la forme et la granularité
des agrégats jouent un rôle important dans la portance d'un matériau granulaire et
par le fait même dans sa déformabilité. De plus, le concassage a l'avantage de réduire
la taille moyenne des vides interstitiels 11 de l'empilement et ainsi de diminuer
la convection de l'air dans cette macro-porosité et d'améliorer le caractère isolant
du bloc 1.
[0036] L'enveloppe 2 doit être étanche à la vapeur d'eau et suffisamment étanche à l'air
de manière à conserver au bloc 1 sa conductivité thermique faible. Comme on le voit
sur la figure 3, l'enveloppe 2 est réalisée à partir d'une bande composite 12 comportant
un film en aluminium 13 disposé entre un film en polyester 14 et un film en polyéthylène
15. Le film de polyester situé à l'extérieur du bloc assure la fonction de résistance
au déchirement, le film d'aluminium assure la fonction d'étanchéité, et le film de
polyéthylène permet d'effectuer la soudure des arêtes de l'enveloppe lors de la fabrication
du bloc de maçonnerie 1.
[0037] Il est très important que l'enveloppe 2 soit étanche à la vapeur d'eau, car il est
bien connu que la conductivité d'un matériau augmente avec sa teneur en eau.
[0038] La bande de géotextile 6 est réalisée dans un matériau le plus raide possible, de
manière à éviter la déformabilité du bloc de maçonnerie 1, compatible chimiquement
avec les granulats légers, résistant au feu, et de faible conductivité, car sa disposition
horizontale en fait un vecteur de transport de chaleur entre les faces interne 10a
et externe 10b du mur.
[0039] Le tableau suivant donne les caractéristiques fde quelques fibres organiques ou minérales
que l'on peut utiliser pour la réalisation de la bande géotextile 6.
Nom |
σr (traction) (MPa) |
Module d'Young (GPa) |
ε à la rupture % |
Densité |
Résistance au feu |
Kevlar 29 |
2 760 |
120 |
1,9 |
1,44 |
carbonise à 425oC |
Verre E |
1 750 |
69 |
2,5 |
2,54 |
fond à 1 260oC |
Carbone |
2 650 |
227 |
1,0 |
1,7 |
résiste à la flamme |
Acier |
2 600 |
200 |
2,0 |
7,85 |
perd sa rigidité à la chaleur |
[0040] Le kevlar et la fibre de carbone ne peuvent pas être utilisés pour l'instant à cause
de leur coût, et entre l'acier et le verre, on préférera celui qui a la plus faible
conductivité thermique, à savoir le verre.
[0041] Les couches de géotextile 6a, 6b, 6c, 6d doivent supporter les contraintes horizontales
dues au poids de l'ouvrage ; il a été calculé qu'avec une épaisseur de géotextile
correpondant à 0,2% de l'épaisseur des couches de granulat, la bande de géotextile
6 est tendue à un taux de contraintes de 500 MPa équilibrant la compression latérale
de l'empilement granulaire. Avec ce pourcentage de masse volumique de géotextile par
rapport à la masse volumique du granulat, la contribution de la grille formée par
les fibres de verre, à la conductivité thermique est à peu près négligeable.
[0042] La figure 4 indique une allure qualitative du comportement en compression verticale
du bloc de maçonnerie 1. Comme le montre cette figure, la première partie 16 de la
courbe correspond à de faibles efforts sous l'action desquels le bloc de maçonnerie
1 se comprime peu. Cette partie de courbe 16 s'échelonne entre un effort nul et un
effort de 3 MPa. Ensuite la plasticité du bloc est considérable, celle-ci apparaît
grâce à l'écrasement des granulats légers 5 sous un effort compris entre 3MPa et 4MPa,
à leur réarrangement sous forte compression et au glissement du géotextile 6. Le mur
réalisé avec les blocs de maçonnerie 1 peut ainsi parfaitement s'adapter à des zones
à concentration de contraintes comme les appuis de poutres ou encore en cas de séisme.
Sous l'action des efforts supérieurs à 4MPa le bloc de maçonnerie 1 se raidit de nouveau
grâce à la rigidité de la bande de géotextile 6, jusqu'aux taux de contraintes extrêmes
correspondant à la rupture de la bande de géotextile 6.
[0043] Au bout d'un certain nombre d'années, ou par suite de trous effectués dans la paroi
du mur, la dépression de l'intérieur du bloc 1 s'équilibre avec la pression atmosphérique
ambiante. Le comportement en compression verticale est alors légèrement différent
de celui du bloc en dépression et est représenté par la courbe ayant la référence
17 sur la figure 4.
[0044] Le bloc de maçonnerie 1 est fabriqué de la façon suivante :
[0045] Les granulats 5 reçus par l'usine de fabrication des blocs de maçonnerie 1 seront
tamisés et séchés après avoir été éventuellement concassés de façon à disposer d'un
produit sec et de densité contrôlée.
[0046] L'enveloppe 2 du bloc de maçonnerie 1 est réalisé à partir d'un parallélépipède éclaté
qui est découpé de façon connue dans une bande complexe étanche à la vapeur d'eau
et aux gaz et thermosoudable. Le parallélépipède éclaté comporte quatre faces rectangulaires
alignées correspondant respectivement à une face latérale 18a, la face avant 10a,
la deuxième face latérale 18b et la face arrière 10b de l'enveloppe parallélépipédique
2 du bloc de maçonnerie 1, et deux faces rectangulaires correspondant respectivement
à la face supérieure 7a et à la face inférieure 7b de l'enveloppe 2 et dispoées de
part et d'autre de l'alignement des quatre faces précédentes au voisinage de la face
correspondant par exemple à la face avant 10a de l'enveloppe 2.
[0047] Un sac 19 ayant la forme d'un parallélépipède rectangle est formé à l'aide d'un mandrin
20 dont la partie supérieure 21 a la forme et les dimensions de la cavité 3 de l'enveloppe
2 du bloc de maçonnerie 1 à partir du parallélépipède éclaté, en recouvrant la face
supérieure 22 du mandrin 20 par la face du parallélépipède éclaté correspondant à
la face inférieure 7b de l'enveloppe 2 et en recouvrant les quatre faces latérales
de la partie supérieure 21 du mandrin 20 respectivement par les quatre faces alignées
du parallélépipède éclaté.
[0048] Comme on le voit sur les figures 5 et 6 les faces du parallélépipède éclaté correspondant
aux faces 18a et 10b de l'enveloppe 2 sont prolongées à leurs extrémités opposées
de rebords 23a et 23b dont l'un, 23a est disposé sous la face latérale 18a et l'autre
23b, vient recouvrir la face arrière 10b du sac 19. De même les bords libres des faces
du parallélépipède éclaté correspondant aux faces supérieures 7a et inférieure 7b
de l'enveloppe 2 sont pourvues respectivement de rebords 24 et 25. Le rebord 25 est
rabattu sur les bords voisins des trois faces latérales adjacentes 18a, 10b et 18b
du sac 19 et est scellé par soudure à ces faces, et les rebords 23a et 23b sont également
scellés aux faces 18a et 10b du sac 19, de manière à former un sac étanche muni d'une
feuille de couvercle 26 constituée par la sixième face du parallélépipède éclaté correspondant
à la face supérieure 7a de l'enveloppe 2 et par le rebord 24, la feuille de couvercle
26 étant destinée à obturer l'ouverture 27 du sac parallélépipédique 19.
[0049] Le sac parallélépipédique 19 est disposé dans un moule 28 comportant une cavité parallélépipédique
29 ayant les dimensions du bloc de maçonnerie 1 et ouverte vers le haut, de telle
manière que la face 7b du sac 19 recouvre le fond du moule 28, que les faces 18a,
10a, 18b et 10b du sac 19 recouvrent les faces latérales internes du moule 28, et
que la feuille de couvercle 26 se trouve à l'extérieur du moule 28. Les cinq faces
7b, 18a, 10a, 18b et 10b du sac 19 sont plaquées contre les parois du moule 28 à l'aide
de canaux 30 ménagés dans la paroi du moule 28, débouchant dans la cavité 29 et reliés
à une pompe à vide non représentée.
[0050] Au-dessus de la cavité 29 du moule 28 est prévu un déverseur doseur 31 de granulats
5 qui subit un mouvement de va-et-vient entre les plans verticaux des parois avant
10a et arrière 10b du sac 19 disposé dans le moule 28. Entre la face supérieure 32
du moule 28 et l'extrémité inférieure 33 du déverseur doseur 31 est disposé un dévidoir
34 d'une bande de géotextile 6 qui est monté mobile au-dessus du moule 28 entre deux
positions extrêmes situées au-delà des plans verticaux des parois avant 10a et arrière
10b du sac 19 disposé dans le moule 28.
[0051] Le moule 28 repose par l'intermédiaire d'éléments élastiques, tels que des ressorts
35 sur un bâti 36 et la bande de géotextile 6 a une largeur légèrement inférieure
à la distance séparant les faces latérales 18a, 18b du sac 19.
[0052] L'extrémité 6a de la bande de géotextile 6 est disposée dans le fond du sac 19 et
recouvre la paroi inférieure 7b du sac 19 par déplacement du dévidoir 34 de la droite
vers la gauche comme on le voit sur la figure 7. On déverse une première couche 4a
de granulats 5 sur l'extrémité 6a de la bande de géotextile à l'aide du déverseur
doseur 31, puis on rabat un premier pli 6b sur la première couche 4a de granulats
5 à l'aide du dévidoir 34 qui se déplace maintenant de la gauche vers la droite.
[0053] On dépose une nouvelle couche 4b sur le pli 6b de la bande de géotextile, on rabat
un autre pli 6c de la bande de géotextile par déplacement du dévidoir 34 de la droite
vers la gauche, et on continue à déposer d'autres couches 4c de granulats avec interposition
d'un pli de géotextile entre deux couches voisines jusqu'à ce que la dernière couche
4c de granulats soit déposée et recouverte du dernier pli 6d de bande de géotextile.
[0054] Pendant le déversement du granulat 5 par le déverseur doseur 31, le moule 28 est
soumis à des vibrations qui permettent de tasser les diverses couches 4a,4b,4c formées
dans le sac 19 situé dans le moule 28, à l'aide d'un dispositif à vibration non représenté.
[0055] Lorsque le sac 19 est complétement rempli par les couches 4a,4b,4c séparées par les
plis 6b et 6c, la bande de géotextile est sectionnée transversalement par un couteau
ou une lame non représenté, et la feuille de couvercle 26 est rabattue sur le pli
supérieur 6d de la bande de géotextile et le rebord 24 de la feuille de couvercle
26 est scellé sur le bord supérieur 37 des parois latérales 18a, 18b et de la paroi
arrière 10b du sac 19 rempli, tout en conservant un orifice dans un coin supérieur
de l'enveloppe 2 du bloc de maçonnerie 1.
[0056] L'intérieur du bloc de maçonnerie est mis en dépression en aspirant l'air ou le gaz
contenu dans l'enveloppe par ledit orifice, puis on ferme l'orifice par soudure.
[0057] La profondeur du moule est légèrement inférieure à la hauteur du sac 19 de manière
à permettre le rabattement du bord ou rebord 24 de la feuille de couvercle 26 contre
le bord supérieur 37 des parois latérales 10b, 18a, 18b du sac 19 disposé dans le
moule.
[0058] Le scellement par soudure des rebords 23e, 23b, 24 et 25 sur les parois correspondantes
du sac 19 est réalisé de façon connue soit par chauffage soit par ultrasons.
[0059] A noter qu'à l'issue du processus précédent le bloc de maçonnerie 1 est immédiatement
utilisable, alors que la plupart des éléments courants de maçonnerie nécessitent une
période de maturation, source de surcoûts importants. On peut également remarquer
l'absence de déformations différées, alors que les matériaux légers à matrice de ciment
exhibent des retraits de séchage considérables du fait de la souplesse de leur inclusion.
[0060] La mise en oeuvre du bloc de maçonnerie se comprend aisément. Le bloc 20 x 30 x 30
d'un volume de 18 l pèse entre 7 et 10 kg. Les blocs 1 sont empilés et joints par
un mortier-colle. La rugosité de surface du bloc 1 dépend de la taille du gros granulat.
Cette rugosité est cependant corrigée et en quelque sorte lissée par la peau de l'enveloppe
2. Le film extérieur 14 de l'enveloppe 2 peut être fibré de manière à conférer à l'enveloppe
2 une meilleure résistance au déchirement et une adhérence avec le mortier. Le bloc
1 est disposé dans le mur de telle manière que les portions de bandes 8a, 8b et 8c
reliant deux plis superposés par exemple 6b et 6c de la bande de géotextile 6 soient
verticales et disposées près des faces du mur.
[0061] Le maçon pourra disposer d'un certain nombre de blocs types, lui permettant l'exécution
des parties courantes du gros oeuvre, mais aussi des parties singulières, telles que
les appuis des dalles et poutres, les linteaux et les chaînages. Le traitement des
ponts thermiques pourra se faire selon les techniques employées dans les constructions
en blocs de béton cellulaire autoclavé.
[0062] Pour certains types de constructions, telles que les immeubles ayant des armatures
en bois ou en métal, dans lesquels les blocs de maçonnerie servent essentiellement
en tant que matériau de remplissage et sont soumis à de faibles charges, il est possible
d'utiliser un bloc qui ne possède pas la bande de géotextile 6 et qui se limite alors
à une enveloppe étanche 2 remplies par une dose de granulats 5.
[0063] Des fibres continues ou suffisamment longues pour être assimilées à des fibres continues,
et résistantes à la traction peuvent être disposées aléatoirement dans la dose de
granulats 5 au moment du déversement des granulats 5 dans le sac 19. Ces fibres continues
ou longues améliorent la cohésion des granulats en dépression dans l'enveloppe externe
2, sont de préférence des fibres de verre, et le bloc de maçonnerie 1 contient de
l'ordre de 0,2% de fibres de verre en volume.
[0064] Le bloc de maçonnerie renforcé par la bande de géotextile 6 disposée en plis dans
l'enveloppe externe 2 peut également comprendre des fibres de verre continues ou longues
disposées dans les couches 4a, 4b, 4c de granulats 5.
1. Bloc de maçonnerie (1), destiné plus spécialement à la construction d'une habitation
ou d'un immeuble, caractérisé en ce qu'il comprend :
une enveloppe externe (2) étanche à l'eau et aux gaz délimitant une cavité interne
(3) ayant sensiblement la forme d'un parallélépipède droit, et
une dose d'un matériau granulaire et sec remplissent la totalité de ladite cavité
(3), et
en ce que les vides interstitiels (11) existant entre les grains du matériau granulaire
contiennent un gaz ou un mélange de gaz sec en dépression par rapport à l'extérieur.
2. Bloc selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comporte en plus des fibres
continues ou longues, résistantes à la traction et disposées dans la dose de matériau
granulaire.
3. Bloc selon la revendication 2, caractérisé en ce que les fibres continues ou longues
sont disposées en nappes horizontales.
4. Bloc selon la revendication 3, caractérisé en ce que les nappes horizontales sont
formées par les plis d'une bande de géotextile, résistante à la traction et peu déformable,
disposée en plis superposés dans ladite cavité (3), et en ce que la dose de matériau
granulaire comporte plusieurs couches superposées (4a,4b, 4c) séparées par les plis
de la bande de géotextile.
5. Bloc selon la revendication 4, caractérisé en ce qu'il comporte en plus des fibres
continues ou longues, résistantes à la traction et disposées aléatoirement dans les
couches superposées de la dose de matériau granulaire.
6. Bloc selon l'une quelconque des revendications 2 à 5, caractérisé en ce que les
fibres continues ou longues sont en verre.
7. Bloc selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que le
matériau granulaire est constitué de granulats légers (5).
8. Bloc (1) selon la revendication 7, caractérisé en ce que les granulats (5) choisis
ont une conductivité utile inférieure ou égale à 0,12 W/m.oC et une résistance à la compression supérieure ou égale à 3 MPa.
9. Bloc selon l'une quelconque des revendications 7 ou 8, caractérisé en ce que le
granulat (5) est rugueux.
10. Bloc selon l'une quelconque des revendications 7 à 9, caractérisé en ce que les
granulats (5) choisis sont des schistes ou des argiles.
11. Bloc selon l'une quelconque des revendications 7 à 10, caractérisé en ce que les
grains du granulat (5) ont un diamètre inférieur à 20mm.
12. Bloc selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que l'enveloppe
(2) est réalisée à partir d'une bande composite thermosoudable (12).
13. Bloc selon la revendication 12, caractérisé en ce que la bande composite (12)
comporte un film en aluminium (13) disposé entre un film de polyester (14) et un film
de polyéthylène (15).
14. Bloc selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que le gaz
de la cavité interne est principalement du dioxyde de carbone.
15. Procédé de fabrication d'un bloc élémentaire de maçonnerie (1) selon l'une des
revendications précédentes, caractérisé en ce que
on trie, on concasse et on sèche des granulats (5) minéraux légers de façon à disposer
d'un produit sec et de densité choisie,
on forme un sac parallélépipédique (19) étanche muni d'une feuille de couvercle (26)
destinée à former l'ouverture supérieure (27) du sac (19), à partir d'une bande complexe
étanche à la vapeur d'eau et aux gaz,
on dispose le sac parallélépipédique dans un moule approprié (28) de manière à recouvrir
les cinq faces internes du moule (28),
on dispose une extrémité (6a) d'une bande de géotextile (6) ayant une largeur légèrement
inférieure à celle du sac (18) appliqué contre les faces internes du moule (28) dans
le fond du sac (19),
on déverse dans le sac (19) placé dans le moule (28) une première couche (4a) de granulats
(5) pendant que l'on soumet le moule (28) à des vibrations,
on rabat un premier pli (6b) de la bande de géotextile (6) par dessus la première
couche (4a) de granulats,
on dépose une nouvelle couche (4b) de granulats sur le pli (6b) de géotextile tout
en vibrant le moule (28),
on rabat un autre pli (6c) de la bande de géotextile (6) dans la direction opposée
au rabattement du premier pli (6b), et
on continue à déposer d'autres couches de granulats avec interposition d'un pli de
bande de géotextile (6) entre deux couches voisines jusqu 'à ce que la dernière couche
(4c) de granulats soit déposée et vibrée dans le moule (28) et recouverte du dernier
pli (6d) de bande de géotextile (6),
on sectionne la bande de géotextile après le remplissage du sac parallélépipédique
(19),
on ferme hermétiquement le sac (19) en rabattant la feuille de couvercle (26) dudit
sac parallélépipédique (19) sur le dernier pli (6d) de bande de géotextile (6) et
en scellant par soudure le bord (24) de la feuille de couvercle (26) sur le bord supérieur
(37) des parois latérales (10b,18a,18b) dudit sac (19) de façon à constituer une enveloppe
parallélépipédique (2) contenant des couches (4a,4b,4c) de granulats séparés par des
plis (6a,6b,6c,6d) d'une bande de géotextile (6), tout en conservant un orifice dans
un coin supérieur de ladite enveloppe (2),
on met l'intérieur de l'enveloppe (2) et ainsi le bloc de maçonnerie (1) qu'elle délimite
en dépression en aspirant l'air ou autre gaz contenu dans ladite enveloppe (2) par
ledit orifice, et
on ferme l'orifice par soudure.