[0001] Disjoncteur à arc tournant ayant une enceinte étanche remplie d'un gaz à rigidité
diélectrique élevée, notamment de l'hexafluorure de soufre, et renfermant un ou plusieurs
pôles, chaque pôle comportant :
- une chambre de coupure ayant une paire de contacts d'arc susceptibles de définir
un intervalle de coupure lors de leur séparation,
- des moyens de soufflage magnétique, notamment une bobine, ou un aimant permanent
destinés à créer un champ magnétique de mise en rotation de l'arc, provoquant l'entraînement
du gaz par effet centrifuge vers la périphérie de la chambre,
- une électrode annulaire de migration de l'arc,
- et des ailettes de guidage déposées dans la chambre de coupure pour freiner le mouvement
de rotation du gaz d'extinction.
[0002] Dans un disjoncteur à arc tournant l'effet centrifuge d'entraînement du gaz vers
la périphérie de la chambre est capable de créer une dépression au voisinage de l'intervalle
de coupure. Cette dépression engendre une baisse de densité du gaz qui affaiblit la
tenue diélectrique dans cette région. La vitesse de rotation de l'arc est d'autre
part voisine de la vitesse d'entraînement du gaz, ce qui empêche tout échange calorifique
efficace entre l'arc et le gaz. Il en résulte une insuffisance de la tension de rétablissement
de l'arc pouvant empêcher l'extinction de l'arc lors de coupure de courants de court-circuit.
[0003] Le document FR 2.554.274 fait connaître un disjoncteur à arc tournant et à autoexpansion
ayant des ailettes de guidage disposées dans la chambre de coupure pour freiner le
mouvement de rotation du gaz d'extinction chauffé par l'arc à la zone d'échappement.
Les ailettes sont fixées sur un anneau isolant recouvrant l'électrode de migration
de l'arc, c'est-à-dire dans une région proche de l'intervalle de coupure. Le mélange
des gaz chauds et froids s'effectue dans une zone éloignée par rapport à l'intervalle
de coupure. Un tel agencement des ailettes risque de diminuer les performances du
disjoncteur.
[0004] L'objet de l'invention consiste à améliorer la tenue diélectrique, et la tension
de rétablissement de l'arc dans un disjoncteur à arc tournant.
[0005] La chambre de coupure est subdivisée en une première zone périphérique, disposée
concentriquement autour d'une deuxième zone intercalaire proche de l'intervalle de
coupure, et que les ailettes de guidage se trouvent dans la première zone, de manière
à engendrer une vitesse différentielle entre l'arc et le gaz dans la deuxième zone
d'échange thermique.
[0006] La première zone de logement des ailettes est séparée du bord extérieur de l'électrode
par un espace annulaire contenu dans la deuxième zone. Le gaz est ainsi freiné exclusivement
par les ailettes dans la première zone périphérique de la chambre de coupure, mais
pas dans la deuxième zone proche de l'arc.
[0007] La forme des ailettes peut être quelconque.
[0008] Les ailettes peuvent être inclinées, ou présenter une forme d'aube ou d'hélice.
[0009] Ce dispositif peut être appliqué à un disjoncteur avec ou sans autoexpansion du gaz.
[0010] Dans le cas d'un disjoncteur à autoexpansion, la chambre de coupure comporte une
surface de révolution obturée à ses deux extrémités par un premier et un deuxième
fonds. La deuxième zone communique lors de la séparation des contacts d'arc avec ladite
enceinte formant une chambre d'expansion par des conduits d'écoulement de gaz, constitués
par les contacts d'arc tubulaires.
[0011] D'autres avantages et caractéristiques ressortiront plus clairement de la description
qui va suivre d'un mode de mise en oeuvre de l'invention, donné à titre d'exemple
non limitatif, et représenté aux dessins annexés, dans lesquels:
- la figure 1 est une vue schématique en coupe d'un disjoncteur à autoexpansion selon
l'invention, la demi-vue de gauche représentant le disjoncteur en position d'ouverture,
et la demi-vue de droite en position de fermeture;
- la figure 2 représente une vue partielle de la figure 1, d'une variante de réalisation;
- la figure 3 est une vue identique de la figure 2 d'une autre variante;
- la figure 4 montre une vue en coupe selon la ligne 4-4 de la figure 2;
- la figure 5 est une vue en coupe selon la ligne 5-5 de la figure 3.
[0012] L'invention est décrite comme s'appliquant à un disjoncteur à arc tournant et à autoexpansion,
mais il est évident qu'elle est également applicable à un disjoncteur à arc tournant
sans autoexpansion.
[0013] Sur la figure 1, un pôle d'un disjoncteur ou interrupteur moyenne tension ou haute
tension est du type décrit dans le document FR-A-2617633. Le pôle comporte une enceinte
10 confinée par une enveloppe cylindrique 12, obturée à ses extrémités par deux fonds
14,16. L'enceinte 10 est remplie d'un gaz à rigidité diélectrique élevée, notamment
de l'hexafluorure de soufre à la pression atmosphérique ou à surpression. L'enveloppe
cylindrique 12 peut être en un matériau isolant et les fonds 14,16 en matériau conducteur
constituant des plages d'amenée de courant. Une tige de commande 18, disposée dans
l'axe de l'enceinte 10, traverse d'une manière étanche le fond 16 et est prolongée
à l'intérieur de l'enceinte 10 par un contact mobile tubulaire 20. Le contact mobile
tubulaire 20 porte à son extrémité un contact d'arc mobile 22, coopérant avec un contact
d'arc fixe 23 porté par le contact 24 fixé au fond opposé 14. Une chambre de coupure
26, constituée par une surface cylindrique 28 et deux fonds 30,32, entourent coaxialement
les contacts 22,24. La surface cylindrique 28 et le fond 30 sont métalliques et reliés
électriquement à la pièce de contact fixe 24. Le fond opposé 32, traversé par le contact
mobile 20, est réalisé en un matériau isolant assurant l'isolation électrique entre
le contact mobile 20 et la surface cylindrique 28.
[0014] A l'intérieur de la chambre de coupure 26 est disposée une bobine 34 accolée au fond
métallique 30. La bobine 34 est coiffée d'une électrode 36 constituant une piste de
migration d'arc disposée en regard du contact d'arc mobile 22. La bobine 34 est connectée
électriquement d'une part, à l'électrode 36 et d'autre part, au fond 30 de manière
à être insérée en série entre le contact d'arc mobile 22 et la pièce de contact fixe
24 en position fermée du disjoncteur.
[0015] En position d'ouverture du disjoncteur représentée sur la partie gauche de la figure
1, la chambre de coupure 26 communique avec l'enceinte 10, laquelle constitue une
chambre d'expansion. La communication s'effectue d'une part par le contact tubulaire
mobile 20 dont la base présente des orifices 38 d'échappement entre l'intérieur tubulaire
du contact 20 et l'enceinte 10, et d'autre part par la pièce de contact fixe 24 de
forme tubulaire, qui est prolongée à travers la bobine 34 par un conduit central 40
et qui communique à sa base par des orifices 42 avec l'enceinte 10. Le contact d'arc
fixe 23 est représenté schématiquement sur le bord annulaire interne de l'électrode
36. En position fermée du disjoncteur, représenté sur la demi-vue de droite de la
figure 1, le contact d'arc mobile 22 est abouté à l'électrode 36 en obturant les deux
conduits d'échappement constitués par les contacts 20,24.
[0016] Le contact mobile d'arc 22 est un contact télescopique semi-fixe sollicité par un
ressort 44 en position d'extension. Un contact glissant 46, porté par le fond 16 de
l'enceinte 10, coopère avec le contact mobile 20 pour assurer la connexion électrique
de ce contact mobile 20 et de la plage d'amenée de courant constituée par ce fond
16.
[0017] La surface cylindrique 28 de la chambre de coupure 26 est prolongée en saillie du
fond isolant 32 par un collet 48 agencé en contact fixe principal. Le contact principal
fixe 48 coopère avec un contact principal mobile 50 constitué par un contact en tulipe
porté par un support 52 solidaire du contact mobile 20. Les doigts du contact en tulipe
coopèrent avec la surface interne du collet 48 de manière à respecter le gabarit de
la chambre de coupure 26, mais il est clair qu'une disposition inverse de manière
à enserrer extérieurement le collet 48 est utilisable lorsque l'encombrement des contacts
principaux est secondaire.
[0018] Le fonctionnement d'un tel interrupteur est bien connu des spécialistes, et il suffit
de rappeler que l'ouverture du disjoncteur est commandée par un coulissement vers
le bas sur la figure 1 de la tige de commande 18 qui entraîne le contact principal
en tulipe 50 vers le bas dans une position de séparation du contact principal fixe
48. Pendant une première phase du mouvement d'ouverture du disjoncteur, le contact
d'arc mobile 22 monté télescopiquement reste abouté à l'électrode 36 sous l'action
du ressort 44. Dès la séparation des contacts principaux 48,50, le courant est commuté
dans le circuit parallèle constitué par le contact d'arc mobile 22 et la bobine 34.
L'ouverture des contacts principaux 48,50 s'effectue sans formation d'un arc et dès
la commutation du courant dans le circuit parallèle, la bobine 34 engendre un champ
magnétique qui contribue à l'extinction de l'arc se formant lors de la séparation
des contacts d'arc 22,36 au cours du mouvement poursuivi d'ouverture du disjoncteur.
L'arc tiré dans la chambre de coupure 26 provoque un échauffement et une montée en
pression du gaz contenue dans cette chambre, lequel gaz s'échappe par les contacts
tubulaires 20,24 vers la chambre d'expansion constituée par l'enceinte 10. Il en résulte
un écoulement gazeux qui provoque le soufflage de l'arc.
[0019] Dans l'exemple décrit ci-dessus, la bobine 34 est mise en circuit dès l'ouverture
des contacts principaux 48,50 mais il est clair que cette mise en circuit peut être
réalisée d'une manière différente, notamment par une commutation de l'arc sur l'électrode
36. La bobine 34 peut également être remplacée par un aimant permanent et l'écoulement
gazeux peut s'éffectuer à travers un seul des contacts.
[0020] Selon l'invention, une pluralité d'ailettes 56 radiales sont disposées à l'intérieur
de la chambre de coupure 26 le long de la surface cylindrique 28. Les ailettes 56
sont réalisées en matériau conducteur ou isolant, et s'étendent radialement autour
de l'axe en restant séparées du bord extérieur de l'électrode 36 et de la bobine 34
par un espace 58 annulaire.
[0021] La chambre de coupure 26 est subdivisée en deux zones concentriques, comprenant une
première zone 60 périphérique renfermant les ailettes 56, et une deuxième zone 62
intercalaire ménagée entre la première zone 60 et l'intervalle de coupure. L'arc 64
s'établit dans l'intervalle de coupure lors de la séparation des contacts d'arc 22,23,
et l'espace 58 est compris dans la deuxième zone 62.
[0022] Sur la figure 1, les ailettes 56 sont fixées au fond 30 et à la surface cylindrique
28, et présentent chacune une section droite uniforme.
[0023] Dans la variante des figures 2 et 4, la section de chacune des six ailettes est uniforme
du côté du fond 30 et autour de l'intervalle de coupure, puis diminue progressivement
jusqu'à la partie médiane de la surface cylindrique 28.
[0024] Dans l'autre variante des figures 3 et 5, les trois ailettes 56 sont fixées au fond
opposé 32 isolant, et s'étendent sur presque toute la hauteur de la chambre 26, en
étant séparées de la surface cylindrique 28 par un faible interstice 64, et de l'électrode
36 par l'espace 58.
[0025] Lors de la séparation des contacts d'arc 22,23, l'arc 64 tourne à grande vitesse
sur l'électrode 36 avec formation d'un anneau de gaz chaud dans l'intervalle de coupure.
Le gaz chauffé est entraîné en rotation vers la périphérie de la chambre de coupure
sous l'effet des forces centrifuges engendrées par la rotation de l'arc. L'action
des ailettes 56 tend à freiner l'écoulement gazeux 66 correspondant (voir figure 4)
dans la première zone 60 périphérique, mais pas dans la deuxième zone 62 intercalaire.
La vitesse v2 de l'écoulement gazeux est alors inférieure à la vitesse v1 de l'arc
sur l'électrode 36, et il en résulte dans la deuxième zone 62 une vitesse différentielle
entre l'arc 64 et l'écoulement gazeux 66. Cette vitesse différentielle favorise l'échange
thermique dans la zone 62 entre l'arc et le gaz SF6, et contribue à une extinction
rapide de l'arc 64.
[0026] Les ailettes 56 peuvent également être inclinées par rapport à la direction radiale,
ou présenter une forme d'aube ou d'hélice.
1. Disjoncteur à arc tournant ayant une enceinte (10) étanche remplie d'un gaz à rigidité
diélectrique élevée, notamment de l'hexafluorure de soufre, et renfermant un ou plusieurs
pôles, chaque pôle comportant:
- une chambre de coupure (26) ayant une paire de contacts d'arc (23,22) susceptibles
de définir un intervalle de coupure lors de leur séparation,
- des moyens de soufflage magnétique, notamment une bobine (34), ou un aimant permanent
destinés à créer un champ magnétique de mise en rotation de l'arc (64), provoquant
l'entraînement du gaz par effet centrifuge vers la périphérie de la chambre (26),
- une électrode (36) annulaire de migration de l'arc (64),
- des ailettes (56) de guidage disposées dans la chambre de coupure (26) pour freiner
le mouvement de rotation du gaz d'extinction caractérisé en ce que la chambre de coupure
(26) est subdivisée en une première zone (60) périphérique, disposée concentriquement
autour d'une deuxième zone (62) intercalaire proche de l'intervalle de coupure, et
que les ailettes (56) de guidage se trouvent dans la première zone (60), de manière
à engendrer une vitesse différentielle entre l'arc et le gaz dans la deuxième zone
(62) d'échange thermique.
2. Disjoncteur selon la revendication 1, caractérisé en ce que la première zone (60)
de logement des ailettes (56) est séparée du bord extérieur de l'électrode (36) par
un espace (58) annulaire contenu dans la deuxième zone (62).
3. Disjoncteur selon la revendication 1 ou 2, ayant une chambre de coupure (26) à
surface de révolution (28) obturée à ses deux extrémités par un premier et un deuxième
fonds (30,32), caractérisé en ce que les contacts d'arc (22,23) sont creux pour constituer
après séparation des conduits d'écoulement de gaz entre la deuxième zone (62) et l'enceinte
(10) formant une chambre d'expansion.
4. Disjoncteur selon la revendication 3, caractérisé en ce que les ailettes (56) viennent
en engagement contre la surface de révolution (28) et le premier fond (30).
5. Disjoncteur selon la revendication 3, caractérisé en ce que les ailettes (56) sont
portées par le deuxième fond (32), et s'étendent jusqu'au voisinage de l'électrode
(36).
6. Disjoncteur selon l'une des revendications 2 à 5, caractérisé en ce que les ailettes
56 s'étendent radialement dans la première zone 60.
7. Disjoncteur selon l'une des revendications 2 à 5, caractérisé en ce que les ailettes
56 sont inclinées par rapport à la direction radiale.
8. Disjoncteur selon l'une des revendications 2 à 5, caractérisé en ce que les ailettes
56 présentent une forme d'aube ou d'hélice.