[0001] La présente invention concerne les refroidisseurs Joule-Thomson du type comprenant
une conduite de gaz de travail haute pression se terminant par un orifice de détente
formé dans un siège d'obturateur et débouchant dans un circuit d'évacuation basse
pression en relation d'échange thermique avec la conduite haute pression, un obturateur
adapté pour réduire la section de passage du gaz détendu en fin de mise en froid du
refroidisseur, et des moyens d'actionnement pour déplacer brusquement l'obturateur
d'une première position, où l'orifice de détente est libre, à une seconde position
où cet orifice est au moins partiellement masqué. Un refroidisseur de ce type, avec
des moyens d'actionnenent électriques, est décrit dans le document EP-A-0245164 au
nom de la demanderesse.
[0002] La présente invention a pour but de fournir un refroidisseur de ce type à actionnenent
rapide, qui soit particulièrement fiable et simple à réaliser.
[0003] A cet effet, selon l'invention, les moyens d'actionnement comprennent un actionneur
à bulbe incluant une capacité de gaz auxiliaire disposée dans la partie froide du
refroidisseur, en relation d'échange thermique, direct ou indirect, avec une zone
du circuit de retour basse pression du gaz de travail, et reliée à une chambre de
volume très supérieur disposée dans la partie chaude du refroidisseur. - Le docunent
FR-A-2039956 décrit un refroidisseur Joule-Thomson à actionnement progressif au fur
et à mesure que l'extrémité du conduit de gaz auxiliaire est immergée dans le réfrigérant
liquide en fonds de cuve. D'autre part, l'actionneur de ce document fonctionne par
aspiration lorsque la pression de bulbe devient inférieure à la pression ambiante
, ce qui pose des problèmes pour des utilisations en haute altitude, notamment en
aéronautique.
Selon des caractéristiques particulières de l'invention :
- la chambre est délimitée par un soufflet auquel est liée la tige d'actionnement
de l'obturateur, le soufflet exerçant une sollicitation dans le sens tendant à fermer
l'obturateur ;
- le gaz auxiliaire est liquéfiable à une température supérieure à la température
de début de liquéfaction du gaz de travail et relativement voisine de cette température.
[0004] Par "température relativement voisine", comme on le comprendra par la suite, on entend
une température atteinte à un instant très voisin de l'instant où le gaz de travail
commence à se liquéfier.
[0005] Des exemples de réalisation de l'invention vont maintenant être décrits en relation
avec les dessins annexés, sur lesquels :
- la figure 1 est une vue schématique en coupe longitudinale d'un refroidisseur Joule-Thomson
selon l'invention;
- la figure 2 représente schématiquement, à plus grande échelle, l'obturateur du refroidisseur
de la Figure 1 ; et
- la figure 3 est une vue analogue d'une variante d'obturateur.
[0006] Le refroidisseur Joule-Thomson représenté à la figure 1 est combiné à un Dewar 1
à section en U comprenant une enveloppe extérieure 2 et un puits central 3 ouvert
vers le haut et obturé à sa partie inférieure par un élément 4 à réfrigérer, qui est
par exemple un détecteur infra-rouge en forme de disque.
[0007] Le refroidisseur comprend lui-même une tête 5, un noyau tubulaire 6, un bobinage
7 de circulation de gaz de travail, et une vanne à deux débits 8. Ce refroidisseur
est miniaturisé pour diminuer son inertie thermique, le diamètre intérieur du puits
3 étant de l'ordre de 4 à 5 mm.
[0008] La tête 5 forme un boîtier cylindrique qui est prolongé vers le bas par une collerette
périphérique 9 fixée sur la face supérieure du Dewar. Le boîtier présente dans sa
face inférieure une ouverture centrale 10 d'où part le noyau 6, lequel porte à son
extrémité inférieure un siège d'obturateur 11.
[0009] Le bobinage 7 comprend une conduite de gaz de travail haute pression 12 dont l'extrémité
amont traverse la tête 5 et est reliée à une source 13 d'un gaz de travail sous pression
élevée, et qui est bobiné en hélice entre le noyau 6 et le puits 13, d'une manière
classique dans la technique. Ce bobinage 7 se termine au voisinage de l'extrémité
inférieure du noyau 6 et définit entre ces spires un trajet de retour du gaz de travail
après détente, lequel débouche dans l'atmosphère environnante par des lumières 14
perçées dans la collerette 9. La conduite 12 se termine par un court tronçon 12′ emmanché
dans le siège 11 et communiquant avec un orifice de détente 15 formé dans le siège
11.
[0010] La vanne 8 comprend un obturateur 16 fixé à l'extrémité inferieure d'une tige d'actionnement
17, et un actionneur à bulbe 18.
[0011] Dans le mode de réalisation des figures 1 et 2, le siège 11 comporte un alésage transversal
110 dans lequel débouche centralement l'orifice de détente 15 et dans lequel est emmanché
l'extrémité du tronçon de conduite 12′. L'obturateur est réalisé sous la forme d'un
pointeau conique 16 solidarisé à une extension tubulaire 170 de la tige 17. L'extrêmité
de l'alésage transversal 110 est pourvue d'une restriction 30 ménageant un débit de
fuite permanent f très inférieur (de l'ordre de 5 à 10 fois) au débit nominal F de
l'orifice 15. Comme représenté sur le figure 2, la restriction peut être assurée par
une épingle 31 enfilée avec jeu dans un tronçon de tube 120 emmanché dans l'alésage
110. En variante, comme représenté schématiquement sur la figure 2, le débit de fuite
peut être assuré par un meulage plan 32 dans la partie d'extrémité conique du pointeau
16, ménageant un jeu j de fuite.
[0012] La tige 17 s'étend vers le haut à travers tout le noyau 6 et jusque dans la tête
5, où elle est suspendue à un plateau horizontal 19. Un soufflet métallique 20, typiquement
en acier inoxydable, relie à joint étanche la périphérie de ce plateau à celle de
l'ouverture 10. Une chambre annulaire 21 est ainsi définie dans la tête 5 autour du
soufflet 20.
[0013] Un tube capillaire 22 partant de la chambre 21 traverse à joint étanche la paroi
inférieure de cette chambre, traverse radialement de façon étanche un orifice 23 prévu
à l'extrémité supérieure du noyau 6, s'étend vers le bas tout le long de ce noyau,
entre celui-ci et la tige 17, et se termine par une petite capacité formant échangeur
de chaleur 24 constitué par un petit nombre de spires (3 spires dans l'exemple représenté)
brasées sur la face interne du noyau 6 et adjacentes au siège 11. L'extrémité inférieure
du capillaire 22 est hermétiquement fermée.
[0014] Le volume de l'échangeur de chaleur 24 est très inférieur à celui de la chambre 21,
par exemple 2 mm³ pour l'échangeur et de 50 mm³ à 150 mm³ pour la chambre 21. La chambre
21 et le capillaire 22 sont emplis d'un gaz auxiliaire répondant aux conditions suivantes
:
- température de début de liquéfaction supérieure à la température de début de liquéfaction
du gaz de travail compte-tenu des pertes de charge du circuit basse pression et relativement
voisine de cette température, et point triple relativement voisin de la même température
;
- température critique inférieure à la température minimale de l'environnement, par
exemple inférieure à - 40°C, pour garantir que le gaz auxiliaire reste à l'état gazeux
tant que l'appareil n'est pas en froid ;
- de préférence, absence de toxicité, d'instabilité et de réaction avec l'hélium (ceci
pour permettre d'effectuer des tests d'étanchéité en lui mélangeant quelques % d'hélium).
[0015] Selon un aspect de l'invention, le soufflet 20 est réalisé, en fabrication, de façon
à présenter une élasticité tendant à fermer l'obturateur 16, cet effort de fermeture
étant compensé par la pression de gonflage du gaz auxiliaire sur la surface active
du soufflet 20.
[0016] Selon une caractéristique particulière de l'invention, pour éviter les problèmes
de fluage en vieillissement du matériau de soufflet, l'effort de sollicitation en
extension (de l'ordre de 200 grammes) est assuré par un ressort 200 disposé autour
du soufflet 20 entre le plateau 19 et le fond de la chambre 21. Le ressort permet
d'autre part d'augmenter l'effort de fermeture, en contribuant donc à augmenter la
rapidité de fermeture de l'obturateur, et d'obtenir des performances variables en
jouant sur la pression de gonflage du bulbe avec différents types de gaz condensables
et/ou en positionnant l'échangeur de chaleur 24 plus ou moins haut dans le noyau 6,
ou en le disposant, à l'extérieur du noyau 6, dans le circuit de retour basse pression
du gaz de travail, dans le bobinage 7, ce qui permet d'améliorer les échanges thermiques
entre le liquide cryogénique de travail et le gaz auxiliaire pilotant le bulbe.
[0017] Le gaz de travail est de préférence de l'argon ou de l'azote et le gaz auxiliaire
du méthane, du CO₂, de l'éthylène ou du krypton.
[0018] La pression du gaz de travail est choisie de façon à permettre le fonctionnement
de l'actionneur 18, qui sera décrit plus loin, quelle que soit la température de l'environnement
et quelles que soient les pertes de charge du circuit basse pression, lesquelles peuvent
atteindre 6 à 8 bars en fin de mise en froid et conduisent à l'établissement d'une
pression analogue à l'intérieur du soufflet 20. peut par exemple choisir une pression
de gonflage du gaz de travail de l'ordre de 5 à 30 bars absolus, selon la température
de début de liquéfaction ou de solidification du gaz de travail.
[0019] Au repos, la pression du gaz auxiliaire comprime le soufflet, ce qui fait descendre
la tige 17 jusqu'à ce qu'une butée 25 portée par celle-ci s'appuie sur la paroi inférieure
de la chambre 21. L'obturateur 16 est alors décollé de son siège, sur une distance
axiale de l'ordre du dixième de millimètre. Le gaz haute pression peut être considéré
comme s'écoulant librement, après sa détente, dans l'espace inférieur 26 du puits
3 adjacent à l'élément 4.
[0020] Lors de la mise en froid du dispositif, on ouvre une électrovanne 27 commandant la
conduite 12. Le gaz haute pression s'écoule dans la conduite 12 et est détendu à fort
débit au passage de l'orifice 15. Le gaz détendu, et, par suite, refroidi, remonte
entre les spires du bobinage 7 jusqu'à être évacué dans l'atmosphère environnante
à travers les lumières 14, en refroidissant à contre courant le gaz de travail haute
pression. Ainsi, la température du gaz détendu décroît de plus en plus, jusqu'à apparition
de liquide dans la chambre 26.
[0021] Compte-tenu des pertes de charge du circuit basse pression, la température dans la
chambre 26 est alors de 120°K environ et est obtenue après un temps de mise en froid
de l'ordre de 1 seconde. Très peu de temps avant cet instant, la température passe
par la température de liquéfaction ou de solidification du gaz de travail sous la
pression de gonflage de l'actionneur 18. Le faible volume de gaz de travail contenu
dans l'échangeur 24 se liquéfie ou se solidifie alors brusquement, ce qui fait chuter
la pression dans la chambre 21 au-dessous de la pression régnant dans la chambre 26
et donc dans le soufflet, libérant ainsi l'action mécanique du soufflet : le plateau
19 remonte donc brusquement et provoque l'application de l'obturateur 16 sur son siège,
en obturant l'orifice 15 et en ne laissant qu'un débit de fuite minime. Le débit de
gaz détendu est ainsi réduit brusquement à une valeur faible mais suffisante pour
assurer le maintien en froid du dispositif ; la perte de charge du circuit basse pression
est réduite d'autant, et la température du liquide contenu dans la chambre 26 descend
jusqu'à une valeur voisine du point d'ébullition à la pression atmosphérique du gaz
de travail. De plus, comme le débit de gaz est très faible, le dispositif peut être
maintenu en froid pendant une période de temps prolongée.
[0022] Il est à noter qu'avant la liquéfaction ou la solidification du gaz auxiliaire, seul
un petit volume de ce gaz se refroidit, ce qui n'influence pratiquement pas la pression
dans la chambre 21, située en partie chaude, de sorte que l'obturateur 16 reste jusqu'à
lors en position de pleine ouverture.
[0023] Le dispositif ainsi décrit permet à la fois :
- d'obtenir un temps de mise en froid très court, grâce au fort débit de gaz de travail
maintenu jusqu'en fin de mise en froid ;
- d'obtenir une température finale très basse, grâce à la réduction maximale de la
perte de change du circuit basse pression après la mise en froid ;
- d'assurer une réponse de l'actionneur extrêmement rapide et fiable ;
- d'avoir une très grande autonomie de fonctionnement, grâce au faible débit de gaz
de travail maintenu après la mise en froid ;
- de convenir avec différents gaz de travail, notamment l'argon et l'azote, grâce
au choix des propriétés de changements d'état du gaz auxiliaire.
- d'autre part, la chambre 21, étant située en partie chaude, peut avoir des dimensions
relativement grandes, et il en est de même du plateau 19, ce qui permet une plage
importante de choix pour les caractéristiques de l'actionneur selon les gaz utilisés.
[0024] Dans la variante de la figure 3, le siège 11, formé à l'extrémité de la tige 17,
présente une forme conique s'étendant vers le bas. Le tronçon 12′ est emmanché dans
un conduit 121 prolongé par un embout 122 formant la restriction 30 et communiquant
par un conduit 150 avec l'orifice de détente 15 débouchant dans la paroi tronconique
du siège. L'obturateur 16, formé dans le prolongement de la tige 17 est avantageusement
conformé en double tronc de cône étagé de même conicité que le siège 11, la partie
inférieure présentant une épaisseur moindre de façon à ménager, dans la position de
fermeture représentée, un jeu périphérique j ménageant un débit de fuite en parallèle
à celui de la restriction 30 et limitant les risques d'occlusion de l'orifice 15.
1- Refroidisseur Joule-Thomson, du type comprenant une conduite de gaz de travail
haute pression (12) se terminant par un orifice de détente (15) formé dans siège d'obturateur
(8) et débouchant dans un circuit d'évacuation basse pression en relation d'échange
thermique avec la conduite haute pression, un obturateur (16 ; 16A) adapté pour réduire
la section de passage du gaz de travail détendu en fin de mise en froid du refroidisseur,
et des moyens d'actionnement (18) pour déplacer brusquement l'obturateur d'une première
position, où l'orifice de détente est libre, à une seconde position où cet orifice
est au moins partiellement masqué , caractérisé en ce que les moyens d'actionnement
comprennent un actionneur à bulbe (18) incluant une capacité (24) de gaz auxiliaire
disposée dans la partie froide du refroidisseur, en relation d'échange thermique direct
ou indirect avec une zone du circuit de retour basse pression du gaz de travail et
reliée à une chambre (21) de volume très supérieur disposée dans la partie chaude
du refroidisseur.
2- Refroidisseur suivant la revendication 1, caractérisé en ce que la chambre (21)
est délimitée par un soufflet (20) auquel est lié l'obturateur (16) par une tige 5
s'étendant dans un noyau (6) autour duquel est bobinée la conduite de gaz de travail
(12).
3- Refroidisseur selon la revendication 2, caractérisé en ce que le soufflet (20)
exerce une sollicitation élastique tendant à amener l'obturateur (16) dans sa seconde
position.
4- Refroidisseur selon la revendication 3, caractérisé en ce que la sollicitation
du soufflet (20) est au moins partiellement assurée par un ressort (200) disposé dans
la chambre (21).
5- Refroidisseur selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que la capacité
(24) est constituée par un enroulement disposé au voisinage du siège d'obturateur
(11).
6- Refroidisseur selon l'une des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que le siège
d'oburateur (11) et/ou l'obturateur (16) comporte un moyen (30 ; 32) d'établissement
de débit de fuite du gaz de travail.
7- Refroidisseur selon la revendication 6, caractérisé en ce que le moyen d'établissement
de débit de fuite est constitué par un conduit (120 ; 122) muni d'une restriction
(30), en parallèle avec l'orifice de détente (15).
8- Refroidisseur selon la revendication 6, caractérisé en ce que le moyen d'établissement
de débit de fuite est constitué par un évidement(32) de l'obturateur (16).
9- Refroidisseur selon l'une des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que l'obturateur
est un pointeau (16).
10- Refroidisseur selon l'une des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que l'obturateur
(16) présente une forme doublement tronconique et coopère avec un siège annulaire
(11) de forme tronconique.