(57) L'invention concerne des matériaux polymériques non kératiniques, n'ayant dans leur
structure pas ou peu de fonctions thiols et/ou de ponts bisulfures, par exemple le
coton. Le traitement consiste à traiter le matériau de manière à fixer dans sa structure
polymérique des fonctions thiols et à le mettre en présence d'une solution contenant
un atome métallique lourd. Ce sera en particulier une solution contenant du mercure
ou un dérivé mercuriel ayant une activité antiseptique.
L'atome métallique lourd, à l'état ionique , par exemple mercure , argent , bismuth,
cuivre soit tel quel soit sous forme d'un dérivé se fixe sur les fonctions thiols
d'un dérivé mercuriel ayant une activité antiseptique, par exemple le mercurobutol
ou l'un de ses dérivés. La fixation de fonctions thiols sur le coton se fait par l'action
du sulfure d'éthylène. Elle s'applique aussi à l'épuration des bains chargés en ions
métalliques lourds.
[0001] La présente invention concerne le traitement de certains matériaux polymériques,
en particulier de matériaux textiles tels que le coton, notamment en vue de leur conférer
de manière durable des propriétés antiseptiques. Il s'agit précisément de matériaux
non-kératiniques, ayant peu ou n'ayant pas de fonctions thiols ou de ponts bisulfures
dans leur structure polymérique ; parmi les matériaux textiles, la laine est donc
exclue . L'invention concerne également les matériaux obtenus par le traitement et
comportant des propriétés antiseptiques durables.
[0002] On a déjà décrit dans le brevet français N°83.00442 un traitement destiné à donner
à un matériau des propriétés antiseptiques dans lequel on soumet ledit matériau polymérique
à une réaction de greffage dans laquelle intervient également un dérivé du mercurobutol,
possédant un groupement fonctionnel, lié au noyau phénolique du mercurobutol , et
capable d'intervenir dans une réaction de polymérisation ou de polyaddition. Au cours
de la réaction, le dérivé du mercurobutol se place dans le greffon, généralement en
bout de chaîne, et apporte au matériau ainsi greffé des propriétés antiseptiques.
Dans cette réaction c'est le groupement fonctionnel, lié au noyau phénolique du mercurobutol,
qui intervient.
[0003] Le traitement connu par le brevet précité présente des inconvénients. D'une part
il est nécessaire de modifier le mercurobutol et de le transformer en un dérivé capable
d'intervenir dans une réaction de polymérisation ou de polyaddition. D'autre part,
on a constaté que la présence du noyau phénol présentait des limites dans la conduite
de la réaction de polymérisation ; la fonction phénol a une action inhibitrice qui
limite le développement de la réaction et en réduit le rendement.
[0004] On connaît par le brevet GB.A.1.178.307 un procédé pour rendre autostérile un article
contenant de la kératine. Ce procédé connu consiste dans un premier temps à traiter
l'article avec des solutions telles que le thioglycolate d'ammonium afin de rompre
les ponts bisulfures ou cysténiques de la kératine pour réaliser des groupes sulphydryl
puis dans un deuxième temps à traiter l'article avec une solution d'un sel métallique
afin de remplacer les ions hydrogène du groupe sulphydryl par les ions métalliques
correspondants. Les ions métalliques sont choisis pour leur action antiseptique (argent,
bismuth, cuivre ou mercure).
[0005] Ce procédé est spécifique des matériaux polymériques kératiniques , ayant des fonctions
thiols ou des ponts bisulfures dans leur structure.
[0006] Or on a trouvé et c'est ce qui fait l'objet de l'invention un nouveau procédé de
traitement de matériaux polymériques non kératiniques ayant notamment pour but de
leur conférer de manière durable des propriétés antiseptiques qui pallie les inconvénients
du procédé du brevet FR.A83.00442 et qui ne présente pas les limitations du procédé
du brevet GB.A.1.178.307 en ce qu'il est applicable aux matériaux non kératiniques.
[0007] Le procédé de l'invention consiste , le matériau n'ayant dans sa structure polymérique
pas ou peu de fonctions thiols et/ou de ponts bisulfures , à traiter ledit matériau
de manière à fixer dans sa structure polymérique des fonctions thiols puis à mettre
ledit matériau ainsi traité en présence d'une solution contenant un atome métallique
lourd. Ce sera en particulier une solution contenant du mercure ou un dérivé mercuriel
ayant une activité antiseptique.
[0008] L'atome métallique lourd, à l'état ionique, par exemple mercure, argent, bismuth,
cuivre soit tel quel soit sous forme d'un dérivé se fixe sur les fonctions thiols
qui ont été créées dans la structure polymérique du matériau au cours de la première
étape du procédé.
[0009] Le matériau polymérique étant un polymère polyhydroxylé, notamment le coton et la
fibranne, le premier traitement en vue de création des fonctions thiols consiste à
faire agir le sulfure d'éthylène.
[0010] Le dérivé mercuriel en solution est un dérivé ayant des propriétés antiseptiques.
Ce peut être en particulier le mercurobutol ou un dérivé du mercurobutol, en particulier
le bromomercuri-2 tertio butyl - 4 phénol allyl éther. Ce peut être un autre dérivé
mercuriel tel que le phényl borate de mercure ou la mercurescéine, ou un autre dérivé
mercuriel reconnu par la pharmacopée.
[0011] C'est un autre objet de l'invention que de protéger un matériau polymérique non-kératinique,
ayant des propriétés antiseptiques durables, obtenu selon le procédé précité, et qui
comporte dans sa structure polymérique des fonctions thiols liées à un atome métallique
lourd, seul ou sous forme de dérivé, ayant une activité antiseptique. En particulier
il s'agit du mercure ou de dérivés mercuriels reconnus par la pharmacopée.
[0012] De préférence pour cette application précise visant à l'obtention d'un matériau non-kératinique
à propriété antiseptique, la teneur en atome métallique lourd, tel quel ou sous forme
de dérivé ayant des propriétés antiseptiques est au plus de 1‰ en poids.
[0013] Le procédé de l'invention est utilisable également pour l'extraction de métaux lourds
de bains chargés. Dans ce cas le but est d'extraire lesdits métaux ou d'épurer le
bain sans rechercher particulièrement les propriétés du matériau obtenu.
[0014] L'invention et les avantages qu'elle apporte seront mieux compris à la lecture de
la description qui va être faite de trois exemples de mise en oeuvre du procédé de
l'invention appliqué au coton.
1° Exemple :
[0015] Un morceau de coton est d'abord traité avec de la soude à 20 % pendant 30 minutes
, avant d'être rincé à l'eau, puis à l'alcool. Il est ensuite traité à 80°C dans du
sulfure d'éthylène pendant 40 heures. Après des rinçages successifs au benzène, à
l'alcool et à l'eau on dose la quantité de fonctions thiols créées sur le coton.
[0016] Le taux de fonctions thiols obtenu est de l'ordre de 9%.
[0017] Le morceau de coton est ensuite plongé dans une solution alcoolique de mercurobutol
à 50 g /l , exprimé à un taux de 90%, pendant 10 minutes , rincé à l'alcool puis à
l'eau à température ambiante, puis séché. La teneur pondérale du coton en mercurobutol
est de 2,8 %.
2° exemple :
[0018] L'exemple 1 est reproduit mais l' imprégnation du coton se fait en jigger pendant
un cycle d'une heure avec une solution de mercurobutol en excès. La teneur pondérale
du coton en mercurobutol est de 11,5 %.
[0019] Ces deux premiers exemples illustrent la capacité , par un coton ayant des fonctions
thiols, d'extraction de grandes quantités d'un dérivé tel que le mercurobutol contenu
dans une solution.
3° exemple :
[0020] Un morceau de coton est d'abord imprégné au foulard avec de la soude à 4%. Il est
ensuite traité à 80°C dans du sulfure d'éthylène pendant 20 minutes. Après rinçage,
il est mis en contact en jigger avec une solution aqueuse de 100 mg/l de mercurobutol
solubilisée par un tensioactif qui est par exemple du lauryl sulfate de sodium à raison
de 40g/l. On obtient un épuisement du mercurobutol à 90% et une teneur pondérale du
coton en mercurobutol de 0,2 ‰. Ce tissu de coton présente des propriétés antiseptiques
durables.
1. Procédé de traitement d'un matériau polymérique non-kératinique contenant un atome
métallique lourd, soit tel quel soit sous forme d'un dérivé ,caractérisé en ce qu'il
consiste à fixer dans sa structure polymérique des fonctions thiols et à mettre le
matériau ainsi traité en présence d'une solution contenant un atome métallique lourd.
2. Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que , le matériau étant un polymère
polyhydroxylé, le traitement de fixation des fonctions thiols consiste à faire agir
sur ledit matériau le sulfure d'éthylène.
3. Procédé selon les revendications 1 et 2, en vue de conférer au matériau polymérique
des propriétés antiseptiques , caractérisé en ce que l'atome métallique lourd, seul
ou son dérivé, a des propriétés antiseptiques.
4. Procédé selon la revendication 3 caractérisé en ce que la solution de métal est
une solution d'un dérivé mercuriel, tel que le mercurobutol ou un dérivé du mercurobutol.
5. Procédé selon la revendication 4 caractérisé en ce que le dérivé du mercurobutol
est le bromomercuri-2 tertiobutyl-4 phénol allyl-éther.
6. Matériau polymérique non-kératinique ayant des propriétés antiseptiques , obtenu
selon le procédé de la revendication 3, caractérisé en ce qu'il comporte des fonctions
thiols liées à un métal lourd, seul ou sous forme de dérivé, ayant une activité antiseptique.
7. Matériau polymérique selon la revendication 6 caractérisé en ce que le dérivé mercuriel
est le mercurobutol ou l'un de ses dérivés et en ce que sa teneur pondérale en dérivé
mercuriel est au plus de 1‰
8. Utilisation du procédé selon la revendication 1 à l'épuration des bains chargés.