[0001] L'invention concerne un alliage à base d'Al contenant essentiellement du Li, du Cu,
du Mg et du Zr comme éléments d'alliages principaux et possèdant une bonne aptitude
à la déformation à froid, en particulier lors du laminage à froid de tôles ou bandes,
et une bonne résistance aux dommages, c'està-dire essentiellement de bonnes résistances
à la fatigue et à la corrosion sous tension ainsi qu'une bonne ténacité.
[0002] Les alliages d'Al contenant du Li sont essentiellement utilisés pour les applications
exigeant un haut module d'élasticité et une faible densité, associés à des résistances
mécaniques élevées. La recherche de ces résistances mécaniques élevées conduit à
définir des alliages dont la teneur en éléments principaux Li, Mg et Cu sont de plus
en plus élevées. On connaît dans ce domaine les alliages commerciaux désignés par
8090, 8091, 2090, 2091 selon les désignations de l'Aluminium Association.
[0003] Cependant, ces hautes résistances sont souvent associées à des ductilités ou ténacités
relativement faibles et surtout à une aptitude à la déformation à froid, en particulier
au laminage à froid, très limitée. Celle-ci se manifeste essentiellement par la formation
de criques de rives importantes lors du laminage à froid des tôles ou bandes.
[0004] L'invention se propose donc de trouver un alliage de cette famille ayant un bon comportement
à la transformation à froid, tout en conservant de bonnes propriétés mécaniques de
résistance à la traction, de tenue à la fatigue, de résistance à la corrosion sous
tension et de ténacité.
[0005] De façon plus précise, on cherche à obtenir un alliage qui, à l'état d'utilisation,
possède des caractéristiques mécaniques (R O,2; Rm; A%) équivalentes à celles de l'alliage
2024-T3 (par ex. pour les tôles d'épaisseur 2 à 10 mm, R O,2 ≧ 290 MPa dans toutes
les directions du plan de laminage, conformément à la norme AIR 9048), ainsi qu'une
bonne ténacité (par ex. pour des tôles d'épaisseur inférieure à 6 mm, Kc T-L ≧ 125
MPa √m mesuré suivant la norme AMS 4100), et une bonne résistance à la corrosion sous
contrainte (par ex. des produits d'épaisseur supérieure à 25 mm, une contrainte de
traction de non rupture à 30 jours supérieure à 200 MPa dans le sens travers-court,
dans les conditions d'essai des normes ASTM G44, G47 et G49).
[0006] Ces objectifs sont atteints avec un alliage ayant la composition pondérale suivante
(en %) :
1,7 ≦ Li ≦ 2,3
1,0 ≦ Cu ≦ 1,5
1 ,0 ≦ Mg ≦ 1,8
avec Mg/Cu < 1,5
0,04 ≦ Zr ≦ 0,15
Zn jusqu'à 2
Fe jusqu'à 0,15
Si jusqu'à 0,15
Mn jusqu'à 0,5
Cr jusqu'à 0,25
autres : chacun ≦ 0,05
total ≦ 0,15
reste : Al.
[0007] L'alliage a de préférence une teneur en Mg > 1,1% et/ou un rapport Mg/Cu < 1,4. Lorsque
l'alliage contient du Zn, sa teneur est de préférence comprise entre 0,1 et 0,4%.
[0008] Au-dessous des valeurs limites inférieures des éléments d'alliages principaux, les
caractéristiques mécaniques de résistance sont insuffisantes; au-delà de Li=2,3%,
les criques de rives au laminage deviennent trop importantes; au-delà de Cu=l,5% ou
Mg=1,8% les propriétés de tolérance au dommage diminuent en particulier la durée de
vie en fatigue; si Mg/Cu≧1,5 la résistance à la corrosion diminue. Le Zn contribue
à la résistance mécanique et pour 0,1 ≦ Zn ≦ 0,4% la tenue à la corrosion sous tension
est améliorée.
[0009] L'alliage selon l'invention est élaboré et transformé de façon classique; une gamme
comportant une homogénéisation, une transformation à chaud, telle que laminage, forgeage,
filage, matriçage, etc...suivie éventuellement d'un recuit et /ou d'une transformation
à froid, telle que laminage, étirage, tréfilage, calibrage, etc... est adéquate.
L'homogénéisation est généralement pratiquée entre 450 et 550°C pendant 12 à 48h et
de préférence à une température inférieure à 525°C.
[0010] Le recuit, s'il y a lieu, est pratiqué entre 350 et 475°C pendant 1 à 20 heures.
Le traitement thermique final consiste en une mise en solution entre 450 et 550°C
et de préférence à une température inférieure à 525°C, une trempe, et un revenu compris
entre 135 et 200°C et de préférence de 150 à 200°C, pendant des durées comprises entre
1h à 100h, les temps les plus long étant généralement associés aux températures les
plus basses et vice versa. Une déformation plastique comprise entre 1 et 5% (par traction
ou compression) peut être appliquée entre trempe et revenu.
[0011] L'invention sera mieux comprise à l'aide des exemples suivants illustrés par les
figures suivantes :
. La figure 1 représente la variation de la longueur (maximale) des criques de rives
au laminage à froid en fonction de la teneur en Li (pour un écrouissage de 70% env.)
. La figure 2 représente la ténacité de différentes coulées en fonction de leur limite
d'élasticité dans le sens long
. La figure 3 représente la vitesse de fissuration en fonction de Δ K, d'une coulée
selon l'invention, en comparaison de celle du 2024-T3
. La figure 4 représente les durées de vie d'éprouvettes de fatigue des coulées étudiées,
en fonction de leur limite d'élasticité sens long.
EXEMPLE 1
Caractéristiques mécaniques de traction et résistance à la corrosion sous tension
[0012] Une coulée de composition chimique suivante (% en poids) :
Li 1,95; Cu 1,25; Mg 1,1; Zr 0,07; Fe 0,04; Si 0,04; reste Al
a été homogénéisée à 525-530°C pendant 25 heures, réchauffée 24h à 475°C, laminée
à chaud de l'épaisseur 262 mm à 3,62 mm, recuite à 450°C pendant 1h sous forme de
bobine, puis laminée à froid jusqu'à 1,6 mm d'épaisseur, mise en solution à 500°C
± 10°C pendant 15 min, écrouie à froid de 2 % , puis revenue dans les conditions suivantes
;
A/ 96h à 135°C B/ 48h à 175°C et C/ 19h à 195°C.
Les résultats des caractéristiques mécaniques de traction déterminées dans les conditions
de la norme ASTM E 8M sur éprouvettes plates (Kt=1,035) dans le sens Long (L), Travers
(T) et à 60° de la direction de laminage (X) ainsi que les résultats d'essais de corrosion
sous tension dans le sens travers long (TL) dans les conditions indiquées sont reportés
au Tableau I.
EXEMPLE 2
Aptitude au laminage à froid
[0013] Des coulées à teneurs en Li, Cu et Mg variables, dont les analyses sont reportées
au Tableau II, ont été élaborées, coulées en plateau de section 800x300 mm², puis
homogénéisées, scalpées, réchauffées et laminées à chaud jusqu'à une épaisseur de
4mm. Puis elles ont été laminées à froid, et caractérisées, pour chaque écrouissage
intermédiaire, par la longueur maximale de criques de rives produites.
[0014] La figure 1 montre, qu'au-delà de Li=2,3%, et pour un écrouissage de 70% les criques
de rives deviennent importantes et surtout sont instables, c est-à-dire qu'elles peuvent
se propager rapidement jusqu'à détacher un morceau de la tôle laminée.
EXEMPLE 3
Ténacité
[0015] Des tôles de l,6mm d'épaisseur recristallisées issues des coulées ci-dessus, ont
été traitées par trempe après mise en solution à 527°C pendant 20min puis écrouies
de 2%. Elles ont ensuite été revenues soit à 190°C 12 heures (·) soit à 150°C, 24
heures (+).
[0016] Les valeurs de KcA selon la norme interne MBB-FOKKER FH 4.2,1400 déterminées par
traction jusqu'à rupture d'éprouvettes de longueur 620 mm, de largeur 160 mm, et ayant
une entaille centrale de 53,3mm dans le sens L-T sont données à la figure 2 en fonction
de la limite d'élasticité dans le sens long.
La coulée selon l'invention présente globalement la meilleure ténacité.
EXEMPLE 4
Vitesse de propagation des fissures en fatigue
[0017] Les propriétés des tôles issues de la coulée 2141 de l,6mm d'épaisseur ci-dessus
ont été comparées à celles de l'alliage classique 2024 à l'état T3 dans les états
de traitement thermique donnés à l'Exemple 3 sur éprouvettes CCT 160mm (norme interne
MBB-FOKKER, sens LT) et reportées à la Fig.3. Cette coulée présente une résistance
en fatigue supérieure à celle de l'alliage 2024-T3.
EXEMPLE 5
FATIGUE : amorçage des fissures
[0018] Les propriétés de fatigue de tôles de 1,6mm d'épaisseur issues de coulées ci-dessus
ont été déterminées en traction ondulée ( σ= 90 ± 40 MPa) dans le sens L-T sur éprouvettes
prismatiques (Kt=1) aux états de traitement thermique correspondant à l'Exemple 3.
La coulée selon l'invention présente les meilleures caractéristiques de fatigue (voir
fig.4).
TABLEAU I
REVENU |
SENS |
R0,2 (MPa) |
Rm (MPa) |
A% (%) |
CSC TL (jours) |
96h à 135°C |
L |
338 |
435 |
12,2 |
- |
TL |
343 |
451 |
14,2 |
3 NR 30 * |
X |
290 |
414 |
17,2 |
- |
48h à 175°C |
L |
382 |
440 |
11,0 |
- |
TL |
390 |
456 |
11,5 |
3 NR 30 * |
X |
336 |
419 |
13,5 |
- |
19h à 195°C |
L |
365 |
416 |
11,0 |
- |
TL |
372 |
430 |
11,5 |
3 NR 30 * |
X |
341 |
400 |
13,0 |
- |
* 3 éprouvettes non rompues en 30 jours. |
TABLEAU II
Analyses des coulées étudiées (% en poids) |
N° |
% Li |
% Cu |
% Mg |
|
2133 |
2,67 |
1,12 |
0,63 |
H.I* |
2134 |
2,66 |
1,09 |
1,28 |
H.I* |
2135 |
2,65 |
1,64 |
0,69 |
H.I* |
2139 |
2,64 |
1,65 |
1,22 |
H.I* |
2140 |
2,07 |
1,17 |
0,69 |
H.I* |
2141 |
2,06 |
1,14 |
1,45 |
Inv ** |
2142 |
2,07 |
1,65 |
0,68 |
H.I |
2147 |
2,12 |
1,74 |
1,44 |
H.I |
2149 |
2,35 |
1,48 |
0,98 |
H.I |
2144 |
2,1 |
1,9 |
0,92 |
H.I |
Fe = 0,03%; Si =0,02% et Zr =0,05% pour toutes les coulées. |
* H.I.: hors invention |
** Inv: selon l'invention. |
1. Alliage d'Al contenant essentiellement du Li, du Mg, du Cu et du Zr possèdant une
bonne déformabilité à froid et de bonnes caractéristiques de résistance aux dommages
à l'état traité, caractérisé en ce qu'il contient (en poids %) :
de 1,7 à 2,3 de Li
de 1,0 à 1,5 de Cu ) avec Mg/Cu < 1,5
de 1,0 à 1,8 de Mg)
de 0,04 à 0,15 de Zr
jusqu'à 2 de Zn
jusqu'à 0,15 de Fe
jusqu'à 0,15 de Si
jusqu'à 0,5 de Mn
jusqu'à 0,25 de Cr
autres :chacun ≦ 0,05
total ≦ 0,15
reste Al.
2. Alliage selon la revendication 1 caractérisé en ce qu'il contient plus de 1,1%
Mg.
3. Alliage selon l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que Mg/Cu < 1,4.
4. Alliage selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce qu'il contient
de 0,1 à 0,4% Zn.
5. Procédé d'obtention d'un alliage selon l'une de ces revendications 1 à 4 comprenant
l'élaboration, la coulée, une homogénéisation, la transformation à chaud, un recuit
et une transformation à froid éventuel(le)s, la mise en solution, la trempe, une déformation
à froid éventuelle et un revenu, caractérisé en ce que l'homogénéisation a lieu entre
450 et 550°C pendant 12 à 48 heures.
6. Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que l'homogénéisation a lieu
entre 450 et 525°C.
7. Procédé selon la revendication 4 caractérisé en ce que le recuit est pratiqué entre
350 et 475 pendant 1 à 20 heures.
8. Procédé selon l'une des revendications 5 à 7 caractérisé en ce que la mise en solution
est effectuée entre 450 et 550 °C.
9. Procédé selon la revendication 7 caractérisé en ce que la mise en solution est
effectuée entre 450 et 525°C.
10. Procédé selon l'une des revendications 5 à 9 caractérisé en ce que le revenu est
effectué entre 135 et 200°C.
11. Procédé selon la revendication 10 caractérisé en ce que le revenu est pratiqué
entre 150 et 200 °C.