[0001] L'invention concerne une structure de réalisation de circuits et composants appliquée
aux hyperfréquences.
[0002] Le développement croissant de l'utilisation des ondes électromagnétiques dans des
domaines aussi divers que télécommunications, applications médicales, radar ... a
conduit à varier les techniques mises en oeuvre afin, d'une part, de maîtriser leur
propagation, d'autre part, d'en maîtriser leur rayonnement. Les moyens mis en oeuvre
dans un cas comme dans l'autre sont définis par les caractéristiques générales radio-électriques
requises : bandes de fréquence, puissances nécessaires, niveaux de pertes admissibles,
niveaux de complexité de la connectique, mission au sens large du terme, ainsi que
par un ensemble non spécifiquement radioélectrique d'autres critères mettant en jeu
des paramètres comme la masse, le volume des circuits ou encore la plage de températures
admissibles que devront supporter les technologies utilisées. L'ensemble de ces contraintes
supplémentaires sont, là aussi, régies par l'aspect "mission au sens large" ; le choix
précis d'une technologie devant aussi bien intégrer des critères d'ordre radioélectrique
que des critères d'ordre mécanique, structural et thermique.
[0003] On comprend aisément que les données d'environnement et d'implantation soient différentes
lorsqu'il s'agit de monter un équipement hyperfréquence sur un satellite, un avion,
ou dans un sous-marin par exemple et que ceci ait un impact sur la définition et le
choix de la technologie requise pour réaliser l'équipement.
[0004] Le moyen sans doute le plus connu pour véhiculer une onde électromagnétique est sans
conteste le tube creux. Celui-ci peut revêtir des formes simples de section rectangulaire
ou circulaire ou encore des formes plus élaborées par exemple section hexagonale.
Son champ d'utilisation en fréquence est très large de quelques gigahertz à plusieurs
centaines de gigahertz, c'est-à-dire du centimétrique ou sub-millimétrique. En deçà
de quelques gigahertz, l'emploi du guide d'onde s'avère difficile en raison de son
encombrement et de sa masse. D'autres types de propagation sont alors utilisées.
[0005] De façon non exhaustive on peut citer :
- les lignes coaxiales et dérivées,
- les lignes triplaques,
- les lignes "microstrip" et dérivées,
qui sont largement utilisées pour propager des signaux allant du continu jusqu'à quelques
dizaines de gigahertz. De façon simple on peut dire que les propriétés radioélectriques
(impédance, constante de propagation etc...) résultent du positionnement de deux conducteurs
l'un par rapport à l'autre à l'aide d'un matériau support ou espaceur diélectrique.
Dans la pratique on emploie couramment des matériaux dont les constantes diélectriques
varient de 1 à 10, voire 40 pour certaines applications.
[0006] En ce qui concerne le rayonnement sont apparus depuis une dizaine d'années des éléments
rayonnants remarquables quant à leur simplicité de réalisation et à leurs caractéristiques
de légèreté et capacité à être conformés : Ce sont les antennes imprimées dont la
réalisation de principe utilise un élément résonnant gravé sur un support diélectrique,
l'ensemble étant implanté sur un plan de masse. Là encore, de tels concepts, permettent
de proposer des solutions très compétitives en termes de volume, compacité et masse.
[0007] Ces deux pôles d'intérêts (réalisation de circuits et d'éléments rayonnants) ont
conduits les fabricants à proposer une gamme de plus en plus vaste de matériaux diélectriques
possédant des domaines d'application de plus en plus étendus.
[0008] Les contraintes d'utilisation en environnement spatial sont bien connues et portent
en général sur :
- la masse des équipements,
- les plages de température et les contraintes thermiques,
- les niveaux de vibration,
- la stabilité physique au vide (non dégazage).
[0009] L'invention a pour objet de proposer une réalisation de substrats à permittivité
variable.
[0010] A cet effet, l'invention propose une structure de réalisation de circuits et composants
appliquée aux hyperfréquences, dans laquelle les fonctions mécanique et électrique
sont globalement intégrées, mais localement dissociées ; une structure mécanique formant
une enceinte dans laquelle est disposé un pavé de matériau diélectrique. De part et
d'autre de l'ensemble structure mécanique-pavé diélectrique est disposée une couche
de matériau diélectrique, la première supportant un élément conducteur disposé au-dessus
du pavé diélectrique, l'autre supportant un plan de masse métallique, une couche de
collage étant disposée entre la structure mécanique et chacune des deux couches diélectriques.
[0011] L'intérêt de l'invention résulte de sa versatilité et de son gain de masse considérable
par rapport à des solutions plus conventionnelles. Sa simplicité de réaliser des diélectriques
à constante quelconque et sa faible masse rendent cette solution très attractive pour
des utilisations spatiales.
[0012] Les caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront d'ailleurs de la description
qui va suivre, à titre d'exemple non limitatif, en référence aux figures annexées
sur lesquelles :
- les figures 1, 2 et 3 illustrent des réalisations de l'art connu ;
- les figures 4 et 5 illustrent une vue en coupe et une vue de dessus, en partie éclatée,
d'une structure de circuits et composants appliquée aux hyperfréquences selon l'invention.
[0013] Pour la réalisation d'une structure(respectivement de circuits de propagation) telle
que représentée à la figure 1, le problème principal de conception est de maintenir
un élément conducteur 10 à une distance précise d'un plan de masse 11 (respectivement
de deux plans de masse).
[0014] Le milieu 12, ainsi délimité par l'élément conducteur 10, le (ou les) plan(s) de
masse 11 et une distance caractéristique d choisie lors de la conception en fonction
de son influence sur les phénomènes d'intéraction entre le champ électromagnétique
et la matière contenue dans ce milieu, doit présenter les caractéristiques électriques
ε
r (constante diélectrique) et tg δ (facteur de perte) choisies par le concepteur.
[0015] D'autre part, l'ensemble du dispositif doit présenter des performances compatibles
avec son utilisation. Par exemple, pour une application spatiale, les performances
principales seront :
- légèreté,
- rigidité,
- tenue en température (typiquement 130°C),
- faible dégazage,
- stabilité dimensionnelle (faible coefficient de dilatation thermique, faible coefficient
de dilatation par désorption d'humidité, conductivité thermique élevée).
[0016] Plusieurs solutions d'un point de vue radioélectrique sont habituellement retenues.
[0017] Ainsi, dans le domaine d'un circuit de propagation, on peut conférer, comme représenté
sur la figure 2, une rigidité importante aux plans de masse 17 et il est ainsi possible
de maintenir entre-eux le conducteur 15 et le matériau diélectrique 16. On a alors
le conducteur central 15 disposé entre deux couches 16 de matériau diélectrique, deux
structures 17 formant plan de masse étant situées de part et d'autre de cet ensemble.
Chacune de ces structures est formée par exemple d'un "sandwich" peau de carbone 18-"nid
d'abeille" en aluminium 19-peau de carbone 20, la peau de carbone 20 située vers l'intérieur
étant métallisée 21. Le matériau diélectrique 15 peut être réalisé en "nid d'abeille",
en mousse organique ou par des entretoises diélectriques par exemple.
[0018] Le matériau diélectrique 15 est choisi pour ses performances radioélectriques, ce
qui permet une grande latitude de choix. On peut finalement obtenir une solution performante
du point de vue radioélectrique. En revanche l'addition d'éléments mécaniques (rigidification
des plans de masse, maintien du conducteur central et du milieu diélectrique) conduit
à de faibles performances mécaniques. Ce type de solution est donc bien adapté pour
des dispositifs de faibles dimensions (surfaces typiquement inférieures à 0,5 m²)
et/ou pour des dispositifs où les plans de masse sont utilisés pour assurer des fonctions
mécaniques supplémentaires (maintien d'éléments rayonnants de type cornets ou hélices
par exemple).
[0019] Dans le cas où des performances mécaniques élevées sont demandées (cas de grandes
antennes par exemple), des solutions radicalement opposées sont généralement retenues.
Celles-ci consistent en effet en une intégration totale des fonctions mécanique et
électrique. Ceci est obtenu, comme représenté sur la figure 3, en faisant participer
le matériau diélectrique 22 à la rigidité mécanique de l'ensemble par collage notamment.
On a alors le conducteur central métallique 25 disposé entre deux couches de diélectrique
22, et deux plans métalliques 23 formant des plans de masse, des couches de collage
24 étant situées entre chacun des plans au contact. L'intérêt est alors d'utiliser
des matériaux à forte rigidité spécifique (matériaux composites par exemple) le plus
loin possible de la fibre neutre du "sandwich" (surfaces inférieure et supérieure
du panneau) et de coller entre ces faces un matériau ayant de bonnes propriétés de
cisaillement et une faible masse volumique ("Nid-d'abeille", par exemple). Ce principe
est bien adapté pour la réalisation de dispositifs de grandes dimensions où l'on cherche
une masse surfacique très faible (antenne, répartiteur, 5 kg/m² typiquement). Les
contraintes à prendre alors en compte pour le choix du matériau diélectrique sont
très fortes, puisqu'il doit satisfaire les exigences radioélectriques, mécaniques
et de tenue à l'environnement. On arrive généralement à un bon compromis, mais les
performances électriques ne sont pas toujours suffisantes (facteur de perte trop élevé
dû à la présence de films de colle) ou même les performances mécaniques peuvent se
trouver détérioriées (si l'on veut par exemple utiliser un diélectrique à constante
supérieure à 2 avec une épaisseur supérieure au millimètre).
[0020] L'invention concerne une structure dans laquelle les fonctions électrique et mécanique
sont globalement intégrées, mais localement dissociées.
[0021] Comme représenté sur les figures 4 et 5, la structure selon l'invention comprend
une structure mécanique 26 formant une enceinte 33 dans laquelle peut être disposé
un pavé 27 de matériau diélectrique. De part et d'autre de l'ensemble ainsi formé
est disposé une couche de matériau diélectrique 28, (29), la première 28 supportant
l'élément conducteur 30 disposé au-dessus du pavé diélectrique 27, l'autre 29 supportant
le plan de masse 31 métallique. Une couche de collage 32 est disposée entre la structure
mécanique et chacune des deux couches diélectriques.
[0022] Ainsi, dans la structure suivant l'invention, le milieu au voisinage de l'élément
conducteur est constitué d'un matériau diélectrique dont les critères de choix sont
principalement électriques ( ε
r, tg δ ) et qui ne participe pas à la rigidité mécanique de l'ensemble. Au-delà de
ce voisinage, une structure mécanique permet de contenir le matériau diélectrique
précédent et de garantir les performances mécaniques globales du dispositif. Les critères
de choix des matériaux constituant cette structure étant principalement mécaniques
(E/ρ , E = module d'Young, ρ masse volumique), celle-ci peut être très efficace.
[0023] Les avantages de l'invention sont les suivants :
- performances radioélectriques élevées et ajustables (ε
r) : un matériau diélectrique quelconque pouvant être utilisé, pourvu qu'il soit léger
et résistant à l'environnement, de plus il n'est pas fait appel à un film de colle,
- performances mécaniques élevées : la structure étant réalisées à l'aide du matériau
le mieux adapté, voire même à l'aide d'un matériau conducteur (composite à renfort
graphite par exemple) si cela est admissible du point de vue radioélectrique.
[0024] Dans un premier exemple de réalisation on peut réaliser, avec une hauteur h par exemple
de 3 mm, une antenne imprimée sur diélectrique ayant les performances recherchées
suivantes :
- ε
r = 2,5
- tg δ aussi faible que possible
E/ρ (rigidité spécifique) aussi élevée que possible.
[0025] Avec les dispositifs de l'art connu, où l'on intègre les fonctions mécanique et électrique,
les matériaux les mieux adaptés sont des matrices PTFE (polytétrafluoréthylène) à
renfort de verre. En effet, les matrices epoxyde et polyimide, bien qu'elles permettent
d'atteindre des propriétés mécaniques supérieures, font remonter les valeurs de ε
r et tg δ .
[0026] On a ainsi le tableau suivant :
Matériau |
ε r |
tg δ x 10⁻⁴ |
E/ρ x 10⁵ (SI) |
Verre/PTFE |
2.5 |
9 |
6 |
Quartz/polyimide |
3.6 |
40 |
100 |
Kevlar/epoxy |
3.9 |
130 |
193 |
d'où les performances suivantes :
- Radiofréquence (RF)
. tg δ = 9.10⁻⁴
- Mécanique
. γ = 6,99 kg/m² (masse surfacique brute : sans connecteur, contrôle thermique,...)
. f = 13 Hz (première fréquence de résonance pour une plaque carrée de 0,5 m de côté,
dont les bords sont simplement supportés).
[0027] Alors que dans le cas du dispositif de l'invention le matériau diélectrique est choisi
pour ses propriétés radioélectriques uniquement. Par exemple, avec du feutre d'Alumine
on obtient : ρ = 750 kg/m³ ε
r = 2,5 tg δ = 2.10⁻⁴ (en supposant une variation linéaire de ε
r et tg δ en fonction de la densité).
[0028] Le matériau constituant la structure est lui choisi principalement pour ses caractéristiques
mécaniques.
[0029] Les performances obtenues dans cet exemple sont :
- radiofréquence : tg δ = 2.10⁻⁴
- mécanique (avec une structure en Kevlar/epoxy, de largeur 2 mm) :
. f = 19,8 Hz
. γ = 2,83 kg/m²
[0030] Avec un dispositif suivant l'invention, le gain peut donc être d'un facteur 4 sur
les pertes R.F. et d'un facteur environ 2,5 sur la masse.
[0031] Dans un second exemple de réalisation on peut réaliser une antenne imprimée sur diélectrique
ayant une constante la plus proche possible de 1, avec une distance patch/plan de
masse = 6 mm, les performances recherchées étant celles du premier exemple de réalisation
avec ε
r ≃ 1.
[0032] Avec les dispositifs de l'art connu, où l'on intègre les fonctions mécanique et électrique,
les architectures les mieux adaptées sont obtenues par collage d'un matériau organique
très aéré (mousse, nid d'abeilles) entre les substrats supportant les éléments rayonnants
et le plan de masse par l'intermédiaire de films de colle ou de couches de matériaux
composites.
[0033] On obtient les performances suivantes :
- radiofréquence : . ε
r ≃ 1,04
. tgδ ≃ 6.10⁻⁴
- mécanique : . γ ≃ 0,928 kg/m2
. f ≃ 107 Hz
[0034] Par contre en utilisant le dispositif selon l'invention le volume sous l'élément
rayonnant restant vide, on obtient les performances suivantes :
- Radiofréquence. : ε
r = 1
tg δ ≃ 0
- mécanique (avec une structure en fibres de carbone) :
. γ = 1,126 kg/m² (même fréquence de résonance f = 107 Hz)
[0035] Pour un accroissement de masse d'environ 20%, on réalise un élément rayonnant pour
lequel les pertes sont pratiquement nulles.
[0036] Les composants de l'élément rayonnant selon l'invention peuvent être réalisés en
utilisant de nombreux matériaux, ainsi :
- la structure mécanique 26 peut être réalisée en matériaux composites à base, par
exemple :
. de Kevlar ;
. de carbone ;
. de verre ;
. ou de tout autre renfort :
[0037] Le matériau diélectrique utilisé peut être :
. de la céramique ( ε
r > 1) ; (céramique aérée, ou fibre de céramique ou feutre de céramique)
. un matériau organique ou composite ( ε
r > 1)
- le volume peut être rempli :
. de gaz ;
. d'air ;
. de vide.
[0038] Il est bien entendu que la présente invention n'a été décrite et représentée qu'à
titre d'exemple préférentiel et que l'on pourra remplacer ses éléments constitutifs
par des éléments équivalents sans, pour autant, sortir du cadre de l'invention.
1/ Structure de réalisation de circuits et composants appliquée aux hyperfréquences,
dans laquelle les fonctions mécanique et électrique sont globalement intégrées, mais
localement dissociées, la fonction mécanique étant assurée par une structure mécanique
(26) formant une enceinte (33), caractérisée en ce qu'un pavé de matériau diélectrique
(27) est disposé dans ladite enceinte ; et en ce que de part et d'autre de l'ensemble
structure mécanique (26) pavé diélectrique (27) sont disposés un élément conducteur
(30), et un plan de masse métallique (31), extérieurs par rapport audit ensemble (26,
27).
2/ Structure selon la revendication 1, caractérisée en ce qu'une première couche de
matériau diélectrique (28) supporte l'élément conducteur (30) disposé au dessus du
pavé diélectrique (27).
3/ Structure selon l'une quelconque des revendications 1 ou 2, caractérisée en ce
qu'une seconde couche diélectrique (29) supporte le plan de masse métallique (31).
4/ Structure selon la revendication 3, caractérisée en ce qu'une couche de collage
(32) est disposée entre la structure mécanique (26) et chacune de ces deux couches
diélectriques (28 et 29).
5/ Structure selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisée en
ce que la fonction mécanique est assurée par une structure mécanique (26) située en
dehors des volumes de matière sous les éléments conducteurs (30).
6/ Structure selon la revendication 5, caractérisée en ce que le volume disponible
sous les éléments conducteurs (30) présente les caractéristiques désirées du point
de vue électrique.
7/ Structure selon la revendication 1, caractérisée en ce que la structure mécanique
est réalisée en matériau composite.
8/ Structure selon la revendication 7, caractérisée en ce que le matériau composite
utilisé est à base de fibre de Kevlar.
9/ Structure selon la revendication 7, caractérisée en ce que le matériau composite
utilisé est à base de carbone.
10/ Structure selon la revendication 7, caractérisée en ce que le matériau composite
utilisé est à base de verre.
11/ Structure selon la revendication 1, caractérisée en ce que, pour obtenir la constante
diélectrique voulue, l'enceinte (33) est remplie d'un gaz.
12/ Structure selon la revendication 11, caractérisée en ce que le gaz a une pression
très faible.
13/ Structure selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisée
en ce que le matériau diélectrique utilisé comporte de la céramique.
14/ Structure selon la revendication 13, caractérisé en ce que la céramique est aérée.
15/ Structure selon l'une quelconque des revendications 1 à 12, caractérisée en ce
que le matériau diélectrique utilisé comporte un matériau organique ou composite.