[0001] Depuis un certain temps, les méthodes de contrôle utilisées dans la fabrication automatique
et en grande série des cigarettes font l'objet de perfectionnements qui portent sur
la précision des opérations de contrôle et qui ont pour but l'obtention d'un produit
fini dont les caractéristiques et la qualité peuvent être garanties avec une continuité
parfaite à l'intérieur de limites toujours plus précises.
[0002] C'est ainsi que l'on cherche à obtenir que la densité des particules de tabac, le
long de chaque cigarette, et par conséquent le degré de compression de ces particules,
aient des valeurs tout à fait prédéterminées et constantes. D'autre part, pour améliorer
la qualité du produit, on prévoit d'assurer une compression du tabac légèrement plus
forte aux extrémités de chaque cigarette que dans la partie centrale afin d'éviter
le risque de déperdition de particules. Ainsi, par exemple, la demande publiée EP-0354874
du même déposant décrit un dispositif qui combine l'opération d'écrêtage et l'opération
de compression intermittente du boudin.
[0003] La densité des particules de tabac n'a pas une valeur constante le long de chaque
cigarette. Au contraire, elle suit un profil déterminé. Cependant, on cherche à ce
que ce profil soit le même pour toutes les cigarettes. De même, on cherche à contrôler
avec autant de précision que possible le degré d'humidité et les autres caractéristiques
des particules de tabac.
[0004] On a développé récemment un système de contrôle électronique qui permet de traiter
de manière statistique de nombreuses données. Cet appareil est ca pable, par exemple,
de relever le taux de remplissage des particules de tabac vingt-quatre fois le long
de chaque cigarette et d'enregistrer et d'afficher les données ainsi captées. Il permet
d'éliminer automatiquement les cigarettes qui sont jugées défectueuses dans une production
de cigarettes atteignant des valeurs de 5'000 ou même de 10'000 cigarettes par minute.
[0005] L'écrêteur est l'appareil qui commande le taux de remplissage du boudin de sorte
que les données captées en cours de production doivent agir sur cet appareil de manière
à régler sa position en permanence.
[0006] On connaît déjà des procédés et des dispositifs qui déterminent la densité de la
couche de tabac dans une section verticale du flux, à l'avant de l'écrêteur. La détermination
de la densité se fait généralement par mesure de l'affaiblissement d'un rayonnement
qui traverse la couche (voir par exemple GB-2 028 097, GB-2 207 595, FR-2 299 822).
[0007] Pour éviter des phénomènes d'instabilité découlant du fait qu'en général la couche
de tabac qui se forme contre la bande transporteuse présente des ondulations, on
a aussi prévu de contrôler l'action de l'écrêteur à partir de prises de mesure de
hauteur qui se font à l'amont et à l'aval de l'appareil.
[0008] Dans cet ordre d'idée, on connaît, par la publication de demande de brevet DE-37
05 576, un procédé et un dispositif dans lequel ont lieu des prises de mesure successives
de l'affaiblissement d'un flux de rayons à travers la couche en deux emplacements
situés respectivement à l'amont et à l'aval de l'écrêteur. Ces mesures sont traitées
en fonction d'un algorithme prédéterminé pour former un signal qui commande l'écrêteur.
[0009] On a toutefois constaté que cette méthode de réglage et le dispositif correspondant
présentent des défauts dus au fait que la mesure de l'affaiblissement de l'intensité
d'un rayonnement traversant la couche n'est pas une donnée fiable. Cet affaiblissement
peut provenir soit d'une épaisseur excessive de la couche, soit du fait que des particules
de relativement grandes dimensions sont tassées contre la bande. Ces deux situations
produisent le même effet sur l'appareil de mesure, de sorte que celui-ci n'est pas
en état de les discriminer.
[0010] Le but de la présente invention est donc de perfectionner les méthodes de mesure
de façon à éliminer la confusion qui existait jusque-là dans les appareils de l'art
antérieur.
[0011] On a constaté qu'il était possible d'effectuer la discrimination nécessaire en procédant,
à l'amont de l'écrêteur, deux sortes de mesures différentes et en traitant convenablement
les signaux représentant les résultats de ces mesures.
[0012] Dans ce but, un des objets de la présente invention est un procédé pour la formation
d'un boudin continu dans la fabrication des cigarettes, comprenant l'aspiration d'un
flux d'air entraînant des particules de tabac, pour former une couche de tabac appliquée
contre une bande transporteuse, l'écrêtage de cette couche, et une ou plusieurs opérations
de mesure fournissant une ou des données qui commandent l'opération d'écrêtage, caractérisé
en ce que deux opérations de mesure sont effectuées en continu avant l'écrêtage, ces
mesures portent sur la hauteur de la couche et sur sa porosité, on forme avec les
valeurs issues des dites opérations de mesure et par application d'un algorithme prédéterminé,
un paramètre correspondant à la densité linéaire de la couche de tabac, et on utilise
ce paramètre comme donnée pour commander l'opération d'écrêtage.
[0013] Un autre objet de l'invention est un dispositif pour la mise en oeuvre du procédé
selon la revendication 1, comportant une bande transporteuse, des moyens d'aspiration
d'un flux d'air, capables de véhiculer un flux de particules de tabac avec le flux
d'air aspiré, et de concentrer ces particules sous forme d'une couche appuyée contre
la bande transporteuse, un dispositif écrêteur et un dispositif de commande de l'épaisseur
de la couche, caractérisé en ce que ce dernier dispositif comporte des moyens de
mesure distincts pour la porosité et la hauteur de la dite couche de tabac, des moyens
de traitement de signaux capables d'élaborer un paramètre de commande à partir de
signaux de mesure émis par les moyens de mesure, et un moyen d'ajustage de l'action
de l'écrêteur, réagissant à la valeur instantanée du dit paramètre.
[0014] On va décrire ci-après, à titre d'exemple, une forme d'exécution et une variante
du procédé et de l'appareil définis ci-dessus.
[0015] Pour cela, on se référera au dessin annexé dont
la fig. 1 est une vue générale en perspective de la machine,
la fig. 2 est une vue schématique illustrant les principales opérations au cours de
la formation du boudin,
la fig. 3 est une vue en coupe longitudinale schématique, montrant la position des
capteurs,
la fig. 4 est une vue également schématique, montrant l'appareillage de formation
du boudin et les éléments principaux du système de traitement des signaux de mesure.
[0016] Le principe général de la formation du boudin est illustré à la fig. 2. Une bande
transporteuse sans fin 1, qui est constituée d'un nylon perméable à l'air, est montée
sur des galets 2 et se déplace dans le sens indiqué par la flèche 3. Un dispositif
4 de fourniture de tabac est placé sous l'extrémité droite du dispositif 1, 2. Les
particules de tabac sont en vrac dans un réservoir et, au moyen d'un ventilateur (non
représenté), on crée un flux d'air 6 qui traverse les deux brins de la bande 1 et
qui véhicule les particules de tabac dans le sens ascendant et oblique de façon
à les accumuler sous forme d'une couche 5 sous le brin inférieur de la bande 1. Le
taux de compression et l'épaisseur de la couche 5 dépendent grossièrement des caractéristiques
du flux d'air. Le boudin proprement dit prend sa structure finale grâce à deux dispositifs
qui, comme on l'a vu, peuvent être combinés et qui sont représentés schématiquement
à la fig. 2 sous forme de l'écrêteur 7 et de la came de compression intermittente
8. Les particules de tabac, séparées par l'écrêteur, tombent dans un bac 9 et sont
récupérées en direction du réservoir d'alimentation 4, par des moyens qui ne sont
pas représentés. Le boudin proprement dit 10, qui présente maintenant ses propriétés
de compression et de section transversale définitives est conduit vers l'aval. Il
est enrobé dans une bande de papier continue, qui sera ensuite collée longitudinalement
puis sectionnée pour former les cigarettes.
[0017] La fig. 3 montre plus en détail, quoique schématiquement, les conditions de formation
de la couche 5. Le flux d'air 6 est, de façon générale, à une pression inférieure
à la pression atmosphérique puisque il est aspiré par un ventilateur, mais la pression,
du côté supérieur de la bande 1, est plus basse que la pression dans l'espace inférieur,
la chute de pression dépendant du fait que les particules de tabac accumulées contre
la bande 1 font obstacle au passage de l'air. On voit aussi à la fig. 3 que l'épaisseur
de la couche de tabac 5 est irrégulière. Par suite de phénomènes d'instabilité difficilement
contrôlables, il se forme des vagues que l'écrêteur 7 a pour fonction de régulariser.
[0018] En ce qui concerne ce dernier appareil, qui a été décrit dans la demande de brevet
mentionnée plus haut et qui est connu en soi, il n'est pas nécessaire de donner de
nombreux détails. Disons simplement que l'épaisseur de la couche de tabac, dans sa
partie aval désignée par 10, est déterminée par la hauteur d'une paire de disques
tournants, entraînés par un moteur et montés sur un support qui peut être soit fixe
soit mobile en hauteur. Dans le cas illustré par la fig. 2, la position de l'écrêteur
est fixe. En revanche, un servo-moteur à courant continu 11 (fig. 3), placé au-dessus
de la bande 1 en regard de l'écrêteur, peut actionner une tige de poussoir 12 vers
le haut ou vers le bas, de façon à modifier la position de la bande 1 en regard de
l'écrêteur, ce qui règle l'épaisseur de la couche 10.
[0019] Pour la mise en oeuvre du procédé défini plus haut, on prévoit, à l'amont de l'écrêteur
et du régulateur d'épaisseur 11, 12, deux capteurs de données qui sont constitués,
dans le cas particulier, par un dispositif de mesure à rayon laser 13, qui détermine
la hauteur instantanée de la couche 5 à l'endroit où il est placé et par un capteur
de pression 14, situé immédiatement à l'aval de l'instrument de mesure de hauteur
13. L'instrument de mesure de hauteur 13 est d'un type connu en soi. Il peut fonctionner
au moyen d'un rayon laser dont il mesure l'affaiblissement de l'intensité au cours
de la traversée de la couche 5. Il peut également être constitué par un instrument
de mesure de l'intensité d'un rayonnement infrarouge ou d'un flux d'électrons, c'est-à-dire
d'un rayonnement β. Cet ins trument de mesure est capable de donner des indications
répétées, prises à des intervalles de temps de 0,5 à 12 ms et de produire des signaux
électroniques correspondant aux valeurs mesurées, de façon à les transmettre à l'appareillage
d'élaboration du paramètre de commande.
[0020] Le capteur de pression 14 mesure la différence de pression entre la zone inférieure
et la zone supérieure de la couche 5 selon une surface dont la dimension, dans le
sens de déplacement de la bande 1, est très faible, tandis que la dimension dans le
sens perpendiculaire au dessin couvre toute la largeur de la couche 5. Il mesure
donc la porosité du tabac accumulé dans la couche 5. Le capteur de pression peut émettre
des signaux donnant les valeurs de mesure à des intervalles de temps de 0,5 à 12
ms, de sorte que, par exemple, pour un débit de l'ordre de 5'000/min et une constante
de temps de mesure de 0,5 ms, l'appareillage peut émettre vingt-quatre signaux de
mesure sur la longueur de chaque cigarette. Ces signaux sont utilisés pour effectuer
deux corrections sur chaque cigarette.
[0021] La fig. 4 montre à nouveau les éléments principaux de l'appareil formateur du boudin.
Le moteur 11 est commandé par un encodeur 15 qui reçoit ses ordres d'un transducteur
de position 16, relié lui-même à une unité centrale 17. Les signaux de mesure de hauteur
émis par le dispositif de mesure 13 sont amplifiés en 18 et transmis à une unité de
calcul 19 qui reçoit également, d'un amplificateur 20, les signaux de mesure de pression
transmis par l'élément de mesure 14. Au moyen des données des deux amplificateurs
18 et 20, l'unité de calcul 19 met en oeuvre un algorithme prédéterminé qui fournit,
à sa sortie, un signal représentant un paramètre F, qui est transmis à l'unité de
traitement principale 17. C'est à partir des valeurs de ce paramètre que les ordres
sont élaborés et transmis par le transducteur 16 à l'encodeur 15 et, par conséquent,
par le moteur 11 à l'actuateur linéaire qui commande la position de l'élément 12.
[0022] Comme on le voit également à la fig. 4, l'unité de contrôle et de mesures statistiques
21 peut recevoir les données nécessaires à son fonctionnement de l'unité centrale
17. Elle peut également recevoir des indications d'un contrôleur de radioactivité
22, placé sur le parcours du boudin et contrôlant le boudin du point de vue des émissions
éventuelles d'ordre nucléaire.
[0023] Il est évident encore que le système de contrôle 21 peut traiter également d'autres
données captées en aval sur le boudin ou en amont dans la réserve 4 des particules
de tabac en vrac.
[0024] On réalise ainsi une unité de contrôle de mesures et de réglage intégrée et capable
de fonctionner avec une constante de temps de réponse extraordinairement rapide,
susceptible d'être programmée à volonté.
1. Procédé pour la formation d'un boudin continu dans la fabrication des cigarettes,
comprenant l'aspiration d'un flux d'air entraînant des particules de tabac, pour former
une couche de tabac appliquée contre une bande transporteuse, l'écrêtage de cette
couche, et une ou plusieurs opérations de mesure fournissant une ou des données qui
commandent l'opération d'écrêtage,
caractérisé en ce que deux opérations de mesure sont effectuées en continu avant
l'écrêtage, ces mesures portent sur la hauteur de la couche et sur sa porosité, on
forme avec les valeurs issues des dites opérations de mesure et par application d'un
algorithme prédéterminé, un paramètre correspondant à la densité linéaire de la couche
de tabac, et on utilise ce paramètre comme donnée pour commander l'opération d'écrêtage.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la mesure de la porosité
comporte la mesure de la chute de pression subie lors de la traversée de la couche
de tabac par une portion du flux d'air aspiré à travers cette couche.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la mesure de la hauteur
de la couche de tabac comporte la mesure de l'affaiblissement d'un faisceau de rayons
émis à travers la couche.
4. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la commande de l'écrêtage
consiste dans un déplacement contrôlé de l'écrêteur ou de la bande transporteuse,
de manière à modifier l'épaisseur de la couche régularisée par l'écrêteur.
5. Appareil pour la mise en oeuvre du procédé selon la revendication 1, comportant
une bande transporteuse, des moyens d'aspiration d'un flux d'air, capables de véhiculer
un flux de particules de tabac avec le flux d'air aspiré, et de concentrer ces particules
sous forme d'une couche appuyée contre la bande transporteuse, un dispositif écrêteur
et un dispositif de commande de l'épaisseur de la couche, caractérisé en ce que ce
dernier dispositif comporte des moyens de mesure distincts pour la porosité et la
hauteur de la dite couche de tabac, des moyens de traitement de signaux capables
d'élaborer un paramètre de commande à partir de signaux de mesure émis par les moyens
de mesure, et un moyen d'ajustage de l'action de l'écrêteur, réagissant à la valeur
instantanée du dit paramètre.
6. Appareil selon la revendication 5, caractérisé en ce que les moyens de mesure
sont agencés pour mesurer la hauteur et la porosité de la couche de tabac en des emplacements
voisins situés à l'amont de l'écrêteur.
7. Appareil selon la revendication 6, caractérisé en ce que les moyens de mesure
de la hauteur de la couche sont du type à rayon laser.
8. Appareil selon la revendication 6, caractérisé en ce que les moyens de mesure
de la porosité de la couche de tabac sont agencés pour mesurer la chute de pression
du flux d'air dans son parcours à travers la couche de tabac sur une portion de surface
de la couche.
9. Appareil selon la revendication 5, carac térisé en ce que les moyens d'ajustage
de l'action de l'écrêteur sont associés à l'écrêteur et le déplacent dans une direction
perpendiculaire à la bande transporteuse.
10. Appareil selon la revendication 5, caractérisé en ce que les moyens d'ajustage
de l'action de l'écrêteur sont associés à la bande transporteuse et déplacent une
partie de cette bande située en face de l'écrêteur dans une direction perpendiculaire
à la bande.
11. Appareil selon la revendication 9 ou la revendication 10, caractérisé en ce que
les moyens d'ajustage de l'action de l'écrêteur comportent un moteur à courant continu
associé à un donneur d'impulsions qui réagit à la valeur du paramètre.