[0001] La présente invention concerne le traitement de peaux d'animal en vue de séparer
le cuir de son revêtement superficiel, laine ou poils.
[0002] Actuellement cette séparation s'effectue par voie chimique ou biologique, ce qui
conduit à une pollution des eaux qu'il convient ensuite impérativement de traiter.
En outre le délainage chimique dégrade la qualité de la laine et partiellement celle
du cuir. De même le délainage biologique dégrade partiellement la qualité du cuir.
De plus, ces traitements sont particulièrement longs (de 24 h à 48 h) entre le début
de l'opération de délainage et le nettoyage définitif du cuir (lavage et neutralisation).
[0003] Ce sont les raisons pour lesquelles on a déjà proposé d'effectuer la séparation du
cuir de son revêtement superficiel d'une peau d'animal en la soumettant à l'effet
d'une très basse température qui assure une sorte de congélation permettant de faciliter
de façon importante le délainage des peaux de mouton, mais ce procédé encore très
rudimentaire et au stade de simple expérimentation n'a pas donné les meilleurs résultats
escomptés, car le froid intense et brutal mis en oeuvre provoque des fissures, ruptures
et/ou déformations des peaux ainsi traitées.
[0004] La présente invention vise un procédé de traitement de peau de ce dernier type qui
est particulièrement satisfaisante, car il évite toute craquelures et/ou fissures
et/ou déformations des peaux traitées, tout en opérant à forte cadence avec une efficacité
d'arrachage final de la laine particulièrement satisfaisante.
[0005] Les objectifs sont atteints, dans un procédé selon l'invention, en ce qu'on assure
ladite rigidification par congélation par une étape finale de refroidissement intense
avec de l'azote liquide mis en contact avec ladite peau simultanément côté cuir et
côté laine ou poils, étape qui est précédée par une étape de prérefroidissement progressif
en dessous de 0°C opérée essentiellement côté cuir avec de l'azote gazeux froid issu
de l'azote liquide disponible à l'étape finale de refroidissement intense.
[0006] Selon une forme de mise en oeuvre du procédé selon l'invention, la peau étant disposée
à extension substantiellement horizontale, côté cuir dirigé vers le bas, le refroidissement
final intense est assuré d'une part par une projection ascendante, côté cuir, d'azote
liquide pulvérisé en fines gouttelettes, et, côté laine ou poils, par une pluie de
gouttes d'azote liquide s'écoulant par gravité au travers d'un tamis récepteur d'azote
liquide.
[0007] Selon le procédé de l'invention, le prérefroidissement progressif avec de l'azote
gazeux froid s'effectue par brassage d'azote vaporisé dans une zone confinée adjacente
du côté cuir de la peau d'animal.
[0008] Cette façon de faire a été mise en évidence à la suite de nombreux essais de faisabilité
réalisés sur des peaux de moutons, essais qui ont montré qu'il était nécessaire d'atteindre
une température inférieure à -120°C pour la peau afin de pouvoir réaliser facilement
l'extraction de la laine. En effet, à partir de cette température, on peut l'arracher
facilement à la main. Selon la qualité et l'origine de la peau, la température de
délainage peut varier de - 120 à -180°C.
[0009] Mais la manière de refroidir est très délicate et afin d'éviter les contractions
internes de la peau, il convient de procéder de façon progressive et homogène. Le
procédé selon l'invention permet d'assurer cette progressivité et cette homogénéité
de la chute initiale en température en assurant cette action refroidissante essentiellement
sur le côté cuir, ce qui permet d'amener la peau à une température froide inférieure
à 0°C, par exemple à une température de l'ordre de -10°C, après quoi le refroidissement
intense opéré sur les deux faces de la peau peut intervenir sans risque de fissuration.
[0010] L'invention a également pour objet une installation de traitement de peaux d'animal,
du genre comportant un tunnel à paroi d'isolation thermique, incorporant un tapis
transporteur de peaux perméable au gaz, qui est caractérisé par des moyens de brassage
gazeux dans une partie amont adjacente à l'entrée et, dans une partie aval adjacente
à la sortie, par des moyens de pulvérisation et projection vers le haut d'azote liquide,
situés en-dessous des moyens du tapis transporteur et des moyens de formation d'une
pluie de gouttes d'azote liquide situés au dessus du tapis transporteur.
[0011] Les caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront d'ailleurs de la description
qui suit à titre d'exemple en référence au dessin annexé dont la figure unique est
une vue schématique en coupe longitudinale d'une installation selon l'invention.
[0012] En se référant au dessin, une installation de traitement des peaux comporte un tunnel
1 à parois d'isolation thermique 2 avec voûte 3 et sole 4, définissant une entrée
5 et une sortie 6. A l'intérieur du tunnel 1 est monté un tapis transporteur 8, perméable
au gaz et résistant aux basses températures avec deux poulies de renvoi 9 et 10, formant
deux brins de tapis 8
a et 8
b, l'entrée 5 étant équipée d'un collecteur gazeux 12 à extracteur 13.
[0013] Une zone amont 15 du tunnel 1 adjacente à l'entrée 6 présente une voûte basse 3
a tandis qu'une zone restante 16 adjacente à la sortie 6 présente une voûte haute 3
b.
[0014] Dans la zone 15 à voûte basse 3
a est agencée en-dessous du brin inférieur de retour 8
b du tapis 8 une rangée longitudinale de moyens de brassage 17 (quatre au dessin) dont
les axes orientés verticalement sont mûs par des moteurs 18.
[0015] Dans la zone aval 16 sont agencés d'une part et en position basse un jeu de rampes
de pulvérisation de fines gouttelettes d'azote liquide 21 projetant les gouttelettes
vers le haut en direction du tapis 8, d'autre part et en position haute des tamis
22 destinées à former une pluie de gouttes d'azote liquide.
[0016] Sur la sole 4 du tunnel 1 sont placés des bacs récupérateurs 23 dans toutes la partie
aval 16 et s'étendant au-delà vers la partie amont 15, à peu près sous la moitié des
moyens de brassage 17.
[0017] Le fonctionnement de l'installation est le suivant :
[0018] A la mise en route, il convient d'abord d'assurer la mise en froid et à cet effet
de l'azote liquide alimente à la fois les pulvérisateurs 21 et les tamis égoutteurs
22, ce qui a pour effet d'abaisser considérablement la température de la partie aval
et de mettre en froid le tapis transporteur 8. Simultanément l'azote froid gazeux
résultant de la vaporisation de l'azote liquide est dirigé, grâce à l'effet de l'
extracteur 13, vers l'amont à contre-courant du mouvement du tapis transporteur 8.
Cet azote gazeux, ainsi que l'azote en cours d'évaporation résultant de la récupération
d'azote liquide dans les bacs 23 est repris par les moyens de brassage 17 assurant
ainsi des mouvements tourbillonnaires de convection.
[0019] Une fois le tunnel mis en froid, on introduit successivement les peaux 30 à plat
sur le brin supérieur 8
a du tapis transporteur 8, la peau étant posée de façon que la face cuir 31 est appliquée
contre le brin 8
a du tapis 8, alors que la face laine ou poils 32 est orientée vers le haut.
[0020] Dans une première zone 15
a de la partie amont 15, les peaux 30 commencent à subir un prérefroidissement en recevant
la chaleur sensible de l'azote gazeux qui a été préalablement vaporisé dans la partie
aval 16 et partiellement réchauffé dans la seconde zone 15
b de la partie 15, où l'action cryogénique de l'azote vaporisé est secondée par un
complément de vaporisation de l'azote liquide s'écoulant d'aval vers l'amont dans
les bacs récupérateurs 23. On note que ce premier refroidissement des peaux intervient
essentiellement sur la face cuir qui se congèle progressivement à une température
située en-dessous de 0°C, la congélation pouvant être superficielle ou totale selon
l'épaisseur et la matière (souplesse plus ou moins accentuée) du cuir de peau.
[0021] Dans la seconde zone 15
b, se produit un refroidissement des peaux également par convection forcée par les
moyens de brassage 18 mais avec intervention d'azote gazeux en provenance de la partie
aval, donc non encore réchauffé et surtout intervention de l'effet de vaporisation
de l'azote liquide présent en ce niveau dans les bacs récupérateurs 23. A ce niveau,
la température des peaux chûte progressivement à nouveau.
[0022] Dans la partie 16 du tunnel 1 s'effectue alors un double refroidissement direct des
peaux :
- d'une part par pulvérisation d'azote liquide en-dessous de la peau, côté cuir, l'azote
liquide pulvérisé passant au-travers du tapis 8 ;
- d'autre part par ruissellement d'azote liquide sous forme de gouttes d'environ 1
mm de diamètre, qui parvient directement dans le matelas épais de laine, où la vaporisation
se réalise dans de bonnes conditions du fait de la très grande surface d'échange offerte
par la laine.
[0023] En ajustant les quantités d'azote liquide déposées dans la laine et pulvérisées sous
le cuir, on règle la température finale pour obtenir le délainage. A la sortie du
tunnel, le délainage peut avoir une durée telle que les peaux se réchaufferont (même
légèrement) et le délainage ne sera plus possible. Selon un mode préférentiel de l'invention,
on déverse dans la laine une quantité excédentaire d'azote liquide, qui, en continuant
de se vaporiser pendant l'étape de délainage même, assure le maintien d'une température
suffisamment basse.
1. Procédé de traitement d'une peau d'animal en vue de séparer le cuir de son revêtement
superficiel, laine ou poils, dans lequel on assure une rigidification par congélation
de ladite peau avant de procéder à ladite séparation par arrachement, caractérisé
en ce qu'on assure ladite rigidification par congélation par une étape finale de refroidissement
intense avec de l'azote liquide mis en contact avec ladite peau simultanément côté
cuir et côté laine ou poils, précédé par une étape de prérefroidissement progressif
en-dessous de 0°C opérée essentiellement côté cuir avec de l'azote gazeux froid résultant
de la vaporisation de l'azote liquide disponible à l'étape finale de refroidissement
intense.
2. Procédé de traitement d'une peau d'animal selon la revendication 1, caractérisé
en ce que la peau étant disposée à extension substantiellement horizontale, côté cuir
dirigé vers le bas le refroidissement final intense est assuré, d'une part par une
projection ascendante côté cuir d'azote liquide pulvérisé en fines gouttelettes, et
côté laine ou poils par une pluie de grosses gouttes d'azote liquide s'écoulant par
gravité au-travers d'un tapis récepteur d'azote liquide.
3. Procédé selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que la quantité d'azote
liquide déversée en pluie dans le revêtement superficiel est suffisante pour que de
l'azote liquide reste présent dans ledit revêtement sensiblement jusqu'à la fin de
l'opération de séparation.
4. Procédé de traitement d'une peau d'animal selon l'une des revendications 1 à 3,
caractérisé en ce que le prérefroidissement progressif avec de l'azote gazeux froid
s'effectue par brassage d'azote vaporisé dans une zone confinée adjacente au côté
cuir de la peau d'animal.
5. Installation de traitement de peaux d'animal,comportant notamment un tunnel à paroi
d'isolation thermique, incorporant un tapis transporteur de peaux, perméable au gaz,
caractérisée par des moyens de brassage gazeux (17) dans une partie amont (15) adjacente
à l'entrée (16) et, dans une partie aval (16) adjacente à la sortie des moyens (21)
de pulvérisation et projection vers le haut d'azote liquide, situés en-dessous du
tapis transporteur (8) et ces moyens (22) de formation d'une pluie de gouttes d'azote
liquide situés au-dessus du tapis transporteur (8).
6. Installation de traitement de peaux d'animal, selon la revendication 5, caractérisée
en ce que la partie aval (16) du tunnel (1) présente une voûte de tunnel (3) à distance
du tapis transporteur qui est nettement plus faible que la distance de la soie (4)
de tunnel audit transporteur.
7. Installation de traitement de peaux d'animal selon la revendication 5 ou 6, caractérisée
par des bacs de récupération (23) d'azote liquide dans toute la partie aval (16),
qui s'étendent jusque dans la partie amont (15) en-dessous des moyens de brassage
(17).