[0001] La présente invention concerne un procédé de fabrication de moules-carapaces pour
fonderie, notamment destinés à être utilisés dans des procédés de fonderie dits à
la cire perdue.
[0002] Comme il est déjà bien connu, les procédés de fonderie à la cire perdue utilisant
des moules-carapaces en céramique comportent notamment les étapes suivantes :
- réalisation d'un modèle, généralement en cire, de la pièce à réaliser,
- dépôt sur le modèle d'une suspension de céramiques à partir d'une barbotine épaisse,
- dépôt de grains de céramique en stucco,
- séchage, par exemple en étuve, entraînant une élimination du solvant de la suspension
et une consolidation de la couche,
- dépôt d'une nouvelle couche de suspension de céramiques à partir d'une barbotine
fluide,
- nouveau dépôt de grains de céramique en stucco,
- séchage, comme précédemment,
- les couches sont renouvelées éventuellement autant de fois que de nouveaux éléments
doivent être introduits en vue d'obtenir les caractéristiques recherchées dans l'application
particulière, qu'elles soient de nature physique, chimique ou mécanique,
- traitement thermique de l'ensemble obtenu dans des conditions déterminées, adaptées
aux compositions et produits utilisés, conduisant à l'élimination du modèle organique
et à une "cuisson" du moule avec une consolidation notamment par frittage éventuellement
réactif,
- réalisation d'une opération de coulée de pièce dans le moule obtenu.
[0003] Des exemples de composition de barbotine sont notamment donnés par FR-A-2 599 649.
[0004] Dans l'utilisation d'un procédé tel qu'il a été schématiquement décrit ci-dessus
diverses difficultés sont apparues imposant des précautions particulières d'emploi.
Le dépôt de la première couche sur le modèle en cire s'avère notamment délicat. Il
est nécessaire en effet d'utiliser une barbotine épaisse pour obtenir cette première
couche, de la revêtir d'un dépôt de grains et de surveiller de près les conditions
de séchage pour éviter un surséchage. Toutes ces conditions contraignantes sont en
effet nécessaires pour limiter les décohésions de ladite première couche et éviter
un phénomène de feuilletage. Ces difficultés sont aggravées notamment lorsque le modèle
présente des zones peu accessibles dites "enfermées" et des problèmes d'adhérence
du dépôt céramique sur le modèle en cire entraînant des décollements de la couche
apparaissent également en présence d'angles vifs ou de sections fines. Ces configurations
sont notamment rencontrées dans des applications particulièrement visées par l'invention
à des pièces aéronautiques, notamment destinées à des moteurs aéronautiques, et qui
présentent ces particularités, comme par exemple des aubes refroidies pour turbines.
[0005] Certaines tentatives de solution ont consisté notamment à rechercher des ajustements
de compositions des barbotines. C'est ainsi que, notamment dans le cas de compositions
d'un type connu en soi comportant un liant colloïdal, des produits tensio-actifs ont
été rajoutés, tels que à base de nonylphénol. Toutefois ces rajouts comportent un
risque de déstabilisation des compositions et ont habituellement un effet moussant
qui impose un ajout supplémentaire d'un produit anti-moussant.
[0006] On connaît également par US-A-2 908 952 le principe d'application d'un film d'adhérence
et de protection sur un modèle pour réaliser un moule. Dans ce cas, le film est obtenu
à partir d'une solution d'alkyl cellulose, agent mouillant, formaldéhyde et hydroxyde
d'ammonium dans l'eau.
[0007] Ces problèmes ont été résolus grâce à l'invention sans entraîner les inconvénients
des solutions précédemment connues et en procurant de nombreux avantages notamment
par rapport au choix connu des produits utilisés pour l'adhérence, au moyen d'un procédé
de fabrication de moules-carapaces pour fonderie du type précédemment évoqué comportant
les étapes successives suivantes :
(a) -dépôt sur le modèle d'un agent d'adhérence ;
(b) dépôt d'une couche d'une suspension de céramiques à partir d'une barbotine fluide
;
(c) -séchage ;
(d) -dépôt d'une nouvelle couche de suspension de céramique à partir de la même barbotine
fluide précédemment utilisée à l'étape (b) ;
(e) -dépôt de grains de céramique en stucco ;
(f) -séchage.
caractérisé en ce que l'agent d'adhérence déposé à ladite étape (a) du procédé est
constitué d'une solution à 3% d'une amino-silane dans un solvant constitué d'un mélange
d'éthanol et d'acétate d'éthyle chacun dans une proportion comprise entre 25% et 75%
du solvant.
[0008] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention seront mieux compris à la lecture
de la description qui va suivre d'un exemple non limitatif de réalisation illustrant
l'invention.
EXEMPLE
[0009] On a préparé un produit solvant par mélange d'éthanol et d'acétate d'éthyle. Les
tests réalisés à partir de diverses proportions des composants ont permis d'établir
que les proportions acceptables de chacun des constituants se situent entre 25% et
75%. On a notamment constaté que l'alcool seul avait une réaction avec l'agent d'adhérence
utilisé et le rend inefficace en moins de 24 heures. Par ailleurs, l'acétate d'éthyle
seul conduit à une détérioration de l'état de surface du modèle en cire par dissolution.
Par contre le mélange des deux produits dans les proportions indiquées limitent les
réactions néfastes.
[0010] Une solution est obtenue en ajoutant dans ledit solvant 3% d'un agent d'adhérence
de type aminosilane. Divers produits commerciaux fournis par la Société Dynamit Nobel
sous les dénominations commerciales Dynasilan 1505 ou Ammo, par exemple, ont été testés
avec succès. La solution obtenue présente une bonne stabilité et a une durée de conservation
en bidon fermé de plusieurs semaines.
[0011] L'étape (a) du procédé de fabrication de moules-carapaces pour fonderie caractéristique
de l'invention et consistant en un dépôt d'un agent d'adhérence sur le modèle peut
alors être effectuée selon le processus suivant :
(a1) -immersion du modèle dans la solution dont la préparation a été décrite ci-dessus,
pendant 3 à 4 minutes au moins ;
(a2) -élimination du solvant par évaporation à l'ambiante;
(a3)-rinçage éventuel à l'eau pour éliminer les coulures éventuelles ou surplus d'agent
d'adhérence ;
(a4) -séchage à l'ambiante.
[0012] L'efficacité du dépôt d'agent d'adhérence ainsi obtenu sur le modèle est conservée
pendant environ 24 heures et une réactivation reste possible, simplement en répétant
le processus a1 à a4 décrit ci-dessus.
[0013] Après ce dépôt, on a procédé à l'étape (b) de dépôt d'une couche de suspension de
céramique par trempage du modèle dans une barbotine fluide, suivie de l'étape (c)
de séchage.
[0014] La suppression de l'utilisation précédemment mise en oeuvre dans les procédés antérieurs
connus d'une barbotine épaisse pour la réalisation de la première couche présente
divers avantages :
- du fait de sa densité, cette barbotine épaisse nécessitait l'utilisation d'un mélangeur
particulier pour sa préparation ;
- sa stabilité est moins assurée et on rencontrait des difficultés à contrôler et
maintenir constante cette barbotine épaisse du fait de l'évolution sensible dans le
temps de ses caractéristiques rhéologiques et de son pH ;
- un procédé de trempage utilisant un robot ne lui était guère applicable, contrairement
à la barbotine fluide utilisée selon l'invention.
[0015] On a ensuite répété autant de fois que nécessaire pour obtenir les épaisseurs désirées
et les caractéristiques du moule recherchées les étapes suivantes du procédé conforme
à l'invention :
- (d) dépôt d'une nouvelle couche de suspension de céramiques à partir de la même
barbotine fluide utilisée à l'étape (b) ;
- (e) dépôt de grains de céramique en stucco;
- (f) séchage.
[0016] L'utilisation d'une barbotine fluide dès le premier trempage du modèle (étape b du
procédé selon l'invention) permet de mieux napper le modèle dans les enfermés ou zones
peu accessibles lors des opérations de trempage et de mieux maîtriser les épaisseurs
déposées à l'égouttage. L'accrochage des grains en stucco est réalisé sur une seconde
couche renforçant la première couche sèche issue de la barbotine fluide, ce qui empêche
le stucco de traverser la première couche, d'entrer en contact avec la cire du modèle
et de détériorer l'état de surface. Quel que soit le stucco utilisé, fin ou grossier,
on a ainsi observé une amélioration, de l'ordre de 30% du Ra, de l'état de surface
de la carapace obtenue.
[0017] A partir de cet exemple de réalisation qui a permis de constater dans la mise en
oeuvre du procédé conforme à l'invention les avantages du dépôt sur le modèle d'un
agent d'adhérence de nombreux avantages dont certains ont déjà été signalés et notamment
:
- la suppression de l'adjonction de produits tensio-actifs dans les barbotines et
des inconvénients qui en découlaient ;
- l'obtention d'une liaison entre les surfaces du modèle et de la carapace présentant
une bonne résistance mécanique ;
- une tolérance plus importante vis à vis des conditions de séchage,
des variantes de réalisation restent possibles.
[0018] L'efficacité de l'agent d'adhérence a été testée sur diverses cires et sur un matériau
de modèle de type rhodoïd.
[0019] Les essais décrits ci-dessus ont été réalisés en utilisant des barbotines en suspensions
aqueuses comportant un liant à base de silice colloïdale. Mais des applications peuvent
également être envisagées avec des suspensions en milieu alcool, notamment en utilisant
des barbotines comportant du silicate d'éthyle.
[0020] Le mode d'application de la solution comportant l'agent d'adhérence qui a été décrit
par immersion peut être effectué par aspersion.
[0021] Par ailleurs, en dehors des produits commerciaux signalés, l'agent d'adhérence peut
être obtenu à partir d'un produit de type aminosilane.
[0022] On notera enfin, comme avantage du procédé selon l'invention offrant de grandes souplesses
d'utilisation, qu'il permet, en effectuant un dépôt sélectif de l'agent d'adhérence
sur certaines zones choisies d'un modèle, de n'effectuer un dépôt de couche céramique
que sur ces parties intéressantes du modèle.
[0023] En fonction des contraintes de fabrication, le procédé classique utilisant une barbotine
épaisse peut être conservé en incorporant l'étape préalable du dépôt de l'agent d'adhérence,
conformément à l'invention et en conservant les avantages d'amélioration de l'encollement
à l'interface cire/céramique et évitant les décohésions ultérieures, en cas de surséchage
notamment.
1. Procédé de fabrication de moules-carapaces pour fonderie utilisant un modèle, notamment
en cire, de la pièce de fonderie à réaliser comportant les étapes successives suivantes
:
(a) - dépôt sur le modèle d'un agent d'adhérence ;
(b) - dépôt d'une couche d'une suspension de céramiques à partir d'une barbotine fluide
;
(c) - séchage ;
(d) - dépôt d'une nouvelle couche de suspension de céramiques à partir de la même
barbotine fluide précédemment utilisée à l'étape (b) ;
(e) - dépôt de grains de céramique en stucco ;
<(f) - séchage,
les étapes (d) à (f) étant, de manière connue en sol, répétées autant de fois qu'il
est nécessaire pour obtenir les épaisseurs et les caractéristiques du moule recherchées
et suivies d'un traitement thermique de cuisson et consolidation du moule par frittage
avec élimination du modèle organique,
caractérisé en ce que l'agent d'adhérence déposé à ladite étape (a) du procédé est
constitué d'une solution à 3% d'un produit de type aminosilane dans un solvant obtenu
par mélange d'éthanol et d'acétate d'éthyle, chacun dans une proportion comprise entre
25% et 75% du solvant.
2. Procédé de fabrication de moules-carapaces selon la revendication 1 dans lequel
ladite étape (a) du procédé est effectuée selon le processus suivant :
(a1) - immersion du modèle dans ladite solution pendant 3 à 4 minutes au moins ;
(a2) - élimination du solvant par évaporation à l'ambiante ;
(a3) - rinçage éventuel à l'eau pour éliminer les coulures ou surplus d'agent d'adhérence
;
(a4) - séchage à l'ambiante.
3. Procédé de fabrication de moules-carapaces selon la revendication 1 dans lequel
ladite étape (a) du procédé est effectuée par aspersion du modèle au moyen de ladite
solution.
4. Procédé de fabrication de moules-carapaces pour fonderie utilisant un modèle, notamment
en cire, de la pièce de fonderie à réaliser caractérisé en ce qu'il comporte les étapes
successives suivantes :
(a) - dépôt sur le modèle d'un agent d'adhérence constitué d'une solution à 3% d'un
produit de type aminosilane dans un solvant obtenu par mélange d'éthanol et d'acétate
d'éthyle, chacun dans une proportion comprise entre 25% et 75% du solvant,
(b) - dépôt sur le modèle d'une suspension de céramique à partir d'une barbotine épaisse
;
(c) - dépôt de grains de céramique en stucco ;
(d) - séchage ;
(e) - réitération de dépôt d'une ou plusieurs couches selon le processus (b) (c) et
(d) à partir d'au moins une barbotine de fluidité adaptée.
5. Procédé de fabrication de moules-carapaces selon la revendication 4 dans lequel
ladite étape (a) du procédé est effectuée selon le processus suivant :
(a1) - immersion du modèle dans ladite solution pendant 3 à 4 minutes au moins
(a2) - élimination du solvant par évaporation à l'ambiante ;
(a3) -rinçage éventuel à l'eau pour éliminer les coulures ou surplus d'agent d'adhérence
;
(a4) -séchage à l'ambiante.