[0001] L'invention concerne un procédé pour la fabrication en continu d'un fil élastique
à base d'élasthane. Elle se rapporte également à une machine pour la mise en oeuvre
de ce procédé.
[0002] Il est connu depuis fort longtemps de fabriquer des fils élastiques guipés, notamment
par la technique dite "de simple guipage". Pour ce faire, on étire tout d'abord le
fil élasthane de trois à cinq fois, puis on enroule autour de celui-ci en spires,
de préférence jointives, un fil dit "enrobant", notamment un fil texturé. En pratique,
la torsion de guipage qui varie en fonction inverse du titre du fil enrobant est de
l'ordre de mille à trois mille (1000 à 3000) tours/mètre (t/m), puisque l'on désire
obtenir des spires sensiblement jointives. Aussi, lorsque l'on désire réaliser des
fils simples guipés le plus fin possible et avec le minimum de gonflant, tels que
les fils que l'on recherche pour la fabrication des jambes de bas, on utilise couramment
des fils élasthane assez fins, c'est-à-dire de l'ordre de dix à quarante dtex, que
l'on recouvre par un fil synthétique grège ou texturé par fausse torsion de dix à
trente dtex, guipé à des torsions de l'ordre de mille cinq cent (1500) tours par mètre
(t/m). Bien que cette technique soit très largement répandue, elle présente néanmoins
certains inconvénients notables, tels que le prix de revient élevé et l'impossibilité
d'obtenir des enroulements sans noeud de poids appréciable
[0003] Dans le document FR-B-2 561 676 des Demandeurs, on a proposé une technique qui consiste
à guiper le fil élasthane tendu avec un fil synthétique multifilamentaire partiellement
étiré avec une torsion de guipage du tiers de la torsion usuelle, puis dans une phase
distincte à compléter cette torsion par une broche double torsion, et enfin dans une
troisième phase également distincte à faire subir au fil guipé un étirage complémentaire
résiduel à chaud. Cette technique donne des fils guipés bien adaptés à la fabrication
des bas et des collants où l'on recherche les fils les plus fins possible. Toutefois,
pour obtenir un guipage correcte du fil élasthane et par là le protéger contre les
éraillages, il faut tordre le fil à des torsions de l'ordre de deux mille (2000) tours/mètre
(t/m). Il s,ensuit que cette technique, bien que développée, reste encore coûteuse.
[0004] On a également proposé de tricoter (ou de tisser) des fils élasthane tendus nus.
Bien que proposée depuis longtemps, cette technique ne s'est pas développée par suite
du coût trop élevé de fabrication, résultant notamment du pourcentage élevé des produits
finis (collants) de deuxième choix.
[0005] L'invention pallie ces inconvénients. Elle vise un procédé et une machine pour la
fabrication en continu sur une seule position de travail d'un fil élasthane assemblé
qui soit rapide, économique, et permette notablement d'abaisser la quantité de fils
élasthane et par voie de conséquence le prix de ce fil, tout en augmentant la finesse
des fils réalisés de la sorte, finesse qui est de plus en plus recherchée notamment
dans la fabrication des bas et des collants. En outre, cette technique perfectionnée
permet de mettre en oeuvre les fils réalisés de la sorte à des vitesses de tricotage
sans commune mesure avec celle utilisée avec des fils nus.
[0006] Ce procédé perfectionné pour la fabrication d'un fil élastique se
caractérise en ce qu'il consiste en continu et sur la même position de travail :
- dans un premier temps, à assembler à une torsion inférieure à cinq cent (500) tours/mètre
(t/m) et sans résultante de torsion, un fil élasthane nu tendu avec un fil synthétique
multifilamentaire partiellement étiré ;
- puis, dans un deuxième temps, à faire subir à ce fil assemblé un étirage complémentaire
à chaud pour compléter l'étirage résiduel, d'une part du fil multifilamentaire partiellement
étiré, et d'autre part du fil élasthane tendu ;
- et enfin, à renvider le fil élastique obtenu.
[0007] Comme on le sait, un "fil synthétique multifilamentaire partiellement étiré" est
un fil synthétique qui n'a subi qu'un étirage partiel, c'est-à-dire qu'une orientatation
moléculaire partielle. De tels fils sont bien connus et sont appelés couramemnt "POY"
(pré-oriented yarn) ou parfois MOY (medium oriented yarn). De tels fils sont décrits
notamment dans le document FR-A-2 151 896 ou dans ses correspondants américains USA
3 771 162 et 3 772 872 de DUPONT DE NEMOURS.
[0008] Par "sans résultante de torsion", on désigne un fil assemblé dont chaque fil aurait
une torsion nulle si on retirait l'autre fil.
[0009] En pratique :
- le fil enrobant est un fil de polyamide partiellement étiré, présentant un taux
d'étirage résiduel de l'ordre de 10 à 25 % ;
- le fil élasthane est étiré dans un rapport de trois.
[0010] Il importe que la torsion d'assemblage du premier temps soit inférieure a cinq cent
(500) tours/mètre (t/m). En effet, si on assemble avec des torsions supérieures,
d'une part on augmente inutilement le prix de revient sans amélioration proportionnelle,
et d'autre part et surtout on affecte l'aspect des produits finis (collants). Avantageusement,
cette torsion pour des fils fins destinés à la fabrication des bas et collants, c
est-à-dire dans lesquels on utilise un fil d'élasthane de l'ordre de vingt dtex, doit
être comprise entre cent cinquante et trois cent (150 et 300) tours/mètre (t/m), avantageusement
voisine de deux cent cinquante (250) tours/mètre (t/m).
[0011] L'invention concerne également une machine pour la fabrication d'un tel fil élastique.
Cette machine constituée par une pluralité de positions de travail se
caractérise en ce que chaque position comprend :
- une broche creuse à plateau tournant, destinée à recevoir un enroulement fixe de
fil élasthane, immobilisé pendant la rotation du plateau ;
- un moyen d'amenée d'un fil multifilamentaire partiellement étiré depuis un enroulement
jusqu'au plateau tournant de la broche creuse ;
- un moyen d'étirage du fil élasthane ;
- un moyen pour assembler sans résultante de torsion le fil multifilamentaire partiellement
étiré avec le fil d'élasthane tendu ;
- un train d'étirage du fil assemblé formé pour compléter l'étirage résiduel du fil
multifilamentaire et du fil élasthane tendu, constitué de deux paires de rouleaux
respectivement d'appel et d étirage ;
- un organe de chauffage disposé entre les deux paires de rouleaux ;
- un organe de renvidage du fil élastique formé.
[0012] Il est indispensable que l'étirage du fil assemblé s'effectue à chaud pour favoriser
à la fois l'étirage résiduel du fil multifilamentaire, et également pour augmenter
la capacité d'allongement du fil élasthane d'âme.
[0013] Dans le document FR-A-2 184 230 de l'un des Demandeurs, on a décrit un procédé de
simple guipage d'un fil élasthane tendu par enroulement d'un fil d'enrobage en hélice
au moment du blocage de la fausse torsion, notamment en faisant appel à une broche
creuse à plateau tournant sur lequel l'enroulement d'élasthane est immobilisé, puis
traitement thermique éventuellement en continu. Ici, on utilise un fil multifilamentaire
standard, c'est-à-dire totalement étiré, et le fil assemblé obtenu a une mauvaise
couverture par le fil d'enrobage. C'est la raison pour laquelle cette technique ne
s'est d'ailleurs pas développée.
[0014] Il n'était pas évident de rapprocher puis d'adapter les enseignements de ces deux
techniques décrites dans les documents cités (FR-A-2 184 230 et 2 561 676), à preuve
le long délai écoulé, d'autant que la première technique non exploitée visait un procédé
continu, alors que la seconde exploitée visait un procédé discontinu. En outre et
surtout, le rapprochement de ces deux techniques toutefois en les adaptant, permet
de régler avec succès un problème qui se posait depuis fort longtemps, à savoir l'obtention
d'un fil élastique assemblé le plus fin possible, susceptible d'être tricoté à grande
vitesse. En outre, de manière surprenante, l'invention permet pour un même résultat,
c'est-à-dire pour les mêmes qualités textiles, de diminuer la quantité de fil élasthane
et par voie de conséquence,l'incidence de cette matière première coûteuse sur le
prix de revient du fil fini. De la sorte, les fils réalisés conformément à l'invention
peu vent être utilisés avec succès dans la fabrication des collants ou des bas où
l'on recherche la plus grande finesse.
[0015] La manière dont l'invention peut être réalisée et les avantages qui en découlent
ressortiront mieux de l'exemple de réalisation qui suit à la lumière de la figure
unique annexée, montrant une position de travail caractéristique conforme à l'invention.
[0016] D'une bobine de filature (1), on prend à la défilée un fil (2) de polyamide 6.6 POY
(pré-oriented yarn) ayant un titre de dix-sept dtex formé de six filaments élémentaires
parallèles. Ce fil POY (2) après étirage complémentaire, permet d'obtenir un fil
standard quatorze dtexsix brins.
[0017] Ce fil d'enrobage (2) passe ensuite dans un tendeur (3), puis pénètre dans l'axe
creux (4) d'une broche creuse désignée par la référence générale (5), portée par un
palier (6) et entraînée tangentiellement par une courroie (7). De manière connue,
le palier (6) peut être débrayé par éloignement de la courroie (7). Le fil d'enrobage
(2) partiellement étiré traverse l'axe de la broche (4), pénètre tangentiellement
dans le plateau tournant (8) et forme un ballon (9) limité par le barbin arrêt de
ballon (10).
[0018] La broche (5) porte un enroulement (11) de fil d'élasthane (12), par exemple un fil
commercialisé par DUPONT DE NEMOURS sous la marque déposée LYCRA de vingt deux dtex
(mono ou multifilamentaires). Pendant la rotation du plateau tournant (8), cet enroulement
(11) est fixe. Le fil d'élasthane (12) est fortement tendu par le freinage que le
tendeur exerce sur lui, alors qu'il est tiré vers le haut par l'appel positif du premier
rouleau d'appel (14) du train d'étirage. Lé fil élasthane (12) ainsi allongé pénètre
dans le barbin (10) où il est assemblé avec le fil (2) avec effet de fausse torsion,
mais sans résultante de torsion. Le fil assemblé obtenu (20) pénètre ensuite dans
un train d'étirage formé par deux paires de rouleaux ou de cabestans, respectivement
d'appel (14) et d'étirage (15) pour subir un étirage complémentaire destiné à compléter
l'étirage résiduel d'une part, du fil multifilamentaire (2) partiellement étiré et
d'autre part, du fil élasthane tendu (12).
[0019] Pour faciliter cet étirage et les propriétés d'allongement du fil fini, cet étirage
caractéristique complémentaire est effectué à chaud, c'est-à-dire par passage dans
un four thermique (16) connu.
[0020] Le fil assemblé élastique fini (21) est renvidé par un moyen connu (17) sous forme
de bobine (18). Dans une forme d'exécution pratique, le fil d'enrobage (2) est un
fil POY en polyamide 6.6. de dix-sept dtex - six brins susceptible, après étirage,
de former un fil standard de quatorze dtex - six brins. Le fil d'ame élasthane (12)
est un fil LYCRA (marque déposée E.I. DUPONT DE NEMOURS) de vingt-deux dtex, qui est
étiré après passage sur le tendeur (13) de trois fois environ pour être amené à sept
dtex. Le rapport des vitesses entre les deux cabestans (14) et (15) est réglé à environ
20 % et la température du four (16) à 160°C.
[0021] On obtient ainsi un fil assemblé élastique (21) constitué d'un fil élasthane de six
dtex environ, sensiblement rectiligne, recouvert de manière régulière, mais non jointive
par des spires de polyamide 6.6 de quatorze dtex - six brins. Le titre final de ce
fil (21) est de vingt dtex, ce qui était très difficile à obtenir économiquement à
ce jour. Ce fil convient parfaitement pour la fabrication des bas et collants sur
des métiers à tricoter à grande vitesse.
1/ Procédé pour la fabrication d'un fil (21) élastique à base d'élasthane, caractérisé en ce qu'il consiste en continu et sur la même position de travail :
- dans un premier temps, à assembler à une torsion inférieure à cinq cent (500) tours/mètre
(t/m), et sans résultante de torsion, un fil élasthane nu tendu (12) avec un fil synthétique
multifilamentaire partiellement étiré (2) ;
- puis, dans un deuxième temps, à faire subir à ce fil assemblé (20) un étirage complémentaire
à chaud (16) pour compléter l'étirage résiduel, d'une part du fil multifilamentaire
partiellement étiré (2), et d'autre part du fil élasthane tendu (12) ;
- et enfin, à renvider (17,18) le fil élastique (21) obtenu.
2/ Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le fil multifilamentaire
(2) est un fil polyamide partiellement étiré, présentant un taux d'étirage résiduel
compris entre 10 et 25 %.
3/ Procédé selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que le fil élasthane
(12) est étiré dans un rapport de trois.
4/ Machine pour la fabrication d'un fil élastique (21) à base d'élasthane constituée
par une pluralité de positions de travail, caractérisée en ce que chaque position comprend :
- une broche creuse (5) à plateau tournant (8), destinée à recevoir un enroulement
fixe (11) de fil (12) d'élasthane, immobilisé pendant la rotation du plateau ;
- un moyen (1,3) d'amenée d'un fil multifilamentaire partiellement étiré (2), depuis
un enroulement (1) jusqu'au plateau tournant (8) de la broche creuse (5) ;
- un moyen d'étirage (13) du fil d'élasthane (12) ;
- un moyen (10) pour assembler sans résultante de torsion le fil multifilamentaire
partiellement étiré (2) avec le fil d'élasthane tendu (12) ;
- un train d'étirage (14,15) du fil assemblé (20) formé pour compléter l'étirage résiduel
du fil multifilamentaire (2) et du fil d'élasthane tendu (12), constitué par deux
paires (14,15) de rouleaux respectivement d'appel (14) et d'étirage (15) ;
- un organe de chauffage (16) disposé entre les deux paires de rouleaux (14,15) ;
- un organe de renvidage (17,18) du fil élastique formé (21).