[0001] L'invention concerne un procédé de chauffage d'une masse métallique, notamment maintien
en fusion d'un bain métallique, du genre où l'on développe une énergie rayonnante
dans un espace surplombant ladite masse métallique en direction de la surface de la
masse métallique ou bain métallique.
[0002] Ce genre de technique est essentiellement utilisé en fusion dans les fours dits à
bassin pour la fusion et/ou le maintien d'alliages d'aluminium, où la chaleur nécessaire
à la fusion ou au maintien en fusion du métal est fournie par des éléments chauffants
placés en voûte et rayonnant directement sur la charge.
[0003] Le faible coéfficient d'absorption du métal liquide (coéfficient d'émissivité) pour
l'aluminium liquide de l'ordre de 0,15 à 0,23) pose les problèmes suivants dans ce
type de four :
[0004] Les températures de voûte sont importantes (souvent supérieures à 1000°C) afin de
pouvoir transférer l'énergie entre la voûte et le bain (température de bain de l'ordre
de 700°C avec les alliages d'aluminium). Les pertes thermiques par les réfractaires
et l'usure des éléments chauffants augmentent à mesure que la température de la voûte
s'élève.
[0005] De ce fait, ces fours manquent de nervosité. Une remontée de la température du bain
de quelques degrés (consécutive par exemple à l'arrivée d'une poche de métal liquide)
peut prendre parfois plusieurs dizaines de minutes. Pendant ce laps de temps, la fabrication
des pièces moulées est interrompue. Les arrêts peuvent donc perturber gravement la
fabrication.
[0006] D'autre part, la puissance installée doit être très supérieure à l'énergie moyenne
consommée. Dans le cas d'un four de maintien d'alliages d'aluminium, on a typiquement
80 kw de puissance installée pour 30 kwh/h de consommation moyenne.
[0007] De plus, ce type de transfert thermique favorise la formation de concrétions d'oxydes
qui détruisent les réfractaires du bain.
[0008] Pour tenter de résoudre ces problèmes, on a proposé de répandre sur le bain un corps
pulvérulent absorbant le rayonnement (graphite ou SiC) et dont la densité est inférieure
à celle de l'aluminium liquide. Cette manière de procéder n'est pas très efficace
car le corps pulvérulent est oxydé par l'oxygène de l'air et disparaît de la surface
du bain avec émission de monoxyde de carbone, ce qui présente un danger certain pour
les opérateurs travaillant autour du four (risques d'intoxication et d'explosion).
D'autre part les grains ont tendance à s'agglomérer avec l'aluminium, ce qui fait
chuter le coefficient d'absorption de la surface.
[0009] Le procédé suivant l'invention permet d'éviter les inconvénients susmentionnés, en
faisant propager l'énergie rayonnante dans une atmosphère de gaz neutre, puis au travers
d'une nappe flottante formée d'éléments de transition constituée d'une pluralité de
plaques en matériau bon conducteur thermique, bon absorbeur de rayonnement, et de
densité assurant leur flottabilité dans le métal en cours de chauffage. Grâce au bon
coefficient d'absorption des plaques (de l'ordre de 0,9) on améliore le transfert
thermique entre les plaques et la voûte rayonnante, la chaleur étant ensuite transférée
par conduction des plaques vers le bain. L'utilisation de plaques limite les dépôts
d'aluminium sur la surface absorbante (le coefficient d'absorption de la surface reste
donc très bon en utilisation. L'atmosphère inerte peut être injectée au travers du
bain par un bouchon poreux au fond du bassin ou directement à travers la voûte d'enceinte.
Le débit de gaz inerte est ajusté de façon à maintenir une légère surpression dans
l'enceinte. On élimine ainsi les entrées d'air et on limite l'oxydation du carbone
et tout risque de formation de monoxyde de carbone. L'atmosphère légèrement réductrice
ou neutre dans le four ne favorise pas le développement des concrétions, ce qui permet
d'améliorer la durée de vie des réfractaires.
[0010] Le procédé selon l'invention permet en outre d'accroître notablement la nervosité
des fours et leur productivité (diminution des arrêts de moulage). En effet, à température
de voûte constante, l'énergie transférée au bain est nettementplus importante (en
théorie accrue d'un facteur multiplicatif qui correspond au rapport des coefficients
d'absorption des surfaces 0,9/0,2 = 4,5) dans la réalité, on constate que ce facteur
multiplicatif est cependant plus faible.
[0011] Selon un forme de mise en oeuvre, les éléments de transition en forme de plaques
sont réalisés en graphite ou carbone et le gaz neutre est de l'azote et/ou argon.
[0012] L'invention est illustrée à titre d'exemple en référence au dessin annexé qui est
une vue schématique en coupe d'un four de maintien en fusion opérant selon l'invention.
[0013] Un tel four de maintien comporte un bassin 1 formé d'un fond 2 et de parois latérales
3 et 4 ; il contient un métal liquide 5, par exemple un alliage d'aluminium. Une zone
d'admission 6 de métal liquide ou de lingots est recouverte par une porte pivotante
13 et à l'opposé une zone 7 sert à prélever du métal liquide vers une machine de moulage.
[0014] Entre les zones 6 et 7 est ménagée l'enceinte de chauffage 8 à voûte 9 et parois
latérales 10 plongeant en dessous du niveau de bain liquide. La voûte 9 est équipée
de moyens de chauffage à rayonnement 12. Un injecteur de gaz neutre (non représenté)
dans l'enceinte 8 est ménagé soit au travers d'une paroi 10 d'enceinte, soit sous
forme de bonchon poreux au travers du fond 2 du bassin, à l'aplomb de l'enceinte 8,
le tout de façon que l'intérieur 11 de l'enceinte 8 reste sous faible surpression.
Par une trappe non représentée, ménagée au travers de la paroi d'enceinte 10, on a
engagé sur la surface du bain de métal en fusion une pluralité d'éléments de graphite
ou de carbone 3 sous forme de plaques de faible épaisseur (de l'ordre de quelques
centimètres) de façon à former une nappe flottante recouvrant la plus grande partie
de la surface du bain métallique 5.
[0015] L'invention s'applique en premier lieu à la fonderie d'aluminium ou d'alliages d'aluminium.
1. Procédé de chauffage d'une masse métallique, notamment maintien en fusion d'un
bain métallique, du genre où l'on développe une énergie rayonnante dans un espace
surplombant ladite masse métallique en direction de la surface de la masse métallique,
ou bain métallique, caractérisé en ce qu'on fait propager l'énergie rayonnante dans
une atmosphère de gaz neutre puis au travers d'une nappe flottante formée d'éléments
de transition constituée d'une pluralité de plaques en matériau bon conducteur thermique,
bon absorbeur de rayonnement, et de densité assurant leur flottabilité dans le métal
en cours de chauffage.
2. Procédé de chauffage d'un bain métallique selon la revendication 1, caractérisé
en ce que les éléments de transition en forme de plaques sont réalisés en graphite
ou carbone.
3. Procédé de chauffage d'un bain métallique selon la revendication 1, caractérisé
en ce que la gaz neutre d'inertage d'atmosphère est de l'azote et/ou de l'argon.
4. Procédé de chauffage d'un bain métallique selon la revendication 1 ou 3, caractérisé
en ce que l'atmosphère inerte est réalisée par injection de gaz inerte dans une enceinte
en forme de cloche surplombant à pénétration latérale ledit bain liquide et incorporant
en voûte les moyens de chauffage à énergie rayonnante.
5. Procédé de chauffage d'un bain métallique selon la revendication 4, caractérisé
en ce que l'injection de gaz inerte s'effectue au travers d'une paroi d'enceinte.
6. Procédé de chauffage d'un bain métallique selon la revendication 4, caractérisé
en ce que l'injection de gaz inerte s'effectue par le fond du bassin récepteur de
métal liquide.
7. Application au procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 6 au four
à voûte rayonnante de traitement de métaux à faible coefficient d'absorption, notamment
d'aluminium ou d'alliage d'aluminium.