[0001] Le secteur technique de la présente invention est celui des compositions d'allumage
pour retards pyrotechniques incorporés dans une munition ou dans un dispositif de
sécurité et d'armement (DSA).
[0002] Les retards pyrotechniques, du type cordeau-retard, conprennent une composition d'allumage,
une composition pyrotechnique retardatrice confinée dans une gaine métallique, et
éventuellement un explosif relais de sortie. Ils sont utilisés dans une chaîne pyrotechnique
pour induire une temporisation.
[0003] De nombreux retards pyrotechniques ont été proposés pour obtenir une vitesse de
combustion de l'ordre de quelques centimètres à la seconde. A ce titre, on peut citer
les brevets US-A-4 144 814 et FR-A-2 464 932 qui décrivent tout particulièrement des
compositions retards. Toutefois, ces compositions sont toujours initiées électriquement
par fil chaud et non pas par percussion, ce qui les rend inapplicables dans les munitions
ou dans les dispositifs de sécurité et d'armement. D'autre part, il est à ce jour
impossible d'initier les compositions retards lorsqu'elles ont un diamétre inférieur
à 3 mm.
[0004] Lors de la conception d'une munition ou d'un DSA, il est souvent avantageux de recourir
à une temporisation par retard pyrotechnique. La solution habituellement adoptée consiste
à définir un retard propre au système étudié, généralement un tube contenant une
composition retardatrice chargée par compression. Un tel retard est fiable et précis,
mais relativement encombrant. Ainsi, lorsqu'un réglage de la durée de la temporisation
est nécessaire (comme pour certaines fusées de projectiles de mortier), les contraintes
l'encombrement amènent à prévoir la possibilité d'initier la composition retardatrice
comprimée plus ou moins près du relais d'amorçage, par déplacement mécanique d'un
des éléments de la fusée (porte-retard ou porte-relais). Une telle solution n'est
pas satisfaisante, car elle entraîne une certaine imprécision.
[0005] Ainsi, à l'heure actuelle, bien des problèmes de temporisation n'ont pas de solution
pyrotechnique, et on doit recourir à des techniques de temporisation plus complexes
(horlogères par exemple), souvent plus encombrantes et plus coûteuses.
[0006] Le but de la présente invention est donc de proposer une composition d'allumage
pour retard pyrotechnique amorçable par percussion, apte à s'intégrer dans une munition
ou dans un dispositif d'armement et de sécurité, de diamètre réduit et de faible coût.
[0007] L'invention a donc pour objet une composition d'allumage initiable par percussion
pour retard pyrotechnique, caractérisée en ce qu'elle comprend une première composition
d'amorçage par percussion et une seconde composition constituée d'un mélange de poudres
de titane et de bore.
[0008] La première composition peut être un comprimé de chlorate de potassium, de thyocianate
de plomb, de sulfure d'antimoine et de styphnate de plomb.
[0009] La seconde composition peut comprendre 80% en masse de poudre de titane et 20% en
masse de poudre de bore.
[0010] La première composition peut être comprimée à une pression comprise entre 0,5.10⁸
et 2.1O⁸ Pa et la seconde composition à une pression comprise entre 0,5.10⁸ et 2,5.10⁸
Pa.
[0011] L'invention concerne également l'application de la composition d'allumage à la réalisation
d'un cordeau retard, intégré dans une gaine métallique d'un diamètre extérieur inférieur
ou égal à 3 mm, renfermant une composition pyrotechnique brûlant a une vitesse inférieure
ou égale à 4 mm/s.
[0012] Un avantage de la présente invention réside dans l'obtention d'une composition d'allumage
de faibles dimensions, simple à mettre en oeuvre et à fabriquer.
[0013] Un autre avantage réside dans le fait que la composition d'amorçage initie des cordeaux
retards de faible diamètre, c'est-à-dire inférieur ou égal à 3 mm. On peut donc mettre
à profit les propriétés des compositions retards connues dans des dispositifs dans
lesquels il était impossible de les utiliser jusqu'alors.
[0014] Un autre avantage réside dans le fait que la composition retard est initiée sans
désorganisation ou destruction de l'alvéole qui la renferme, évitant ainsi une perturbation
de la chaîne pyrotechnique.
[0015] D'autres avantages de l'invention apparaîtront à la lecture du complément de description
donné ci-après.
[0016] La composition retard en elle-même est bien connue de l'homme de l'art. Elle est
constituée de tungstène, de chromate de baryum et de perchlorate de potassium répartis
suivant les pourcentages en masse respectifs suivants et ce à titre d'exemple : 28,
62, et 1O. On met à profit les propriétés de cette composition à savoir :
- une combustion faiblement gazeuse avec un risque atténué d'éjection de résidus et
de désorganisation de l'un quelconque des constituants de la chaîne pyrotechnique,
voire d'endommagement du DSA,
- une sécurité d'emploi et de stockage du fait de la faible sensibilité,
- une excellente tenue au vieillissement (durée de vie) 20 ans à 20°C, excédant largement
la période de stockage moyenne de la plupart des munitions et n'imposant donc pas
de visite durant cette même période.
[0017] Toutefois, il est bien connu que cette composition présente l'inconvénient d'être
difficile à allumer, car elle requiert une quantité de chaleur importante.
[0018] Il a donc fallu définir une composition d'allumage spécifique présentant toutes les
garanties de fiabilité et de sécurité et ayant un pouvoir calorifique élevé durant
un laps de temps relativement important de quelques millisecondes.
[0019] Cet allumeur comprend une composition d'amorçage par percussion combinée à une composition
titane-bore. Ces deux compositions sont connues en elles-mêmes, mais elles n'ont jamais
été associées et de plus on ne connaît aucune utilisation industrielle de la composition
titane-bore en pyrotechnie.
[0020] La composition titane-bore présente certaines qualités qui la rendent particulièrement
apte à l'usage envisagé :
- pouvoir calorifique élevé,
- combustion rigoureusement sans gaz et donc sans risques de projection de résidus,
de désorganisation du comprimé de titane-bore pouvant entraîner un mauvais contact
entre cette même composition et la composition retardatrice, et empêcher ainsi la
transmission de la combustion,
- produits de base (titane et bore) non pyrotechniques, de mise en oeuvre aisée et
sûre, ce qui améliore la sécurité en fabrication,
- production d'un allumage de la composition retard par front de combustion.
[0021] La granulométrie du titane et du bore n'a pas d'influence notable sur les performances
de la composition d'allumage. La poudre de titane a une granulométrie moyenne de l'ordre
de 15 µm et la poudre de bore de 1,2 µm.
[0022] La composition titane-bore étant impossible à allumer par percussion, il est indispensable
de prévoir une composition d'amorçage. Cette dernière est constituée par un comprimé
de chlorate de potassium, de thyocianate de plomb, de sulfure d'antimoine et de styphnate
de plomb. Cette composition est connue et est facile à initier par percussion. Elle
est suffisamment énergétique pour initier la composition chaude de titane-bore, sans
pour autant la désorganiser ni détruire l'alvéole. Son énergie de percussion est de
l'ordre de 0,1 Joule et elle engendre une forte énergie de sortie, de l'ordre de 100
Joules. Enfin, la déflagration de cette composition n'est transmise ni à la composition
titane-bore, ni à la composition pyrotechnique retard.
[0023] Ces deux compositions permettent d'obtenir un allumeur de dimension très réduite,
de 4 mm de diamètre et de 5 mm de hauteur.
[0024] On réalise donc un retard comprenant une amorce de tête sertie sur une extrémité
d'une gaine métallique. Cette gaine peut être par exemple une gaine de plomb ou d'étain
d'environ 3 mm de diamètre interne. L'autre extrémité de ce cordeau porte un relais
de sortie, réalisé de manière connue et qui ne fera pas l'objet d'une description
plus détaillée.
[0025] L'amorce de tête est constituée par une alvéole dans laquelle on a comprimé la première
composition d'amorçage et la seconde composition. L'alvéole présente à son extrémité
un trou de passage pour un percuteur, obturé par un paillet mince assurant l'étanchéité.
[0026] Industriellement, le cordeau retard est obtenu à partir d'un tube de grand diamètre
que l'on coupe à une longueur déterminée et que l'on remplit ensuite de composition
retardatrice. Après scellement des extrémités, on introduit ce tube dans une machine
qui va le rouler entre des galets jusqu'à obtention du diamètre désiré, la longueur
du cordeau étant bien sûr fonction de ce diamètre.
[0027] A titre d'exemple, on peut obtenir des cordeaux sous gaine étain de 3 mm de diamètre
externe, à partir d'un tube de 17 mm de diamètre extérieur. Au cours de cette opération,
la composition retardatrice subit une compression pouvant aller jusqu'à plusieurs
centaines de Pascal. Il faut noter cependant que le taux de compression de cette composition
est pratiquement sans influence sur la vitesse de combustion comme l'ont montré les
essais effectués.
[0028] Divers essais de fonctionnement ont permis de vérifier la fiabilité d'un ensemble
retard pyrotechnique, de définir précisément les composants pyrotechniques et d'en
optimiser les masses. Il en résulte les compositions suivantes (% exprimés en masse)
:
chlorate de potassium ..... |
52 % |
thiocyanate de plomb..... |
25 % |
sulfure d'antimoine ..... |
13 % |
styphnate de plomb..... |
10 % |
- seconde composition: 80 mg, comprimée à 1,5.10⁸ Pa,
titane ..... |
81,6% |
bore ..... |
18,4% |
- paillet en étain de 0,05 mm d'épaisseur, - cordeau à gaine étain ou plomb de diamètre
extérieur 3 mm, - composition retardatrice :
tungstène ..... |
28% |
chromate de baryum ..... |
62% |
perchlorate de potassium ..... |
10% |
La granulométrie du tungstène est inférieure à 20 µm.
[0029] Une cinquantaine de retards réalisés avec les proportions ci-dessus ont été tirés.
Aucun raté d'allumage n'est observé bien que l'énergie de percussion soit de l'ordre
de 0,1 Joule et on obtient les résultats suivants sur un cordeau de 10 cm de longueur
:
- durée maximale |
15,9 s |
- durée minimale |
14,O3 s |
- durée moyenne |
14,8 s |
- écart type |
0,45. |
[0030] Cette réalisation donne satisfaction sur le plan des performances. On teste l'ensemble
en imposant des rayons de courbure minimaux. Il n'y a pas de ratés d'allumage et les
temps de fonctionnement oscillent alors entre 14,54 et 15,98 s, valeurs comparables
à celles obtenues avec un cordeau rectiligne. Ces essais mettent en évidence l'intéret
de l'usage de compositions sans gaz, qui n'engendrent ni projections, ni destruction
de la gaine du cordeau, ni non fonctionnement. Il est par ailleurs intéressant de
constater une parfaite transmission de la combustion dans des conditions aussi défavorables,
malgré les cassures engendrées par les pliages à courbure très faible.
[0031] Une autre série d'essais a porté sur le fonctionnement à basse température, conditions
les plus contraignantes, de quatre retards pyrotechniques mis en enceinte climatique
pendant 2H3O à -4O°C. Les durées de fonctionnement varient de 14,9O s à 15,83 s, durées
tout à fait comparables avec celles obtenues à température ambiante.
[0032] Enfin, la composition retardatrice a fait l'objet d'essais de vieillissement qui
laissent présager une durée de vie supérieure à 2O ans à 3O°C et 1O ans à 6O°C.
[0033] Le retard selon l'invention peut être utilisé chaque fois que l'on désire les caractéristiques
suivantes :
- combustion très lente (2 mm/s) induisant des durées de temporisation importantes
pour une faible longueur de cordeau et donc une masse réduite, ce qui est important
dans le cas de dispositifs embarqués,
- facilité d'intégration dans un système grâce à la flexibilité du cordeau et à son
aptitude à fonctionner malgré les pliures,
- bonne reproductibilité des performances qui ne sont pratiquement pas affectées par
les conditions d'utilisation,
- conservation des performances à basse température,
- bonne tenue au vieillissement.
[0034] On a testé avec succès d'autres compositions d'allumage dans lesquelles les pourcentages
respectifs de titane et de bore variaient entre 68% et 32% d'une part, et 81,6% et
18,4% d'autre part. Le remplacement du titane par le zirconium permet d'obtenir les
mêmes résultats.
1 - Composition d'allumage initiable par percussion pour retard pyrotechnique, caractérisée
en ce qu'elle comprend une première composition d'amorçage par percussion et une
seconde composition constituée d'un mélange de poudres de titane et de bore.
2 - Composition d'allumage selon la revendication 1, caractérisée en ce que la première
composition est un comprimé de chlorate de potassium, de thyocianate de plomb, de
sulfure d'antimoine et de styphnate de plomb.
3 - Composition d'allumage selon la revendication 2, caractérisée en ce que la seconde
composition comprend 8O% en masse de poudre de titane et 2O% en masse de poudre de
bore.
4 - Composition d'allumage selon la revendication 3, caractérisée en ce que la première
composition est comprimée à une pression comprise entre 0,5.10⁸ et 2.1O⁸ Pa et la
seconde composition à une pression comprise entre 0,5.10⁸ et 2,5.10⁸ Pa.
5 - Application de la composition d'allumage selon l'une quelconque des revendications
précédentes à la réalisation d'un cordeau détonant intégré dans une gaine métallique
d'un diamètre extérieur inférieur ou égale à 3 mm, renfermant une composition pyrotechnique
brûlant à une vitesse inférieure ou égale à 4 mm/s.