[0001] La présente invention est relative à un objet décoratif et/ou utilitaire, utilisé
notamment en horlogerie ou en bijouterie, comportant un substrat métallique constituant
l'ossature de l'objet et un revêtement de protection recouvrant ledit substrat au
moins en partie pour le rendre insensible aux contraintes extérieures qui peuvent
se présenter.
[0002] Il est usuel de protéger des objets contre des contraintes extérieures tant physiques
que chimiques au moyen de revêtements de protection consistant généralement en des
dépôts de couches minces utilisant par exemple du nickel ou du chrome. Une protection
particulièrement efficace et agréable d'aspect consiste à revêtir l'objet d'un oxyde
d'aluminium si le substrat de base est de l'aluminium pur ou un alliage d'aluminium.
[0003] La publication japonaise JP-A-59-40 916 décrit un tel traitement sur une boîte de
montre dont le substrat est fait en alliage d'aluminium. Ce traitement consiste à
oxyder anodiquement le substrat dans une solution à 10-20 % d'acide sulfurique maintenue
entre -4 et 10°C, solution dans laquelle est introduit de l'air comme agitateur. La
tension électrique et la densité de courant sont progressivement augmentées de 24
à 90 V et de 2 à 7 A/dm² respectivement, de telle façon qu'une couche d'oxyde d'aluminium
est créée qui présente des excroissances cristallines à la surface du substrat. La
couche d'oxyde est ensuite imprégnée d'un liquide acqueux contenant un polymère fluorocarboné
possédant des particules en forme de grains dont la dimension est plus petite que
2 µm et qui viennent se placer entre les excroissances cristallines pour finalement
venir obturer les trous existant entre lesdites excroissances. Grâce à cette façon
de faire, la résistance à l'usure des parties apparentes du boîtier de montre est
améliorée.
[0004] A part les détails intéressants qu'elle apporte, la publication citée ci-dessus n'indique
pas qu'il est nécessaire, pour obtenir un revêtement régulier présentant le bel aspect
satiné propre à l'anodisation de l'aluminium, de pratiquer cette anodisation sur
un substrat d'aluminium sensiblement pur ou tout au moins dépourvu d'éléments pouvant
nuire à ce bel aspect. Le document US-A-4 640 625 met le doigt sur cette nécessité.
Dans ce document en effet, il est prévu que la boîte de montre, faite en alliage d'aluminium
anodisé, contienne moins de 0,01 % de silicium et moins de 0,01 % de fer (en poids).
Cette faible valeur de silicium et de fer permet en effet d'éviter une diminution
de brillance de la couche anodisée.
[0005] Dans l'article intitulé "All that Glister" de l'"Horlogical Journal", no 111, août
1968, pages 22-24, il est également indiqué que pour anodiser une boîte de montre
en aluminium, il est essentiel de posséder un matériau dont la pureté est de 99,99
% si l'on veut obtenir de bons résultat.
[0006] De mêmes observations sont faites dans les documents FR-A-2 360 112 et US-E-28527
où, pour le premier, la pièce de montre est moulée sous pression en aluminium pur
et où, pour le second, les pièces sont faites massivement avec 99,8 % d'aluminium
pur.
[0007] De l'enseignement des quatre documents cités ci-dessus, il résulte donc que pour
anodiser avec succès un objet comme une boîte de montre dont le substrat est fait
en aluminium, il faut disposer d'un matériau relativement pur. Cependant, il n'est
nullement suggéré que ce substrat pourrait être réalisé en une autre matière que l'aluminium
pur, comme de l'acier, du laiton ou encore de la fonte d'aluminium par exemple, qui
alors serait recouverte d'une première couche d'aluminium à l'état sensiblement pur,
puis d'une seconde couche recouvrant la première, ladite seconde couche étant constituée
d'oxyde d'aluminium formée à partir de ladite première couche, comme le propose la
présente invention.
[0008] Plusieurs modes d'exécution de l'invention vont être décrits maintenant qui sont
des exemples non limitatifs de réalisation de l'invention et qui mettront en lumière
les avantages apportés par la présente invention.
Exemple No 1.
[0009] Ce premier exemple est un mode d'exécution préféré de l'invention dans lequel le
substrat, qui constitue l'ossature de l'objet à fabriquer, est réalisée au moyen de
fonte d'aluminium qui peut être coulée ou injectée dans un moule pour lui donner sa
forme définitive.
[0010] S'il s'agit de fabriquer une carrure de boîte de montre par exemple, on pourrait
partir d'une barre d'aluminium pur, couper cette barre en tranches et usiner chaque
tranche pour lui donner la forme qu'on désire atteindre. Il n'y aurait alors aucun
problème à anodiser l'objet pour obtenir l'état de surface résistant aux contraintes
extérieures qui se présentent à l'usage normal comme, par exemple des contraintes
mécaniques (chocs, rayures) ou des contraintes chimiques (sueur). Pour des formes
très simples, cette façon de faire peut être envisagée, encore que l'opération d'usinage
reste longue et coûteuse. Un exemple d'un tel usinage peut être trouvé dans la montre
flik-flak (marque déposées) où le boîtier comporte un fond-carrure rond, fait d'une
pièce. Une fois le fond-carrure usiné, celui-ci est anodisé puis coloré.
[0011] Si l'on décide d'avoir recours à de la fonte d'aluminium injectée, on s'affranchit
de tout usinage mécanique puisque la boîte de montre sort de mou le dans sa forme
définitive. On peut alors envisager les formes les plus diverses (boîte de forme
ou boîte ronde, mais présentant plusieurs rayons de courbure différents). Si le bracelet
est attaché à la boîte au moyen de ces cornes, ces dernières peuvent aussi être sorties
de moule pour ne faire qu'une pièce avec la boîte. On évite ainsi pas mal d'opérations
d'usinage.
[0012] La fonte d'aluminium présente cependant une haute teneur en silicium qui est présent
pour faciliter le moulage. Cette haute teneur en silicium, entre 5 et 22 % en poids,
présente un inconvénient majeur lorsqu'il s'agit d'anodiser la pièce moulée. En effet,
les particules de silicium empêchent une anodisation régulière, ce qui a pour résultat
un état de surface irrégulier présentant des zébrures ou des marbrures entraînant
un état de surface inutilisable pour la vente de l'objet.
[0013] Pour remédier à cet inconvénient, la présente invention propose alors de revêtir
la pièce en fonte d'aluminium d'une première couche d'aluminium à l'état sensiblement
pur, dont la teneur en silicium est faible, par exemple inférieure à 0,5 %. Ce premier
dépôt peut être réalisé par voie galvanique ordinaire, mais pourrait aussi être appliqué
d'une autre façon, par dépôt physique en phase vapeur (PVD) par exemple.
[0014] Sur cette première couche d'aluminium à l'état sensiblement pur, il n'y a dès lors
plus de difficulté à former une seconde couche d'oxyde d'aluminium (anodisation) formée
elle-même à partir de la première couche. On a déjà dit plus haut, à propos de la
publication JP-A-59-40 916, comment on peut s'y prendre pour créer cette seconde couche.
La surface d'oxyde d'aluminium est produite par électrolyse, en utilisant le métal
comme anode. La seconde couche peut présenter une épaisseur comprise entre 2,5 et
200 µm. En place d'acide sulfurique, on peut utiliser aussi un acide oxalique ou
encore un acide chromique.
[0015] On a déjà dit que la seconde couche d'oxyde permet de proposer un objet d'une grande
dureté superficielle et résistant aux agents chimiques. Cette seconde couche présente
aussi l'avantage qu'elle peut être colorée soit par teinture de la couche, soit en
ajoutant différents métaux au bain d'oxydation. On ajoutera que si une épaisseur de
couche de 10 µm est nécessaire pour résister à la corrosion et à l'usure, il faudra
au moins une épaisseur de 20 µm pour obtenir une bonne coloration.
[0016] L'exemple décrit ci-dessus concerne une boîte de montre. Il est clair que l'objet
en question peut être un autre objet décoratif. Ce peut être par exemple un maillon
de bracelet qui peut être moulé avec des formes aussi compliquées qu'on le souhaite,
ce qui d'ailleurs est souvent le cas pour des maillons imbriqués les uns à la suite
des autres.
Exemple No 2.
[0017] Au lieu d'être réalisé en fonte d'aluminium comme expliqué à l'exemple No 1, le substrat
de ce deuxième exemple de réalisation est réalisé à partir de fonte de zinc. Ici,
on utilise de préférence l'alliage du type Zamak (marque déposée) qui comporte en
poids 3 à 6 % d'aluminium, 1,2 à 3,2 % de cuivre et des traces d'autres métaux. La
fonte est coulée ou injectée dans un moule, puis le substrat obtenu est recouvert
des même couches que celles qui ont été décrites à l'exemple No 1. La fonte de zinc
présente les mêmes avantages que la fonte d'aluminium en ce sens que l'objet obtenu
n'a pas besoin d'être usiné puisqu'il se présente immédiatement dans sa forme finie.
Exemple No 3.
[0018] Ici on réalise le substrat en acier qu'on usine aux formes et dimensions qu'on désire
atteindre. Une fois cet usinage terminé, on revêt le substrat des deux couches décrites
à l'exemple No 1. Si l'usinage présente les désavantages évoqués plus haut, le revêtement
en aluminium anodisé présente par contre les avantages qui ont été cités : dureté,
bel aspect satiné et, éventuellement, coloration.
Exemple No 4.
[0019] Le substrat est réalisé en laiton qu'on usine subséquemment. Après usinage, on revêt
le substrat des deux couches décrites à l'exemple No 1. Ce mode d'exécution présente
les mêmes avantages et inconvénients cités à propos de l'exemple No 3.
Remarque finale.
[0020] L'objet de l'invention propose, ainsi qu'on le voit de tous les exemples exposés
ci-dessus, le dépôt d'une couche d'aluminium sensiblement pur sur le substrat. Si
ce dépôt est réalisé par plaquage galvanique, la ou les électrodes utilisées à cet
effet laisseront après plaquage un ou des endroits du substrat qui n'auront pas été
couverts par la première couche d'aluminium. Si le substrat est en fonte de zinc,
en acier ou en laiton, l'opération subséquente d'oxydation anodique va entraîner l'attaque
chimique du substrat aux endroits non plaqués, jusqu'à provoquer un éventuel perçage
du substrat. En employant les substrats qui viennent d'être cités, il y aura donc
lieu de couvrir les zones de contact des électrodes par un matériau insensible à l'acide
utilisé pour l'anodisation. Cette opération par contre n'est pas nécessaire si le
substrat est une fonte d'aluminium qui est insensible audit acide. Ce fait confirme
encore la préférence porté à l'objet fabriqué selon l'exemple No 1. Il va de soi que
dans tous les cas pris en exemple, les points de contact seront choisis en des endroits
où ils ne sont pas apparents, par exemple à l'intérieur de la boîte, s'il s'agit d'une
boîte de montre.
1. Objet décoratif et/ou utilitaire, utilisé notamment en horlogerie ou en bijouterie,
comportant un substrat métallique constituant l'ossature de l'objet et un revêtement
de protection recouvrant ledit substrat au moins en partie pour le rendre insensible
aux contraintes extérieures qui peuvent se présenter, caractérisé par le fait que
ledit revêtement comporte une première couche d'aluminium à l'état sensiblement pur
et une seconde couche recouvrant la première, ladite seconde couche étant constituée
d'oxyde d'aluminium formée à partir de ladite première couche.
2. Objet selon la revendication 1, caractérisé par le fait que le substrat est fait
en fonte d'aluminium injectée contenant du silicium dont la teneur en poids est comprise
entre 5 et 22 %.
3. Objet selon la revendication 1, caractérisé par le fait que le substrat est fait
en fonte de zinc injecté.
4. Objet selon la revendication 1, caractérisé par le fait que le substrat est fait
en acier.
5. Objet selon la revendication 1, caractérisé par le fait que le substrat est fait
en laiton.
6. Objet selon la revendication 1, caractérisé par le fait que la première couche
est un dépôt galvanique dont la teneur en poids de silicium est inférieure à 0,5 %.
7. Objet selon la revendication 1, caractérisé par le fait que la seconde couche est
colorée.
8. Objet selon la revendication 1, caractérisé par le fait que ledit objet est une
boîte de montre.
9. Objet selon la revendication 1, caractérisé par le fait que ledit objet est un
maillon de bracelet.