[0001] La présente invention est relative à un procédé de moulage à mousse perdue et sous
pression de pièces métalliques, notamment en aluminium et en ses alliages
[0002] Il est connu que l'homme de l'art, principalement par l'enseignement de l'USP n°
3 157 924, d'utiliser pour le moulage des modèles en mousse de polystyrène plongés
dans un moule constitué par du sable sec ne contenant aucun agent de liaison. Dans
un tel procédé, le métal à mouler, qui a été préalablement fondu, est amené par l'intermédiaire
de canaux traversant le sable au contact du modèle et se substitue progressivement
à ce dernier en le brûlant et en le transformant en vapeurs qui s'échappent entre
les grains de sable.
[0003] Cette technique s'est avérée séduisante à l'échelle industrielle, parce qu'elle évite
la fabrication préalable, par compactage et agglomération de matériaux réfractaires
pulvérulents, de moules rigides associés de façon plus ou moins compliquée à des noyaux
par l'intermédiaire de canaux, et qu'elle permet une récupération facile des pièces
moulées ainsi qu'un recyclage aisé des matériaux de moulage.
Cependant, cette technique est handicapée par deux facteurs : -la relative lenteur
de la solidification qui favorise la formation de piqûres de gazage
-la relative faiblesse des gradients thermiques qui peut causer une microretassure
si le tracé de la pièce en rend le masselottage difficile.
[0004] C'est dans le but d'éviter de tels inconvénients que la demanderesse avait mis au
point un procédé de moulage à mousse perdue, objet de la demande de brevet publiée
en France sous le n° 2606 688 .
[0005] Cette demande enseigne qu'après avoir rempli le moule avec le métal fondu, c'est-à-dire
quand le modèle a été détruit complètement par le métal, que les vapeurs émises par
la mousse ont été évacuées, et de préférence avant que la solidification du métal
ne s'amorce, on exerce sur l'ensemble du moule et du métal une pression gazeuse isostatique.
Cette pression est appliquée suivant des valeurs croissantes dans le temps afin d'éviter
le phénomène d'abreuvage et de manière que la valeur maximum soit atteinte en moins
de 15 secondes.
[0006] Dans ces conditions, les pièces moulées obtenues présentent une compacité accrue
qui se traduit par une amélioration des caractéristiques mécaniques notamment au niveau
de la résistance.
[0007] Toutefois, la demanderesse a estimé dans cette demande, qu'il était préférable d'utiliser
une pression maximum comprise entre 0,5 et 1,5 MPa et qu'il était superflu d'aller
au delà de cette dernière limite.
[0008] En fait, elle s'est aperçue après des recherches plus poussées, que si on augmentait
davantage la pression, on améliorait non seulement les caractéristiques mécaniques
telles que la résistance à la rupture Rm, la limite élastique LE et l'allongement
A, mais également la tenue à la fatigue F.
[0009] D'où la présente invention qui consiste en un procédé de moulage à mousse perdue
et sous pression de pièces métalliques, notamment en aluminium et en ses alliages,
dans lequel on plonge un modèle en mousse organique de la pièce à mouler dans un moule
dont les parois sont délimitées par un bain de sable sec ne contenant aucun agent
de liaison, on remplit le moule avec le métal à l'état liquide qui se substitue à
la mousse et se solidifie progressivement et on applique une pression gazeuse isostatique
croissante simultanément sur le moule et le métal au plus tôt à la fin du remplissage
caractérisé en ce que la pression exercée s'élève jusqu'à une valeur comprise entre
1,5 et 10 MPa.
Ainsi, l'invention consiste à mettre en oeuvre des pressions comprises entre 1,5 et
10 MPa et de préférence entre 5 et 10 MPa.
[0010] Comme dans la demande de brevet français 2 606 688, la mise sous pression peut être
réalisée à l'aide d'un caisson étanche dans lequel on place le moule, le dit caisson
étant équipé d'une ou dè plusieurs tubulures réparties convenablement sur sa paroi
et reliées à une source de gaz sous pression.
[0011] Dans la gamme de pression choisie, la demanderesse a constaté que les phénomènes
qui se produisaient au cours de la mise sous pression étaient tout à fait différents
de ceux de l'art antérieur.
[0012] En effet, entre 0,5 et 1,5 MPa, la pression sert principalement à accélérer l'écoulement
du métal liquide entre les dendrites du métal en cours de solidification et l'effet
s'arrête quand le réseau solide a atteint un certain développement. C'est ainsi en
particulier que ces basses pressions permettent à la masselotte d'agir avec efficacité
pour éviter le phénomène de retassure dû à la contraction du métal en cours de solidification.
[0013] Par contre, sous des pressions supérieures à 1,5 MPa et notamment au-delà de 5 MPa,
à l'effet d''écoulement du métal liquide, qui demeure prépondérant en début de solidification,
se substitue progressivement un effet de déformation à chaud du réseau de métal déjà
solidifié, phénomène qui devient dominant puis exclusif lorsque le taux de solidification
atteint des valeurs voisines de 50 à 70 % suivant le type d'alliage coulé. L'emploi
de pressions élevées réalise ainsi une sorte de forgeage isostatique s'appliquant
à la totalité de la surface de la pièce moulée.
[0014] La figure 1 ci-jointe est une micrographie d'un alliage A-S7G03 moulé suivant l'invention
sous une pression de 7 Mpa, puis traité thermiquement. Cette micrographie révèle la
déformation plastique imposée au réseau dendritique et qui a pour effet de combler
les porosités, et illustre bien l'effet de forgeage auquel est soumis le métal dans
ce procédé.
[0015] Dans ces conditions on constate que les caractéristiques mécaniques des pièces sont
notablement améliorées et en particulier la tenue a la fatigue. Des pressions supérieures
à 10 MPa n'apportent que des améliorations très peu sensibles.
[0016] Cette nouvelle gamme de pression est appliquée de préférence avant que la quantité
de métal solidifié n'atteigne 40% en poids de manière à pouvoir agir sur l'écoulement
liquide.
[0017] De préférence également, on cherche à ce que la pression maximum appliquée soit atteinte
avant que la quantité de métal solidifié ne dépasse 90% afin de pouvoir bénéficier
à plein de l'effet de déformation.
[0018] Comme dans la demande de brevet français 2 606 688, il est préférable que l'application
de la pression se fasse par accroissement progressif notamment au début de la solidification
afin d'éviter l' "abreuvage", phénomène qui résulte d'un déséquilibre transitoire
entre la pression exercée directement sur le métal et la pression exercée sur le métal
par l'intermédiaire du bain de sable. En effet, le bain provoque une perte de charge
relativement importante dans la transmission de la pression et il en résulte, au niveau
du métal en contact avec le sable, une tendance de cette pression à chasser le métal
à travers les grains de sable et à provoquer une déformation de la pièce moulée.
[0019] L'invention peut être illustrée à l'aide de l'exemple d'application suivant :
Des corps creux cylindriques de diamètre extérieur 45 mm, d'épaisseur de paroi 4 mm,
comportant des nervures adjacentes et des bossages de 20 x 20 x 80 mm ont été moulés
suivant le procédé antérieur et celui de l'invention, c'est-à-dire qu'on a appliqué
à l'intérieur de l'enceinte contenant le moule et juste avant que la solidification
s'amorce, une pression de gaz isostatique correspondant respectivement à la pression
atmosphérique, à 1 MPa, à 5 MPa et à 10 MPa.
[0020] Ces corps ont été réalisés à partir de deux types d'alliages à hautes caractéristiques
mécaniques :
- l'A-S7G03 de composition en poids % FeO,20 ; Si6,5-7,5 ; CuO,10 ; ZnO,10 ; MgO,25-0,40
; MnO,10 ; NiO,05 ; PbO,05 ; SnO,05 ; TiO,05-0,20 ; solde Al;
- l'A-U5GT de composition : FeO,35 ; SiO,20 ; Cu4,20-5,00 ; ZnO,10 ; MgO,15-0,35 ;
MnO,10 ; NiO,05 ; PbO,05 ; SnO,05 ; TiO,05-0,30; solde Al;
[0021] Les essais mécaniques effectués sur lesdits corps après des traitements thermiques
normalisés Y23 pour l'A-S7G03 et Y24 pour l'A-U5GT ont permis de mesurer les caractéristiques
suivantes en fonction des pressions appliquées.
- dans l'A-S7G03, l'indice de qualité Q en MPa qui correspond à la formule Q = R +
150 log A où R est la résistance en MPa et A l'allongement en % et ce à la fois sur
les zones épaisses et minces des pièces.
- dans l'A-U5GT, les limites élastiques LE en MPa, la résistance R en MPa et l'allongement
A en % et ce également à la fois sur les zones épaisses et minces.
[0022] En outre, pour chacun des alliages et chacune des pressions appliquées, on a mesuré
la tenue à la fatigue F en MPA à partir d'essais en flexion rotative sur éprouvette
usinée à 10⁷ cycles suivant la méthode staircase. F est valable à la fois pour les
zones épaisses et minces, car elle ne dépend pas de la vitesse de solidification mais
de la porosité et par suite de la pression appliquée.
[0023] Les résultats figurent dans le tableau suivant.
TABLEAU
|
A-S7GO3 |
A-U5GT |
|
zone épaisse |
zone mince |
F |
Zone épaisse |
Zone mince |
F |
|
Q |
Q |
|
LE |
R |
A |
LE |
R |
A |
|
Solidification sous P atmosphérique |
240 |
325 |
40 |
235 |
340 |
8 |
260 |
355 |
7 |
90 |
Solidification sous 1 MPa |
335 |
420 |
65 |
240 |
365 |
8 |
260 |
405 |
11 |
120 |
Solidification sous 5 MPa |
410 |
460 |
85 |
250 |
400 |
12 |
260 |
410 |
15 |
130 |
Solidification sous 10 MPa |
440 |
490 |
100 |
260 |
420 |
15 |
260 |
420 |
18 |
140 |
On constate une amélioration de toutes les caractéristiques mesurées et notamment
une tenue à la fatigue accrue. |
1. Procédé de moulage à mousse perdue et sous pression de pièces métalliques, notamment
en aluminium et en ses alliages dans lequel on plonge un modèle en mousse organique
de la pièce à mouler dans un moule dont les parois sont délimitées par un bain de
sable sec ne contenant aucun agent de liaison, on remplit le moule avec le métal à
l'état liquide qui se substitue à la mousse et se solidifie progressivement et on
applique une pression gazeuse isostatique croissante simultanément sur le moule et
le métal au plus tôt à la fin du remplissage caractérisé en ce que la pression exercée
s'élève jusqu'à une valeur comprise entre 1,5 et 10 MPa.
2. Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que la pression exercée s'élève
jusqu'à une valeur comprise entre 5 et 10 MPa.
3. Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que l'on applique la pression
au plus tard quand la quantité de métal solidifié atteint 40% en poids.
4. Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que la pression maximum est
atteinte avant que la quantité de métal solidifié dépasse 90% en poids.