[0001] L'invention concerne des éléments chauffants comportant une résistance métallique
incandescente à l'intérieur d'un tube en matériau réfractaire plus ou moins transparent
au rayonnement émis. Dans ces éléments, les résistances métalliques sont le plus souvent
des hélices en alliages de fer, de chrome et d'aluminium et, les tubes, à base de
quartz, de silice vitreuse ou de céramiques vitrifiées.
[0002] Les éléments chauffants du type précédent ont de multiples usages dans de nombreuses
branches de l'industrie. Ils sont en particulier très utilisés pour le séchage (papiers,
tissus, peintures, bois, plaques agglomérées ou stratifiées, granulés divers). Ils
sont souvent installés dans des caissons chauffants, plusieurs tubes étant alors assemblés
parallèlement les uns aux autres, devant une plaque métallique réfléchissante.
[0003] Il est courant d'installer deux résistances parallèlement l'une à l'autre dans le
même tube par exemple en silice. La séparation électrique des deux filaments est assurée
soit par une cloison du tube lui-même, il a alors une section en forme de 8, soit
par un deuxième tube plus petit, également en silice qui est placé entre les deux
filaments. Parmi ces deux systèmes traditionnels, le premier nécessite l'établissement
d'une connexion électrique à l'extérieur du tube aux deux extrémités. Dans le second
système en revanche, il est possible d'envisager que le tube interne soit légèrement
en retrait à l'extrémité la plus éloignée ce qui laisse la place à une liaison électrique
entre les deux filaments. On peut même envisager de prévoir un câble électrique qui
circule à l'intérieur du tube interne permettant ainsi un branchement en parallèle
à partir d'une seule extrémité.
[0004] Souvent les éléments chauffants constitués par les tubes en silice vitreuse décrits
plus hauts sont équipés d'une couche mince d'or sur leur face arrière. Celle-ci diminue
l'émission du rayonnement thermique vers l'arrière. Mais cette couche d'or est fragile
mécaniquement, de plus sa température d'utilisation est limitée. Par ailleurs, elle
coûte cher.
[0005] Les deux systèmes décrits précédemment présentent certains inconvénients. On a déjà
vu que le premier, avec sa section en 8 nécessitait des connexions électriques externes
à ses deux extrémités. Le deuxième système présente également des inconvénients spécifiques,
en particulier pour l'insertion des résistances et à cause de phénomènes vibratoires
lors du fonctionnement.
[0006] L'invention se donne pour mission de palier les inconvénients précédents d'une part
en supprimant la couche d'or et en améliorant le rendement énergétique global, mais
également en permettant tous les types de branchement à partir d'une seule extrémité
et en évitant l'émission de bruits en présence de vibrations.
[0007] Les radiateurs dont l'élément actif est constitué d'une résistance en forme d'hélice
exposée à l'air ont une température de fonctionnement limitée. Cette limite est par
exemple de 1000°C. Différentes raisons sont à l'origine de cette limite, la tenue
mécanique du métal, sa résistance à l'oxydation mais également parce qu'on souhaite
que le rayonnement infra-rouge émis ne soit pas de trop courte longueur d'onde mais
possède au contraire un spectre d'émission très large centré sur une longueur d'onde
moyenne. Il résulte de cette limite sur la température que l'énergie thermique disponible
est également limitée, c'est pourquoi l'on désire associer plusieurs filaments parallèles,
le plus souvent deux.
[0008] Selon les caractéristiques de chaque filament telles que diamètre, longueur, température,
il peut être intéressant de brancher les deux hélices jumelles soit en série, soit
en parallèle. Lorsqu'on utilise comme support des résistances, un tube en matière
transparente ou diffusante dont la section a une forme de 8, il est alors nécessaire
de monter aux deux extrémités, à l'extérieur du tube des boîtiers de connexion qui
selon leur type permettent le montage en série ou en parallèle. Si l'on utilise
un tube qui ne comporte pas de cloison interne, il est intéressant, pour pouvoir facilement
immobiliser les éléments internes malgré les chocs et les vibrations, de disposer
d'un tube de section ovale. Les filaments sont dans ce cas séparés l'un de l'autre
par un deuxième tube plus petit. Mais, alors, la configuration du câblage à l'extrémité
la plus éloignée du tube doit, dès l'origine, être conçue différemment selon que l'élément
chauffant est destiné à être monté avec ses deux spirales en parallèle ou en série.
Il serait cependant intéressant pour les monteurs qui installent des tubes électriques
rayonnants sur des machines ou les combinent pour en faire des caissons de pouvoir
effectuer tous les branchements d'un seul côté, à une même extrémité du tube et d'autre
part, de pouvoir décider, seulement lors du branchement, du type de câblage, série
ou parallèle, qui sera finalement adopté, ou même de pouvoir, ultérieurement, passer
facilement d'un type de branchement à l'autre.
[0009] Les tubes rayonnants traditionnels lorsqu'ils sont destinés à ne chauffer que d'un
seul côté sont en général recouverts sur l'autre côté d'une couche d'or déposée par
exemple sous vide. Ce matériau est cher et son dépôt nécessite une phase de production
supplémentaire. par ailleurs, il exige des précautions d'emploi contraignantes. Tant
que le tube n'est pas en place il faut éviter tout contact de la couche d'or avec
une surface dure qui pourrait la rayer. Par ailleurs, toute surchauffe de l'interface
silice/or est prohibée : si la température y dépassait 800°C la couche d'or serait
pratiquement hors d'usage et ne jouerait plus aucun rôle sur le rayonnement.
[0010] On connaît des dispositifs où l'on utilise d'autres moyens qu'une couche métallique
pour réfléchir et concentrer le rayonnement émis par un filament incandescent. Le
brevet US 4 001 622 présente par exemple un filament linéaire en tungstène à haute
température placé de manière excentrée vers l'arrière à l'intérieur d'un tube de section
circulaire en quartz, parallèlement à son axe, le tube étant noyé dans un demi-cylindre
coaxial en fibres céramiques de manière à focaliser le rayonnement selon une droite
parallèle à l'axe de l'autre côté du filament, à l'extérieur du tube.
[0011] Ce dispositif qui répond à un besoin particulier dans la technique de la photocopie
n'est pas adapté au problème posé, c'est ainsi qu'il ne donne aucune solution pour
l'isolement électrique des deux filaments incandescents, il ne permettrait d'ailleurs
pas non plus de les positionner précisément, par ailleurs, il ne résout pas la question
du branchement des deux filaments, soit en parallèle, soit en série.
[0012] Les deux dispositifs réflecteurs précédents, couche d'or sur le tube ou réflecteur
extérieur à base de fibres n'échappent pas à l'inconvénient d'entraîner un échauffement
inutile de la paroi arrière du tube qui est traversée deux fois par le rayonnement
ce qui diminue sa rigidité et fait baisser le rendement thermique du système.
[0013] L'invention concerne un élément chauffant tubulaire comportant à l'intérieur du tube
réfractaire, au moins un filament incandescent logé à l'intérieur du sillon d'un matériau
réfractaire réfléchissant la chaleur, thermiquement isolant. Dans une variante de
l'invention, les filaments sont au nombre de deux, parallèles à l'axe du tube, ils
sont isolés électriquement l'un de l'autre par le matériau réfléchissant la chaleur.
[0014] Ce matériau a une conductivité thermique à 1000°C inférieure à 0,35 Wm⁻¹K⁻¹ et de
préférence inférieure à 0,25 Wm⁻¹K⁻¹. Il peut être avantageusement à base de silice
obtenue à partir d'une barbotine selon le procédé dit "slip-cast" ou de fibres céramiques
à base de silice et/ou d'alumine.
[0015] L'invention prévoit également l'installation d'une tige métallique à l'intérieur
du tube. Celle-ci peut être utilisée pour amener le courant électrique jusqu'à l'extrémité
du tube la plus éloignée.
[0016] Le fonctionnement de l'invention ainsi que les avantages qu'elle présente par rapport
aux techniques antérieures apparaîtront dans la description qui suit illustrée par
les figures.
La figure 1 représente un tube chauffant traditionnel équipée de ses deux filaments,
La figure 2 est une variante du même dispositif,
La figure 3 présente une réalisation conforme à l'invention,
Quant à la figure 4, elle montre schématiquement un branchement électrique selon l'invention.
[0017] Les tubes chauffants du type de ceux de l'invention sont destinés à équiper des appareils
ménagers ou industriels soit isolément, soit associés à plusieurs dans un caisson.
Il s'agit de chauffer pour sécher, cuire, polymériser, calciner, etc.. les matériaux
les plus divers. Les caractéristiques exigées sont aussi bien physiques que pratiques.
Sur le premier plan, il s'agit d'avoir le spectre de rayonnement le plus large possible.
Il faudrait idéalement, qu'il s'étende de 1,5 à 10 µ de manière à pouvoir répondre
à la gamme d'utilisations la plus large. Cette caractéristique est atteinte souvent
par l'utilisation de ré-émetteurs : une source unique de rayonnement telle que le
filament métallique : par exemple en alliage de fer, chrome et aluminium 1 de la figure
1 est porté à une température donnée, par exemple 800°C. A cette température, le
maximum de rayonnement émis est à 2,7 µ. Le rayonnement émis par le filament est transmis
en partie par l'enveloppe 2 constituée le plus souvent de silice vitreuse. Mais une
certaine partie est absorbée par ce matériau qui s'échauffe - à une température inférieure
à celle du filament - et réémet de l'énergie dans le domaine spectral où il absorbe,
c'est-à-dire dans le domaine des plus grandes longueurs d'ondes. Dans la plupart des
applications, le rayonnement thermique émis n'est utilisé que d'un seul côté du tube,
on cherche donc à l'éliminer ou au moins à le diminuer de l'autre côté. C'est pourquoi
la face arrière du tube 3 est recouverte d'une couche d'or 4. Celle-ci réfléchit
le rayonnement direct émis par le filament 1 et grâce à la très faible émissivité
de l'or, empêche la silice 3 chauffée d'émettre du rayonnement vers l'arrière. Cependant,
le rayonnement thermique a traversé deux fois la paroi arrière du tube et a contribué
à l'échauffer davantage et à augmenter les déperditions par convexion.
[0018] Sur la figure 1 on voit par ailleurs comment la cloison 5 permet d'isoler électriquement
les deux filaments 1 et 6.
[0019] La figure 2 présente une variante de la figure 1 où le tube extérieur ovale 7 ne
comporte pas de cloison. Les deux filaments 8 et 9 sont séparés ici par un tube de
section en général circulaire 10. Ici aussi on peut mettre sur la face arrière du
tube 7 une couche réfléchissante et non émissive 11, par exemple en or.
[0020] Par rapport au système précédent, celui-ci présente l'avantage de permettre d'utiliser
le canal interne du tube 10 pour y faire passer un conducteur électrique (non représenté).
Il est ainsi possible de fermer complètement le tube 7 à l'une de ses extrémités,
d'effectuer grâce à un tube 10 légèrement plus court que le tube 7, des connexions
électriques à cette extrémité à l'intérieur du tube 7 et de pouvoir faire ainsi tous
les branchements électriques à partir de l'autre bout du même tube 7. Un tel système
présente cependant l'inconvénient d'un montage délicat lorsqu'il faut introduire
les deux spirales 8 et 9 et le tube 10 simultanément dans le tube 7. Par ailleurs,
le jeu nécessaire entre les tubes 10 et 7 autorise le tube 10 à vibrer bruyamment
en provoquant des chocs sur le tube 7. Ce phénomène est parfois gênant.
[0021] En résumé, avec l'art antérieur des figures 1 et 2, on a des systèmes chers, fragiles
et limités en température à cause de la couche d'or 4 ou 11. On a par ailleurs un
branchement obligatoire aux deux extrémités dans le cas de la figure 1 puisque la
cloison centrale 5 oblige à sortir du tube 2 pour relier électriquement les filaments
1 et 6, et, dans le cas de la figure 2, un montage délicat et un fonctionnement bruyant.
De plus la paroi arrière du tube s'échauffe inutilement ce qui diminue le rendement
thermique.
[0022] La figure 3 présente un élément chauffant selon l'invention. On y voit un tube ovale
12 en matériau réfractaire transparent comme par exemple la silice vitreuse. Sa section
a pour plus grande dimension extérieure 18 mm et pour plus petite 9 mm, les parois
sont épaisses de 1,5 mm, on voit également des filaments 13 qui peuvent être uniques
ou au nombre de deux ou plus, installés parallèlement les uns aux autres, il sont
en alliage à base de fer, chrome et aluminium de forme hélicoïdale, leur diamètre
est de 2 à 10 mm pour un diamètre des fils unitaires de 0, 2 à 1 mm. Ces filaments
sont flexibles, ils sont associés par deux sur la figure et sont supportés par une
gouttière 14 (qui est double sur la figure). Cette gouttière qui sert donc de fourreau
aux filaments tels que 13 est constituée d'un matériau réfractaire qui a deux caractéristiques
essentielles, une bonne isolation thermique et une bonne réflexion pour le rayonnement
émis par le filament 13. Deux matériaux ont été essayés avec succès pour constituer
cette gouttière, un premier à base de fibres céramiques, le second à base de silice
poreuse. Ce dernier matériau est une silice mise en oeuvre par une technique de barbotine
qu'on évapore puis qu'on cuit à haute température (technique dite "slip-cast silica").
On obtient un produit moulé avec des bonnes tolérances et selon les conditions de
mise en oeuvre, une micro-porosité contrôlée. La micro-porosité pour la réalisation
de la gouttière selon l'invention doit être telle qu'elle conduise à une conductivité
inférieure à 0,35 Wm⁻¹K⁻¹. La silice en question possède une réflectance spectrale
hémisphérique particulièrement élevée, de l'ordre de 85 % pour des longueurs d'ondes
supérieures à 0,8 µ. Lorsqu'on réalise la gouttière avec de la fibre réfractaire,
on peut utiliser avantageusement de la fibre céramique à base d'alumine et de silice
comme par exemple celle de la marque KERLANE-Pyronappe 50. Pour obtenir la forme de
la gouttière on utilisera de préférence un liant minéral à base de silicates.
[0023] La géométrie retenue pour la section de la gouttière représentée figure 3 ne constitue
qu'un exemple. La forme selon l'invention doit être telle qu'elle permette une introduction
aisée de l'ensemble gouttière-filaments à l'intérieur du tube 12 et un glissement
sur toute sa longueur.
[0024] Cette forme doit par ailleurs permettre un positionnement précis des filaments 13.
L'autre critère important est l'épaisseur résiduelle entre l'arrière du filament 13
et la paroi arrière du tube 12. Cette épaisseur doit être suffisamment importante
étant donné la conductivité du matériau constituant la gouttière 14 pour que l'échauffement
de la face arrière du tube reste limité.
[0025] Avec une fibre du type de celle décrite ci-dessus et dont la conductivité à 1000°C
est de l'ordre de 0,2 W.m⁻¹.K⁻¹, une épaisseur de l'ordre de 4 mm à l'endroit le plus
mince s'est avérée satisfaisante.
[0026] Sur la figure 3, du côté le moins chaud du tube 12, vers l'arrière on voit un espace
vide 15. Celui-ci est destiné à recevoir une tige métallique non représentée qui joue
d'une part un rôle de tenue mécanique pour l'introduction de la gouttière dans le
tube 12 dans le cas de la gouttière de matériau fibreux et également le rôle de conducteur
électrique dans tous les cas. La section de cette tige constituée d'un métal tenant
à la température tel que l'acier inoxydable par exemple a une section adaptée, par
exemple en forme de T, qui lui fournit une bonne inertie dans toutes les directions.
[0027] Sur la figure 4, on voit le type de branchement qui peut avantageusement être réalisé
dans le cas de deux filaments hélicoïdaux. La tige métallique schématisée par un
trait 16 s'étend sur toute la longueur du tube non représenté, parallèlement aux
filaments 17, 18. L'isolation des trois éléments les uns par rapport aux autres est
assurée par la gouttière non représentée. Les trois conducteurs sont reliés électriquement
entre eux à leur extrémité distale c'est-à-dire la plus éloignée. A l'extrémité où
se fait le branchement électrique, les trois conducteurs 16, 17 et 18 se terminent
par des broches respectives 19, 20 et 21 qui permettent un branchement des deux filaments
soit en série, soit en parallèle : en série le courant est branché entre 20 et 21,
en parallèle, les broches 20 et 21 sont reliées électriquement et le courant est établi
entre ces broches et la broche 19.
[0028] La description qui précède a permis de montrer que l'invention présente une technique
moins chère et plus pratique, en particulier pour le branchement électrique, que les
techniques existantes.
1. Element chauffant tubulaire comportant à l'intérieur d'un tube réfractaire au
moins un filament incandescent logé à l'intérieur du sillon d'un matériau réfractaire
réfléchissant la chaleur, caractérisé en ce que le matériau réfléchissant la chaleur
est thermiquement isolant.
2. Elément chauffant selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comporte deux
filaments parallèles à l'axe du tube séparés par le matériau réfléchissant la chaleur.
3. Elément chauffant selon la revendication 1, caractérisé en que le matériau réfléchissant
la chaleur a une conductivité à 1000°C inférieure à 0,35 W m⁻¹ K⁻¹.
4. Elément chauffant selon la revendication 3, caractérisé en que la conductivité
est inférieure à 0,25 W m⁻¹ K⁻¹.
5. Elément chauffant selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en que
le matériau isolant est à base de fibres céramiques de silice et/ou d'alumine.
6. Elément chauffant selon la revendication 4, caractérisé en que le matériau isolant
est à base de silice obtenue à partir d'une barbotine (slip-cast).
7. Elément chauffant selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comporte une
tige métallique parallèle à l'axe du tube et isolée électriquement du ou des filaments.
8. Elément chauffant selon la revendication 7, caractérisé en ce qu'une connexion
électrique est réalisée à une extrémité du tube entre la tige métallique et le ou
les filaments.
9. Elément chauffant selon la revendication 2 et la revendication 8, caractérisé en
ce que le courant électrique est établi soit entre les extrémités libres des deux
filaments soit entre la tige métallique d'une part et les deux filaments réunis également
par leurs extrémités libres d'autre part.
10. Elément chauffant selon la revendication 8 ou la revendication 9 , caractérisé
en ce que le tube réfractaire est scellé hermétiquement à l'extrémité où ne se fait
pas le branchement électrique.