[0001] La présente invention concerne une cathode à dégagement d'hydrogène, son mode de
fabrication et son application en électrolyse.
[0002] Cette cathode,telle que visée par la présente invention, comprend un substrat conducteur
de l'électricité, désigné dans tout ce qui suit seulement par substrat, sur lequel
est appliqué un revêtement, lui-même conducteur, formé de composés oxydés à la fois
de cobalt et de chrome et désigné dans tout ce qui suit seulement par revêtement.
Le revêtement, fabriqué d'une façon simple et peu onéreuse conformément à l'invention,
adhère solidement au substrat, autorise une faible surtension au dégagement d'hydrogène
et une bonne stabilité de fonctionnement de la cathode en électrolyse.
[0003] La demande de brevet européen publiée sous le numéro 0126189 rappelle que la progression
du coût de l'énergie fait que c'est l'intérêt de l'industrie de disposer de cathodes
qui minimisent la consommation superflue d'énergie liée à l'ampleur de la surtension
au dégagement d'hydrogène.
[0004] Elle montre aussi que cette question a donné lieu à de nombreuses publications.
[0005] Elle a elle-même pour objet une cathode à dégagement d'hydrogène dans laquelle le
revêtement comprend un composé du chrome et un oxyde d'au moins un métal choisi parmi
le nickel et le cobalt. Ce revêtement est appliqué sur le substrat selon une technique
choisie exclusivement parmi les trois suivantes: projection à l'état fondu d'un mélange
des précurseurs en poudre, frittage en atmopshère oxydante d'un mélange des précuseurs
à l'état solubilisé, placage électrochimique ou chimique suivi d'une calcination oxydante
en atmosphère oxydante. Ce choix, allié à celui de la proportion des éléments métalliques
fait qu'il se forme ainsi une association particulière dérivée du chrome et d'un
autre métal qui ne se différencie pas de la forme sous laquelle se trouve cet autre
métal.
[0006] La cathode à dégagement d'hydrogène de la présente invention est caractérisée quant
à elle en ce que le cobalt présent dans le revêtement est sous forme à la fois d'oxyde
Co₃O₄ et d'un composé distinct de Co₃O₄ qui se présente comme Co₂CrO₄ en diffraction
X et qui contient le chrome présent dans le revêtement en quantité telle que la valeur
du rapport du nombre d'atomes de chrome au nombre cumulé d'atomes de chrome et de
cobalt présents dans le revêtement reste inférieure à celle pour laquelle Co₃O₄ disparaît.
[0007] Un procédé pour fabriquer la cathode ainsi définie est caractérisé en ce que le revêtement
est obtenu par décomposition thermique sur le substrat, en atmosphère inerte, par
exemple azote ou argon, à une température comprise entre 250°C et 700°C, le plus souvent
supérieure à environ 300°C et de préférence comprise entre environ 350°C et 500°C,
du mélange de nitrate de cobalt et de nitrate de chrome résultant sur le substrat
de l'élimination du solvant choisi pour solubiliser ensemble les deux nitrates sous
forme d'une solution appliquée avant tout sur le substrat.
[0008] Une utilisation de la cathode conforme à la présente invention est par exemple l'électrolyse
en milieu aqueux, dans les conditions par ailleurs bien connues, d'un chlorure de
métal alcalin en chlorate dudit métal, par exemple le chlorure de sodium en chlorate
de sodium, ou d'un chlorate de métal alcalin en perchlorate dudit métal, par exemple
le chlorate de sodium en perchlorate de sodium. La cathode de l'invention est utilisable
en milieu acide, neutre ou alcalin, de préférence en milieu de pH compris entre environ
5 et 12 dans les électrolytes formés à partir desdits chlorure, chlorate, perchlorate.
[0009] Dans la définition donnée ci-dessus des trois objets de l'invention et/ou dans tout
ce qui suit, sauf précision ou évidence,
- le rapport du nombre d'atomes de chrome au nombre cumulé d'atomes de cobalt et de
chrome, dont la valeur est exprimée en pour cent, est désigné par taux de chrome,
- le composé se présentant comme Co₂CrO₄ est dit distinct de Co₃O₄ en ce qu'il s'en
différencie lorsque le revêtement sur substrat est examiné par diffraction X et/ou
par microscopie électronique,
- Co₃O₄ est dit avoir disparu puisqu'il n'est plus décelable par examen du revêtement
sur substrat aux rayons X, le nitrate de chrome et le nitrate de cobalt employés pour
former la solution les contenant ensemble et appliquée avant tout sur le substrat
sont normalement les sels cristallisés hydratés, par exemple Co(NO₃)₂, 6H₂O, Cr(NO₃)₃,
9H₂O. Les deux nitrates sont engagés en quantité relative telle que soit respectée
dans la solution le taux de chrome visé dans le revêtement,
- la nature du solvant choisi pour former la solution des deux nitrates ensemble
n'est pas critique pourvu que le rôle du solvant se limite à être celui d'un vecteur
des deux nitrates neutre vis-à-vis d'eux, et que l'élimination du solvant de la solution
une fois qu'elle a été appliquée sur le substrat, puisse être réalisée, normalement
par évaporation, sans que la décomposition thermique des nitrates aille le cas échéant
au-delà du départ d'une partie de leur eau de cristallisation, c'est-à-dire sans
que les nitrates proprement dits soient décomposés; le solvant peut être par exemple
l'eau, ou un alcool comme l'éthanol, ou une solution hydroalcoolique comme l'éthanol
à 95°,
- l'application de la solution sur le substrat est réalisée sur tout ou partie d'une
face ou des deux faces dudit substrat, par exemple par badigeonnage au pinceau, par
pulvérisation, par trempage,
- la durée du traitement de décomposition thermique des deux nitrates pour obtenir
le revêtement conforme à l'invention dépend essentiellement de la température choisie
pour ce traitement ; elle est en général comprise entre environ 5 minutes et 2 heures
et le plus souvent entre environ 0,5 heure et 1 heure,
- l'épaisseur finale du revêtement sur substrat peut varier entre des limitese éloignées,
par exemple entre environ 1µm et 300µm ; elle est atteinte en pratique grâce à des
applications successives de la solution des nitrates sur le substrat, dont le nombre
varie en fonctionnotamment de la concentration de ladite solution en nitrate, chacune
de ces applications étant suivie soit de l'élimination du solvant et du traitement
de décomposition thermique, soit de la seule élimination du solvant, le traitement
thermique approprié n'étant alors réalisé que finalement,
le substrat, dans la cathode de l'invention, est un substrat communément utilisé dans
le cas d'une cathode à dégagement d'hydrogène ; il est par exemple en fer ou, de préférence,
en acier doux ou inoxydable, en nickel, en titane ; la demande de brevet européen
n°0126189 déjà citée décrit certaines précautions à prendre quant à l'état initial
du substrat qui valent aussi ici.
[0010] En plus de la diffractométrie par les rayons X, l'analyse chimique par spectrométrie
électronique ESCA et la microscopie électronique ont été les méthodes employées pour
juger de ce qu'est ou de ce que n'est pas la nature et la présentation du revêtement
sur substrat de l'invention.
[0011] Il a pu être ainsi jugé que pour ledit revêtement :
- le chrome métal n'est pas décelable ni l'oxyde de chrome Cr₂O₃,
- le composé dont il est dit qu'il se présente comme Cr₂O₃ et qui contient tout le
chrome présent dans le revêtement, est vraisemblablement Cr₂O₃ lui-même,
- la morphologie est particulière et très différente par exemple de celle d'un revêtement
formé selon le procédé de l'invention mais à partir du seul nitrate de cobalt ; l'aspect
de surface du revêtement conforme à l'invention est beaucoup plus homogène, uniforme
et continu,
- le taux de chrome pour lequel Co₃O₄ disparaît dans le revêtement, donné ici à titre
indicatif, est normalement de l'ordre de 30 %.
[0012] Les clichés de microscopie électronique reproduits respectivement dans les figures
1, 2 et 3 illustrent ce qui vient d'être dit à propos de l'état de surface des revêtements.
[0013] La figure 1 est la reproduction du cliché de microscopie électronique au grossissement
2000 de la surface d'un revêtement du substrat pour lequel la valeur du taux de chrome
est égale à 0,5 %, dans une cathode conforme à l'invention et fabriquée, selon le
procédé de l'invention, à partir de Co(NO₃)₂, 6H₂O et de Cr(NO₃)₃, 9H₂O, en employant
l'éthanol à 95° comme solvant, en décomposant thermiquement les nitrates sur substrat
à 400° sous courant d'azote durant 0,5 heure, la suite des opérations enduction de
la solution des nitrates sur le substrat-vaporisation du solvant-traitement de décomposi
tion thermique étant répétée jusqu'à obtention de l'épaisseur de revêtement désirée.
[0014] La figure 2 est la reproduction du cliché de microscopie électronique au grossissement
2000 de la surface d'un revêtement pour lequel la valeur du taux de chrome est égale
à 19,5 % et auquel s'applique ce qui a été dit par ailleurs pour la figure 1.
[0015] La figure 3 est à titre de comparaison la reproduction du cliché de microscopie
électronique au grossissement 2000 de la surface d'un revêtement pour lequel la valeur
du taux de chrome est nulle, le nitrate engagé étant le seul nitrate Co(NO₃)₂, 6H₂O,
ce qui a été dit pour la préparation des revêtements des figures 1 et 2 étant transposable
dans ce cas.
[0016] Dans chacun des trois cas ci-dessus, le substrat est une plaque massive d'acier doux
qui est dégraissée et polie au corindon avant que soit procédé à son revêtement d'épaisseur
chaque fois la même.
[0017] La caractérisation électrochimique de cathodes conformes ou non à l'invention, et
donc celle de leur revêteent, est illustrée par l'électroactivité pour le dégagement
d'hydrogène déterminée par mesure de potentiel cathodique, sous polarisation, 20 A/dm²,
par rapport à une électrode au calomel saturé désignée par ECS, dans l'électrolyte
constitué d'eau et, par litre, de 120 g. de NaCl, 580 g. de NaClO₃ et 6 g. de Na₂Cr₂O₇
, à pH égal à 6,5 et à température égale à 65°C, par l'intermédiaire d'un capillaire
Luggin dont le rôle bien connu est d'éviter la chute ohmique dans la mesure.
[0018] La tableau 1 ci-dessous rassemble à titre indicatif mais non limitatif les résultats
des mesures réalisées qui illustrent l'intérêt de l'invention. Pour la cathode 3,
évaluée pour comparaison, la valeur du taux de chrome est égale à 0 % du fait que
le revêtement résulte, comme dans le cas de la cathode objet de la figure 3, du seul
nitrate de cobalt. Pour la cathode 4, évaluée à titre de comparaison, le taux de chrome
n'est pas indiqué car le substrat est utilisé tel quel. La cathode 7, à laquelle a
été appliquée la succession d'étapes comme dans le procédé selon l'invention, est
évaluée à titre de comparaison, la valeur du taux de chrome étant supérieure à celle
correspondant à la disparition de Co₃O₄ dans le revêtement. Les électrodes 1, 2, 5
et 6 sont conformes à la présente invention. Dans tous les cas où il y a revêtement
du substrat, l'épaisseur du revêtement est chaque fois la même.
Tableau 1
- Cathode à dégagement d'hydrogène - Caractérisation électrochimique |
Cathode |
Substrat |
Taux de Chrome, % |
Potentiel cathodique mv/ECS |
1 |
acier doux |
5 |
- 1120 |
2 |
acier doux |
19,5 |
- 1120 |
3 (comparaison) |
acier doux |
0 |
- 1150 |
4 (comparaison) |
acier doux |
0 |
- 1400 |
5 |
acier inoxydable |
|
- 1220 |
6 |
nickel |
19,5 |
- 1120 |
7 (comparaison) |
nickel |
50 |
- 1300 |
1. Cathode à dégagement d'hydrogène compenant un substrat conducteur de l'électricité
sur lequel est appliqué un revêtement formé de composés oxydés à la fois de cobalt
et de chrome, caractérisé en ce que le cobalt présent dans le revêtement est sous
forme à la fois d'oxyde Co₃O₄ et d'un composé distinct de Co₃O₄ qui se présente comme
Co₂CrO₄ en diffraction X et qui contient le chrome présent dans le revêtement en
quantité telle que la valeur du rapport du nombre d'atomes de chrome au nombre cumulé
d'atomes de chrome et de cobalt présents dans le revêtement reste inférieure à celle
pour laquelle Co₃O₄ disparaît.
2. Cathode à dégagement d'hydrogène selon la revendication 1, caractérisé en ce que
le substrat est constitué d'une matière choisie parmi l'acier doux, l'acier inoxydable,
le nickel, le titane.
3. Procédé pour fabriquer la cathode à dégagement d'hydrogène d'une des revendications
1 et 2, caractérisé en ce que le revêtement est obtenu par décomposition thermique
sur le substrat, en atmosphère inerte, à une température comprise entre 250°C et 700°C,
du mélange de nitrate de cobalt et de nitrate de chrome résultant sur le substrat
de l'élimination du solvant choisi pour solubiliser ensemble les deux nitrates sous
forme d'une solution appliquée avant tout sur le substrat.
4. Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que la solution des deux nitrates
appliquée sur le substrat contient une quantité de chacun d'eux telle que soit respecté
dans ladite solution le taux de chrome visé dans le revêtement.
5. Procédé selon l'une des revendications 3 et 4, caractérisé en ce que 16 solvant
est tel qu'il est éliminé de la solution des deux nitrates appliquée sur le substrat
sans que les nitrates proprement dits soient décomposés thermiquement.
6. Procédé selon l'une des revendications 3 à 5, caractérisé en ce que le solvant
est éliminé par évaporation.
7. Procédé selon l'une des revendications 3 à 6, caractérisé en ce que le solvant
est choisi parmi l'eau l'éthanol, un mélange d'eau et d'éthanol.
8. Procédé selon l'une des revendications 3 à 7, caractérisé en ce que la décomposition
thermique sur substrat du mélange de nitrate de cobalt et de nitrate de chrome est
réalisée sous atmosphère d'azote ou d'argon.
9. Procédé selon l'une des revendications 3 à 8, caractérisé en ce que la décomposition
thermique sur substrat du mélange des deux nitrates est réalisée à une température
supérieure à 300°C.
10. Procédé selon la revendication 9, caractérisé en ce que la température est comprise
entre 350°C et 500°C.
11. Application de la cathode à dégagement d'hydrogène d'une des revendications 1
et 2 dans l'électrolyse en milieu aqueux d'un chlorvre de métal alcalin comme le chlorure
de sodium ou d'un chlorate de métal alcalin comme le chlorate de sodium respectivement
en chlorate ou en perchlorate dudit métal alcalin.
12. Application selon la revendication 11, caractérisé en ce que l'électrolyse est
réalisée en milieu aqueux de pH compris entre 5 et 12.