[0001] La présente invention concerne un tube photomultiplicateur segmenté en une pluralité
de photomultiplicateurs élémentaires, comportant une photocathode, une pluralité de
multiplicateurs d'électrons élémentaires du type "à feuilles à trous", et une pluralité
d'électrodes de focalisation réalisant la convergence des photoélectrons issus de
la photocathode sur lesdits multiplicateurs élémentaires.
[0002] L'invention trouve une application particulièrement avantageuse dans le domaine de
la physique des hautes énergies, et, plus particulièrement, dans celui de la détection
par effet photoélectrique des particules élémentaires afin, par exemple, d'en déterminer
la trajectoire. Dans ce but, il est nécessaire de réaliser des dispositifs de détection
comportant un grand nombre d'éléments photomultiplicateurs distincts mais accolés
le mieux possible les uns aux autres de façon à limiter les pertes de surface utile
de ces dispositifs. Une solution à ce problème technique général, qui a aussi l'avantage
de diminuer le coût des dispositifs de détection susmentionnés, est donnée par la
segmentation d'un tube photomultiplicateur en une pluralité de photomultiplicateurs
élémentaires. La demande de brevet européen n° 0 264 992 décrit un tube photomultiplicateur
segmenté d'un type conforme au préambule, dans lequel les multiplicateurs élémentaires
résultent du cloisonnement d'un multiplicateur "à feuilles à trous" unique, et dont
l'espace d'entrée situé entre la photocathode et le multiplicateur d'électrons est
également cloisonné, de façon étanche aux électrons issus de la photocathode en une
pluralité d'espaces d'entrée élémentaires. Ce cloisonnement de l'espace d'entrée
a pour effet d'éviter la diaphotie des photoélectrons qui pourrait se produire entre
les différentes voies du fait, d'une part, que la distance entre la photocathode
et le multiplicateur doit être relativement grande pour pouvoir placer les générateurs
d'antimoine, par exemple, assez loin de la fenêtre d'entrée du tube dans le but de
réaliser une couche d'antimoine la plus homogène lors de l'élaboration de la photocathode,
et, d'autre part, que les électrodes de focalisation sont portées à un potentiel
électrique élevé, de l'ordre de celui de la première feuille du multiplicateur d'électrons.
[0003] Par ailleurs, il faut noter que le multiplicateur cloisonné du tube photomultiplicateur
segmenté connu n'est pas exempt de diaphotie. En se référant, par exemple, à la demande
de brevet européen n°0 350 111 qui décrit un multiplicateur "à feuilles" du même type
que celui utilisé dans le tube segmenté de l'état de la technique, on note que le
cloisonnement est réalisé entre les demi-dynodes extractrices et multiplicatrices
d'une même dynode à l'aide d'une entretoise étanche aux électrons. Par contre, l'espace
entre une demi-dynode multiplicatrice et la demi-dynode extractrice de la dynode
suivante est libre de sorte que des électrons rétrodiffusés élastiquement sur la
surface de ladite demi-dynode extractrice près de la limite entre deux multiplicateurs
élémentaires peuvent passer d'un multiplicateur élémentaire au multiplicateur élémentaire
voisin pour y être à nouveau multipliés et, ainsi, donner lieu à diaphotie.
[0004] Aussi, le problème technique à résoudre par l'objet de la présente invention est
de réaliser un tube photomultiplicateur segmenté conforme au préambule grâce auquel
toute diaphotie serait évitée au niveau des multiplicateurs élémentaires, et dont
l'étage d'entrée serait de réalisation plus simple tout en assurant une très bonne
collection électronique et une diaphotie minimale des photoélectrons.
[0005] La solution au problème technique posé consiste, selon la présente invention, en
ce que les feuilles homologues des multiplicateurs élémentaires sont réalisées sur
une même plaque conductrice segmentée présentant une zone morte séparant des zones
actives à trous correspondant aux différents multiplicateurs.
[0006] Ainsi, le fait que les zones actives des feuilles soient séparées par une zone morte
ayant une certaine largeur empêche les électrons élastiques rétrodiffusés de traverser
ladite zone morte pour passer d'un multiplicateur secondaire à l'autre, car cela supposerait
que lesdits électrons puissent effectuer plusieurs sauts successifs avec rétrodiffusion
élastique à chaque saut, ce qui correspond à une possibilité tout à fait négligeable.
La diaphotie au niveau des multiplicateurs élémentaires pour le tube selon l'invention
est donc pratiquement inexistante.
[0007] D'autre part, comme on le verra plus loin en détail, en appliquant aux électrodes
de focalisation un potentiel électrique voisin de la photocathode, on réalise la
situation de couplage idéal entre la photocathode et les multiplicateurs élémentaires,
et donc d'efficacité de collection parfaite, puisque, dans l'espace situé entre la
photocathode et les multiplicateurs élémentaires, le champ électrique accélérateur
provient essentiellement de la première feuille des multiplicateurs élémentaires.
On peut ainsi définir sans nécessité de cloisonnement matériel, mais aussi sans diaphotie,
des photocathodes élémentaires associées aux tubes photomultiplicateurs élémentaires
en tant que surface conjuguée sur la photocathode des multiplicateurs élémentaires
à travers l'optique électronique d'entrée constituée par chaque électrode de focalisation
et la première feuille du multiplicateur élémentaire correspondant.
[0008] L'absence de cloisonnement matériel dans l'espace d'entrée du tube photomultiplicateur
segmenté selon l'invention constitue déjà en soi un avantage important en comparaison
des tubes de l'état de la technique.
[0009] Avantageusement, lesdites électrodes de focalisation sont réalisées à partir d'une
même feuille conductrice percée de trous de passage, et non pas de manière individuelle
comme dans le tube connu, avec la plus grande facilité de construction du tube que
cela représente.
[0010] La description qui va suivre en regard des dessins annexés, donnés à titre d'exemples
non limitatifs, fera bien comprendre en quoi consiste l'invention et comment elle
peut être réalisée.
La figure 1 est une vue en coupe d'un tube photomultiplicateur segmenté selon l'invention.
La figure 2 est une vue de dessus d'une plaque conductrice segmentée du tube de la
figure 1.
La figure 3 est une vue de dessus d'une feuille conductrice réalisant les électrodes
de focalisation du tube de la figure 1.
[0011] La figure 1 montre, en coupe, un tube photomultiplicateur 10 segmenté en deux photomultiplicateurs
élémentaires 11, comportant une photocathode 12, deux multiplicateurs élémentaires
13 du type "à feuilles à trous", et deux électrodes 14 de focalisation réalisant
la convergence des photoélectrons issus de la photocathode 12 sur lesdits multiplicateurs
élémentaires 13.
[0012] Le tube photomultiplicateur 10 se termine par une anode 23 par exemple une plaque
collectrice que l'on peut utiliser comme électrode extractrice.
[0013] Les multiplicateurs élémentaires 13 "à feuilles à trous" peuvent être analogues à
ceux décrits dans la demande de brevet européen n° 0 131 339 ou dans la demande de
brevet européen n°0 350 111.
[0014] Comme le montrent les figures 1 et 2, les feuilles homologues 15 des multiplicateurs
élémentaires 13 sont réalisées sur une même plaque conductrice 16 segmentée présentant
une zone morte 17 séparant les zones actives 18 à trous correspondant aux deux multiplicateurs
13. Les deux demi-dynodes extractrice et multiplicatrice d'une même dynode sont séparées
au niveau de la zone morte 17 par une cloison 22 conductrice, étanche aux électrons
qui évite la diaphotie entre les deux multiplicateurs élémentaires 13. Entre une demi-dynode
multiplicatrice et la demi-dynode extractrice suivante, pour lesquelles un tel cloisonnement
n'existe pas, la diaphotie entre multiplicateurs élémentaires est empêchée par la
présence de la zone morte 17 pratiquement infranchissable même pour des électrons
rétrodiffusés élastiquement sur la demi-dynode extractrice.
[0015] En fonctionnement, la photocathode 12 est portée au potentiel électrique V₁, que
l'on prendra égal à 0V, la première feuille 21 des multiplicateurs 13 est à un potentiel
V₃ de quelques centaines de Volts, par exemple 300V, tandis que les électrodes 14
de focalisation sont portées à un potentiel V₂ nul ou faiblement positif, et d'une
façon générale, inférieur à 20% du potentiel V₃, par exemple de 10% de V₃. Si les
électrodes 14 de focalisation sont à V₂=0V, tous les électrons émis par la photocathode
sont capturés sélectivement soit par l'un, soit par l'autre des multiplicateurs élémentaires
13. La collection est donc complète et le couplage photocathode-multiplicateurs élémentaires
est tel que la photocathode 12 est parfaitement divisée de façon immatérielle en deux
demi-photocathodes associées respectivement aux multiplicateurs élémentaires, ainsi
que l'indique la trajectoire électronique 24 de la figure 1.
[0016] On observe cependant qu'avec des potentiels V₁ et V₂ égaux, la réponse temporelle
du tube n'est pas très bonne car le temps de transit des photoélectrons peut varier
notablement en fonction de l'endroit de la photocathode 12 où ils sont émis. C'est
pour remédier à cet inconvénient qu'on envisage également de porter les électrodes
14 de focalisation à un potentiel V₂ de quelques dizaines de Volts, 25 à 50V dans
l'exemple, ce qui améliore le temps de réponse des photoélectrons émis à la périphérie
de la photocathode sans dégrader sensiblement l'efficacité de collection.
[0017] Il peut se produire une légère diaphotie d'origine optique (réflexion) à laquelle
on peut remédier en plaçant entre les électrodes 14 de focalisation une électrode
25 de séparation, au même potentiel V₂ que les électrodes de focalisation pour réduire
des réflexions de lumière d'une voie sur l'autre.
[0018] La figure 3 montre que lesdites électrodes de focalisation sont réalisées à partir
d'une même feuille conductrice 19, éventuellement repliée à ses extrémités, et percée
de trous 20 de passage des photoélectrons vers les multiplicateurs élémentaires,
ainsi qu'on peut le voir à la figure 1.
[0019] L'invention a été décrite dans le cas d'un tube photomultiplicateur de section carrée,
segmentée en 2 photomultiplicateurs élémentaires. Il est bien entendu qu'elle s'étend
aux cas de tubes présentant une autre section, par exemple circulaire, et segmenté
en 3, 4 ou plus photomultiplicateurs élémentaires, la segmentation ayant de préférence
un axe de symétrie correspondant à l'axe longitudinal du tube.
1. Tube photomultiplicateur (10) segmenté en une pluralité de photomultiplicateurs
élémentaires (11), comportant une photocathode (12), une pluralité de multiplicateurs
d'électrons élémentaires (13) du type "à feuilles à trous", et une pluralité d'électrodes
(14) de focalisation réalisant la convergence des photoélectrons issus de la photocathode
(12) sur lesdits multiplicateurs élémentaires (13), caractérisé en ce que les feuilles
homologues (15) des multiplicateurs élémentaires sont réalisées sur une même plaque
conductrice (16) segmentée présentant une zone morte (17) séparant des zones actives
(18) à trous correspondant aux différents multiplicateurs (13).
2. Tube photomultiplicateur selon la revendication 1, caractérisé en ce que lesdites
électrodes (14) de focalisation sont réalisées à partir d'une même feuille conductrice
(19) percée de trous (20) de passage des photoélectrons vers les multiplicateurs élémentaires
(13).
3. Tube photomultiplicateur selon la revendication 2, caractérisé en ce qu'il comporte
entre les électrodes (14) de focalisation au moins une électrode (25) de séparation.
4. Utilisation d'un tube photomultiplicateur selon l'une des revendications 1, 2 ou
3, caractérisée en ce que, la photocathode (12) étant portée au potentiel V₁, le potentiel
V₂ des électrodes (14) de focalisation est compris entre V₁ et V₁ augmenté de 20%
de la différence entre le potentiel V₃ de la première feuille (21) des multiplicateurs
élémentaires (13) et le potentiel V₁ de la photocathode (12).